l’autre exigent, ont cru quelles rtoient l’effet
de deux virus différens; mais il n’eft pas difficile
de faire voir le peu de fondement de cette
opinion.
Ceux qui ont cherché S la maintenir, en dé-
duffentles preuves, i.° de l’hiftoire de ces maladies,
& de leurs progrès en différens pays. l.°
Des phénomènes particuliers de l’une & de l’autre.
3.° Des remèdes néceffaires à leur guérifon.
lî paraît que la vérole & la Gonorrhée ne fé
font pas manifefiées en Europe dans le même
rems 3 mais que la première s’efi montrée bien
des années avant qu’on obfervât la fécondé. Il
en a .été de même dans les autres parties I du
monde, où les Européens ont porté, le virus
vénérien. A la Chine, par exemple, on connut
la vérole allez-tôt après quelle le fut répandue
en Europe; mais Afiruc nous allure que, dans
le teins où il écrivoit, la Gonorrhée étoit une
maladie très-récente dans ce pays-là ; & dans
les îles nous ellement découvertes de la mer du
Sud, où ces maux , étoient inconnus, avant*
quelles euffent été vifitées par nos Navigateurs ,
mais où ils ne tardèrent pas de fe répandre après
cette époque, la Gonorrhée a été'inconnue
pendant plufieurs années ; elle l étoit encore, lorr
du fécond voyage de Cook, fuivànt le rapport
d’un homme très-digne de.foi., qui étoit-de ce
voyage ; (1) d’où il réfulte, dit-on , que ,1e virus
qui’ produit la vérole , n’eft pas le même
que celui qui produit la Gonorrhée.
Mais fi l’on fait attention aux circonflances
qui doivent avoir accompagné la naiffancé des
affeélions vénériennes, dans ces régions éloignées,
on en tirera une conclufion diamétrale-,
ment oppofée à celle-là; car il ell prefqu’im-
poflible de porter un chancre pendant un fi
long voyage, fans qu’il en réfulte la deflruélion
de la verge; au lieu que nous lavons , par expérience,
qu’une Gonorrhée peut durer un très-
loog-tems, fansceffer d’être virulente. On lit,
dans le voyage de Cook, que les habitans d’O-
rahity , qui furent infeélés de cette maladie ,
allèrent à la campagne & s’,en guérirent, mais
quelle devint incurable , lorfqu’elle fe changea
en vérole; ce qui démontre que la maladie dont
ils étaient attaqués, étoit une Gonorrhée, puisqu'il
n’y a que la Gonorrhée qui puiffe être guérie
par des moyens auflû Amples. De plus, fi c.’eût
été des chancres,/& fi les Naturels du pays
avoient connu les moyens de guérir ces fortes
d’ulcères, ils auraient pu également guérir les
autres fymptômes de la vérole. On voit d’ailleurs
, dans le dernier voyage du Capitaine Cook,
que la maladie févit maintenant à Otahity, fous
toutes fes formes ; A comme aucune autre re-
(1; Dunçan’s Medical cafea «ad Obfeivations.
laîioft ne nous a appris que la Gonorrhée y efit
éré introduite depuis le fécond voyage , nous
devons croire que chaque forme de la maladie
vénérienne s’y eft développée d’après une feule
racine , qui étoit vr aifemblablement une Gonorrhée.
Quant à ce qu’on dit, que les deux maladies
fe (ont montrées , à des époques différentes, en
Europe & ailleurs $ c’eft un fait allez généralement
reconnu que toute efpèce de maladie
contagieufe fe manifefle avecplus de violence,
dans les pays où elle commence à fe répandre,
que dans ceux où elle eft depuis long-tems endémique
; & peut-être fera-t-il permis d’éxpliquer
de cette manière pourquoi, en général, la Gonorrhée
ne s’eft manifeftée que long-tems après
que la maladie vénérienne s’étoit montrée fous
des formes beaucoup plus fâcheufes -, mais il eft
bon de remarquer que , malgré les ,éclairci(Terriens
que des .Savans om.jetté fur cette matière, il
eft encore bien difficile de déterminer l’époque
précife où ces maladies ont commencé à fe montrer
, &, par conféquent, de s’^flurer fi l’une de
d’elles a réellement exifté long-tems avant l’autre.
2.0 On argumente contre l’identité du virus ,
de la différence qu’on obferve entre la marche
& les fymptômes de ces deux maladies. La vérole
négligée tend toujours à devenir plus fâ-
cheufe, & finit tôt ou tard par tuer le malade.
La Gonorrhée au contraire tend naturellement
à fe guérir'; &, quoiqu’abandonnée à elle-même
, elle fe termine favorablement, pour l’ordinaire,
fans aucunfecour?. Mais, pour expliquer
ce fait, qui n’eft pas abfolument fans exception,
il n’eft point néceffaire de fuppofer un virus
différent ; il fuffit de fe' rappeller ce que nous
avons dit ci-deffus : que la Gonorrhée dépendoit
de l’inflammation fuperficitlle du canal de l’urètre
j & non d’aucune ulcération. Or il paroît
que l’abforption du virus vénérien fe fait en
-général beaucoup plus facilement par les fur-
faces ulcérées, que par celles qui font Amplement
dans un état d’inflammation ; c’eft ce qui
explique pourquoi, dans la plupart des cas, la
Gonorrhée demeure une maladie tout-à-fait locale,
& fe guérit fans aucun remède, tandis
que la vérole tend toujours à s’étendre, & à
fe porter d’une partie du corps à l’autre.
Un autre argument qu’on déduit des' phénomènes
des maladies vénériennes, eft que le virus
de la vérole ne communique dmre chofe
que la vérole, &. que celui de la Gonorrhée
n’occafionne jamais que la Gonorrhée. 11 n’tft
pas douteux que les chofes ne fe paffen t fou-
vent de cette manière ; mais il ne l’eft pas
moins que l’on obferve fréquemment le contraire.
On s’en convaincra aifément, par ce fait, très»
(impie, & très-connu des Praticiens, que ,lorfque
les perfonoes atteintes de Gonorrhée ne font
pas très-attentives à maintenir la pfopffcté du
prépuce & du gland, elles font fort fujetres à
avoir des chancres dans ces parties, même lorf-
que l’écoulement a déjà beaucoup diminué. Or
il fuffit qu’il <e forme un feul ulcère de cette °
nature, pour infeéter tout le fyftème.
Indépendamment de la formation d’aucun chancre,
il y a des obfervations qui prouvent que
la vérole peut avoir lieu en conféquence d’une
Gonorrhée , & tous les Chirurgiens qui ont
une pratique un peu étendue , ,-à cet égard, en
oourroienr fournir des exemples. Nous nous contenterons
d’en citer un, d’aprèsM. Humer-, on
en trouvera plufieurs autres chez les Auteurs.
Un homme fut deux fois attaqué de Gonorrhée
virulente, & en fut guéri, chaque fois, fans
mercure. Mais, après l'une & l’autre,, maladie,
il eut des fymprômes de vérole, environ
deux mois après avoir reçu l’infeéHon. La première
fois, il eut des ulcères à la gorge, dont
Il fe guérit , par l’application extérieure du mercure;
à la fécondé , il eut des taches fur la peau,
pour lefquelîes il fut encore obligé de recourir
aux friélîons mercurielles.
Mais, fi le virus eft le même, dans les deux
cas , pourquoi ces deux effets ne fe rencontrent-
ils pas toujours enfemble chez la même perfonne?
Car on devroit naturellement fuppofer que la
Gonorrhée une fois déclarée ne peut pas manquer
de devenir la caufe d’un chancre, & que
celui-ci, à fon tour, s’il paroît le premier, peut
produire une Gonorrhée. Quoique cela fe paffe
rarement ainfi , on l'obferve cependant quelquefois.
On peut foupçonner, avec M. Hanter,
qu’en général, l’irritation de l’une des parties
qui font le fiège de ces diverfes affeélions, devient
le préfervatif de l’autre-, que lorfque l’urètre
s’enflamme & fournit un écoulement de matière
purulente, les parties extérieures voifines font
pan-là même exemptes de la maladie qu’elles
n’auroienr pas manqué de conttaéler, en vertu
de l’aélion du même virus qui a excité la Gonorrhée,
& de même, que lorfqu’un chancre
fe manifefte fur ces parties, l’urètre ceffe d être
fufceptible de l’irritation qui, fans cette affection
extérieure, n’auroit pas manqué d’avoir
lieu. L’identité de la matière morbifique, & la
multitude de phénomènes fympathiques qu on
obferve dans tant d’autres maladies, autorifent
fuffifamment à admettre cette explication.
$.° Enfin, dit-on ,1e traitement néceffaire à la
guérifon de ces deux maladies n’eft pas le même,
& l’on guérit la Gonorrhée fans mercure, tandis
qu’il eft le fpécifique de la vérole. Mais, pour
expliquer ce fait, il fuffit de favoir, comme
nous l’avons dit ci-deffus, que les deux maladies
affeélent d’une manière très-différente les
parties qui en font le liège-, & jufqu’à ceNqu’on
ait rendu raifon, d’une manière claire & précite,
de l’efpèce d’aétion que le mercure exerce
fur les organes affeélés par le virus vénérien >
on ne fauroit tirer aucune conclufion légitime
de l’effet qu’il produit dans un cas, à celui
qu’il doit produire dans un autre. Mais il y a
plus, & quoique le mercure n’ait aucun effet
dans la Gonorrhée , lorfqu’on l’emploie de la
même manière que' pour les autres affeélions
vénériennes , il .réunit manifeftement, dans la
plupart des cas, à adoucir, les fymptômes, &
à abréger la maladie , lorfqu’on l’applique directement
fur la partie affeélée, comme nous
le verrons ci-après.
D e l}intervalle entre Vapplication du venin, &
fon effet.
Dans la plupart des maladies, il fe paffe toujours
un certain tems entre l’application de la
caufe t &. le moment où elle produit fon effet.
On obferve que , dans les maladies vénériennes,
ce tems varie confidérablement, ce qui eft dû
probablement à l’état du corps, au moment où
l’infeélion a été communiquée. Chaque forme
de ces; maladies varie-auffi à cet égard-, la Gonorrhée
& le chancre fe manifeftanr plutôt que
la vérole après l’infeélion , & la Gonorrhée plutôt
que le chancre, ce qui n’eft cependant pas fans
quelques exceptions. Les époques où la Gonorrhée
paroît, varient; dans quelques cas, le poi-
fon fait fon effet en peu d’heures, ainfi que M.
Hanter l’a obfervé deux ou trois fois, tandis
que dans d’autres, la maladie ne fe manifefte
qu’au bout de cinq ou fix femaines; on voie
d’ailleurs des exemples de fon développement
dans tous les périodes intermédiaires. 11 paroît
que les périodes les plus ordinaires font entra
le fixième & le douzième jour. M. Hunter raconté
que dans un cas où la Gonorrhée ne fe
tnanifefta qu’au bout de fix femaines, elle fut
précédée par divers fymptômes d’irritation, tels
entr’autres qu’une fenfation extraordinaire dans
les parties ; d’où il conclut, que le virus refte ra*
r ement, ou même jamais auffi-longrtems en repos
, & que l’état inflammatoire peut avoir lieu
long-tems avant que la fuppuration commence*
Mais nous fommes'portés à croire que les fymptômes
dont nous venons de parler tenoient à la
conftitution de l’individu chez qui il les avoit
obfervés ; puifqu’ils fe manifeftèrent chez le même
fujet, dans une autre occafion, où la Gonorrhée
ne parut qu’un mois après l’infeélion.
Nous avons vu un cas où l’écoulement qui ne
furvint qu’au bout de cinq femaines, ne fut certainement
précédé d’aucun fymptôme quelconque.
Difficulté de dijtinguer la Gonorrhée virulente de
la Jimple.
Indépendamment du virus vénérien, il eft une
infinité d’autres caufes qui rendent la furface de
D d dd ij