
l’Antre tlati; celle du nez,fe trouve le plus Couvent
bouché,; ce célèbre Anaroniille paraît nicmc.dif-
pofé à regarder la maladie comme pouvant être
quelquefois occafionnée par l’imperméabilité de
ce conduit, en conféqaence de ce que le mucus
naturel de ces parties s’y trouvant accumulé , il
irrite & enflamme la membrane avec laquelle il
e.fl en cotttaCl ; de la même manière que i'obf-
trnetion du conduit nafal., qui empêche le paf-
fage des larmes dans le nez, occafionne un abcès
du fac lacrymal. Il eft à préfumer cependant
que, dans la plupart des cas , l’oblitération du
canal eft l'effet de la maladie plutôt qu'elle
n'en eft le principe, puifque très-fouvem l’in-
flanynation du finus eft évidemment déterminée
par des caufes d’un autre genre & que cette
oblitération ne fe rencontre pas toujours.
Il en eft des abcès de l'Antre Maxillaire, comme
de ceux qui fe forment en toute autre partie du
corps; on ne peut les guérir par aucune efpècede
traitement, .fi l’on ne commence par donner une
libre' iffue au pus ; & fi l'on y manque dans le
cas dont nous parlons, les os de la joue s élèvent
& fe gonflent de plus en plus, St finiffeni par
fe carier. Le pus alors fe fait jour, ou du côté
de l’orbite, ou du côté des alvéoles, ou par
la voûte du palais; mais le plus ordinairement
c'eft du côté de la joue : & lorfqu'il s eft aiofi
formé une iffue, la maladie .devient fiiiuletife.
■ Dans tous les cas-, (oit que la matière purulente
foit Amplement retenue dans le finus, fojt qu en
y fëîournant trop, elle affeéle & détruite les
parties voifines, l'indication principale pour obtenir
une guétifon parfaite, eft d’évacuer le pus;
on doit, pour cet effet, avoir recours a différent
procédés, & les varier fuivant les circonnances.
Il paroît que les Anciens n ^voientaucune idée
des maladies de l’Antre Maxillaire. Dracke, Ana-
romifte Anglais, eft celui à qui 1 on a attribué
l ’honneur d’avoir le premier propofe une méthode
pour .guérir les abcès de cette .cavité. Long-
tems avant lui .cependant Meibotnitp avoir pro-
nofé, dans la même intention, de tirer une ou
plufieurs dents , afin que la matière put trouver ,
par les alvéoles, une v.oye pour fon écoulement.
Cetie méthode fondée fur laraifon St 1 expérience,
peut être employée avec fuccès ; le pus tend
fréquemment à fe faire jour, du côté des dents ;
il en attaque fouvem les racines ; & après leur
extra élion , il n’eft pas rare de le vo,r s échapper
en entier par leurs alvéoles. Mats ce moyen
très - fimple ne peut être fuffifam dans tous les
cas, puifqu’i l y enabeaucoup oui nexifle point
de communication entre les ajveoles & les finus.
Dracke, & peut-être- avant lui Couper Ion
Compatriote , ont eu occafion d’obferver lin-
fuffifance de la méthode de Meibo.mtus, & ils ont
propoféde perforer l’alvéole jufques dans 1 Antre
Maxillaire avec un poinçon, afin de donner un
écoulement libre au pus, & afin de porter, jufqueç
dam fçn foyer 3 des. injecHoris balfamiques &
déterfbes.
L ’extra&ion d’une ou de plufieurs dents, &
la perforation des alvéoles étant une partie ef-
femielle du traitement dans Jes maladies de 1 Antre
Maxillaire , il eft important d’examiner quelle
dent il faut tirer de préférence.
L a carie , ou même feulement la douleur
confiante de quelque dent, fournit pour l’ordinaire
cette indication. Mais fi toutes les dents paroif-
fent faines, ce qui eft rare, on doit les frapper
légèrement les unes après les autres , & s’il y
en a quelqu’une qui foie douloureule , c’eft cel le-
là qu'il faut arracher. Si cet indice manque aufti,
on fe déterminera d’après d’autres circonftances.
L ’infpeétion anatomique montre que toutes les
dents molaires, excepté la première, font cor-
refpondantes au finus*, elles s’avancent même
quelquefois dans fa cavité, & elles y forment
des petites élévations, dont le nombre & la fi rua-
tion varient ; quelquefois même elles prolongent
leurs racines dans la cavité où elles ne font recouvertes
que par la membrane pituitaire. La lame
offeufe qui fépare l’Antre des alvéoles , s’amincit
vers la partie poftérieure de l ’os de la mâchoire;
il vaut mieux, par cette raifon , lorfque l’on eft
maître de choifir , arracher la troifième ou la
quatrième molaire , parce qqe l’on perce plus
facilement les alvéoles.Quoique,pour l’ordinaire,
la première dent molaire, & même la canine ne
communiquent point avec le finus, il petit,arriver
que leurs racines foient inclinées de fon coté. Ce
cas eft rare, mais il n’eft pas fans exemple ,& l’on a
quelquefois été obligé d’arracher ces dents lorfque
le finus étoit affeélé ; ce qu’il ne faut faire
cependant que lorfque des circonftanes particulières
indiquent qu’elles peuvent avoir parc à la
caufe de la maladie.
Lorfqu’une ou plufieurs dents font affeélées
de carie , il faut les ôter, parce qu’elles font-
inutiles & pème nuifibles. Il arrive fouvent,
comme nous Pavons dit, qu’auffi-tôt que la dent,
ou les dents font arrachées , on voit le pus couler
abondamment des cavités qu’elles occupoient ;
ce qui vient, ou de ce que leurs racines péné-
troient jufques dans l’Antre Maxillaire ; ou plutôt
de ce qu’elles ont entraîné . avec elles une
partie de lacloifon très-mince qui les en féparoit :
ou enfin de ce que cette cloifon fe trouvoit
cariée par le pus. Si cette ouverture eft a fiez
grande pour donner au pus un libre paflâge,
r opération fe trouve ainfi terminée ; mais, comme
il eft très-aifé de i’aggrandir , on doit le faire
toutes les fois qu?on a quelque lieu de douter
qu'elle loir fuffifante. Mais, lorfqu’après avoir arraché
la dent, on ne voit pointparoître de pus,
il faut ouvrir l'Antre, en pouffant un inftrumenr
pointu dans la direction des alvéoles. Un trocar
ordinaire eft tout ce qu’il faut pour cet objet,
quoique
quoique quelques Chirurgiens préfèrent un
poinçon courbé.
Pour faire cette opération , on fait aflëoir le
malade à terre , en face d’un grand jour , la
tête appuyée:fur le genou du Chirurgien qui eft
placé derrière lui. On retire l’inftrument aufli-
tôt qu’il a pénétré dans la cavité , ce dont on
s’apperçoit facilement, parce que l’on ne fent
plus de réfiftance contre fa pointe ; le pus s’écoule,
alors, & quand il a celfé de couler on bouche.
Je trou qu’on a fait avec un bouchon de bois de.
la même groffeur exactement que le trocar dont
on s’eft fe rv i, afin d’empêcher que l’a ir, ni les
alimens «ne puiffent s’enfoncer tout-à-fait dans
la cavité.
On ôte le bouchon de la plaie plufieurs fois par
jour, pour que le pus ne féjourne point dans le
finus, ce.qui difpofe bientôt les parties malades à
n’eri plus former, & à reprendre leur état naturel.-
Quelquefois-cependant foit que la membrane, qui
ta pi fie l’Antre maxillaire fe trouve trop relâchée,:
foit par- quefqu’autre - caufe analogue., le pus
continue à couler long-tems après l’opération,
fans, qu’il y ait aucun changement, ni dans fa
quantité., ni dans fa confiftance. En pareil cas,
on réuflfit fouvent à accélérer la guérifon , en1
injeétant de tems-en-tèms des liqueurs déterfives
& aftringentes. On fe fert, dans cette intention,
d’eau d’orge fimple, ou miellée, d’eau de Balaruc
& d’ autres eaux minérales ; d’eau de chaux, d’ef-
prit-de-vin mêlé d’une fuffifante quantité d’eau,
d’une légère foiution d’alun , d’une infufion de
quinquina, &c.
Xu lieu d’un bouchon fait de bois ou d’autres
fubftances , bien des Chirurgiens préfèrent
de placer dans l’ouverture du finus une canule
d’argent qui, maintenant cette ouverture toujours
la même, permet le libre écoulement du pus,
& l’introduction des liqueurs déterfives. Cette
canule qui relie toujours en place, doit être bouchée
dans le rems du repas , peur qu’il ne
s’introduife aucune particule d’alimens dans le
finus.
La perforation de l’alvéole, eft le point ef-
•fentiel pour prévenir les accidens qui pourroient
réfulter du féjour du pus dans l’Antre maxillaire.
Sans cela l’extradion d’-une ou de plufieurs dents
feroit inutile, & la matière purulente fe feroit
une voie , tantôt du côté antérieur du finus
qui eft très-mince > tantôt vers quelqu’ature’ endroit
dans l’intérieur de la'bouche, d’où réfui-'
teroient néceffairement des ulcères fiftuleux, avec
carie , , accidens qui ont lieu , même quand le
pus fe fait jour par les alvéoles. ...
• - §• IL Des Abcès, de VAntre Maxillaire ^
compliqués de carie,
Lorfqu’ après l’extraClion des dents', & la perforation
du finus, l’on trouve „les os .eq. bon état j
Çftïrurgie, Tome Jù’f J f li Piinîç,
S la maladie fe xguérit aifément par la méthode
que nous venons de décrire. Mais fi les os font
cariés, la guérifon ne peut avoir lieu jùfqu a c e
que la portion affeCïée s’exfolie , ou qu’elle fe
diffolve, & foit entraînée avec les injections, ou
avec le pus. On peut toujours s’aflùrer au moyen
d’une fonde , s il y a carie ou non dans les os
qui forment l’Antre ; d’ailleurs f odeur & l’apparence
du pus ne laiffent guères de doute à cet
égard , il eft toujours ichoreux & fétide quand
les os font affeCtés; mais il a moins d’odeur ,
& fa confiftance devient plus épaiffè à niefur®
qu’ ils ferétabliffent.
L ’affeélion des o s , comme il eft aifé de le concevoir
, rend la maladie plus grave, & fon traitement
plus long, & plus difficile. Différens cas
requièrent fouvent différens procédés de la part
du Chirurgien ; mais, dans tous, la partie ef-
fentielle du traitement cônfifte, ou à dilater l’ouverture
qui s’eft- faite naturellement, fi le dûs eft
forti par les alvéoles, ou à faire une conréouverture
en cét .endroit ,. s’il s’eft frayé une ifi%e
en cariant l’os d’un aurre côté. Et même dans
le cas où l’altération de l’os eft-la confëquence
d’un abcès formé à fa furface extérieure dans les
parties molles de la joue, & où le posseft infirmé
par-là dans le finus., comme cela s’obferve quelquefois,
on tenteroit ènvain de l’en faire fortir
en faifant prendre au malade les fituafions en apparence
les plus propres à en favorifer l’écoulement;
l’ulcère fiftuleux ne guérira qu’au tarit
que le pus pourra s’écouler librement par une
contre - ouverture.
Quelques Praticiens ont cru que, lorfqu’il
n’étoit queftion que d’une contre-ouverture ,
elle pouvoit auffi-bien fé faire par la perforation
du finus au-deflùs de l’arcade alvéolaire, fans
qu’il fût néceflaire de facrifier une denr faine.
Si. Lamorier eft le premier qui ait propofé une
méthode pareille; eile cônfifte à incifer en travers
avec un biftouri droit au-deflfous de l’apophyfé
molaire , & au-deflùs de la racine de la troifième
dent molaire; on coupe"ainfi la gencive le
périofte , On découvre l’os. > & l’on porte au
milieu de cette incifion la pointe d’ un perforarif
fait en langu® de ferpent, monté fur un petit vilebrequin
, pour percef cet os ; on aggrandit enfuite
l’ouverture du finus fuivant l’exigence des cas.
Il y a des cas compliqués où la perforation
du côté de l ’alvéole eft infuffifante , & où l ’on
eft obligé devoir recours à cette ouverture latérale,
comme lorfqu’il y a une carie très-étendue
* des os , ou une exoftofe ou un polype , & c .,
dans l ’Antre maxillaire, qui demandent une
gran.de ouverture de cette cavité ; la méthode
de M. Lamorier peut alors être d’une grande
utilité, &_i’on y a recours dans bien des occa».
lions avec le plus' grand fuccèsi On peut fup-
pofer aulfi que fi les alvéoles étôient effacées f
les dçnts ajant ét^ arrachées depuis long-tems ^