
ils alors plus difpofcs à former cette forte de
^Les pemicienfes conféquences de Taccumula-
tion du fartre fur les Dents montrent fuffifam-
ment !a néceflité de la prévenir, & d enlever
cette matière étrangère lorfqu’elle a commencé à fe
former. Mais c’eft une opération qui ne doit pas
fe faire d’une manière inconfidérée , comme cela
n’arrive que trop fou vent ; il faut que le Den-
tiftë foit allez exercé pour être parfaitement lur
de diftinguer la fubftance de la Dent de la matière
terreufe qui la recouvré; il faut quil foit
inftruit, & de l’importance de conferver Eémail
de la Dent , & de celle de ne rien laiffer à fa
furface qui foit étranger à fa fubftance. On a
vu', plus d’une fbis, des Dents entièrement perdues
par l’impéritie d’un Dentifle qui avoit prétendu
les nétoyer. ;
Comme la caufe de- cette îneruftation ne tient
point à une maladie connue de la conftitution,
ou des parties quelle affede ; comme elle paroit
dépendre plutôt d’une propriété de la matière
organique qui la forme, on ne peut 1 attaquer
que par des moyens extérieurs ,, qui feront ou
mécaniques ou chymiques., 0
Les moyens mécaniques font le frottement, et
- Padion de divers inftrumens adaptés à cet ufage.
L e frottement fuffit lorfque les Dents commencent
à fe faîir, ou lorfqu’après les avoir nétoyées
on veut prévenir une nouvelle incruflatiora. On
a propofé pour cela différens moyens | lus uns
ont cru q u il fuffifoit de frotter les Dents avec
le bout des doigts /garni d’un morceau de drap,
ou avec une petite broffe,ou unmorceau d éponge,
en même-rems qu'on les laveit avec d*g leau.
froide ; d’autres ont recommandé de le faire avec
un morceau de liège v ou une croûte de pain,
btûlée. Pour l’ordinaire , afin de rendre ces frictions
plus ad ives, on emploie en même-tems différentes
fortes de poudres préparée^ avec des
fubftances plus ou moins dures, telles que la
terre ligillée , la pierre ponce, le corail', la
crêmede tartre.Cëtte^dernière fubftance, en même-
tems qu’elle agit mécaniquement , exerce auili
une adion cbymique, & diffout la matière tar-
Les autres moyens mécaniques font divers inftru-
mens d’acier , faits en forme de cifeau , de burin,,
de crochet, &c. , avec lefquels on détache &
on enlève la croûte terreufe. y ils deviennent né-
ceffaires lorfque l’incruftation a pris une certaine
5 épaiffcur ; car il feroit impoflîble alors de 1 en-
b»ver par les moyens que nous venons d'indiquer.
Voye\ les Planches- pour ces inftrumens,
dont le tranchant doit être bon, fans' être cependant
trop fin, de peur quil ne fe^renverle,
cm qu’il $e cafte, par l'effort qivôn fera pour enr
lçver le tartre. .
Pour nétoyer les Dents, le Chirurgien paftera-
dans la bouche l’index de fa main gauche, enr
veloppé d’un linge mouillé, & s’en fervira pour
foutenir chaque Dent à mefure qu'il la dépouillera
de Ion incruftation ; tandis qu avec le pouce,
de la même main , il s’appuiera fur le dos de
l'inftrument-, i\ évitera > de cette manière , de
donner à la Dent aucune fecouffe capable de
l'ébranler, cette précaution eft particulièrement
néceffaîre pour les Dents qui ont perdu de leur
folidité. Alors , infinuant le tranchant de fon
infiniment auprès de la gencive > par-deffous
l’incrufiarion , il le pouffera avec un certain
degré de force vers le Commet de la Dent,
répétait ainfi ce mouvement | auUi long-
tems qu’il appercevra encore quelque portion
de tartre fur la furface des Dents,, tant à 1 intérieur
qu’à l'extérieur ; après quoi il les frottera
avec un morceau d’éponge, & un peu de crème
de tartre & de kînkina réduits en poudre très-
fine. En les frottant de tems à autre de la même
manière , on réufïira , pour 1 ordinaire, à les
maintenir dans un état convenable de propreté;
mais s’il arrivok que, malgré cette précaution, le
tartre recommençât à s'accumuler, il raudroit
recourir de nouveau à l’inllrument pour le faire
difparoîtte. Lorfqu’on eft obligé d'enlever beaucoup
de tartre,.les Dents font, après l opération*
plus fenfibles qu'elles n’étoient auparavant, fur-
rout à l’impreftïon de l’air froid y mais cette fenr
fibilité ne tarde pas à s*dmoufter.
Beaucoup de gens ont prétendu., & font encore
portés à croire , que cette- manière de nétoyer
les Dents eft dangereufe ; qu etv enlevant
le tartre, l’inftrument nuit à leur émail >. ot contribue
par conféquent à détermine» la carie. JL
n’eft pas douteux qu’on ne puiffe citer divers
exemples en preuve de cette opinion * mais c elt
à la faute de l’opérateur qu on, doit-les attribuer
& non à celle, de la< méthode y car on peut entamer
l'émail avec les inftrumens dont on fe ferf
pour cette opération, fur-tout fi 1 on emploie la.
lime , comme le. font quelques Bentiftes y mais
il n’en eft pas moins v ra i, qu’on peut, fans aucun
rifque de. i^uire aux Dents x les dépouiller d®
tout le tartre qui les recouvre;
Quant aux moyens chimiques, on entend par-
là les fubftances capables de diffoudre la matière1
tartareufe. Lorfque la concrétion eft encore récente
& peu confidérable, lesftels alkalis peuvent être
employés, avantageusement comme tels parce
qu’ils diflblvent la mucofué, qui,à-cette^époque,,
forme une grande partie du -fartre y mais fi. 1 on
en fait trop d ufage , ils ont l’inconvénient de
nuire aux gencives, qui-, en conféquence , s u -
: cèrent facilement. Les acides agiffént plus directement
fur le tartre , mais ils agiflent tout ai« *'
fortement fur la fubftance même des.Dents y. celt
pourquoi il faut s abftenir d?èn faire, ufage , lur-
tout des acides concentrés ,, & particulièremen
des acides minéraux.. Chacun, fait' quev ces_fii
tances oïcafionnent dans ces organes une fenla.*
tion très-défagréable , qu’on nomtno l’agacement
des dents; & bien des gens ont perdu les leurs,
pour avoir abufé de ces fortes de dentifriques.
Cependant l’application modérée d'acides rrès-
foibles peut être utile. ,On obferve que les personnes
qui mangent beaucoup de falade ou de
fruits, ont les Dents plus propres que celles qui
ne font pas ufage de ces fortes d’aiimens ; ceft
parla même raifon ,que , dans le„s pays où il y a
beaucoup de fruits, on a généralement les Dents
plus propres en Été qu'en. Hiver.,
Pour appliquer aux Dents les poudres deriri-
friques, on fe fert de petites broffes de différentes
formes, ou de différentes racines préparées
pour cet ufage ; on recommande particulièrement
les racines de guimauve .ou de iuferne, féchées
& battues par le bout, de manière à former une
forte de broffe ; & l’on peut s’en fervir utilement
pour nétoyer le corps & les inrerflices des
Dents, mais il' ne faut point appliquer ces inf-
îrumens au col d'une Dent, ni au bord de la
gencive , parce que leurs pointes s’infinuent ai-
lément entre ces parties, les féparent, & peuvent
ainfi faire beaucoup de mal; c'eft pourquoi il
vaut mieux employer un morceau d’éponge fixé
fur un manche, qui n'a pas les mèmès inconvé-
niens.
De VIrrégularité des Dents.
Il arrive aflez fouvent que les fécondés Dents
fe placent d’une manière irrégulière , ou que
tandis que les unes occupent la place la plus
convenable, les autres fe trouvent, ou trop en-
dèdans, ou trop en-dehors de la mâchoire. Lorf-î
que cette irrégularité n’eft pas trop marquée , on
n'y fait, pour l'ordinaire, pas beaucoup d’attention
; mais quelquefois il en réfulte une diffor-,
mité affez grande pour: faire defirer d’y porter
remède.
La partie de la mâchoire où fe placent les dix.
Dents de devant, c'eft-à-dire, les quatre, incifives,
les; deux canines & les* quatre petites molaires y
conferve exactement la même étendue qu’elle
avoir en portant les Dents de lait ; & comme
les fécondés, pour l’ordinaire, font plus larges,
& occupent plus de place que les premières , il
en réfulte que fouvent elles n’en ont pas: affez
pour s’arranger régulièrement. C'eft ce qui. a lieu
fur-tout dans la mâchoire fupérieure , où là différence
dés premières Dents aux fécondés., eft
plusjrrande que dans la mâchoire inférieure; &
comme cette différence n’a lieu qu’à l'égard des
canines & des incifives, il- n’y a que celles-ci
quiifoient fu jet tes à ces dérangemens. Les canines
le font encore plus, que les incifives, parce que
ne paroiffant, pour l’ordinaire, qu’après les premières
molaires , il leur arrive fouvent de ne
Pf?. tr9Ûver de place pour fé loger, ce qui des
obbge à fe jetter en-dehors & en avant. Les in*
cifives aufli, fon.t fréquemment hors de leur place
naturelle, mais rarement autant que les canines.
Une caufe affez fréquente du déplacement He
celles-ci, eft la permanence de la première Dent
de lait molaire, .qui refte en place au-delà
d e , l’époque où elle devroit tomber naturellement.
Les premières molaires de la fécondé dentition
, trouvent prefque toujours affez de place
pour fe lo ger, parce quelles font moins larges
que celles qu'elles remplacent. Quelquefois cependant
, lorfqu elles tardent trop à paraître, on
voit qu’elles /écartent un peu du cercle, &
qu elles fe jettent en-dehors , mais, cela eft rare.
C ’eft généralement le défaut d’efpjjce qui occa-
fionne l’irrégularité des Dents, & qui les. force
à fe jetter en-dehors, ou en-.dedans pouf fe
placer ; & comme la préfence des Dents dfe lait
contribue fouvent à rendre cet efpace plus étroit,
le Dentifte doit y faire attention pour arracher
celles-ci à mefure que les nouvelles Dents pa-
roiffent, fi elles ne tombent pas affez tôt d’elles-
mêmes.
Dans les cas de très-grandeirrégularité,-le foin
du Denrifte doit être d’ôter les Dents qui font
le plus mal placées, afin de donner plus’de place
gux autres. Car le principe même qui eft la caufe
du dérangement des Dents / les redreffera s'il eft
dirigé d’une manière convenable. Ce principe eft
la preftïdn mécanique que les Dents exercent les
unes fur les autres. Celles qui fe font fixées les
premières, offrant une réfiftanceA:celles qui paroi
fient enfuifeN, leur donnent une dire&io.n oblique
à mefure qu’elles fortent ; & de. même fi l’on
exerce une forte preftion fur une Dent qui a pris
tout fon accroiffement, on peut confidérablenîent
en altérer .la pofition. Cependant on y réuffit
plus facilement dans la jeuneffe, car paffé un certain
âge, les mâchoires fe prêtent moins aux efforts
quon fait dans ee but. On peut aifément fe faire
une idée, de la différence que l’âge occafionne à
eet égard, fi l’on compare ce qui fe paffe après
qu on a perdu une Dent à l ’âge de quinze ans, où
à celui de .trente ou quarante. Dans le premier
cas , nous voyons que les deux Dents de chaque
côté de l’efpace vuide fe rapprochent jufqu’à venir
en contad , tandis que dans le fécond leur diftance
demeure à-peu-près la même, feulement elles s’inclinent
un peu l'une vers l’autre par le fommet.
; Comme ce. n'cft que par une pVeffion latérale
fur le corps d’une Dent qu'on peut en altérer la
pofition , :ce-n’eft que lorfqu il eft entièrement
forti de la.igencive qu’on peut avoir (ur lui une
prife fufîifarite pour exercer la preftion néceffaire.
L'époque la plus favorable pour une opération de
ce .genre,>eft celle où les petites molaires font
tombées,,, à caufe du changement qui fe fait alors
naturellement dans cette partie de la mâchoire.
La manière de faire cette compreffion varie
beaucoup fuivant les cas; en général, on fe fer*
E e e ij