quatre premiers volumes de 1 Académie Royale
de Chirurgie. ( M. P e t i t-R ad±z . )
FOIFLURE. Diftenfion violente , des tendons
& des ligamens de quelque articulation; accident
qui donne lieu quelquefois à un gonflement inflammatoire
très-douloureux., mais auquel, on ne
fait pas en général beaucoup d attention, Ioï l-
qu'il n’eft pas porté à un point conlidérable. La
négligence à cet égard donne fouvent lieu à des
a fi? disons très-incommodes., Si difficiles à guérir.
L'inflammation occafionnée par une violente
roulure-,eft ordinairement accompagnée d'une
.enflure conlidérable, quoique dans la plupart
des cas il n’y ait pas de rougeur à la peau.
Probablement cette enflure eft • occafionnée par
quelque épanchement féreux dans le tiffu d«
parties affeélées, & particulièrement dans ce-
lûi des tendons & des lijamens. Elle eft . fou-
vent très-opiniâtre, & réiifle même quelquefois
à tout ce qu'on peut faire pour la difliper, oc-
calionnant beaucoup de roideur & de difficulté
dans les mouvemens de la jointure. Ce fymp-
tôme fecondaire eft en général proportionné a
la violence des premiers accidens, c’eft-à-dtreau
degré d'inflammation & de gonflement qui ont
eu lieu d'abord après la Foulure; ceft pourquoi
il eft toujours très-eflentiel. en pareil cas
de prévenir , autant qu’ il eft poffible, le développement
des premiers lymptômes.
Dans cette vue, ou compte beaucoup fur les
applications aflringemes, telles que les fomentations
fpintueufes, le vinaigre, la lie de vin,
& fi on a recours à ces moyens , dès le moment
où l’accident a eu lieu'; on empêchera
certainement l'enflure de parvenir au point où
elle auroit pu atteindre, fi l’ on n'avoit pris
aucune précaution femblable. Mais on y réulfira
plus fûrement encore par l’application de l’eau
froide ; foit en y plongeant la partie affeélée ,
foit en la couvrant de çompreffes .qu’on tiendra
conflamment humectées de l’eau la plus
fraîche. En continuant pendant quelques, heures
cette application , dont ou a prefque toujours
les moyens à fa portée, on préviendra l'inflammation
& le gonflement, du moins en grande
partie; & l’on abrégera confidérablement le
traitement fubféquem. Après avoir perfifté un
certain temps dans l’tvfage-de 1 eau froide, on
pourra employer quelqu’un des autres topiques
mentionnés ci-dgftus.
Lorfque dans les premiers momens, on a né-,
gligé -l’ùfage de ces moyens > ou qu’ ils n’ont
■ pas” réuffi, & que l’inflammation eft devenue
conlidérable , il faut fe hâter de recourir à d’autres
remèdes. Les faignées topiques , faites par.
le moyen des ventoufes fearifiées, ou des fang-
fues, font le premier fecours qu’on doit employer,
& il faut la proportionner aux forces'
Su malade, ainfi qu’ à la violence du mal. II
ne faut même pas fe contenter d’y avoir recotirs
j pendant que les fymptômes inflammatoires
fonr à leur plus haut période, mais- il
convient d'y revenir- de tems-en-tems, pendant
qu’il refte des douleurs un peu vives dans la
partie affeCtée; ce qui a lieu quelquefois allez
long-teins, après que l'inflammation & l’enflure
des té-gu mens font entièrement diffipés. Ce fymp-
téme eft occalionné par le gonflement des parties
tendineiifes & 'ligamenteufes, qui probablement
font encore dans un état d’inflammation ;
& l’on ne faüroit lexombattre plus efficacement
qu’en tirant du fan g de la partie même, au
moyen des fang-fùes.
La douleur d’une Foulure, & l’inflammation
qui en eft la conlëquence, font telles, dans quelques
cas j qu’elles donnent lieu à i accélération
du pouls, & à d’autres fymptômes de fièvre.
En pareil cas, il ne faut pas fe borner aux
faignées topiques; mais il faudra, fi aucune
circonftance particulière ne s’y oppofe, y joindre
une ou deux faignées générales j & faire
ufage des remèdes anti-phlogiftiques. On fera
bien auffi de calmer le malade par quelques petites
dofes d’opium.
Après l’ ufage des faignées, il faut appliquer
fur les Foulures des çompreffes trempées dans
l’eau végéto*minérale; & au'bout de quelques
jours, s’il j-efte du gonflement dans les tendons,
comme il arrive quelquefois , malgré
toutes les précautions qu’on a pu prendre, des
bains chauds ou dès douches chaudes, répétées
deux ou trois fois par jour pendant un quart
d’heure, plus ou moins, font un des meilleurs
remèdes qu’on puiffeyemployer. On les regarde
comme plus aétives, lorfque l’eau eft imprégnée
de fel marin, ou de fel de tartre. Peut-être les
'douches d’eaux-minérales le font-elles un peu
plus que celles d’eau commune , en raifon des
fubftances falines qu’elles contiennent. On aidera
beaucoup à l’effet des douches, en y joignant
des fridions fréquentes, & long-tems continuées,
qu’on pourra faire avec un peu d’huile,
ou guelqu’autre fubftance onCtueufe.
Pendant tout le traitement, on-aura foin de
tenir la partie affedtée dans la fituation la plus
commode. Cette précaution eft fur-tout eflën-
tielle, lorfque la douleur eft très-vive; la fatigue
d’une pofition où las ir.ufcles ne font pas
dans un parfait relâchement, & celle qui rëfulte
de ce que les mouvemens ne font pas affez ménagés,
contribuent fouvent à retarder beaucoup
la guérifon;
Vers la fin de la cure, l’eau froide peut encore
être une application très-utile; c’eft lorfque
la douleur & le gonflement étant prefque
diffipés , la partie demeuré dans un état de relâchement
& de foiblefle. Rien ne réuffit mieux
alors ponr la* fortifier, & la rétablir dans fou
état naturel, que de l’arrofér une ou deux fois
par jou r , pendant quelques 'ntomens, avec de
feau froide verfée d’une certaine hauteur Mais ,'
J cette époque de la maladie, on ne doit employer
ce remède que comme un Ample fortifiant:
car fi l’on y a recours trop-tôt, & pendant
que le gonflement des tendons & des ligamens
lubfifte,il fera plus de mal que de bien; il
prolongera Je gonflement, & augmentera la
rigidité de l’articulation, au lieu que l’applica-
rion de l’eau chaude produira en général l’effet
oppofé.
ïlconvient auffi, lorfque les principaux fymp-
tôtnes d’ une Foulure font calmés, d’envelopper
le membre qui en a fouffert, d’un bandage aufli
ferré que le malade pourra le fupporter aifé-
menr. En foutenant ainfi les parties relâchées,
on prévient, non-feulement la douleur que la
fatigue pourroit y occafionner ; mais auffi l ’enflure
oedémateufe, à laquelle font fujets les
membres qui ont éprouvé de pareils accidens.
Il faut préférer une bande de flanelle â une
bande de toile, à caufe de fon élafticité, &
parce quelle garantira mieux la partie des douleurs
du rhumatifme, qui furviennent fouvent
à la fuite des Foulures. On fera les tours de
bande en fpirale, depuis l’extrémité inférieure
du membre, jufques à fa partie fupérieure; &
l’on aura foin de les ménager, de manière à
former une compreffion égale fur toute fon étendue,
afin de prévenir l’enflure oedémateufe
qui âffurément pourroit s’y former.
FOURCHETTE , ( Rupture de la | Furculoe
rupiura. Il eft aflëz ordinaire, dans les accouchements
laborieux, que cette partie fe rompe, quand
on ne prend point affez le foin de foutenir la tête,
lorfqu’elle eft au paffage ; & qu’on excite trop la
femme à faire vp’oir fes douleurs. Cet accident
eft beaucoup plus fréquent chér ies femmes fortes
& vigoureufes, & qui acc.pûShénr pour la première
fois dans un âge avancé , que chez les
jeunes perfonnes d’un tempérament phlegma- v
tique & délicat. La rupture alors, non-feulement
comprend la totalité de la fourchette , mais encore
fe porte jufqu’àu périnfe, & même jufqu’à
l’anus. Alors les deux ouvertures n’en font qu’une,
& les finîmes rendent indifféremment leurs matières
par la vulve comme par le fondement. En pareil
cas, une partie du vagin éprouve toujours une
folution de continuité plus ou moins grande, &
d’autant plus difficile à guérir, qu’elle s’étend
vers le mufeau de tanche. Si alors on parvient ;
à réunir la partie extérieure-de la déchirure, il
re’fte plus profondément une crcvaffe par .où les
matières fécales continuent à paffer, ou à fe .
filer, quand l’ouverture dégénère en une fiftule ;
circonftance qui a affez fréquemment lieu.
On preferit communément dans le cas de rupture
de la Fourchette , de rapprocher auffi-tôt
les cuiffes l’une de l’autre, pour mettre les lèvres .
de la déchirure dans un contact immédiat, afin de
Chirurgie. Tome I .er JI.e Partie.
procurer lèur Coalition. Ce précepte pourroit être
efficace, fi le plus fouvent il n’y avoir point de
contufion , & que les écoulemens qui continuellement
Torrent du vagin , n’entretenoient les parties
dans un état de continuelle irritation. Auffi
le plus communément fe forme-t-il des efeharres
gangréneufes , & ce n’eft qu’à leur chûte, tems
où les écoulemens commencent ù tarir, que les-
parties étant dans un état plus propret la coalition ,
le.confeil dont nous parlons,peut être de quelque
utilité. L ’on a même été jufqu’à confeiller un
point de future, dans le cas de rupture completre
du périnée. Mais ce point de future nous paroît
bien inutile pour tous les cas; car, où la rupture
n’eft qu’extérieure, & s’étend peu dans le vagin,
& alors le fimple rapprochement des cuiffe9
pourra opérer la réunion , ou elle pénètre profondément,
& dans ce Cas la future ne réunifiant
que, la plaie extérieure, celle du vagin, & du rectum
qui lui eft adoffé, refte ; & alors il y a fiftule
dans ces deux parties, que l’écoulement des humidités
ftercorales entretient continuellement. J ’ai
eu a traiter, ily a une dixaine d’années, un accident
de ce genre j’ai réuffi en ne faifant' rien dans le
commencement, qu’attendre que les efearres fuffent
tombés, & jene penfai au récollement de la plaie,
que quand je vis que l’incarnation étoit en bon
train, & j’eus tout lieu d’être fatisfait de ce
délai. {Af. Pe t i t -R a d e i ,)
FO YE . Cevifcère,qui neparoiîpas doué d’un*
grande fenfibilité-, eft fujet cependant à s’enflammer
par différentes caufes ; & cette inflammation
fe termine fouvent par des abcès qu’il importe au
Chirurgien de pouvoir .reconnoïtre, puifque dans
bien des cas de cette nature, la vie du malade dépend
d’une application prudente de fon Art.
L ’Inflammation du Foye fe préfente, tantôt
comme une maladie aigüe, tantôt comme une affection
chronique.
Les fymptômes de la première, font une douleur
vive dans l’hypochondre droit, qu’on augmente
en comprimant la partie , une fièvre forte
marquée par un pouls dur, fréquent & élevé, &
des urines extrêmement colorées. La maladie d’ailleurs
reffcmble à beaucoup d’égards à la pleuréfie.
L ’ Inflammation chronique du Foye n’eft pas
toujours facile à reconnûtfre ; ce n’eft quelquefois
qu’au bout de plufieurs mois , qu’on peut eh avoir
quelque certitude; quelquefois même lorfqu’on
a lieu de préfumer qu’il exifte un foyer de pus ,
fi l’on veut remonter aux premières époques,
où l’on a pu foupçouner une affection de ce vif—
cère:, on trouve qu’elle date de beaucoup plus loin.
Les çaraétères en font généralement très-obfcurs,
le malade le plaint feulement d’une douleur fourdc,
& d’une pefanteur dans la région du Foye, fouvent
1 de douleurs de colique, quelquefois de maux de
coeur, & de hoquet ; fon urine eft plus ou moins
s ardente; quelqufois il a de la jaunifl'e, mais tous
y .w