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affcdée une tache blanche qui fembie annoncer
une luppuration. Cependant la douleur augmente $
fur-tout à l’endroit où dî la tache, & à fes
bords, qui font alors fort, rougesj enfin la partie
elf rongée plus profondément, & toute la
tache blanche, qui n’eft autre chofe quune véritable
efçarre gangréneufe, tombe , (i Je mal
»’eft pas bien conüdérable, & qu il affecte des
adultes} mais, s’il a une grande malignité, &
s*il attaque des jeunes gens dont toutes les parties
font plus molles, le mal fait des progrès,
& cette tache blanche s’étend & fe communique
de tous les eôtés, dans tout fon contour’, il
fort en même-tems de la bouche^ une exhala:-
fon trés-infcéle, & une falive d’une puanteur j
infupporrable en découle continuellement } &
<î l’on n’emploie des remèdes prompts & efficaces
, le mal s’étend très-promptement & ronge
toutes les parties voifines. u
ce J’ai vu des cas femblables, & dont je ne
peux me reffouvenir fans hotreur, chez des en-
ftns de pauvres gens, dont le mal avoit été
négligé dans le commencement, ou traité par de
rcauvaifes méthodes •, la gangrène des Gencives
aÿani fait des progrès, avoit détruit, non-feulement
les dents qui étoient déjà venues , mais
e'ncore les rudimens de celles qui dévoient poul-
ffer par la fuite. Après la corruption des Gencives,
j’ai vu tomber prefque tonte la partie offeufe
de la mâchoire inférieure *, la langue, les lèvres,
les jones, le menton entièrement rongés - juf-
qu’à ce que la mort mît fin à tant de maux.
Lorfque le mal eft parvenu à fon plus haut point
de malignité, il eft fouvent accompagné d’une
ii grande puanteur, qu’il efl impoffible de la
fupporrer. J’ai été appelé une fois pour un homme
gras & replet, attaqué d’un feorbut putride ,
très-dangereux , dont la mâchoire inférieure
étoit prefque toute rongée par ce mal} comme
j’ignorois quelle étoit fa maladie, je m’affis
fort près de lui, & je fus infeélé d’une odeur
Il horrible, lorfqu’il voulut me parler, que je
penfai tomber en défaillance. L’efprit de cochléa-
rîa, l’efprit thériacaî, dont les malades ont
coutume de fe laver la bouche en pareil cas ,
font piefque toujours nuifibles. Si le mal eft
léger, & ne fait que commencer, ce que l’on
connoît s’il y a rougeur, chaleur & douleur,
fans aucune puanteur, le fel ammoniac, ou le
iiitre, délayés dans une grande quantité d’eau,
en y ajoutant un peu de vinaigre, ou de fuc
de citron, feront très-convenables, fi on en lave
la bouche, ou fi l’on applique légèrement fur
les parties afFecïées des linges qu’on y aura
trempés. Si le mal commence è s’étendre, &
s’il eft accompagné de puanteur, le remède
dont:on vient de parler, ne fuffifant pas, il
faqt dqmpter cette pourriture par le moyen de
leïprit de fel marin. On mêle vingt gouttes de.
cet efprit avec,demi-once de miel rofatj eh-
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fuite on touche fouvent dans le jour la partie',
affectée, avec un pinceau de charpie trempé dans
. ce mélange. On augmente la quantité d’efprit
de fel marin , fi la pourriture eft plus conlidé-
râble*, j’ai même appliqué, & toujours avec
un très-heureux fuccès, l’efprit de fel marin ,
fans aucun mélange, dans les cas les plus dangereux
*, le progrès de cette gangrène s’arrêtoit
à l’infiant même, & l’efcàrre gangréneufe fe
féparoit des parties vives peu de teins après.
Ma confiance en ce feul fecours n’a jamais été
trompée} il m’a toujours réuffi , fi ce n’eft quand
les Gencives, étant tout-à-fait corrompues, l’os
de la mâchoire s’eft trouvé affeôlé j pour lors
je n’ai pu empêcher la carie. >3
Il paroît cependant, malgré la confiance que
M. Van-Swiéten paroît avoir en fa mérhode ,
qu’elle n’tft pas toujours fuffifante pour guérir
; cette afflélion putride des Gencives. M. Cho-
part étant Elève en Chirurgie, à l’hôpital de
la Pitié, a communiqué à l’Académie, que
depuis le mois de Novembre 1763, jufqu’en
Mars 1766,11 étoit mort, fous fes yeux , environ
d'onze enfans, de la maladie décrite par
Van-Swiéten. On touchoit les ulcères des Gencives
avec le miel rofar, &- l’efprit de vitiiol,
Lorfque la fluxion affeéloit les joues, on fai-
foit extérieurement ufage de cataplafmes émoi-
liens & réfolutifs | le mal cependant faifoit des
progrès, les paupières devenoient oedémateu*
fes. Il paroiffoir dans la bouche une efearre
noire & féche } on faifoit prendre intérieurement
une décoélion de quinquina *, mais , malgré tous
ces fecôurs, la gangrène gagnoit l’arrière-bouche,
& les enfans périffoient miférablement en
peu de jours. On comprend aifément que l’air
infeél d’un hôpital n’eft rien moins que propre
à favorifer la guéri.fon d’un« maladie qui rend
auflï puifiamment que.celle-ci à la putridité.
Les adultes, fur-tout lorfqu’ils font malades >
font toujours affeétés plus ou moins par l’iin-
preffion fâcheufe d’une atmofphère impure} les
enfans le font d’une manière encore plus marque
} ils ont befoin d’un air libre & pur pour
vivre, & pour fe développer*, auffi, dans tous
les endroits où ils font entaffés en grand nom*
bre, les voit-on en proie à la plus affreufe
mortalité.. ;
GENTIANE, Gentiana lutea. Lin. La racine de
cette plante eft trè»-amère & employée en con-
féquence par l'es Médecins comme un excellent
tonique. On en fait, ufage auffi quelquefois en
Chirurgie comme d’un bon’antifeptique, intérieurement
& extérieurement, dans les mêmes cas
où l’on emploie le quinquina, auquel cependant
elle eft bien inférieure. La nature fpongieufe de
cette, racine la rend propre à former des rentes
pour dilater les plaies & les ulcères fiftuJeux>
i dar elle fe gonfle en abforbant l'humeur quien
découle.
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GERÇURE On entend par Gerça res, des fen- ’
tes ou crevafiès qui arrivent quelquefois aux
lèvres, à l’anus & à d’autres parties du corps. Le
froid occafionne fouvent des Gerçures aux lèvres
ainfi qu’à la peau des mains. En pareil cas,on fe
fert avec avantage de fubftantes onélueufes pour
rendre à l’épiderme fa fouplefie. Les mammelons
des nourrices font' fujets auffi aux Gerçures qui
deviennent fouvent très - incommodes. Voyc[
Mammelonv Quant aux Gerçures de l’anus &
des parties naturelles, elles tiennent fouvent à
une caufe vénérienne & doivent être traitées en
conféquence. WmM RhaGàdes.
GESTATION , Gefiatio, de gejlarc, porter.
Dénomination qui répond à celle de groffeffe.
Voye\ l’art. Grossesse. (Af. P e t i t -R a d e z )
GIBBOSITÉ, Gibba, Boffe, Inflexion contre
nature de l’épine, du dos, dans laquelle les
différens os qui compofent cette partie, font une
plus ou moins grande faillie en-dehors, en-dedans
, ou fur les côtés. Les Auteurs nomment
Enfoncement l’inflexion qui a lieu en-dedans,
& ils délignent (ous le nom de Tortuofité, celte
où l’épine fe porte en dedans & en-dehors
iout enfemble. L'épine alors ne repréfente pas
mal une S. Us diftinguent encore la Gibbofité
en accidentelle, & en celle qui eft de naif-
fance} celle-ci eft rrès^rare*, plufieurs même
ne l'admettent point. La Gibbofité accidentelle
arrive , le plus communément, vers la troifiè-
me ou quartième année. Elle paroît être dûe
au développement d’un virus dont la nature n eft
pas encore bien connue, & qu’on admet plutôt
.pour l’explication des faits, que d’après une
certitude réelle de fon exiftence, je veux dire ,
le virus rachitique. Il eft certain que les os ont
une fingulière tendance à fe ramollir à cet
âge, finon dans toute leur fubftance, du moins
fouvent dans une certaine étendue de ' leurs
parties. Quelle qu’en foit la caufe, fur laquelle
nous reviendrons à l’article R achitis , quand
ce ramolliflement a lieu dans une ou plufieurs
vertèbres, le poids de la tête &, des extrémités
fupérieureSiiCçlyi.même du tronc,étant foùtenu
avec peine par leurs corps, qui font dans un
commencement de ramolliffement, celles-ci cèdent
infcnfiblement, & l’épine fe déjette peu-à-
peu du côté oppofé au ramolliffement. Les
mufcles peuvent entrer pour beaucoup dans cette
difformité, en fe contractant & tirant à eux l’épine
dans leur fens , ils la courbent du côté
où leur aélion eft moindre. En général, la courbure
de l'épine a plus fréquemment lieu vers
la région du dos, & en-dehors, qu’en tout autre
fens*, l’on en fentira la raifon, n l’on décom-
pofe l’action des forces qui font nifus fur la
ligne axuelle, ou le centre de gravité de chacune
des vertèbres , & le peu de réfiftance quelles
offrent à être déprimées à leur partie antérieure.
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Il eft un genre de Gibbofité qu’il ne faut
point confondre avec celles dont nous venons
de parler} c’eft celle des vieillards, & celle qui
eft le produit d’une carie aux verrèbres. La première
provient du defféchement, & même de
l’ufure de la propre fubftance des fpondyles,
l’autre eft fouvent dûe à une caufe vénérienne,
ou fuccède à une petite vérole mal jugée,
ainfi que les Obfervateurs en fourniflent beaucoup
d’exemples} celle-ci eft généralement mortelle.
Enfin, il eft une Gibbofité qu’on pourront
nommer Scapulaire, à raifon de ce qu’elle
provient de la mauvaife difpofition de l’une
des omoplattes, qui s’élève & faille plus que
l’autre*, celle-ci eft ordinaire aux porte-faii, &
à toutes les perfonnes qui foutiehnent fréquemment
de lourds fardeaux fur leurs épaules. Elle a
quelquefois lieu chez lès adolefcehs | c’tft une
remarque qu’il fait, dans le feptiéme chapitre
de fon livre de caufis morborum, où, après
avoir dit quelque chofe fur les procédés des
nourrices qui ceignent, fans précaution & con-
noiflance, les reins & la poitrine de leurs nour*
riffons, ii continue, en difant: àccidu aufém non
nunquam véluti proefrdâum in obliqüum f e du_
'cit dorfum , ita ut altéra fcapula 6* non acuta -,
& par v a , 6* vdlde comprejfa, altéra vero prô-
minens, tumidà, 6* omnium major appareat. Lès
effets qui peuvent réfulter des diverses Courbures
de l’épine, fe manifèftent fenfiblcmcnr à
ceux qui ont bien préfeme à l’efprit la ftruç-
ture naturelle, & contre nature des parties
affeétées, & les vifcèrés qui peuvent éprouver
une preffion par la faillie des vertèbres déjet-
tées. En général, on conçoit que la direélioh
du canal vertébral ne peut être changée, comme
il arrive dans la Gibbofité, fans que I»
moelle épinière ne fouffre une preffion relative au
déjettement, & de-là l’état d’atrophie des extrémités
inférieures, qui eft fi ordinaire ch.zlés
boffus. On conçoit pareillement que le déplacement
, qui a lieu dans la poitrine, ne peut pat
, exifter, fans que les organes viraux, le coeur
& les poumons, n’éprouvent dé la gêne qui
ne peut que nuire à l’exercice de leurs fonctions.
La plupart des boffus chez qui un pareil
déplacement arrive, périment de phthifie
pulmonaire, ou d'une hydropifie de poitrine.
Il en eft cependant quelques-uns qui échappent
à ces maux } mais alors, par une heureufe difpofition
, ce que la poitrine perd d’un côté,
elle le gagne de l’autre, & ainfi.la vie fubfirte
par cette cômpenfàtion.
La Gibbofité, gui occafionne tous ces acci-
dens, n’eft pas toujours connue à fon principe,
fouvent elle eft fort avancée, lors même qu’on
eft, loin de s’en douter. En général, elle eft
ordinairement accompagnée d’une fiAbieffe &
d’un engourdiff ment des extrémités inférieures,
gui chez les enfans, les empêchent de repofqr