
•chez ceux qui ont eu des douleurs vagues aux
pieds, qu’ils appelaient goutteufes, & plus rarement
chez ceux qui ont eu la goutte décidée
& régulière.
M. Pott, après avoir,,fans fuccès, attaqué
cette maladie, fuivant la méthode ordinaire, par
des fomentations fpiritueufes , des cataplafmes
actuellement & potentiellement chauds, desdi-
geffifs animés avec des huiles & des baumes
flimulans, & par Tufage intérieur du quinquina,
fut conduit accidentellement à la combattre par
le- moyen de l’opium. Il voyoit un homme qui
en étoit atteint, & qui fouffroit des douleurs ,
telles qu’elles le privoient abfolument du-fom-
meil. Il lui donna , le foir, deux grains d’opium,
qui, n’ayant pas produit l’effet déliré, furent
répétés le lendemain matin. Comme il parut en
réfulrer quelque bien, on répéta la même dofe
loir & matin, pendant trois jours , au boutdef-
quels, le malade qui ne prenoit pas d’autres remèdes
, fe trouva fenfiblement mieux. Encouragé
par ce vfuccès a M. Pott augmenta la dofe
du remède, c'eft~à-dire, qu’il en donna un grain
toutes les trois ou quatre heures, en veillant
cependant fur fes effets narcotiques, & en ayant
foin de prévenir la corftipation. Au bout de neuf
jours, à compter depuis la première dofe
d'opium , toute l’enflure du pied & de la cheville
di[parut j la peau recouvra fa couleur na^
turelle, & les parties mortifiées commencèrent
à fe féparerj au bout d'une autre femaine, elles
tombèrent toutes,* l’ulcère prit la’meilleure ap- Farence, & fe cicatrila’ parfaitement. Lu'age de
opium fut continué jufqu’au moment où routes-
les parties piméfiées furent féparées , après quoi,
on 1 abandonna par degrés.
M. Pott a depuis employé l’opium dans diffé-
rens cas de la même narure, & s’efl convaincu
de plus en plus que ce^rcmède poflède des vertus
& des avantages conudérables, re ativtment
à la maladie dont il eft queflion , fans affirmer
cependant qu’il lui ait toujours également réuffi *,
parce qu’il y a des cas qui font abfolument hors
du pouvoir de l’Art. D’autres Pratici ns ont
confirmé, par leur expérience, l’efficacité de
ce remède , dans les cas où le mal eft accom-
pagné de beaucoup d irritation*, quoiqu'il n'ait
pas eu le même fuccès entre leurs main , dans
ceux où le défaut d’énergie du principe vital, &
l’épuifement des forces paroiffent être la prirci-
paie taule de la Gangrène. M. Kirkland cbferve
qu’il faut éviter de forcer les dofès, lur-tout dans
les commencemens , & qu il fait plutôt du mal
que du bien, lorfque (es effets foporifiques vont
au point d'occalionner du délire, d'ôier l’appétit,
ou de caufer des maux de coeur.
Quelques Auteurs ont auffi recommiandé l’u-
fage du camphre, qui, en vertu de fa qualité
ïiarcotiqu., a pu quelquefois p oduire de bo s
«fius. M> Pouteau lui attribue une grande efficacité,
fur-tout contre l’éréfypèle gangréneux des
plaies *, il veut qu’en pareil cas on le donne 4
la dofe de cinq grains, avec une double portion
de nitre, toutes les quatre heures» Foyq
Camphre.
M o y e n s L o c a u x .
I. SuppreJJion des caufes irritantes.
Quant au traitement extérieur ou local de la
Gangrène, la première indication confifte à écarter,
s’il eft poflible, les caufes externes qui peu-
vent l'avoir occafionnée, ou l’entretenir. Telles
font toutes les caufes de compreffion, comme
des ligatures, des tumeurs, &c. Telles 'ont encore
toutes les fubfiances âcres ou vénimeufes,
qui, par leur prélence , initenr les parties d'une
manière plus ou moins vive , fuivant leur nature
particulière. Voye\ à ce fujet les articles
A neurisme , Hernie , T umeur, Morsure
«, &c.
§. II. Applications j propres a. maintenir une cir-
culation libre & facile.
La fécondé indication efl d’entretenir fine circulation
libre & égale dans la parrie affrétée,
en prévenant les dangereux effets de la détention,
par des applications douces & émollientes
fréquemment répétées., ou en combattant la
! tendance à la putridité, par ,des topiques pro-
} près à maintenir le ton des vaiffeaux.
J Les cataplafmes émolliens , & les fomenta-
i lions , font de la plus grande utilité, lorfque
J les parties malades font très-enflammées, tendues,
( & irritées. Mais il ne faut pas en continuer
i Tillage, lorfque cet état inflammatoire fait place
I au relâchement & à la putréfaélion, ni les ern*
; ployer dans les cas où la Gangrène paraît dé*
; pendre de l’atonie des parties. Toutes lesappli-
; car;ons de cette efpèce, lors même qu’on y joint
des ingrédiens analeptiques, paroiffent plutôt
favorifer les progrès du mal, à moins qu’elles ne
I loient indiquées par les fymptômes d’inflamma*
j lion.En n'appliqua u que des amilèptiques déifie*
j caiifs jBoerhaavc contint, pendani fix mois , U»
i Gangrène au pied, qui , en il ois jours,, sé-
j tendit jufques à la cuifle lorlqu’on voulut fibf*
| titueràces topiques des cataplalmes inainratifs,
j & fit périr le malade. Dans la Gangrène des
j pieds & des orteils , dont nous axons parlé tout*
[ à-i heure, M Kiikland regarde les fonienations
j & Jes catapla mes émollien» comme dangereux,
& comme capabks cTunpêcher abfolununt Ie*
bons etiets des autres nmèues. M. Pott cependant
recommande dans le même cas de uei»-
per de teins en ttms les pieds dans du bit chaud,
& il prélère cette pratique à celle qui prtlcrn
Tulage des fomentations faites avec des fuLUan-
Ices fpiritiïeufes & aromatiques. Dans le cas où
Iles forces vitales font languiflantes, & où le gon-
Iflcment, la tenfion, & les autres fymptômes in-
iflammatôires font conûdërables, on doit fe con-
Itenter d’entretenir la chaleur des parties affec-
Jtéesj par des linges chauds, des veffies pleines
■ d’eau chaude,' & d’autres moyens femblables,
■ plutôt que par ceux qui joignant L’humidité, à la
chaleur , pourroiént avoir [’inconvénient, de
■ trop relâcher des organes, dont il importe de
■ maintenir le ton. -
I Les cataplafmes faits ^avec des farines, du vinaigre
, & quelque fet neutre, font Couvent pré-
I férable , aux carapl aimes Amplement émolliens. M
IjBell, enconfidérant la çhofe fous le même point
■ de vue, confeille des embrocations faites avec un
■ mélange de fel ammoniac & de vinaigre dans de
I l’eau j un gros de ce fel, fur deux on^es de vi-
I naigre, & dix onces d’eau, forment fuivant lui,
■ un mélange lifffifamment aètif, pour remplir
I toutes les indications de ce genre. On peut aug-
Imenter ou diminuer le degré de ftimulus, fui- .
■ vantles circonflances, en ajoutant une plus ou
■ moins grande quantité de fel. Le cataplafme
I fait de matières en fermentation, que nous avons
I décrit à l’article Air fixe, efl peut-être le plus
I utile de tous les topiques de. cette claffe.
E Lorfque la Gangrène a été' occafionnée par le
I froid, il faut éviter toute efpèce d’applications
I chaudes & émollientes , & leur fubftituer celle I d’eau f roide, & même de neige ou de glace. Voyc^
I Engelures.
\ Quant aux applications chaudes & fpiritueufes
■ telles que Teau-de-vie, Tefprit-de-vin , les bau-
I mes, les réfmes , les fubfiances aromatiques ,
I qui ont été recommandées par un grand nombre
I d’Auteurs, elles font aujourd’hui prefque entière- I ment, abandonnées par les Praticiens. En effet,
I quoique ces médicamens foiént effeélivement
très - utiles pour préferver de la corruption
I les fubftances- animales mortes, il ne^ faut pas
I avoir une grande connoiffance de l’économie
I animale, pour comprendre qu’ils ne fauroient
I agir de la même manière fur le corpus dans fon
I état de vie , & qu’au contraire, en raifon de Jpg
I ritation violente qu’ils occafionnent toujours,
I lorfqu’on les applique fur la fibre vivante, ils
I doivent produire un mauvais effet dans des
I cas tels que la maladie qui nous occupe, où il
I convient de foutenir le ton des parties, & non
I de lès irriter , ni de les enflammer. Quelquefois
I cependant, lorfque les parties affé&ées de Gan-
I grène deviennent livides & flafques-, & qu'elles
■ perdent leur fenfibilité, on peut tirer quelque
p avantage des applications de ce genre, & fur-
I tout des fomentations fpiritueufes, pourvu qu on
I évite de les mettre en contaél avec les parties,
| qui ont confervé toute leur irritabilité,
§. III. Scarification & rcfçSioti des parties
Gangreneufes.
La troifième indication efl de donner iffue
aux, matières putrides épanchées dans le tiffu
cellulaire, en faifant de profondes fcarifications
au travers des tégumens*, la plupart des Auteurs
qui ont écrit fur la Gangrène, ont fort infifté
fur ce moyen quils recommandent dans toutes
fortes de cas,* ils veulent même qu’on faffe toujours
pénétrer les incifions jufqu'aux parties faines
, afin de favorifer l’application des topiques
irritans & fuppofés antifeptiques fur ces dernières.
Mais, à l’exception des cas où l’inflammation Gan-
gréneufe affeéte quelque membrane aponeuro-
tique, & de ceux où les tégumens déjà dans un
état de putréfaction, font, extrêmement gonflés
par des fluides corrompus & amafféS dans le
tiffu cellulaire, foit en conféquence de Tinffam-
mation qui a précédé, foit par quelqu’autre caufe
comme lorfque l’urine a paffé dans le ferotum x
les fcarifications qui pénètrent jufqu’au vif ,
bien loin d'être avantageufes, font fouvent beaucoup
de mal*, elles ne peuvent fe faire fans exciter
de la douleur, & fans occafionner de l’in-«
flammation , qui elle-même , contribue puifl’am-
ment à propager la Gangrène. Mais, comme les
parties qui font dans un état de mortification
cpmpietre, font par-là devenues abfolument étrangères
à celles où la vie fubfifte, elles ne requièrent
plus aucun ménagement, & lorfque leur
maffe efl confidérable, il conviènt non-feulement
de les fearifier , mais même d’en, enlever une
portion, parce qu’en diminuant le volume de
cette matière infecte, on diminue la fétidité
qui, dans ce cas, efl toujours confidérable, on
ouvre une iffue à la férofité putride qui tend
à .s'infiltrer dans les parties faines, & à les corrompre,
& l'on donne à celles-ci plus de facilité
pour fe débarraffer de ce qui refte de Gangrène.
Il importe donc extrêmement de n’ufer de
fcarifications qu’avec beaucoup de prudence ,
de peur d’augmenter par leur ufage le mal même
que Ton cherche à guérir. Nous en dirons au-
-tant de la pratique, beaucoup trop généraler
ment admife, de hâter avec l’inftrument tranchant
la féparation des parties mortes, que la
nature tend à achever. Il efl toujours dangereux
d’irriter celles qui ont été affeélées par l'inflammation
Gangréneufe, avant qu’elles foient revenues
entièrement à leur état naturel , & il
efl impoffible de ne pas y caufer plus pu
moins d’irritation , lorfque Ton procède à l’opération
dont nous parlons, tandis qu’il' refte
encorè une adhérence marquée entre Tefçarre &
lés parties fainfès. Ainfi, dans la Gangrène qui
affeéle les orteils, quelque lâche que puiffe
paroître leur articulation avec les os du méta-
I