
fentement décrire la méthode fuivant laquelle [on
doit opérer. -
Remarques générales fur la Méthode d’amputer.
Il n'y a peut-être aucune partie de la Chirurgie
qui ait été amenée à un plus grand point de
pei feclion que celle qui regarde l'Amputation des
membres. Avant l’invention du tourniquet, cette
opération étoit accompagnée de tant de danger *
que bien peu de Chirurgiens ofoient la tenter ;
& même depuis que l’on a connu cet infiniment,
il s'eft écoulé encore bien du tems avant qu’on
fût parvenu à fauver la moitié des malades qui
avoient le courage de s'y foumettre.
Perfectionnée comme elle l’eft aujourd’hui, cette
opération ne coûte peut-être pas la vie à un
individu fur vingt qui font dans le cas de la fübir,
même en prenant la totalité de ceux à qui on la
fait dans les Hôpitaux. Dans la pratique particulière
où l’on peut donner plus d’attention à di-
verfes circonftances importantes qui y font relatives
, la proportion des morts feroit bien au-def-
fous encore de .celle-là,
• Les diverfës '- ^parties de cétte opération qui
méritent fur-tout l’attention, font le choix qu’on
eft maître"de fiiré de l’endroit ou il faut amputer
} les foins à prendre pour empêcher Phémortna-
gie pendant qu’on opère*, ladivifion des téguntens,
des mufcles & des os qu on doit faire de manière à
pouvoir recouvrir de- peau la furfàce entière du
moignon-, la ligature des artères qui ne doit renfermer
ni les nerfs, ni aucune autre partie voi-
fine j les : précautions néceffaires pour fixer les
tégumens dans une fituation convenable, afin qu ils
ne paiffent pas fe déranger après l’opération -,
enfin le traitement fubféquent de la plaie.
Après la compreffion des vaifléaux par le tourniquet
, la partie la plus effentielle de cette opération
confifie à conferver une affez grande étendue
de. parties molles pour couvrir le moignon j
afin de guérir la plaie autant qu’il fera poffible
pat la première intention fuivant le langage des
Chirurgiens *, car, fans cette précaution, une plaie
auffi étendue que celle que l’on fait en coupant
un membre confifiérable, prendra beaucoup de
tems pour fe cicatrifer, & fouvent la fuppuration
fera fi abondante que la fanté du bleffé en fouf-
frira beaucoup , peut-être ;même pour toujours.
Les inconvéniens qui réfultoient ordinairement
de la conduite qu’on tenoit autrefois, à .cet égard,
ëtoient fi palpables > qu’en différens tems on s’eft
efforcé à perfectionner l’opération, pour obvier à
ces fâcheufes conféquences.
Les Anciens qui <riignoroîentpas tout-à.-fait de
quelle importance i l eft de recouvrir uriç, plaie
de peau faine pour en faciliter, la cicatrifajicjn ^
fe contentoient, avant que de faire ileur inç^fion
pour amputer un membre , de faire, retirer la
peau avec force par un aide vers la partie fripérieure
; ênfuite ils coupoient d’un felil coup les
tégumens & les chairs jufqu’à l'os., & feioient
l ’os enfuite au niveau des chairs après quelles
s’étoient retirées. Il paroît cependant que Celfe
avoir porté fes vues plus lo in , que la plupart de
fes contemporains & de ceux qui l’ont fuivijuf.
qu’à notre fiècle-, car il veut qu’après qu’on aura
coupé les mufcles jufou’à l’os , on relève les
chairs, & qu’on les aétaché en-defibus avec le
fcalpel , pour mettre à nud une portion de celui-
ci qu’on doit feier alors, le plus près qu’il eft
poffible des chairs faines qui reftent adhérentes.
IL dit que, lorfqu’on aura fuivi cette méthode,
la peau fera fi lâche autour de la plaie, qu’elle
pourra prefque recouvrir l’extrémité de l’os. Il eft
bien fâcheux que ce précepte de Celfe n’ait pas
été compris , où qu’il ait été négligé, & oublié
au point qu’il ait fallu, pour àinfi dire * l’inve nter
de nouveau > & qu’une découverte fl importante
foit demeurée ft long-tems inutile» Mais l’hémorrhagie
rendoitl’Amputation fi dangereufe, quelle
ne permettait pas aux Anciens Chirurgiens de
s’occuper beaucoup des autres parties de cette
opération ; leurs Ecrivains fe font contentés de
fe 'copier les uns les autres à ce fujet; & les
Praticiens amputoient fi rarement , que nous
lifons dans Albucafis, qu’il refufa abfolument de
couper le poignet à un malade, uniquement par
la crainte de le voir périr d’hémorrhagie.
C’eft à Chefelden que nous fommes redevables
d’avoir renouvellé la méthode de Celfe , eu
propofant de couper en deux tems les parties molle
s j c’e ft-à -d ire , de couper la peau & le tiftit
cellulaire par une première incifion, & enfuite
découper les mufcles jufqu’à l’os au niveau du bord
de la peau ", par ce moyen la feétion de l’os fe
faifoit plus haut, & fon extrémité étoit mieux
couverte par les tégumens. La plaie cependant
demearoit toujours extrêmement grande, en forte
qu’après l’Amputation de lacuiffeil fe paffoit ordinairement
trois ou quatre mois, & fouvent cinq
ou ftx avant que la cicatrice fût achevée y& après
tout le moignon avoit une mauvaifé forme, il
étoit ordinairement pyramidal à caufe de la projection
de l’os au-delà des parties molles ; fou-
yem auffi l’on voyoit un nouvel ulcère fe former
par l’ej^oliation de cette partie de l’os, long-tems
apfès que le malade avoir été regardé comme par«
faitément guéri.
Pour empêcher cjue le moignon ne prît cefte forme
pyramidale, ou en pain de fucre, on> employoit
comme fions l’expliquerons plus bas y un batodâge
circulaire deftiné à foutenir les mufcles & la peau,
& à prévenir leur rétraélion -, cè bandage loff-
qu’il ;étoit appliqué convenablement -depuis la
partie fupérieure du membre vers fon extrémité,
remplifibit jufcprà un certain point l'iffteiitîûfi
qu’on fe propofoit, mais jamais affez bien poùr
qiie laciçatrifation ne futpas toujours très-longue.
Pour l’abréger davantage , M. Sharp a dans fon
Traité fur cette opération , propofa de rapprocher \
les bords des tégumens par des points de future
liés fur Je bout du moignon. Mais la douleur &
les antres inconvéniens caufés par cette mérho-
[ de, étoient fi grands qu’elle n’a jamais étébeau-
| coup fuivie , & que M. Sharp lui-même y re-
I nonça dans la fuite.
Il paroiffoit impoflible alors de perfectionner
| la manière ordinaire de faire l’Amputation , dé
I façon à pouvoir abréger le tems néceffaire à la
| guérifon de la plaie, & à donner au moignon
une furface plate & unie. Cette confidératiôn
[ détermina, il y a une vingtaine d’années, différens
! Chirurgiens à tenter de faire revivre l’opération à
| lambeau qui avoir été, pratiquée , il y a plus d’un
i fiècle, par un Chirurgien Angloîs, nommé Lou-
| dham, & propofée de nouveau, en différens tems,
I par MM. Verdain , Sabourin Vèfmale & la
Faye, fans avoir jamais été adoptée par la généralité
des Chirurgiens. Elle confiftoit à conferver
| une grande portion des mufcles & des tégumens
I au-deffous de l ’endroit oû fe faifoit la feétion de
i l o s , fuivant le procédé que nous indiquerons
| enfuite, à la placer fur le moignon', & à la main-
| tenir dans cette pofition par un appareil conve-
| j jufqu’à ce que la nature en eût achevé la
| réunion.
On avoit toujours fondé les plus grandes efpé-
rances fur cette méthode, qui joignoit à l’avan-
[ 4e défendre 1 extrémité du moignon par une
r.efpèce de coülfiri charnu très-épais , celui de le
recouvrir de peau parfaitement faine. Mais les inconvéniens
qu elle entrainoit, & dont nous aurons-
L occafion de faire mention, étoient toujours fi-
grands, que malgré les efforts de Chirurgiens ,
même très-expérimentés pour la perfectionner , elle;
retomboit à chaque fois dans l’oubli.
Ce manque de fuccès n’a pas empêché, comme
nous le difions tout-à-l’heure , quelques Chirurgiens
de réputation de chercher de nouveau à
en tirer parti; tandis que d’autres tâchoient dé
I. rf?®re plus parfaite la méthode d’opérer par l’in-
| cifion circulaire ; & les travaux des uns , comme
ceux des autres n’ont point été inutiles. Dans ,
1 une & 1 autre méthode on eft parvenu , en re-
! C0uvtranf entièrement la plaie au moyen d’une
j. portion faîne des tégumens $ à la guérir quelquefois
par une fimple réunion des parties , fans qu’il
[ 0 formât de^ fuppuration ; & , dans tous les cas ,
l e corps n eft pas infeClé de quelque vice parti-
I CU *eri °U ” inhanTmation nefe porte pas inopiné- ■
ment à un très-haut degré, la èuérifon s’acheve
\cn deux ou trois femaines.
[ Comme l’Amputation eft un des objets les plus
Chirurgie , & comme quelques-
| . s e* ^hangemens qui l’ont amenée au point
! e perfedion ou elle eft aujourdhui font d’ori-
§ ïv i tr ^10lls entrerons dans tous les
, détails néceffaires , foit pour faire voir les incon-
| ns des méthodes , peut-être; encore trop géné4*
râlement admifes en bien des endroits, foit pour
foire mieux connoirre celles qui ont eu le fuccès
le plus defiré. Nous nous attacherons particuliè:-
reuaent â décrire celle que recommande M. Bell',
celte de M. Atanfon & rAmpmarion à lambeau
telle qu’elle a été pratiquéedans les derniers tems.
Nons commencerons par quelques remarques fur
deux points de la pratique ordinaire; foyoir,
I application d’une bande circulaire fur le membre
qu’on doit couper, & la manière de faire la
double incifion des parties’ molles.
Remarques fu r Vufage de ta ligature fa ite fu r U
membre j avant lAmputation.
Voici comment les Auteurs s’expriment au
fnjet de la ligature, ou bande circulaire, qu’on
appliqué fur le membre qu’on veut amputer.
“ Tandis qu’un aide tient la, jambe du thaia-
»> de | on roule trois ou quatre fois à l’entour,
” environ à quatre - ou cinq pouces, au-deffoùs.
» d e l’extrémité inférieure de la rotule, une bande
» d e linge'fin d’un demi-pouce de largeur. Cette
» bande étant arrêtée avec une épingle, ferr à
jj marquer la route du couteau qu’on ne fauroit
» peut-être fans cela conduire auffi adroitement. »
SltATt p. Traité dOpérations de Chirurgie,
« Lorfqu’on a déterminé l’endroit, où doitfe
j j faire lapremièrè incifion des tégumens, on place
» un demi-pouce plus bas la ligature circulaire,
J J qui doit ê.tre bien ferrée en foifant plnfieurs tours,
j j & attachée avec une épingle. 11 me femble
JJ que l’intention de la plupart des Chirurgiens
jje ft de nefe fervîr de cette ligature que comme
jjd un guide propre à conduire le tranchant de.
JjKnftrument,’ 'félon le confeil de M. Sharp,
j j & pour couper foit au-delfus, foit au-deflbus
j j d elle à tout bafard. Ils ferrent ordinairement
j j cette ligature très-peu. Heifler veut qu'on la
»ljerre fortement, afin de rapprocher les chairs
j j de l’os & dé les bien affermir, car il coupe en
j j une fois les tégumens & les mufcles jpfqn’à l’os.
j j II ajoute qu’il faut incifer au-deffous de la liga-
JJture, comme le confeille auffi Monro dans les
» Effaisde Médecine d Edimbourg.Les Chirurgiens
j j François penfenfde même. Le Dran ne fe fert
j j pas de la ligature pour conduire fon infiru-
J j ment, mais pour comprimer & affujétir les-
JJ chairs. Remarquez qu’en incifant au-defiùs delà.
JJÜgarure , l’Opérateur n’eft pointembarralfélorfo
jjq u ü s agit de faire la fécondé incifion, qui
jj doit divifer tous les mufcles jufqu’à l’os; tandis
jj qu’enincifantau-deffous, la ligature gliffeordi-
jj traitement, & fe trouve fous le tranchant de
j j I infirument. Un autre avantage que procure la
j j ligature ferrée autant qu’il eft poffible autour
JJ du membre, avant que d'être attachée avec une
j j épingle, c’eft qu’elle contribue à foulever la
j j peau, & à la détacher, pour ainfi dire,desmufc!es
jjfubjacens, lorfque l ’aide la tire en haut, ce qui