
font pas d’accord fur ce point, il y en a qui
recommandent de ne jamais faire pénétrer une
Bougie auffi loin , de peur que ion extrémité
venant à s’éclater, il n’en refte quelque parcelle
dans la veffie qui'poùrroit former enfuite le noyau
d’une pierre ; mais cette crainte a peu de fondement
, quand on n’emploie que des Bougie' bien
faites ; elle n’en a point du tout, quand on fe
fert de Bougies de gomme élaftique , pourvu
qu’on fe tienne en garde con re l’incruHation pier-
leufe qui peut fe former fur l’extrémité même
de la Bougie, en la retirant de tems-en-tems,
pour l’examiner & la nettoyer. 11 vaut mieux porter
la Bougie dans toute l’étendue du canal, quand
le paliage eft fuffifammeni libre ; mais, li celan’eft
pas polîible, il n’y a pas d’inconvénient à la laiffer
à demeuredans la portion où elle a pu péné-
irer , à moins que la trop grande fenfibilité des
parties ne s’y oppofe.
De quelques accidens qui peuvent accompagner
VuJ'age des Bougies.
Les Bougies, foit à raifon de la forme conique
qu’on a mal-à-propos coutume de leur donner,
loir par l’aélion des parties, font fort lu jettes à
fortir du canal, fi l’on n’ ufe pas de moyens propres
à les retenir, ce qui fou vent retarde la gué-
rifon. Mais ce qui efl bien plus fâcheux , c’eft
que quelquefois elles Renfoncent dans la veffie,
accident donr il n’ eft pas difficile de concevoir
les conféquences ; il efl rare qu’il n’expole pas le
malade à fe foumertre à l’opération de la raille.
Cependant fila groffe extrémité de la Bougie ne
â’eit pas enfoncée aii-delà de la partie taillante &
mobile delà verge> il cfl quelquefois poffibls de
l ’extraire. 11 faut, pour-y réuffir, fixer la Bougie
dans l’urètre un peu au-deflou> de Ion extrémité,
dans le pér.née , par exemple , en preiïant- con-
ir’c lie avec une main , en rep -ufiant la verge fur
la Bougie de l’autre j en laililfanr enfuite fortement
’a vergé <&. l'extrémité fupérieure de la
Bo gie pour ks tirer eh haut , en même-teins
qu’on celle- la prdF.on Hi.-oelfous. Au moyen de
ces deux mouv-,mens alternativement répétés ,
on peut par v.-ni à failir le bout de la Bougie ;
mais ce procédé ne réulfit pa? toujours, car lorsque
la Bougie efi petite, on, qu’elle devient molle,
elle ne permet pas de. ie jo fier la verge deffus
fans la plier ; ou fi ’agr ffc <_xrrêrriré de la Bougie
efi oafiee au-delà de a j. a tie mobile de la verge,
le confeil que nous donnons deviendra impraticable.
En pareil cas , ce qu’il y a de mieux à
faire,»fi d’introiuiie un cathéter dans Purètre,
jnfqu’à la Bougie, & de faire une incifion fur
foo exrrétnitéy enluite au moyen d’une tenette de
forme convenable que l’on parte.»a par la plaie,
on failira le bout de !a Bougie*, ou fi l’on ne
peut en venir à bout , on aggrandira un peu
Pouvei mre pour en découvrir l’extrémité, & l’on
en fera Pextraclion , fans être obligé dé couper
la veflie. Cette partie de l’opération fera cependant
très-difficile, fi la perfonne efi graffe ou corpulente.
Pour empêcher que la Bougie ne forte de
l’urètre, ou qu’elle ne pénètre trop en dedans,
il efi nécefi'aire de lier autour de fon extrémité
qui fort de ce canal , un fil de coton , & de l’affurer
enfuite tout-au-tour de la racine du gland , mais
d’une manière fort lâche , .pour des raifons évidentes
; l’on courbera enfuite fur la verge la partie
de la Bougie qui n’a pas pu pénétrer ; précaution
qui la rendra moins incommode, & empêchera
très-efficacement qu’elle n’entre dans la
veffie. L-.s Bougies de gomme élafiiqué moins
fujettes que les autres à fe rammolür par la chaleur
, confervent toujours affez de fermeté pour
ne pouvoir pas fe courber, & fe tortiller dans la
veffie, par conféquent elles ne peuvent pas s’y
enfoncer, fur-tout, fi elles ne font pas du plus
petit calibre.
Lorfqu’on introduit les Bougies, pour la première
fois, elles produifent fouvent des naufées
& même quelquefois des défaillances ; mais ces
fymprômes reviennent rarement à la fécondé ou
à la troifiè'me imroduélion de la Bougie. L ’irritation
qu’elles produifent dans l’urètre, occafionne
d’abord quelque douleur en urinant -, mais cette
douleur le diffipe à mefure qu’on en répète l’application.
Elles déterminent la fécrétion d’ une
matière purulente, dans le Cas où il n’y en avoit
point, & augmentent, en général, ^écoulement,
s’ii exifle déjà -, mais cet effet, ainli que les autres
dont nous yenons de parler, fe diffipe graduellement.
En conféquencedeleur ufage, on obferve fou-
vent un gonflement des glandes inguinales; mais
il n’tn réfulte jamais de fuppuration. L’on voit
auffi que leur introduction occafionne allez fréquemment
le gonflement d’un teflicuîe, ou même
de tous les deux; effet ordinaire de route irritation
du canal de l’urètre. L ’on a vu pareillement que le
refticule étant enflé, lors de l’introduction de la
Bougie , i l . efl revenu promptement à fon état
naturel.
Il y a quelques lacunes , dans l ’urètre, proche
& au-delà du gland, qui fouvent arrêtent la Bougie
& donnent d’abord l’idée d’ un rétreciflement.
Les Chirurgiens inattentifs s’y trompenr quelque-
fo i', & peuvent faire beaucoup de mal en voulant
forcer ce prétendu obftacle. Mais lorlque la
Bougie s’arrête auffi près du gland , on a lieu de
foupçonner cette caufe. C ’eft pourquoi il faut,
en pareil cas , varier la direction de la pointe de
la Bougie, en la portant contre la pariie inférieure
de l’urètre. Lorfque la Bougie s'arrête dans
une de ces lacunes, le malade paroir reflentir
plus de douleur qu’à l’occafion d’un vérirâble
rétrecifiemenr. Lorfque la glande proflare efi gonflée,.
elle forme fouvent, à fa partie antérieure?
une protubérance qui s’avance, comme une valvule,
fur l’entrée du canal de l’urètre, & qui
empêche qu’on ne puifle faire pénétrer une Bougie
jufques dans la veflie. Ceux qui n ont pas
une connoiffance exaCte de la nature de cet ob-
flacle, peuvent auffi le prendre pour un rétre-
cilfement. Nous verrons, à l’article Pros ta t e ,
comment on peut le reconnoître, & de quelle
manière on doit s’y prendre, en pareil cas, pour
faire pafîer la Bougie.
L ’effet le plus dangereux qui puifle réfulter
de l’application mal dirigée de la Bougie, efi une
faufle route. Nous avons dit ci-deflus que cette
faufle route provenoit, en général, des efforts peu
ménagés & mal dirigés-que l’on faifoit en pouffant
l’extrémité de la Bougie contre le rétreciflement,
foit pour, en produire l’ulcération, foit pour le
furmonter tout d’un coup.
Il efi rare qu’une faufle route foit aflez étendue
pour augmenter beaucoup la gravité de là malad
ie qui exiftoit déjà, ou pour en produire une
nouvelle, quoique cela arrive quelquefois ; cependant
elle n’empêche pas moins la guérifon de la
maladie première, en rendant l’application de
la Bougie fur le rétreciflement d’autant.plus incertaine
qu’il efi dangereux de la continuer. Une
faillie route, une fois formée, ne fe cicatrife point
d’elle-même; c’efl pourquoi il efi fouvent à propos
que le Chirurgien, lorfqu’ il efi confultépôur
un rétreciflement de l’urètre, s’informe fi 1 on a
déjà fait ufage des Bougies, ou non, & quel en
a été le réfultat; fi elles paffoient facilement ou point
du tout. Si on en a fait ufage, il faudra favoir û
le malade lui-même, ou fon Chirurgien, a obfer-
vé qu’on faifoit quelque progrès avec la Bougie,
Si l’on a gagné vifiblement du terrein, fans faciliter
du tout le pairage des urines, il ne faut plus faire
ufage de ce moyen , car il efi très-probable qu’on
a fait une faufle route qui rend impoffiblele paf-
fage de la Bougie dans le rétreciflement.
Cette faufle routé fe trouve, en général, à côté,
& dans une ligne prefque parallèle au canal de l’u rètre
, lorfqu’elle efi faite dans la partie de ce
canal, qui efl en-deça de la courbure. Et.alors la
Bougie a pénétré dans la fubftance fpongieufe de
Furètre; mais lorfqu’elle efl faite au commencement
de la courbure, la Bougie a paffé en droite
ligne à travers le corps de l’urètre , près du commencement
de la partie membraneufe , & elle
a traverfé la fubftance cellulaire du périnée du
côté du reétum.
Lorfque la faufle route exifle entre le gland
& la courbure de l’urètre, elle peut avoir lieu
également des deux .côtés du canal dans fa fub-
flance fpongieufe, entre le canal & la peau de
la verge, ou le ferotum, & auffi entre le canal
& le corps de la verge. La fituation de la faufle
route occâfionnera quelque différence dans l'opération
néceflkire pour la guérir»
Il n’y a point de méthode plusfûre de la traiter,
que de faire, une ouverture extériéurem n t , à
l’endroit de l’ urètre qui efl le plus propre pour
parvenir au rétreciflement, eu égard aux autres
parties externes, telles que le ferotum, &c. Si
le rétreciflement efl en-deça du ferotum, la
faufle route y fera auffi; conféquemment il faudra
opérer en cet endroit-là. S*il efl vis-à-vis du
ferotum, le fond de la faufle route peut auffi
être vis-à-vis de cette partie ; 8l fi la faufle route
efl d’une longueur confidérahle, fon fond ou fa
■ terminaifon peut être au commencement du périnée.
Dans l’un & l’autre de ces cas, on doit
commencer l’opération derrière le ferotrm &
même la prolonger un peu dans cette partie. Mais
fi le rétreciflement & la faufle roure font au périnée
, c’eft-là qu’on doit alors faire l’opération.
Pour cet effet, on paffera dans l’urètre une
fonde crénelée, auffi loin quelle pourra aller,
c’eft-à-direjufqu’au fond de la fauiTe route , & par
conféquent plus loin que le rétreciflement du canal.
On fera, fur fon extrémité, une incifion d environ
un pouce de long, fi la maladie efi en-deça dil
ferotum, & d’un pouce & demi, ou même plus,
fi elle efi du côté du périnée. Si la faufle route
efl entre l’urètre St le corps de la verge? on aura
probablement pénétré avec l’inftrument tranchant
dans la partie faine de l’urètre-, avant que d’arriver
jufqu’à e lle , ou jufqu’à l’inftrument; & , en ce
c a s , il n’eft pas néceflàire de couper davantage
pour être fur de trottifer un paflage libre
jufqu’à la veffie , puifqu’on a ouvert le canal au-
delà du rétreciflement.
On prendra enfuite une fonde, on l’introduira
dans l'urètre, par la plaie, & on la paffera vers
le gland, ou pour mieux dire vers le rétreciffe-
ment, qui bientôt mettra obftacle à fon paflage.
Pour vaincre cet obftace. on retirera la fonde;
on introduira, en fa place, une canule jufqu’au
_ rétreciflement ; on introduira, par le gland, une
autre canule de même diamètre, de manière que
les deux canules, féparées par le rétreciflement,
fe trouvent opofées l’une à l’autre. Un aide prenant
alors l’urètre par-dehors, entre le pouce
& Pindex, précifément à l’endroit où les deux
canules fe rencontrent, pour les tenir en place,
on introduira, par la canule fupérieure, un poinçon
qui. traverfera l’obftacle, & pénétrera dans la
canule inférieure. Cela fait, on retirera le poinçon
, & l’on introduira une Bougie dans la même
canule & de la même manière; & quand on fera
fûr qu’elle a paffé dans la canule inférieure, on
retirera celle-ci ; alors le bout de la Bougie paroif-
fant dans la plaie, on le faifira, afin de pouvoir
retirer auffi la canule fupérieure, fans entraîner
avec elle la Bougie. On conduira enfuite l’extrémité
de la Bougie dans la portion du canal qui
efl du côté de la veffie, & on la pouffera jufqu’à
ce quelle foit parvenue à ce vifeère. U fera
J bon d’ouvrir la faufle route dans toute.fa Ions
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