
mufculaire qui doit refler. En réparant les muf-
cles de l’os jufqu’à un pouce de diftance de leur
extrémité, & en fciant l ’os à cette hauteur, ce
qui eft plus haut qu’on ne le fait ordinairement,
l ’os fera fuffifamment recouvert *, & , quant à la
peau , un peu d’expérience met bientôt en état
5 é juger de ce qu’il en faut pour couvrir toute
la plaie. Mais li l’on voit que Pdn en ait confervé
plus qu’il n’étoir néceflaire , avec un peu d’attention,
il fera facile de prévenir les inégalités de la
cicatrice -, il fuffit de ne ramener les tégumens
fur le moignon que juftement autant qui! en ell
befoin pour que les bords de part 8l d autre fe
rencontrent ; & fi on les maintient dans cette
pofition jufgu’à ce qu’on ait achevé de poferl’ap-
pareil, on préviendra tout inconvénient qui au-
roit pu réfui ter de ce qu’il en étoit refté plus
que ce dont on avoit befoin pour couvrir le
moignon.
•$. X V I . Cbjeâion a la Méthode qu’ort vient de
décrire.
On a objeélé à cette méthode d’Ampuration,
q u e , demandant plus de tems que la méthode
ordinaire , elle doit néceffairement caufer plus
de douleur. Il ne peut pas cependant y avoir, à
cet égard, beaucoup de différence entre lune &
l’autre ; car on doit fe fouvenjr que 1 incifion de
la peau, qui eft la-partie la plus dpuloureufe de
l’opération, eft la même dans toutes deux* La
feélion du tiffu cellulaire & des mufcles eft
bientôt faite , & elle ne caufe que peu de doubleur.
Quant à la troifième incifion , fi l’on peut
lui donner ce nom , c’eft-à-dire la féparation
des mufcles d’avec l’os , elle peut fe faire dans
la dixième partie d’une minute. On peut fe
fervir d’un fcalpel pour divifer le tiffu cellulaire
qui lie les mufcles aux tégumens , qui les recouvrent
ainfi que pour féparer les mufcles de l’os ;
niais ces deux parties de l’opération fe font également
bien avec le couteau à Amputation , & il faut
jutant qu’il eft poflible, éviter de multiplie^ le
nombre des inftrumens , tomes les fois quon
peut opérer aufli bien & suffi vite avec un plus
petit nombre. Le couteau repréfemé dans les-
JPlanches, nous paroît préférable à tout autre; il eft
d’une taifte moyenne , un peu plus court . que
(Celui dont on je fert -ordinairement & parfaiter
ment droit. Quelques Praticiens fe fervent encore
fiu couteau à lame courbe , mais ils ne paroîi
pas qu’ils aient aucune bonne raifon de lui donner
la préférence.
S i l’on trouve quelque difficulté à féparer les
mufcles de l’os avec ce couteau , on peut fe
fervir dans cette intention de finftrutnent recommandé
par M. Gooch & repréfenté dans les
Flanches.
Méthode propofée par M. Alanfon.
Nous allons à préfent décrire la manière dopé»
réf de 'M. Alanfon, ou du moins tout ce qu’il
y a dans fa méthode qui peui lui être particulier;
& , pour en donner une idée exaéte, nous
l’expoferons dans fes propres termes (i) .
c< Appliquez d’abord le tourniquet félon la mé-
«thode ordinaire ; placez vous, à l’extérieur de
la cuiffe. Faites tirer en haut la peau & les
*3mufcles par un aide, qui, avec fes deux mains,
33 empoigne cirçulairement le membre. Faites une
33 incifion circulaire, auffi vîte qu’il eft poffible,
33 en coupant la peau & le tiffu cellulaire juf-
«> qu’aux mufcles ; détachez , avec-le tranchant du
>3 couteau, le tiffu cellulaire & fes Ugameps, jufqu’à
33 ce qu’il y ait allez de peau retirée en arrière
33 par l’aide , pour recouvrir enfuite aifément avec
33 les mufcles coupés toute la furface de la plaie.
f» L'aide continuantfoutenir avec fermeté la
13 membre, appliquez le tranchant de votre couteau
»3 fur le bord intérieur du mufcle vafte interne, &
33 d’un feulcoop, coupez obliquement les mufcles,
33 en haur par rapport au membre , &enbas par rap-
33 port à l’os; ou en d’autres termes, coupez les mül-
#3 des dans une telle direélion que l’osfe trouve à
3j découvert environ denx ou trois travers de
vs doigt pins haut qp’on n’a coutume de le faire
33 par l’incifion drcuiaire & perpendiculaire. Alors
33 tirez votre couteau vers vous , de manière que
33 fa pointe refle fur l’os ; ayant attention de le
»3 tenir toujours dans la même direélion oblique,
33 afin que les mufcles foient coupés tout autour
33 du membre dans cette direélion en un tour de
>3 couteau pendant lequel fa pointe doit être en con»
33 taél avec l’os & tourner autour.
33 L ’endroit oh l’os doit être mis à découvert,
33 foit que cet endroit fe trouve deux, trois oit
33 quatre travers de doigts plus haut que le bord
3» des tégumens retradés; cet endroit, dis-je t doit
33 être réglé félon la longueur du membre & la
33 quantité de peau qui aura été préliminairement
iiconfervée, après avoir divifé les attaches du
>3 tiffu cellulaire.
»> La quantité de pean <$ue l’on doit con*
riferver, & la'quantité de lubftance mufculaire
33que l’on dois retrancher, doivent être dans
33 une proportion fi exade l’une à l’autre, qu’a-
33 près l’opération toute la furface de la plaie
»3 puiffe être aifément recouverte , & que la lon-
33 gueur du membre ne foit pas plus diminuée
33 qu’il ne convient. Cependant il faut obferver
que plus on conferve de fubftance mufculaire
33 en donnant au couteau une diredion oblique,
33 au lieu de divifer les attaches cellulaires, 'mieux
33 on fait pour les raifons que l’on donnera dans
>3 la fuite.
33 Appliquez, fuivant le confeil de MM. Gooch
ïs& Bromfield, une bande de linge ou de peau ,
«fendue jufques au njilieu , pour foutenir &
( t ) Manuel pratique de l'Amputation, par Edouard
Alanfon f Chirurgien de l’Hôpital de Liverppol, p. 4°-,
garant^
*3 garantir les parties molles , paf ce moyen ,
*3 l'endroit de l’os où il faut appliquer la fcie fera
33 plus en vue ; & c’eft exadement dans cet en-
3> droit, & non ailleurs, qu’il faut incifer le période
33avec le tranchant du couteau, pour faire une
isefpèce de voie à la fcie avec laquelle il faut
« fcier l’os. >3
M. Alanfon donne enfuite quelques diredions
pour la manière de lier les artères, & pour l’application
du bandage de flanelle roulé. Enfuite
il ajoure :
«Placez la peau & les mufcles fur l’os, dans une
3i diredion telle que les bords réunis de la plaie ne
sspréfentent qu’une ligne tranrerfale fur la furface
33 du moignon , dont les extrémités, foient l’une
33 à droite & l’autre à gauche, Les ligatures feront
33 placées de côté , dans le voifinage de chaque
33 angle de la plaie. La peau fera maintenue
33 aifément dans cette firuation au moyen de Ion-
>3 gués bandes de toile d’environ deux travers de
33 doigt de large , couvertes de cérat fimpleoude
3$ quel qu'autre onguent analogue. Cependant, fi
33 les lèvres de la .plaie ne peuvent être mifes en
sacontad par ce procédé, il faut fe fervir de bandes
33 d’emplâtre agglutinarif, appliquées de bas en
33 haut pour fe croifer fpr la lurface du moignon. On
33mettra par-deflus un plumaceau d’étouppes &
33une compreffe de linge; cet appareil fera re-
»3 tenu par un bandage à plufieurs chefs, à-peu-
33 près lemblable à celui dont on fe fert pour les
sjrraétures compliquées ; fa grandeur fera relative
•sà celle du membre; deux chefs feront croifés
33de bas en haut fur la furface du moignon, afin
33de maintenir--'tout l’appareil.
33Si le membre eft gros, la divifion du tiffu
*3 cellulaire & de fes attaches doit être en pro-
33 portion du volume du membre. Chez les péris
fonnes atrophiées, il fuffira de donner an cou-
*3teau une direélion un peu plus oblique pour
ss découvrir l’os affez haut, afin de conferver affez
33de peau pour couvrir la furface de la plaie,
ss & lorfque cette méthode eft praticable, il faut
33 toujours la préférer aux autres.
33 Je me fers maintenant pour opérer d’un Cousteau
droit, tranchant des deux côtés, & plus
3> petit que celui dont on fe fert ordinairement
33 pour l’Amputation.. On le manie plus aifément ;
>3 d ailleurs fa pointe étant plus arrondie que celle
33 du couteau droit à un feul tranchant, il achève
ss la divifion des ^attaches celluleufes, & fait la
33 feélion oblique des mufcles beaucoup plus promis
ptement. De plus, il eft avantageux que , pendant
«toute 1 opération, chaque tranchant du cou -
33 teau coupe par le plus léger tour de main..
ss Je fuis pleinement convaincu que, dansl’Am-
« putation de la cuiffe, la feélion oblique des
«mufcles a plufieurs avantages fur l’incilion cir-
33culaire & perpendiculaire des mêmes mufcles ,
>3 quoique par ce dernier procédé on eût confervé
« auez de peau pour bien recouvrir toute la furface
Chirurgie, Tome I .er. I ,ire Partie•
ii delà plaie. Mais cette incifion oblique des niuf-
« clés n’eft pas dune auffi grande néceffité dans
« l’Amputation du bras, de l’avant-bras & de la
33 jambe, parce qu’indépendamment de cette obli-
33 quité, on peut toujours conferver affez de peau &
« d e tiffu cellulaire pour recouvrir toute la plaie.
« Dans l’ un & l’autre cas, la réunion & la cure
>3font également promptes.
” P n en eft pas de même de l’Amputation de la
«cuiffe ou lôn a befoin d’une efpèce de couffin
33entre l’os & la jambe de bois, pour permettre
33au malade de marcher. C ’eft pourquoi, plus
33 on donnera au couteau une direélion oblique
« en coupant les mufcles, plus le moignon fera
ss garni de fubftance mufculaire. Le bout de l’o s ,
>s dont la preffion eft incommode & douloureeufe
ss fera un peu éloigné de la furface de la jambe
ssdefiois; d’ailleurs, la circulation plus vive &
>3 plus rapide par ce moyen dans toute l’extrémité
« d e l’os & du moignon, diminuera le danger
33 de l’exfoliation.
33Un autre avantage, qui réfulte de l’incifion
33oblique des mufcles, eft l’efpèce d’embonpoint,
3> & l’uniformité des parties après la cure. Au
33 contraire, lorfqu’on incife les mufcles circu-
«Iairement & perpendiculairement j- la peau refte
« inégale & comme déformée en faifant plufieurs
»3 plis, & cela arrive principalement lorfqu’on en
33 a trop confervé.
33 Quant à la direélion qu’il faut donner aux
»slèvres de la plaie pour les rapprocher & les
>3 réunir, je les ai toujours difpofées de manière
>3 que la cicatrice a préfemé une ligne tranfver-
>3 fale fur le moignon de droite à gauche. En géné-
>3 ral, la fuppuration eft peu abondante, & il eft
>3 utile dans l’Amputation de la cuiffe de fe con-
« duire comme je le propofe. Mais li la cicatrice
33 que préfente la plaie réunie, eft de haut en bas
»3& comme rayonnée, elle fe trouvera direéle-
»9 ment oppofée à l’o s ; & le malade en marchant
33avec une jambe de bois, éprouvera que la
ss preffion fe fera immédiatement fur la cicatrice- ce
33 qui eft un défavantage évident, que l’on évitera
33 en réunifiant la plaie & en la faifant cicatrifer tranf-
«verfalement. Dans ce dernier cas , la cure étant
«complette, l ’aétion très-puiffante des mufcles
« fléchiffeurs de la jambe tirera la cicatrice en bas
ss & en arrière, en forte que le bout de l’os fera re-
«couvert par la peau faine du moignon. Ainfi,
33 en marchant, la plus grande preffion fe fera fur
33 cette peau faine & ancienne, & nullement fur
ss la cicatrice.
«Une Amputation de la cuiffe faite d’après
« le plan que je viens de tracer, »3 dit M. Alanfon
dans un autre endroit du même ouvrage , « d oit,
>3 fi vous avez foin de ramener les chairs en
ss devant, former à l’extrémité du moignon une
ss cavité à-peu-près conique, dont, le fommet ré-
33 ponde à l’extrémité de l’os ; cette manière de
\ 33 couper les chairs étant la meilleure pour que