
avoit un Bubon en bonne fuppuration*, & qui
étoit fur le point de s’ouvrir : la peau étoit
mince & enflammée, on y fentoit une fluéluation
manifefle > je me propofai de l’ouvrir , mais
comme le malade devoir s’embarquer le lendemain
pour l’Angleterre, jecrus plus à propos de
différer cette opération jufqu’alors. On mit à
la voile dès qu'il fut à bord, la mer fut fi
houleufe, & le tems fi mauvais, qu'on ne put
rien lui foire. Il eut le mal de mer , & vomit
confidérablement , & lorfque tous ces accidens fe
calmèrent, il fe trouva que le Bubon étoit entièrement
difparu , à fon débarquement en Angleterre
, il pafia régulièrement les grands remèdes,
& depuis fut très-bien guéri, jj
Mais fi le Bubon réfifte à ce traitement, &
que les fymptômes annoncent qu’il doit fup-
purer , alors loin de rien faire qui puiffe nuire
à cette terminaifon , il faut la favorifer en
appliquant fur la tumeur un emplâtre de dia-
chylon gommé, fuffifamment grand pour la
recouvrir entièrement, & l’on ceffe toute friction
locale pour en venir au traitement mercuriel
régulier. Cette méthode n’eff point celle
de quelques Praticiens qui ont même écrit fur
les maladies vénériennes; mais qu’importe,pourvu
que l’efficacité en foit confiatée par l’experience.
Lorfque la fuppuration efi bien décidée , on
plonge une lancette dans le foyer, & l’on donne
iffue au pus. Ce procédé nous paroît plus fim-
ple que l’application du cautère , & en même-
tems il n’a point l’inconvénient de donner lieu
à une déperdition de fubftance, ce qui n’efi pas
peu de chofe pour les perfonnes qui ont intérêt
àcacher leur maladie. Les Bubons qui fuppurent
chez les perfonnes d'une bonne conftirurion, fe
cicatrifent facilement quand on a convenablement
remédié aux effets de l’infeCliongénérale, & qu’on
a laiffé la tumeur s’ouvrir fponranément, ou qu’on
en a foit l’ouverture , quand la tumeur étoit dans
l ’état d’une pleine maturité. Mais il n’en efi pas
toujours ainfi , notamment chez les fujets fero-
phuleux ; dans ce cas , on a recommandé un très-
grand nombre de remèdes , pour exciter la fup-
puration , comme les ventoufes sèches les cata-
plafmes de mézéréon, de mandragore, de ciguë ,
de raifort , & de moutarde. On parvient alfez
fouvenr , au moyen de ces remèdes, à exciter
la fuppuration ; mais la matière que les ouvertures
fourniffent efi généralement mauvaife, c’eft
une ichorofité fans couleur. Les tégumens font
peu-à-peu rongés-par l'acrimonie decerte humeur ,
& les bords en deviennent-durs & calleux. On
voit notammem dans les hôpitaux, un affez grand
nombre de ces Bubons ; ils offrent le plus vilain
afpecr , la peau qui les borde , efi endurcie ,
& recoquilîée fur elle-même , & forme différentes
avances, en manière de dentelures. L’ ulcérarion
eft foutenue fur un fond de glandes plus ou moins
étendue? & do^loureufes ; les chairs fpnt blâfardes
, tirant quelquefois fur le blanc 5 elles
forment des champignons plus ou moins élevés ,
d’où exude une matière ichoreufe, fonieufe ou
gluante.
j Comme cet état efi quelquefois accompagné
d un érétifme particulier, & purement local, ou
a confeillé l’opium, & ce remède, en effet, a
eu quelquefois du luccès ; mais la ceffation du
traitement mercuriel, les analeptiques , le lait,
I air de la campagne valent louvent encore mieux.
II convient dans ces cas de panfer fini pic ment
1 ulcération avec la décoèlion de quinquina , de
ciguë. L eau de mer, 1 infulion d'opium ont tour—
à-tour été vantées & éprouvées avec un égalfuccès,
mais on ne doit point faire une méthode générale
de chacun de ces remèdes. Quand on n’a qu’un
vice local à combattre, les cauftiques ont leur
utilité. A l hôpital de Lock , on applique fur ces
Bubons l’eau des affineurs d or. J ’ai v u , en certaines
circonftances, de bons effets de l’ufage de
1 eau mercurielle ; on en imbibe un pétit pinceau,
qu’on promène fur les chairs baveufes.
Quand les bords en font calleux , on doit lui
préférer une pâte cauftique, faite avec le fu-
biimé corrofif, & la mie de pain qu’on étend
fort mince entre deux lames d’un fer tel que
celui qui fert à faire des gaufres, & qu’on fait
enfuite deflécher. On en taille des morceaux de
grandeur & de forme convenable à celle de l’endroit
ou 1 on a intention de les appliquer ■, oti
un lit de charpie par-deffus, & à la levée
de 1 appareil, on réitère, s’il eft néceffaire, cette
application. Quand les Bubons font douloureux,
lancinans, il faut recourir aux opiacés, tels qu’un
jaune d oe u f , auquel on aura mêlé cinq ou fix
grains d opium, aux douches d’eau de mer, & autres
remèdes lous forme liquide , & dont on fera
ufage en injeCHon, ou en bains , en les variant
, car fonvënt l’un peut , lorfque l’efficacité
de l’autre eft abfolument nulle. (Af. Petit-
R jID X Z . )
BüBONOCELE. Voyt\ He r n ie in g u in a l e .
c
- - - - — ç • » » •'u c u c cciic p ia ille e u n
des plus p^iflans fternutatoires végétaux que not
connojffionsj & quoique l’on ait vanté fçs propriét
émétique, purgative , diaphonique , déob
truente, & c ., on ne s’en fert aujourd’hui qi
tous ce feul point de vue. Un ou deux graii
de cette racitie réduite en poudre , tirés par
nez , occasionnent un écoulement abondant c
mucus , & une copieufe falivation. Les feuill
de la plante ont la même propriété , mais dai
un moindre degré , & l’on peut les employer jul
qu à la dofe de quatre ou cinq grains. Ce r<
mède eft indiqué dans certains cas de paralyfie
& principalement de goutte fereine, qui nç d
pendent ht de pléthore ni de fpafme ; ainfi que
dans les cas de maux de tête où l’on a lieu de
foupçonner la piéfence d’infectes dans les finqs
frontaux , ou un ulcère au même lieu. On a
recommandé aulfi de Souffler un peu de cette
même poudre, dans le conduit de l’oreille avec
un chalumeau, pour guérir la furdité.
CACHOU. Suc végétal, auquel on a fort improprement
donné le nom de terre du Japon.
Sa qualiré efi afiringente, & on peut l’employer
dans tous les cas où un médicament de cette
nature eft indiqué, & où néanmoins il n'eft pas
néceffaire de recourir aux plus aélifs. Les Chirurgiens
en font ufage principalement dans les
cas d’ ulcères gangréneux & Scorbutiques de la
bouche , de gonflement & de faignement des
gencives, comme auflï pour raffermir les dents
Réchauffées & ébranlées. On le laiffe fondre doucement
dans la bouche, dans les cas de cette
efpèce ; ou bien on s’en fert fous la forme de
teinture à l’efprit-de~vin , ou de folution aqueufe,
dont on foit un collutoire. On donne aufti le
Cachou intérieurement dans les cas d'hémorrhagies
utérines & autres, caufées par l'appauvriHe-
ment & la diffolurion du Sang.
CACOETHES, Cacoëthe, de x*n*ec mauvais 3c
de »$os état, habitude, caraélère, nature; épithète
que l’on a donnée aux ulcères malins qui
font très-longs & très-difficiles à guérir. Tels
font certains ulcères véroliques ou fcrophuleux
& ceux dont les Sujets cacochymes font attaqués.
On donne aulfi l’épithète de Cacoëthe aux mala-
ladies opiniâtres & malignes.
C AG N EU X , qui a les jambes courbées. Quelques
enfans viennent au monde avec les jambes
tortues ; mais le plus fouvent cette incommodité
eft chez eux la fuite du rachitis; elle vient
auffi affez fréquemment de la faute des nourrices
qui ont voulu les faire marcher trop tôt, &éde
l ’ufage même des machines imaginées, pour les
aider à fe tenir de bonne heure debout fur
leurs jambes. Les uns ont le tibia tortu, d’autres
les genoux; d’autres ont les pieds tournés
en dedans, dans l’endroit où le tibia efi articulé
avec le tarfe. Chez d’autres, au contraire , les
pieds font tournés en dehors. Voye\ P ie d -Bots.
CAL. Duretéquife forme à la peau en diverfes
parties du corps, mais particulièrement aux mains
& aux pieds, en conséquence de preffion , ou de
frottement contre les corps durs. Il efi rare que
ces forres de duretés deviennent incommodes ;
elles cefilnt toujours avec la caufe qui les a fait
naître.
f ou CALUS. Callurn. C’efi proprement la
fobftance Solide qui Sert à unir les deux extrémités
d’un os fra(filtré, l’une avec l’autre. 11 a y
a point de matière qui ait excité plus de diScuf-
iqns que la manière dont les os fe Soudent lorf-
qu ils ont été rompus. 11 Semble cependant que
j la chofe auroit dû Se préfenrer avec la dernière
I évidence à ceux qui conno.ffoient exactement tout
j ce qui a rapport à la formation des os ; mais,
comme on venoit à l’examen, l’tfprit imbu du
! fyftême qu’on avoit adopré ; de-Jà cette variété
I d’opinions que chacun crut devoir faire valoir
fans avoir confu)té la nature. On peut cependant
rapporter à deux clafies tout ce qu’on a dit Sur
cette matière. Les uns perfuadés que le périofte
contribuoir feul à 1’oïfifiçation, ont dit que les
os fe réuniffoient par l’induration de certe membrane,
qui ttnoit de front les deux extrémités
féparées de l’os, comme on raflembie les deux
bouts d’un bâton au moyen d’une virole. Cette
opinion remonte à Galien. C ’éfi un fait confiant,
dit-il, que l’os ne Se reproduit point *, ceux qui
pênfent autrement Sont dans l’ erreur ; car s’ils
examinent Sur les animaux vivans ou après leur
mort, la partie fra<fiurée où il s’eft formé un
calus , iis verront manifefiement que les extrémités
de l’os Sont retenues par le Cal circonfcrir,
comme par un lien ; & s’ils raclent & détruifenc
ces parties, ils verront que le fond de la fracture
n’a pas été réuni. Cette opinion de Galien
dérive d’un aphorifine d’Hippocrate, conçu dans
les termes fuivans. Quodcumquc os five cardlago,
m nervus proecifus fueritin corpore yneque augetur
neque coalefcit. Les autres donnant tout ce travail
à l épancbement & à la Solidification d’une
matière concrefcible qui fe fait entre les extrémités
rompues, ont dit qu’elles Se réunifient de
la même manière que deux pièces de métal ne
font qu’une au moyen de la l'oudure. u Les lues
qui nourriffenr Vos, dit J. L. Petit, & qui coulent
Je long de fes fibres } s’extravafent à l ’endroit où
les fibres font rompues, en forte que s’y amaffanr,.
ils s’y attachent, s’y fèchent, & s’y durciffenr au
point d’acquérir autant ^e confiflance que l ’os
même, laiffanr feulement à l’endroit fratfiuré une
inégalité plus ou moins grande félon que la réduction
a été plus ou moins parfaite. Quant
à la première opinion, il efi hors de doute quelle
efl# incompatible avec la marche que fuit ordinairement
la nature, il eft en effet prouvé que
le périofte ne Sert en rien au procédé de l’oififi,
cation, & conféqucmment à la réunion des pièces
fratfiurées qui eft fondée fur les mêmes loix, c eft
une vérité fur laquelle nous nous. Sommes déjà
étendus dans un Ouvrage différent de celui-ci
& qu’on pourra confulter. Peut-on davantage
compter fur la fécondé ? Les expériences de Deitlef
de Boëhmer, & les observations de Duvcrney
& de la plupart de ceux qui onr écrit fur cette
matière font encore loin de décider clairement
cette difficulté; toutes font en faveur du foc offeux-
que ces Auteurs difent fe convertir en os, &
ils ne trouvent point d’autre manière d’expliquer
ces régénérations de cylindre entier détachées de»
chairs environnantes & dont plufieurs Auteurs-
font mention, qu’en ayant recours à un épanche