
des inflammations qui fe forment flans la moelle.
Mais le plus foiivent elle dérive d’un levain vénérien,
fcrophuleux', vérolique ou cancéreux qui
fixé fur les os, y attire une ftafe, & occafionne
la fuppuration ou la gangrène. Dans tous ces ca§
l'humeur qui exfude, acquiert une acrimonie cor-
rofive qui détruk lé" parenchyme de l’os, & dif-
foud la partie terreufé qui lui donnoit fa folidité
néceffaire, & fait du tout un putrilage qui s’échappe
peu-à-peu fur la fuppuration putride
qui fument. Elle fe manifefte par des lignes évidents
comme nous les verrons à chacune de fes
efpèces, & fes fuites font plus ou moins graves
à raifon de fa nature, & de celle des os qu’elle
attaque. Plus ceux-ci approchent le tronc ou la
tête, plus l'on a craindre à raifon du vice qui
peut fe communiquer aux parties environnantes,
& de la difficulté de l'amputation, quand la carie
eft telle quelle ne laiffe que ce feul moyen de
"guérifon. La carie qui attaque l'extrémité fpon-
gieufe des os longs, eft plus dangereufe, & plus
difficile à guérir que celle de leur diaphyfe à
raifon de la vermoulure, qui en eft fouvent la
fuite, & de ce que le mal fouvent gagne les articulations.
La nature de la carie entre également
pour beaucoup dans le prognoftic, ainfi qu’on le
verra dans l’Jhiftoire de fes efpèces. Entrons actuellement
dans des détails qui puiffent nous mettre de
plus en plus à même d’établir ces vérités ; nous les
extraierons du D, Monro, l’Auteur qui a le mieux
écrit fur cette matière , & pour mettre plus d’ordre
dans ce que nous en dirons, nous fuivrons
fa nomenclature.
D e la Carie fecke.
Celle-ci eft défignée ainfi par M. Petit, parce
que l’os quoique malade, eft néamoins aflez ferme,
uni, & rend peu ou point de matière. Sa
couleur eft d’abord peu changée, mais néanmoins
quand l'exfoliation veut fe faire, elle tire fur le
gris; elle devient par la fuite brunâtre, & même
noire. Cette exfoliation peut plus facilement
s’obtenir, que dans toute autre efpèce, & avant
qu’elle fe faffe, on entend un fon aigu quand
on touche l’os avec une fonde, comme le remarque
Marc-Aurelle Séverin, Bientôt les bords
de l’os carié s’élèvent, & quand on preffe la
partie qui doit s'exfolier, on voit fortir le pus
ou le fang de deflous elle, les granulations pa^
roiflent à l'entour. L’os s’élève infenfiblement vers
le milieu, jufqu’à ce que la partie cariée fe foit
féparée des nouvelles chairs qui croiffent au-
deffous, & qui la chaffènt au-dehors, Quand
elle eft tombée, l’ulcère paroît enfuite dans le
meilleur état de guérifon ; & quoiqu'une aflez
grande épaiffeur de l’os ait été enlevée, cependant
quelque tems après, à peine païoît - il la
moindre dépreflîon, les nouvelles chairs qui ont
ç r u j fuppléent en grande p a r t i e ce qui a é té
emporté. On obferve les mêmes phénomènes dans
le détachement des efearres gangréneux de la peau,
ou à la fuite de l’application d’une pierre à cautère
fur quelques parties du corps. D’abord le contour
de récarre s’enflamme, il s’y fait une crevafle
d’où le pus fort pour peu qu’on prefle la partie,
& fouvent fpontanément ; la crevafle grandit de
plus en plus, de nouvelles chairs s’en élèvent,
& la fuppuratipn avance de la circonférence vers
le centre, jufqu’à ce que la partie fphacelée tombe,
& qu’une bonne incarnation fupplée à fon
défaut. Quiconque aTefprit de comparaifon, voit
une parité entre ces deux affeélions ; l'effet dans
les os eft néanmoins plus lent à raifon de la folidité,
& de la réfiftance des fibres offeufes, mais
il n’en eft pas moins le même. Les phénomènes
dont nous venons de faire mention, confirment
de plus en plus qu’on peut appeler cette efpèce
de carie, la gangrène des os.
Quand tout indique que les chofes fe paffent
comme nous venons de l’annoncer, que l’ulcère
eft fuffifamment étendu pour donner iffue aux
matières qui s’échappent, la nature abandonnée
à elle-même peut terminer la maladie par une
guérifon complette. Si le pus eft doux, point
trop abondant & de bonne couleur,.il fera le
meilleur topique incarnatif que l’on pourroit vainement
chercher ailleurs. Il faut feulement ne point
l’enlever trop fouvent, ni ne point le laifler féjour-
ner, crainte qu’il ne devienne trop acrimonieux.
Si le pus eft trop peu abondant, on a recours
; aux huiles ordinaires, aux baumes, & aux réfines
qu’on regarde communément comme les meilleurs
fuppuratifs; on preferit l’onguent bafilicum
le Uniment d’Arceus, ou tous les autres topiques
qu'on applique communément fur ies efearres dont
on veut procurer la chûte. Si, pendant que l’ex-
foliation s’opère, le pus ne peut fortir au-dehors,
pour empêcher qu’il ne fufe ailleurs, on aggran*
dira l’ouverture foit avec l’éponge préparée, ou
avec le biftouri, ou le cauftique; les deux'dernières
méthodes nous paroiffent préférables. Quand
la dilatation eft fuffifante, on remplit l’ulcère de
bourdonnets mollets, & l’on applique des com-
preffes & un bandage un peu ferré d’abord, &
qu'on relâche par la fuite.
Mais aflëz fouvent la couleur de l'os n’eft
pas beaucoup changée, elle n’eft pas fuffifamment
noire pour qu’on croie que fa fùbftance eft
entièrement mortifiée •, & quand il ne paroît aucun
figne d’exfoliation, il feroit bien long d’en
laifler le travail à la nature. C’eft alors qu’on
peut en venir aux méthodes de Célfe, à la lime,
à la rugine; fi la carie eft fuperficielle, on rendra
la mortification complette, en y appliquant
un fer rouge, ou un cautère potentiel, après
quoi le cas devient fimple & femblable à celui
que nous venons de rapporter. Si le mal eft trop
profond pour que l’aétion du fer & du cauftique
puifle aller au-delà, il f a u t recourir au cifeau
^u’on fera agir en le frappant avec un maillet
de plomb ou de bois, pour donner moins
de fecouffes au membre, & quand on en a fpffi-
famment emporté, on confie, le relie à la nature
qui bien-tôf fait pulluler des bourgeons. >j Si vous
demandez au commun des Chirurgiens, dit le
D. Monro , quels font les meilleurs topiques
pour fiiire venir ces bourgeons, fous vous
répondront le pus, & les fubftances balfamiques’
.& onélueufes •, & suffi cê font ceux qu’ils emploient
dans tous les cas, excepté dans ceux de
dénudation des os. Mais pourquoi ici cette exception?
c’eft, continue-t-il, ce que je ne puis comprendre.
Les parties qdi donnent difficilement
des bourgeons, fembleroient demander les plus
puiffans incarnatifs, & cependant, après un grand
nombre d’expériences , je puis affurer qu’aucun
remède ne prévient tant la corruption des
ns découverts, que les corps gras, les baumes
& les panfemens rares. Avec ces remèdes & ces
attentions, on voit tous les jours les extrémités
des os fciés dans les amputations, fe couvrir de
chairs ; de grandes portions de crâne , du tibia,
& d'autres os, fournir des bourgeons après être
refté long-tems dénudés à la fuite des bleffures,
descontufions, & des procédés relatifs aux Caries,
comme il en eft nombre d’exemples. >5 II eft
clair que dans la circonftance dont nous parlons,
foit quand on a emporté' une portion d’os corrompu,
oti quand un os fain a été mis à découvert,
& qu’on cherche à guérir fans exfoliatïon,
que tous topiques qui peuvent faire mourir les chairs
extérieures, tels que les corrofifs, doivent être
fcrupuleufement évités, ainfi que tous ceux qui
endurciflent & fèchent les fibres, de manière à empêcher
la végétation des bourgeons, comme les fpi-
ritueux. Les feuls remèdes propres alors à remplir
les indications, feront donc desabforbans,
tels la poudre de corail, les yeux d’écreviffes,
& mieux encore la charpie fèche, les poudres qui
ont quelque chofe d’âcre, & en même-tems
d aromatique, comme celles des racines d’arif-
toloche, de brione , de peucedanum, d’aloès>,
de.myrrhe & d’euphorbe. Ces poudres en même-
tems qu’elles abforbent, irritent, & par-là peu-
vent, accélérer une exfoliation trop lente, & en
même-tems s’oppofer à la pturéfaéîion. -
Quand , malgré tous les efforts pour procurer
1 exfoliation, on ne peut réuffir, que le changement
de couleur de la furface de l’os annonce
un commencement de çorruption, il faut traiter
le mal comme fi celle-ci étoit complette. Quand
la portion cariée eft trop épaiffe pour être féparée,
par la lime ou le cifeau, on doit chercher à l’emporter
avec le trépan exfoliatif, ou en faifant
plufieurs trous ù la circonférence de la Carie,
& enfuite en coupant les intervalles, & foulevant
lés ponts ou efpaces alors libres. Mais quelquefois
■J ulcère n'eft point aflez étendu pour qu’on puifle
y porter les inftrumens propres à féparer dq
Ghirurçu, Jbqjç I* r l * < £ 4 ^
l’os la partie cariée; ou l’on ne fatiroit l’aggrandir
fans danger ; alors on ne peut hâter l’exfoliation
qu'en mortifiant entièrement ce qui eft carié par
l’application répétéê d’un fer rouge,ou du cautère
potentiel. Quand.on a recours au fer rouge, il
faut d’abord bion fécher l'osrafin que l’humidité
ne détruife point l’effet du cautère, &I’on défend
les contours de l’ulcère avec de Ja charpie ou
des chiffons. Mais Vil faut appliquer le fér rouge
de tems en tems, comme dans" les exfoliations
laborieufes, & que la carie foit profonde ,■ on
introduira le fer à travers'une canule qu’on place
immédiatement fur l’os.. Quand on s en tiejit au
cautère potentiel, la pierre à cautère des boutiques
mérite la préférence fur tous les fpiritueux
& acides, en ce quelle n’occafionne. point tant
de douleur, & qu’elle pénètre mieux que les poudres
métalliques, & qu’elle s’étend moins quand
elle fe fond, que les acides plus liquides. Quand
la partie eft complettement mortifiée, le cas revient
à notre première fuppofition, & doit être traité
de même.
Quelqu’un le que foit le feu dans le cas de Carie
fèche & profonde, comme il faut en réitérer
fouvent l’application pour que l’effet pafle par toure
l’épaifleur de l’os, cette raifon eft un motif de
préférer la lime on le cifeau, au moyen defquels
on peut emporter d’un feul coup tout ce qui eft
corrompu, lorfqu’on fait bien les employer.
Quand on eft sûr que la pièce d’os eft fuffifamment
mobile, on aggrandit, s’il eft néceffaire,
l’orffice de l’ulcère, pour enlever plus facilement
la pièce d’os, fans laifler aucune excavation fous
les chairs; de cette manière on prévient toutes
les difficultés que trouveroit une pièce d'os à fe
faire jour-par elle-même au-dehors, Nainfi que
les fuppurations qui accompagnent toujours ce
travail.
D e la Vermoulure, ou Ulcéré des os.
Ce genre de Carie peut affez fe comparer à
un ulcère des parties molles qui auroit plufieurs
finus dans fon contour, tels que j’en ai fréquemment
vu, dit M. Monro, quand les tumeurs
dures n’avoient fuppuré qu’en partie, & ne s’étoient
point entièrement fondues en pus. Quand la fanie
vient d’une corruption du fuc moëleux, la maladie
• reffemble affez. à un abcès dont la matière fe feroit
fait jour à travers la peau, par nombre de petites
ouvertures. La dégénérefcence de la fùbftance de
l'os en une fpongieufe & caverneufe, eft évidente.
La couleur de la portion cariée n’eft pas fi noire
que dans 'i’efpèce précédente. L’abondance de la
matière qui vient des cellules de l’os, eft plus
grande, & elle l’éft encore bien plus, quand la
~l fanie tombe de la moelle dans la fùbftance fpongieufe
de l’os. Ordinairement elle colore les ftilets
d’argent, & tellement qu’on a regardé cet accident
cptnnoe un figne certain de la maladie, vraifenv;
N n