
un certain tems dans le tas-ventre. £af le fiège ]
de ces dépôts ell fi profond qu’on ne peut les ;
appercevoir tan* qu’ils ne font que peu confidé-
rables. D’ailleurs il ne conviendroit pas dans
l ’intention de donner un écoulement à une petite
quantité de pus, d’expofer le malade au danger
qui pourroit réfulter de l’adroiffion de l’air à la
furface intérieure de l’Abdomen ; inconvénient
qu’on ne fauroit éviter lorfqu’il n’y auroit qu’un
très-petit dépôt, parce qu alors on feroit obligé
de faire l’ouverture lentement avec le fcalpel, à
caufe du danger de bleffer quelque vifcère fi l’on
vouloit fe fervir du trocar. Au lieu de rien tenter
de pareil, il vaut mieux en pareil cas ne rien
faire, auifi long-tems qu’il n’y a que peu de pus,
& qu’aucun fyniptôme fâcheux ne s’eft encore
manifeflé. En général, c’eft une affez bonne règle
à fuivre dans tous les cas de plaie du bas-ventre,
de ne jamais trop s’inquiéter des amas de pus qui
peuvent exifier, ni des vifcères dont on a lieu de
foupçonner qu’ils peuvent avoir été bleffés, jufqu’à
ce que la préfence de quelque fymptôme rende
probable que l’un ou l’autre de ces foupçons fe
trouve fondé*, car fouvent on fait bien du mal
en touchant & maniant beaucoup les parties affectées
, tandis qu’on voit fréquemment que des
bleffures accompagnées d’abord de fymptômes très-
alarmans fe terminent fans aucune-conféquence
fâcheufe. On a vu plus d’une fois des g~ns dont
le corps avoit été percé d’outre en outre par un
coup d’épée, fans qu’aucun vifcère eût été attaqué
, & fans qu’ils éprouvaffent à la fuite d’un
pareil accident aucun fymptôme bien fâcheux. Nous
fayons qu’une violente inflammation fe termine
quelquefois fans occafionner de fuppuration-, &
même c’eft un fait que le pus exiftant actuellement
dans quelque cavité, peut être repompé par les
vâifleaux abforbans, de manière à ne laiffer derrière
lui aucune trace de fon exiftence. 11 n’y à
donc que la préfence aétuelle de fymptômes fâcheux
produits par un amas de pus, ou de ceux
qui font l’effet du volume & du poids du fluide
.épanché, devenus affez confidérables pour incommoder
le malade, qui puiffent indiquer la nécef-
fité de donner iffue à la matière purulente. Mais
lorfque les chofes en font venues à ce point, il
ne faut pas héfiter à recourir à ce moyen de fou-
lagement -, & fi l’amas de pus eft affez confidé-
rable pour permettre l’ufage du trocar, on pourra
l’évacuer facilement & fans danger *, car fi l’on
introduit cet inftrument en lui donnant une direction
oblique, l’air ne pourra point avoir d’accès
à i’intérieur, & l’on évitera par-là même le
feul inconvénient qui pouvoir réfulter de cette
opération.
M. Bell raconte à ce fujet, pour faire voir combien
il importe d’être circonfpeéi lorfqu’il s’agit
de faire une opération de ce genre, deux cas
dont il a été témoin & qui fe font terminés d’une
manière funefte, quoique d’abord ils n’euffent
A B D
préfenté aucune apparence de danger. Dans Tun
& dans l’au tre ,il y avoit un amas de pus, &
l’on avoit réfolu de lui donner une iffue. Mais
comme on imaginoit que ce pus étoit logé dans
un kyfte particulier, ou dans les mufcles plutôt
que dans la cavité du bas-ventre , on crut devoir
faire une petite ouverture avec le fcalpel. En moins
de deux jours il fe manifefta chez l’un & chez
l’autre malade les plus violens fymptômes d’inflammation
qui furent bientôt furvis de la mort. D’où
l’on peut conclure que ce fut l’impreflion de l’air
fur l’intérieur de l’Abdomen qui occafionna. ces
funeftes fymptômes} car on vit après la mort que
le pus étoit réellement logé dans cette cavité.
Voye[ l’article A ie. .L e même Auteur remarque
qu’il a depuis, dans deux cas pareils, fait foriir
avec le trocar de grandes'quantités de matière
purulente qui étoient évidemment contenues dans
la cavité du bas-ventre, fans qu’il en réfultâtpar
la fuite aucun fymptôme fâcheux (i).
Pour les précautions à prendre lorfqu’il s’agit
de faire cette ponélion du bas-ventre, onconful-
tera l’article P a r a c e n t è s e .
c. Sortie des vifcères par Us plaies de P Abdomen.
Les plaies qui pénètrent dans l’Abdomen peuvent
encore être dangereuses par une autre caufe
que celle dont nous venons de parler. Elles laif-
fent quelquefois échapper de grandes portions d in-
tefiins -, & quoique ces parties n’aient reçu aucun
mal, il peut réfulter de leur fimple déplacement
les plus funeftes conféquences.
Le parti le plus sûr en pareil cas-, pour prévenir
ces fâcheufes fuites, c’eft de faire rentrer
dans l’Abdomen les vifcères qui en font fôrtis
auffi promptement que cela pourra fe faire fans
inconvénient. Prefque tous les Auteurs qui ont
écrit fur ce fujet recommandent les fomentations
faites avec des décodions émollientes fur ces parties
déplacées, ou de les couvrir pendant quelque
tems avec la toile ou omentum tiré du ventre
de quelque animal récemment tué*, mais ils ne
font pas attention que pendant le tèms que l’on
perd à faire ces préparatifs y les'organes fortis de
leur place naturelle fouffrent plus de l’adion ds
l’air, & des autres circonftances qui aecônipagnent
leur déplacement, que toutes les applications de
ce genre ne peuvent leur faire de bien -, & qu aucune
efpèce de fomentation ne peut être équivalente
à celle qu’ils recevront de la chaleur & de
l’humidité naturelle de l’Abdomen. On d it :que
non-feulement ces applications font utiles pour
remédier à la féchereffe & au refferrement des
parties que l’adion de l ’air occasionne , mars encore
quelles mettent le Chirurgien en état de juger
avec bien plus de certitude s’il peut fans
crainte de danger, replacer ces parties dans Vin- (i)
(i) SyfUtn of Surgeiy. V»l. 5, jp. aj£»
Prieur -, on H. prétend même que les vifcères mena- de gangrène I & que par cette ratfon 1 on n o-
ïferoit Das taire rentrer , peuvent, être rétablis au
moyen de ces fomentations, allez bien, pour qu il
Cfoit enfuite très-convenable de les replacer.
I Mais quoique cette opinion ait été très-généralement
reçue, & que le plus grand nombre des Chi-
■ rurgiem adoptent la pratique qui en découle,
on ne peut fe diffitnuler qu elle ne foit très-peu
'convenable & très-dangerëufe. Elle peut faire beaucoup
de mal, & n’offre prefque aucun avantage.
I Ondit qu’il ne faut jamais faire rentrer dans l’Ab-
• domen une portion d’inteftin qui a cmnmencé à
Ife gangrener,, parce qu’il eft à _craindre que les
'‘■ matières fécales ne viennent à s épancher dans le
ventre, & ne faffent périr le malade. Il eft certain
que lorfqu’une portion d’inteftin fe trouve
'âeffeélivémenr gangrenée, on auroit grand tort de
la faire rentrer , parce que ce feroit ôter au malade
la feula.chance qu’il peut avoir de conferver
fa vie $ ce qui ne peut avoir lieu qu au cas ou les
extrémités faines de l’inreftin feront rapprochées
de l’ouverture extérieure de la plaie, & s y fixeront
enfuite*, comme on l’a vu arriver bien des
fois , de manière à former un anus artificiel qui
.affurera pour la fuite une libre iffue aux êxcrémens.
Mais quoique, dans une circonftance pareille , la
^pratique dont nous parlons foit très-convenable,
.lorfque la gangrène n’eft pas établie , il vaut toujours
mieux replacer les inteftins fur-le-phamp ,
quoiqu’ils paroiffent jufqu’à un certain point avoir
foufferr, parce quon a toujours lieu de fe flatter
^que la chaleur naturelle du bas-ventre empêchera
| mieux que toute autre chofe les progrès du mal.
y Lorfque les parties (orties de l’Abdomen font
|| couvertes de fable, de pouflière ou d’autres corps
■ étrangers, il conviendra fans doute de les en
... débarrafler, avant que de chercher à les réduire*,
; & dans cette intention , ce qu’il y aura de mieux
| à faire, fera dé les baigner dans du lait un peu
•f ôbaud , ou dans dé l’ eau & du lait. Mais cette
circonftance éft peut-être la feule quipuiffe rendre
ff cette pratique néceffaire.
Il faut quelquefois affez de dextérité pour faire
rentrer des portions d’inteftin, qui font forties avec
la plus grande facilité. Pour y réuflir,* il faut placer
le malade dans la pofirion la plus propre à en
favori 1er la réduction } il faut que la tête & la
poitrine fe trouvent un peu plus baffes que l’Ab-
domen & les hanches, & que le poids des entrailles
| puiffe concourir à l’effet de tirer en-dedans les
g vifcères qui font en-dehors. Le corps étant placé
H de cette manière, le Chirurgien après avoir en-
’l| duit fes doigts d’huile chaude, ou après les avoir
x couverts de toile fouple & bien huilée, cherchera
•®àreplacer les parties ail moyen d’une compreftion
f f douce qu’il exercera d’abord fur une extrémité
de la portion d’inteftin qui fe trouve expofée,
; & qu’iLcontinuera de proche en proc.he jufques
fur l’autre extrémité. De cette manière, toutes les
fois que la plaie aura une certaine étendue , on
réduira facilement une portion quelconque d’in-
teftin *, & s’il fe préfente auffi quelque partie de
l’omemum ou de quelqu’autre vifcère, on les fera
rentrer plus facilement encore,
Mais on trouve quelquefois des portions très-
confidérables d’inteftin qui fe font échappées par
des ouvertures fi petites qu’il eft impoftible de
les réduire fans les comprimer fort au-delà de ce
que peuvent fupporter des organes auffi délicars.
Dans des cas de cette nature, le Chirurgien remplira
fon objet avec bien plus de facilité, & avec bien
moins de danger pour le malade, en dilatant l’ouverture,
que s’ilfe contente d’employer la force qui
feroit néceffaire pour faire rentrer l’inteftin par
un paffagefort étroit. Cette dilatation cependant
eft une opération qui demande affez de dextérité.
Elle ne fera pas très-difficile lorfque l’ouverture
fera de grandeur à pouvoir admettre le doigt\
mais quelquefois elle fe trouve tellement remplie
par le volume des parties déplacées * qu’il eft im-
polfible de l’introduire. En pareil cas, les. auteurs
recommandent de faire palier un directeur entre
l’inteftin & le bord de la plaie, & de faire
ï l’incifion avec un biftouri placé fur ce directeur»
Mais cette manière d’ôpérer n’eft pas fans danger,
car il fera bien difficile de s’affurer s’il n’y a point
quelque pli de Tinteftin engagé entre le directeur,
& la partie qu’on doit incilèr *, & fouvent il s’en
trouvera, quelque attention qu’on puiffe y ap-
i porter. Il vaut bien mieux alors chercher à
aggrandir l’ouverture en incifant les tégumens &
les mufcles avec le fcalpel, d’une manière lente
& mefurée,comme on fait dans les cas de hernie ;
en ayant foin lorfqu’on eft parvenu jufqu’au péritoine
, d’introduire le bout d’un biftouri à pointe
mouffe , entre l’inteftin & cette membrane que
l’on pourra incifer alors fans rifque. Si, en procédant,
de cette manière, on a fait une ouverture
où l’on puiffe faire paffer le bout du doigt , on
l’augmentera enfuite autant qu’il fera néceffaire,
en fe fervant dit doigt pour conduire le biftouri.
Mais jufqu’à ce qu’on puiffe le faire paffer dans
l’ouverture, il ne faut introduire aucun inftrument
tranchant dans la plaie *, car quelque induf-
trie qu’on ait employée à faire des inftrumens
garnis d’ailes propres à garantir les inteftins dans
cette partie de l’opération, il n’y en a aucun qui
puiffe fervir à autre chofe qu’à embarraffer {’opérateur
, & à rendre fon travail plus compliqué.
Lotfqu’on dilate ainfi une plaie de l’Abdomen,'
il faut avoir foin de fuivre, autant que la chofe
eft poffible, la direction des mufcles de la partie.
On peut s par cette opération , donner à l’ouverture
toute l’étendue néceffaire pour la réduction
des organes déplacés *, mais il faut être
attentif à ne pas la faire plus grande que le cas ne
I requiert j & quand cela eft fa it, on doit s’occuper
| du replacement des parties § & l'exécuter arec