
veloppemcnt de l’état inflammatoire, on eft toujours
fondé à craindre que le mal ne s’étende,
ou même qu’il ne devienne univerfel dans toute
la machine.
On peut distinguer .trois périodes dans toute
Inflammation locale, favoir, Ton commencement,
on acme , ou fon plus haut point, & fa têrrni-
naifon. Les circonftances qui tendent à accélérer
ou à retarder les progrès du mal dans ces époques
fucceiïives, & qui influent fur la manière dont
il doit fe terminer, peinent toutes fe rapporter
on à l’état antérieur du fyfiême , ou à la manière
d’a?ir particulière des caufes éloignées, ou enfin
à la nature de la partie affeélée, à fon organifa-
tion, aux fonctions quelle eft appellée à remplir,
&c. Les progrès du phlegmon font marqués par
la marche plus ou moins rapide des fymptômes
caraélérifliques dont nous avons plus haut fait
l’énumération.
Un état inflammatoire quelconque ne demeure
jamais long-terris le même -, il fait des progrès
plus ou moins rapides -, & lorfqu’i f eft parvenu
à fon plus haut point, il tend toujours , ou à
une guérifon naturelle , ou à opérer la deftruélion
de la partie, ou à déterminer la formation d’une
autre maladie.
Terminaison par résolution»
La guérifon naturelle, ou la termjnaifon de
l’Inflammation par ce qu’on appelle fa réfolution,
peut avoir Heu de différentes manières-, la plus
Ample & la plus à delirer eft celle où les vaif-
feaux affeétés, perdant ce furcroit d’aélion auquel
tenoit la maladie, reviennent par degrés à
leur état naturel, & occafionnent ainfl la cefla-
tion des autres fymptômes. Il ne fe fait, en pareil
c a s , aucun épanchement de fluides, & la
partie où étoit le fiège du mal ne paroît avoir
fouffert ni dans fon organifation, ni dans fes
fondions. Cette terminaifon peut être appellée une
guérifon parfaite.
La réfolution peut aufli fe faire en conféquence
de l’épanchement d’un fluide fourni par les extrémités
exhalantes des artères, dans quelque cavité
du corps * ou dans le tiffu cellulaire.
Quelquefois il fe fait fpontanément une hémorrhagie
dans la partie affeétée ou dans fon voifi-
nage par la-rupture des fanguins, laquelle met
An à l'Inflammation, quoique dans bien des cas
la perte de fang foit très-peu abondante , & ne
paroiffe avoir aucune proportion avec les falutai-
res effets qu’elle produit.
Dans d’autres occafions la réfolution eft déterminée,
tantôt par une évacuation abondante de
fluides fournis, des organes plus ou moins
éloignés du liège de la maladie, tantôt par un
accès.de fièvre , tantôt par ce qu’on nomme une
métaflafe, qui n’eft autre chofe qu’une Inflammation
fermée dans une autre partie.
Le fluide fourni par les extrémités exhalantes
des artères contient toujours plus ou moins ae
lymphe coagulable , qui fouvent oblitéré les
mailles du tiffu cellulaire , même dans une affez
grande étendue-, ce qui donne aux organes une
fermeté plus grande que dans leur état naturel,
& leur fait perdre beaucoup de leur mobilité &
de leur foupleffe. Lorfque l’épanchement Te fait
dans quelque cavité, qui n’a point d’iffu eu
dehors, il en réfulte une antre maladie.
Terminaifon par fuppuration.
Lorfque l ’Inflammation a fubfifté quelques
jours dans une partie fenfible & vafculaire, on
peut s’attendre qu’elle fe terminera par fuppuration.
C'eft ordinairement au bout de cinq ou fix
jours que le pus commence à fe former ; cependant
ce période n’efl point confiant, & même it
fouffre beaucoup dè variations-, car la formation
du pus dépend toujours plus ou moins de l’étal
du fiyftême, delà violence de la maladie, delà
ftruéiure de la partie affeélée, &c. Les affeélions
Inflammatoires qui ont leur fiège lé plus près du
centre du corps font aufli celles qui tendent le
plus rapidement à la fupptfration^lorfquelles font
abandonnées à elles-mêmes.
La fuppuration, en général, eft précédée irnmé-'
diatement d’une exacerbation des fymptômes
Inflammatoires, elle eft accompagnée d’ordinaire
de friffons, de douleurs qui fe font fentir par
élancemens, & d’un fentiment de pulfation dans
la partie -, à mefure qu’elle fait des progrès la
tenfion diminue, la douleur fe calme par degrés 9
la rougeur de la partie devient moins yive.,
enfin la fluctuation fait appercevoir la préfence
d’un fluide dans la tumeur, qui prend alors le
nom d’Abcès. Voye% ce mot.
L ’abcès eft une cavité circonfcrite, formée
par la maladie, laquelle renferme du pus &
dont la furface interne peut être confidérée
comme ayant beaucoup de reffemblance avec
celle d’nn ulcère. Les Chirurgiens ont diftingué
les abcès en Amples > où le pus eft contenu dans
une feule cavité, en compofés où ce fluide occupe
plufieurs cavités auxquelles on donne nom de
Sinus j & en compliqués tels que ceux qui font
modifiés par quelque virus particulier, ou par
la carie d’un ©s voifin. Voye[ , pour ce qu i
regarde la formation du pus & fes diffêrens caractères
l’article Suppuration.
Lorfque le pus eft formé dans une tumeur
Inflammatoire, il tend à fe faire jour au travers
des parties qui lui offrent le moins de réfiftance
8r il s’épanche enfin hors de l’abcès y plutôt ou
plus' tard , fuivant qu’il fe trouve plus ou moins
voifin de la peau ou de la furface de quelque?
cavité.
L ’abcès étant vuidé, il s’établit une nouvelle
Inflammation à fa furface interne qui donne lieu
à une nouvelle formation de pus : il fe fôjgjg
ides tubercules ou granulations charnues fur f o u t e
cette furface,- la cavité fe remplit peu-à-peu ,
1 ouverture fe eicatriie > l’épiderme la recouvre ,
& la guérifon fe trouve achevée. Voye| C ica-
TRIcb. QuelquefoiscependantÇle fond.de l’abcès
ne fe remplit point, il fe creufe au contraire de
plus en plus, 1 ulcère s’étend de côté & d’autre,
il fe fait une abforption d’une partie de la matière
purulente , qui produit une fièvre heClique,
& finit fouvent par faire périr le malade.
La fuppuration eft une terminaifon de l’Inflammation
beaucoup moins favorable, que la Ample
réfolution-, en général cependant on ne la
regarde pas comme fâcheufe, lorfque le pus eft
dune bonne qualité, Voye\ Suppuration, &
lorfqu’il peut avoir une libre iffuc. II eft rare
que i Inflammation devienne gangreneufe, lorfque
la fuppuration a commencé à s’établir.
Lorfque 1 Inflammation attaque une furface
. ^ t0*re> fe^e flue celle des membranes qui ta-
piffenr l’intérieur des différens conduits &
cavités du corps que la nature a organifées de
manière , à ce qu’elles féparent une liqueur
propre à les lubréfler , elle tend, ainfl que le
phlegmon , à fe terminer par la fuppuration ;
mais alors celle-ci s établir d’une manière différente.
Les glandes de ces parries, irritées parla
maladie, verfent par leurs conduits excrétoires ;
une quantité confldérabte de mucofité , d’abord !
aqueufe & tranfparente , qui s’épaiflit enfuite &
prend une couleur blanche, jaune ou verdâtre,
& paroît fouvent mêlée de filets de fang. Tant
ifetécette fécrétion confervefa confiftance aqueufe,
1 inflammation augmente dans la membrane qui
la fournit j mais, à mefure qu’elle s’épaiflît & I
change de couleur, la maladie diminue par degrés, j
& , pour 1 ordinaire, fe guérit ainfi complètement, i
Voye[ Gonorrhée. Quelquefois cependant on !
voit une ulcération fe former , à la fuite de la ,
fuppuration , particulièrement lorfque l’inflammation
a été très-violente ,* mais cet accident
n’arrive pas fréquemment, & il eft affez généralement
la fuite de quelque erreur dans le traitement,
Terminaifon par Gangrené.
k a troifième & la plus fâcheufe terminaifon de
l ’inflammation , c’eft la gangrène. On a lieu de
la redouter lorfque la douleur, la tçnfïon de la
partie affrétée & la rougeur , parvenues à un
certain point, continuent à augmenter, en même-
tems que la force & la plénitude du pouls j ou
lorfque le malade éprouve ce que nous avons ap-
pellé des fymptômes d’irritation , fans que rien
annonce que la fuppuration doive avoir lieu.
Lorfqu’elle commence à fe déclarer, les fymptômes
inflammatoires diminuent, la partie devient
Aafque , pâle ou d'une couleur brune & enfin
poire. L ’épiderme fç détache de la peau en véiicules
J pleines de matière icltoreufe, i demi-
putride ; toute la partie enfin tombe en putréfaction^
une inflammation éréfypélateu fe affeéle les
parties voifines & favorife la propagation de la
Gangrène, qui ne tarde pas à tuer le malade , à
motus qu'une réaélion du fyftème, naturelle ou
aidée de 1 a r t, ne vienne en arrêter les progrès.
Voye{ Gangrène.
Terminaifon par induration.
On a regardé l’induration ou le fquirre comme
une quatrième terminaifon de l’Inflammation,
mais improprement. L ’inflammation peut bien
être la caule ~ déterminante d’un fquirre, lorf-
quelle attaque certaines parties,fans y caufer de
fuppuration , & fans fe terminer par une réfolu-
Jution complette , mais elle ne peut avoir cet effet
que dans lés glandes, qui font des organes
difpofés naturellement à cette affe&ion j au lieu
que les autres terminaifons , dont nous avons
parlé, peuvent avoir lieu également dans toutes
les parties du corps. Voye\ Sq uirre.
P ronofiic de VInflammation.
Dans la plupart des Inflammations externes I
excepté peut-être celles qui font très étendues,
& très-profondes & où la violence des fymptômes
eft portée à un très-haut point, le pro-;
nofticeft, en général, favorable. Car A la réfolution,
qui eft la terminaifon la plus facile & la
plus | defirer , ne fe fait pas , la fuppuration ,
pour 1 ordinaire, en fera la fuite; alors le danger
n eft pas communément fort grand , fl d'ailleurs
le malade eft d’une bonne conflitution. Ou
peut généralement compter fur la terminaifon
par la réfolution , lorfque le malade, jouiffanr,à
d'autres égards, d'une bonne famé, n’a ni roideuc
dans les fibres, ni trop grande plénitude des vaif-
feaux j & lorfque le mal a fon fiège dans les tégu-
mens^ou dans une partie molle ou peu fenfible.
Mais lorfque,'la partie enflammée occupe une
étendue confidérabie , & qu’en même-tems les
fymptômes locaux & généraux de la fièvre fonts
violens, il y a toujours beaucoup à craindre ,
car fi les fymptômes continuent à être violens
pendant quelque rems, fans que l’on appercoive
aucune tendance à la réfolution ni à la fuppuration
, on a tout lieu de craindre , indépendamment
du danger des fymptômes généraux , que
lâ gangrène ne furvienne ; & la terminaifon de?
cette dernière eft toujours incertaine.
Traitement de VInflammation,
Parmi les maladies , qui font du reffort de la
Chirurgie , il y en a peu où l’art fe montre avec
plus <1 avantage , & où une pratique éclairée 8ç
judicieufe foit pim çffiçace que dans l’InflamiBai
S f f f il ^