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où l’on a coummt de faire cette opération;
il arrive quelquefois, que la lancette patte
tout au travers de Ja veine, & va percer l’artère
ubjaceme. Si l’artère fe trouve en contait
avec la veine, le fang, qui fort de la première
par cette ouverture, patte directement dans la
fécondé ; & il s’établit ainfi une communication
directe, entre le tronc de l’une, & quelqu’une
des principales branches de l’autre.
Cette communication étant établie , les membranes
de la veine qui n’ont pas allez de force
pour réfiôer à Timpulfion du fang artériel,
doivent nécessairement fubir un degré de dilatation
contre nature. Bientôt il fe forme une
tumeur , qui d’abord paroît circonfcrite &
peu confidérable, mais qui ne tarde pas à
s’étendre beaucoup au-deffus & au*deffous. de
l ’orifice, le long du cours de la veine ©ù l’on a
fait l ’ouverture & qui gagne même quelquefois
toutes les veines voifines. Voye\ les Vl.fig. 3Ô.
Le célèbre Anatomifte William Humer eft
le premier qui ait donné une defeription exacte
de cette maladie, qu’on a nommée fort à propos,
Aneurifme variqueux. Depuis que fes écrits l’ont
fait connoitre, elle a été obfervée par dittérens
Praticiens ,* & aujourd’hui les gen* de l'art-
ont généralement une idée affez nette de fa
nature.
Quoique , dans ce cas, la bleffure de l’artère
pénètre jufques dans fa cavité , comme le
iàng qui en fort fe trouve, renfermé dans
les veines , on peut ranger cette efpèce parmi
les Aneurifmes enfcyftésy & comme le traitement
de cette maladie fe rapproche beaucoup de
celui des Aneurifmes de la même datte, nous
me croyons pas devoir renvoyer ailleurs ce
que nous avons à dire à-fbn fujet.
Si donc, la tumeur fe trouve abfolument
circonfcrite par le s . veines, bientôt après l’accident
qui en eft le principe, la veine qui
communique immédiatement avec l’artère bleffée,
commence à s’enfler -, peu-à-peu , cette enflure
devient plus confidérable, & lorfque la veine
affeétée fe"trouve avoir par quelque anaflomofe
une libre communication avec celles du voifinage,
©n voit auiîi ces dernières fe dilater. Si l’on
comprime ces vaifleaux, la tumeur difparoit
entièrement^ le fang qu’elle contient avançant
du côté du coeur , ou refluant peut-être en
partie dans fartère y & lorfque cette tumeur
e ft parvenue à un certain volume, on entend
une forte de fiflement, au moment où la- pref-
:fion en fait fortir le fang.. Lorfque ce bruit,
qui eft d’une nature, très-particulière, fe fait
entendre, on peut le regarder comme up fym-
ptôme caratlériftique de la maladie y mais comme
ce figne n’exifte pas dans tous les cas, nous
allons marquer, avec détail,toutes lescirconftances
qui peuvent la faire diflinguer.
On obferve,.daus là tumeur de FAnçurifmç
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variqueux,un tremblotement continuel, accon^
pagnéd’ un léger fifftemenr, comme s’il paffoir mi
courant d’air par une pente ouverture. Si l’on
comprime avec une ligature le membre immédiatement
au-deflbus de la tumeur, même en
le ferrant affez fortement pour arrêter le
pouls dans les parties inférieures, & qu’alors
on faffe difparoître le gonflement des veines
en les comprimant, il reparoîrra au moment
même où l’on ceffera de les comprimer, &
il ne fera en aucune manière affeélé par la
ligature y ce qui nauroit certainement pas lieu,
s’il n’y avoit pas une communication immédiate,
entre le tronc de l’artère & la veine
correfpondante- Lorfqu’on a fait fortir, par la
preffïon , tout le Contenu de U tumeur, en
appuyant légèrement le bout du doigt fur l’orifice
de l’artère, ©n empêche les veines de fe
gonfler, & elles demeurent tout-à.*fait flafques,
jufques à ce que l’on ctffe de comprimer
l’orifice de l’artère y elles fe rempliffent alors
fur-le-champ, & ce phénomène s’obferve lors
même que la ligature n’eft pas affez ferrée pour
arrêter la circulation dans la partie inférieure
dn membre.
D’un autre côté, fi l’on comprime le tronc
de l’artère àu-deffus de l’orifice de manière
à arrêter tout-à*fait la circulation, le tremblotement
& le bruit qu’on obfervoit dans la tumeur
ceffent à l’inftant même y & f i , dans cè moment,.
on vuide les veines en les comprimant, elles
ne fe rempliront pas dê nouveau, jufques
à ce que i’oh ceffe de comprimer l'artère. Si
l ’on place deux ligatures l’une au-deffus &
l ’autre au-deffous de l’orifice, chacune à un ponce
0« deux de diflance de la- tumeur, en les
ferrant affez, pour arrêter la circulation daqs
les veines, on verra quelquefois que la conv
preflionexercéeenpareillecirconftance, fur l’Aneu-
rifme fera refluer tout le fang qu’il contient, par
l’ouverture de l’arrère, d’où il refortira aufli*
tôt qu’on fera ceffer cette eompreftion. Mais
cette expérience ne réuflit pas toujours,, &
lorfquelle manque, l’on ne doit pas en conclure
que cette efpèce d’Aneurifme n’exifte
pas y car fi tous les autres carâèlères de cette
maladie dont nous avons parlé, fontfuffifammenî
manifeftes, il ne peut reflet aucun efpèce de
doute fur fa nature.
Nous ajouterons encore aux lignes diftinélifs
de l’Aneurifme variqueux, ce fymptôme particulier,
ceft que lorfqu’il a duré un certain
tems, & qu’ri a caulé un gonflement conli*
dérable dans les yeines, le tronc de l’itère
au-deffus de l’orifice devient plus gros que dans
l’état naturel, tandis que branches , au-deflous
de ce point,,deviennent plus petites y ce qui fait
que le pouls, dans la partie inférieure dn
1 meififo, eflf t o u j o u r s plus foible qu’i l ne leu
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Je l’autre càié du corps, dans l’artère corref-
^ L a raifon de ce dernier phénomène, eft que
ïe fane trouvant un libre paffage, entre 1 artère
& la veine voifine, il prend plus facilement
cette route, qu’il ne fuit la voie ordinaire de
la circulation le long de la partie ^ inférieure
du membre. La quantité de fang, qui pane aux
extrémités de l’artère, étant, par cette raifon,
fort diminuée, la pulfation doit s’affoiblir propor-
tionnément dans fes branches. 11 neft pas aufli
aifé d’expliquer pourquoi la partie lupérieure
de l’arfère s élargit, en vertu de ce que le fang
paffe immédiatement & facilement de fa cavité
dans celle de la veine. On a cru que cela tenoif
à ce que le fang trouvait moins de réfiftance que
dans l’état naturel «1 fon paffage dans cette
portion de Fartère, à caufe de fa libre communication
avec la veine. Mais on ferait porté
à croire qu’une diminution de réfiftance au paffage
du fang, devroit plutôt avoir un effet
contraire.Nous voyons fouvent dans d autres parties
du fyflême vafeulaire, que la réfiftance au paffage
des fluides opère une dilatation des- vaif-
feaux qui les contiennent , & quon; ne peut
remédier aux gonflemens produits par une caufe
pareille, qu’en faifant ceffer la réfiftance qui
les avoit occafionnés. Cependant comme on ne
peut rien dire dé bien fatisfaifant là-deffus, &
comme ce n’eft qu’une qutftion de théorie qui
neîauroifc avoir une grande influence fur le
’ traitement de la maladie dont nous nous occupons,
nous nous abfliendrons de rien hafarder de plus
fur ce fujet. .. . .. 1
Après avoir décrit les fymptômes ordinaires-
des différentes efpèces d’Aneurifme enkyfté, &
avoir fait l’énumération des caufes qui peuvent
en déterminer la formation-, nous allons nous i
occuper des fymptmôes & des caufes de l’Aneu-
irifme par épanchement •, nous pafferons enfuite
au traitement que requièrent fes différentes'
efpèces de cette maladie.
I I. De VAneurifnte fa u x , ou par epanckement.
L ’Aneurifme par épanchement, qu’on nomme
ordinairement Aneurifme faux, eft une tumeur
formée par du fang extravafé d’une artère qui
a été percée ou rompue, & qui s’étend plus
ou moins dans les parties- voifines de lartère
bleffée.
On a fouvenr vu des efforts violens, caufer
la rupture de quelque artère confidérable dans
intérieur du corps. Les artères du poumon,
font plus que toute autre fujettes- à cet accident ,
probablement parcé que,, dans cet organe, elles
ne font environnées que de parties molles qui
ne leur donnent point de loUtiên y c’eft probablement
aufli par la raifon contraire que les
artères de l'extérieur* qui ont par-tout d e s
A . .jST E i m
points d’appui, fur des parties folides, n’eh
éprouvent que rarement, où jamais de pareils»
Or il n’y a que celles-ci qui puffent être, en
pareil cas, l’objet dfe la Chirurgie. Mais fi elle«
font peu fu jettes à fe rompre par une caufe
de eerte nature , elles le font davantage i
être bleffées par des corps étrangers. Ces bleffure«
font l’occafion la plus fréquente de l’efpèce
d’Aneurifme que nous allons décrire , & à
laquelle pour l’ordinaire la main du Chirurgien
peut porter remède.
Parmi les accidens graves qui peuvent être
la- conféquence d’une faigr.ée au bras, il n’en
eft point, fans doute, qu’on obferveplus fréquemment,
que la piqûre d’une artère.^ Quelquefois,
au moyen d’un traitement approprié, onprévient
toutes les fuites fâcheufes que peut ayoir une
femblable Bleffure, la pl-aie fe cicatrifant parfaitement*,
mais ïl eft très-rare qu’elle fe termine
d’unç* manière aufli favorable, & 1 on
ne doit jamais s’en flatte* beaucoup. Voyez,
F article Saignée.
Lorfqu’une artère a-éré piquée , & ^ que les
moyens qu’on a employés pour en faire ciça-
trifer l’orifice ne réufliffent pas, on peut être
fûr qu’il en réfulxera une fumeur du genre de
l’Aneurifme y & voici quels font les progrès
ordinaires de cette maladie.
Peu après qu’on a fait ceffer Fécoulemenî
du fang, on voit fe former fur l’orifice do
l’artère une petite tumeur, de la groffeur à-
peu-près d’ une fève. Cette tumeur d’abord eft
molle, on y obferve une forte pulfation, &
elle diminue lorfqu’on la comprime. Cependant
elle ne cède jamais à la eompreftion autant
que celle d’un Aneurifme enkyfté, parce que,
dans-ce dernier, le fang, pendant les premiets
périodes de la maladie demeure parfaitement
fluide, & circule également dans tout le fac
aneurifmal : au lieu que dans l’Àneurifme par
épanchement, la tumeur eft formée par du
fang extravafé, qui ne tarde pas à fe coaguler
& qui lui donne bientôt une confiftanee très-
ferme.
S i, dans cet état de la maladie, on n’a pas
recours à la méthode ufitée de la eompreftion y
le volume de la tumeur, pour l’ordinaire, ne
fait pas de grands progrès, pendant plufieurs
femaines : mais au bout de ce tems il commence
à augmenter peu-à-peu. Si le fiège dn
mal eft au bras, à l’endroit où l’on a coutume
de faigner, la tumeur s’étend plus au-deffüs
quau-dettbus de l’orifice, & plus en-dedans du
bras que vers l’extérieur *, probablement parce quu
l’aponeurofe du biceps n’eft pas aufli ferme &-
aùfâi compa&e dans ces parties que vers le côté
extérieur & inférieur du bras. On voit suffi que
la tumeur groflit plus ou moins rapidement et*
différentes occafions, & qu’elle s’étend beaucoup-
plus en certains cas , que dans