
Mauriceau en rapporte un qui eft frappant ; il
dit qu’ayant été appellé pour, accoucher une
femme q u i, depuis plulieurs jours étoit en travail,
il trouva l’enfant qui préfentoif le bras engagé,
comme nous venons de le dire*, ce bras
étoit li gangrené , qu'il ne douta nullement
qu'il ne fût mort -, aufft accouçha-t-il la mère
lans ménagement pour l'enfant qu’il jeta dans
la ruelle du lit. Un inflant après il fur on ne
peut pas plus furpris de l’entendre crier j ils'em-
prefla de lui donner fes foins.
En parcourant ce que nous ont laiffé les Auteurs
qui ont écrit fur la polition qui nous occupe,
on eft furpris d’y trouver détaillées des
méthodes plus cruelles les unes que les autres.
Les uns , comme Mauriceau, confeillent d'arracher
cette extrémité en la tordant fur elle-même,
comme pour la défarticuler ; d’autres, comme
Peu , l'ont amputée le plus haut poffible avec
des tenailles incifives, 'croyant cette opération
moinscjuelleque l'arrachement, certains fe font
contentés d’y faire de profondes incilions, dans
la vue d'en procurer le dégorgement. Roederer,
plus cruel encore, difoit qu’il falloir couper le
bras, dans fa jointure , avec un biftouri, chofe
qui devoit être bien difficile-, & po7ter enfuite
l'inflrument dans la matrice, & couper le corps
de l’enfant par morceaux, & en tirer ces morceaux
les tins des autres. Peu vouloir qu'on
paffàt un lacs autour du corps au moyen d'un
crochet mouffe alongé, pour7 faire defcendre les
feffes pendant qu'on repoufferoit le haut de la
poitrine. M. Deleurye propofoit d’aller chercher
la fécondé main de l'enfant, qnoiqu'on ne
pût entrer dans la matrice , pour en dégager les
pieds. Ces confeils ne font nullement réfléchis,
& ne méritent point qu’on en faffe fentir tout
le ridicule. Si l'on a réuffi quelquefois en tirant
fur le bras, c’eft que le baffin étoit fort
fpacieux, l'enfant très-petit, & qu’ainfi il a pu
paffer comme ployé en doublé ; mais ces cas
ne doivent point former loi. Denjnan., célèbre
Accoucheur Anglois, cite quelques faits qui tendent
à prouver que certains Accouchemens de
ce genre fe font terminés aiiffi facilement que
les naturels j mais, malgré ces obfervations, il.
n'en conclut pas moins que la meilleure manière
de terminer l’Accouchement, lorfque les bras fe
préfentent, eft de retourner l’enfant, & de l’amener
par les pieds quand on le peut, dit-il, avec
l'efpoir de le conferver, & fans nuire à la mère.
Des Praticiens moins cruel? ont cherché à réduire
le bras, c'eft-à-dire, à le porter dans' l’intérieur
de la matrice ; mais cette méthode n’eft
point auffi aifée qu'on le penfe communément.
L a marnée eft dans un tel fpafrne qu’elle ne
fupporte faélion d’aucun corps qui tend à la distendre,
& môins encore celle du bras qui fe
déploieroit forcément dans fon intérieur, en fuppo-
Jam qu’on le puiffe faire entrer# Ç’eft ce qu’ont
penfé des Praticiens qui ont réfléchi fur la" nature
de cèf obftacles ; auffi ont-ils été, en pareil
cas, jufqu'à confeiiler cinquante à foixarite-
dix gouttes de laudanum, pour appaifer l'état
fpafmodique qu’ils croyoient offrir tant de réfif-
tance, 'mais fouvent fans le moindre foceès j car
alors la bras repouffé, au lieu de rentrer dans
la matrice , fe reployôit dans le vagin, & la force
que l'on employoit pour .opérer cette réduéliou
étoit quelquefois telle qu’il s’en trouvoir fracturé.
H eft étonnant quê te* Auteurs fe foient
fi fort occupés de la préfence du bras, &
qu’ils l’aient confédérée toujours comme un obi-
tacle à l’introduélion de la main qui devoit
pénétrer dans la matrice. Deventer, & avant lui
Mofchion, ëtoient loin de penfer ainfi, comme
on le voit dans la pratique qu’ils nous ont laiffée j
iis fe contentoient, en pareil cas, d’aller chercher
les pieds, fans s’occuper du foin de re-
poulferles bras, comme l'avoient confeillé la plupart
de leurs prédéceffeurs. Et en effet ce n’eft
point cette partie qui fait obftacle , c’eft la con-
tradion de la matrice même , la roideur de
fon orifice , & fon peu de dilatation qui y
apportent -les plus grandes, difficultés. Une fois
ces difficultés vaincues, rien ne réfifte, & la
partie qui doit defcendre avance auffi facilement
qu’il y ait un bras, ou qu’il n’y en ait pas.
Quelque foit donc l’état du bras forti, il faut
moins y faire d’attention qu’à l’orifice & au corps
de la matrice, lorfque celui-ci n’a point été fatigué,
que fon orifice eft fouple & bien dilaté , il
faut, y introduire la main pour en dégager les
pieds, & retourner l’enfant comme fi le bras
n’en étoit pas forti. Si la matrice eft travaillée
de fpafme, qu’elle fe foit fortement contradée
fur l’enfanr, on la relâchera par des faignées,
des bains, & tous les remèdes généraux que l’on
reconnoît utiles en pareil cas y fi l’orifice n’eft
point affez ouvert, que les bords en foient encore
durs & peu développés, il faut attendre patiemment
un terme plus avancé , & loin de fatiguer
la» femme par des attouchemens imprudemment
réitérés/, faits dans l'intention d’accélérer la dilatation
de l’orifice de la matrice > l’on preferira
les demi-bains, les injedions relâchantes & les
lavemens, & l'on attendra fans craindre que la préfence
du bras ne donne lieu à quelques aceidens.
Une obfervation à faire ici , eft que fou-
vent il arrive , quand on va chercher les pieds,
que la main difparoît & femble rentrer dans la
matrice, à mefure qu'on fait defcendre les pieds.
Cet effet, dont on découvre facilement la caufe,
■ n’eft pas toujours des plus heureux pour l’enfant;
fi cette extrémité fupérieure, en remontant
ainfi , fe place quelquefois dans le baffin de la
femme, de manière à ce que, par la fuite, elle
fe trouve appliquée ' fur les côtés de la tête,
comme on le remarque affez fouvent dans les
Accouchemçns çx\ l’enfant vient par les pieds $
d’autres fois auffi le bras fe p lie, & le ceude
s’arqueboute contre un des points des parois
de cette cavité, de manière à mettre obftacle à
la dèfcente du tronc, ou bien à expofer l’humerus
à fe fradurer. Pour éviter ces inconvéniens,
affez fréquens, il faudroit faire defcendre cette
extrémité dans les mêmes proportions que le
tronc. On ira donc reprendre la main de
l'enfant, fi elle difparoît entièrement, auffi-tôt
que les cuiffes feront dégagées, & l’on maintiendra
le bras alongé contre le corps-, mais il
feroit encore bien plus fû r , & beaucoup plus
expédient d’appliquer un lacs fur le poignet avant
d'aller prendre les pieds. Mais il faudra bien
obferver de ne pas tirer deffiis pendant qu’on
s’efforcera de dégager les pieds, & de les amener
au dehors, pour net pas fixer l'épaule à l’entrée
du baffin, dans un tems où elle doit néceffaire-
ment s’en éloigner un p eu, & de ne le faire
qu’au moment où les feffes de l’enfant feroient
parvenues au paffage.
Quand les deux bras fe préfentent, on doit
fuivre les mêmes procédés que s'il n'y en avoit
qu’un. Lorfque les deux bras fortent ainfi à-la-
fois , la tête ne peut s’avancer bien loin dans
la cavité du baffin, elle n’eft engagée pour ainfi
dire que par deux points, en forte que quelquefois
l’un des bras pouvant être repouffé , la tête redef-
cend facilement. Quand la chofe eft impoffible,
on va chercher alors les pieds, auxquels on parviendra
facilement, pour les amener au-dehors,
& ainfi on achèvera l’Accouchement. Les cas de
cette nature font très-rares. M. Hamilron dit
que, dans une pratique très-étendue à Londres,
il n’en a vu que deux, & que l’uh & l’autre
étoient des cas de jumeaux.
Des Accouchemens oh. Venfant préfente Vune ou
Vautre hanche a. Vorifice de la matrice.
Cette polition de l’enfant a lieu plus rarement
que celle où les épaules paroiffent. L ’obliquité
de la matrice & la furabondance des eaux de
l’amnios font des caufes fuffifantes} pour lui
donner lie u , foit qu’elles fe trouvent enfemble
ou féparémenr. Il eft difficile de reconnoîrre la
hanche de l’enfant avant l’ouverture de la poche
des eaux, parce qu’on ne peut alors parcourir
une affez grande étendue de cette région pour
rencontrer des caractères certains, tels que la
crête de l’os des iles, la dernière des fauffes
côtes, l’anus, &c. Chaque hanche peut fe pré-
fenter de différentes, manières, ainfi qu’on le
peut voir dans les ouvrages didactiques j mais,
quelques variées quelles foient, l’Accouchement
n’eft pas pour cela toujours impoffible fans les
fecours de l’art j il peut quelquefois s’opérer
fpontanémenr, & moyennant les fecours généraux
que demandent les Accouchemens ;.où les
feffes fe préfentent. M. Baudeloque obféfve,
avec rajfon , que la préfènee de la hanche" à
l’orifice de la matrice, étant toujours l’çffet de
l’inclinaifon du grand diamètre du corps de
l’enfant relativement à l’axe du baffin, & cette
obliquité pouvant être la foire de celle de la
matrice, ou de la grande quantité d'eau quelle
contient ; elle peut difpafoître dans les progrès
du travail, à mefure que ce vifeère fe contracte,
& que les eaux s'écoulent, de manière que la
hanché s’éloigne du détroit fopérieur, que les
feffes viennent s’y présenter, & que l’enfant,
pouffé par les feuls efforts de la mère, peut
s’engager & fortir. Ce changement de direction
, fi néceffaîre à la fortie de l’enfant, s’opère
quelquefois comme de lui-même, ou au moyen
de la fituation que la femme garde pendant le
travail ; mais fouvent auffi on ne peut le déterminer
qu’en introduifant la main dans la matrice';
dans ce dernier cas, il faut toujours dégager
Iespfeds, & ne jamais s’en tenir à ramener
les feffes à l’entrée du baflin, attendu que ce
procédé eft plus facile j plus fû r , & que d’ailleurs
on épargne beaucoup de douleurs à la femme.
De VAccouchement contre nature , ou Venfant
préfente les fejfes.
Quoique nous ayions rangé cette efpèce d’Ac-
couchement parmi les naturels chez les femmes,
dont le baffin eft très-fpacieux, lorfque fur-rout
le foetus, qui doit le traverfer, eft très-petit, il
n’en confte pas moins que, dà'ns beaucoup de
cas, différentes caufes peuvent le compliquer &
ainfi le rendre plus ou moins difficile. Mais,
fans compter celles qui provietïnennt de la mère,
il en eft de propres au foetus, tels que le volume
extraordinaire des feffes, & leur mauvaife
fituation. La polition des feffes n’eft pas toujours
la même à l’entrée du baffin ; les Accoucheurs,
en ramenant les différentes fituations des parties
que l’enfant préfente à l’orifice, à quatre principales,
d’après les divifions générales qu’ils, ont
établies dans via circonférence du détroit, ont
également rapporté celle des feffes, en difant que,
dans chacune de ces polirions, tantôt le dos de
l'enfant répondoit<jiredement au pubis ou aux
lombes de la mère, & tantôt à l’un des côtés ou
à l’un des efpaces intermédiaires que laiffent ces
premiers points. L'on peut voir, à cet égard, ce que
que nous ayons déjà dit de la pofirion de ces
parties, en traitant deTAcçoucberrent naturel,
Où nous avons" expofé les lignes qui' indiquent
la préfence des feffes, & leur pofitibn_.au paffage.
Mais quelque certains que puifient être ces
lignes , ils ne font pas toujours évidetis , for-
tout avant fécoulement des. eaux , & quand les
feffes font engagées & ferrées depuis long-tearxs
dans le" baffin. Quand les eaux ne font point
encore écoulées,, les doigts ri'y peuvent atteindre,
& la moindre préffion lës; fait fuir en quelque
façon. Quand, elles font engagées, & que la rupture
des membranes a lieu , les feffes font fi