M. Lerret a furie mécanifrne.del'Enclavementl
une opinion qu’il développe de manière à lui
donner l’apparence de la vérité. <t Si les eaux
s’écoulent promptement, dit cet Auteur dansfes
Obfervations fur l’accouchement laborieux, foit
en totalité , foit en partie, dès le premier tems du
travail de l’accouchement, & que le bregma de
l’enfant fe trouve vis-à-vis le milieu de la faillie
qui réfulte de l’union du corps de la dernière
vertèbre lombaire & du facrum ; cette faillie
pourra fe loger dans le bregma , en le déprimant
à chaque contraèlion utérine 9 ce qui empêchera
la tête de tourner dans le fécond tems, pour que
le front fe place de côté*, il fe fixera dans cet
endroit, & ce fera alors l’occiput qui tendra à
defcendre le premier jufqu'au col. Celui-ci fe
logera derrière l’arcade du pubis*, les épaules
s’appuyer ont au-deffus des branches fupérieures
de ces os, en les débordant plus ou moins9
& fi la tête refie long-tems en cet état7~elie
s’enclavera. » On ne conçoit guère comment la
chofe pourroit arriver *, car il eft certain qu’elle
ne peut mieux continuer fa route, c’eft la meilleure
manière dont elle puiffe avancer j & fa
pofition, fous quelqu’afpeèl: qu’on la coniidère,
èft la plus avantageufe ; c’eft celle qu’elle prend
le plus fou vent à l’égard du détroit inférieur ,
quelque foie celle qu elle a fuivie en traverfant
le fupérieur , & celle qu’on doit chercher à lui
donner dans le plus grand nombre de circonftances,
ainfi quonlepeut voîràl’article Accouchement.
Si la tête paroît alors s’arrêter, c’eft moins par
un véritable Enclavement, que par la manière
dont les épaules fonr retenues au-deffus du pubis,
ou par toute autre caufe. « Pour que la
tête s’enclave réellement, ditM. Baudelocque, il
faut qu’elle fuive une marche bien différente
dans les premiers tems du travail *, car elle ne
peut fe fixer félon fa longueur entre le facrum
& le pubis, que l’occiput ne foit appuyé derrière
celui-ci fupérieurement, & n’y refte en quelque
forte immobile, pendant que le front en forcé
de defcendre poftérieurement vis-à-vis l’angle
facro-vertébral. En fuivant cette marche, e'eft
le plus grand diamètre de la tête, qui tend à
s’engager dans toute fon étendue*, c’efi la fontanelle
antérieufe qui fe préfente de plus en plus
à mefure que la tête fe porte en avant *, c’eft fur
cette fontanelle que les tégumens s’engorgent &
fe tuméfient, & c’eft ce même point qui conftitue
le fommet de la forme conique qu'aquiert la tété,
en s’enclavant, loin de fe déprimer & de s’enfoncer
fur la faillie du facrum, comme M. Levret l’a
dit. >9 L’Enclavement peut également avoir lieu ,
quand l’occiput s’appuie fur le rebord failiant
du facrum , & que le front cherche à defcendre
derrière le pubis*, dans cette dernière circonftance,
comme dans la précédente, la tête, en paffant
horizontalement entre -ces deux os, éprouve de
très-grands frottemeps, même dans les cas où
il ne s’en faut que de quelques lignes que le
baflin n’ait fa grandeur naturelle en ce fens.
La tête, en s’enclavant, prend de plus en plus
la forme d’un coin, dont la bafe eft au-défi us
du point où elle eft arrêtée*, & comme laVoit
déjà obfervé La Motte, en la comparant à la
pierre qui fait la clef d’une voûte; remarque importante
à ..faire, & qui indique que, dans un tel
état des chofes, s’il eft un moyen d’en parer
les accident, c’eli de pouffer la tête au-deffus des
points où e|le eft arrêtée, pour lui donner une
toute autre pofition. Mais noirs reviendrons dans
peu - fur cet objet.
L’Enclavement ne fauroit avoir lieu dans le
cas où le bafiin eft bien conformé , le volume
de la tête .naturel, & les efforts de la matrice
bien dirigés. Si, en pareil cas, la tête s’arrête
dans fa marche, elle prendra peu-à-peu la direction
qui lui eft naturelle, & fe moulera en quelque
forte, au lieu de s’enclaver. 11 n’en eft pas
ainfi dans les cas oppofés : la tête eft arrêtée, &
ne fauroit avancer , quelqu effort qu’on faffe pour
la faire cheminer dans fa première direction.
Quand il y . a quelque tems que la tête efl ainfi
arrêtée, le cuir chevelu bientôt fe tuméfie, l’orifice
de la matriceforme un bourrelet d’une
certaineépaifleur, au-deffous de la tête, les parois
du vagin, & fuccéflivemem les parties extérieures
de la génération s’engorgent. Ces derniers acci-
dens ont fouvent lieu, même dans les cas où la
tête n’eft point encore engagée dans le détroit
fupérieur : aufti ne doit-on point les regarder
comme lignes pathognomoniques de l’Enclavement.
Mais non-feulement les tégumens fe prolongent
ainfi dans les cas d?Enc!avement, mais encore les
os chevauchent les uns fur les autres, & il fe
forme de plis longitudinaux félon la direélion des
futures, lefquelles ont une forte d’élaflicité qui
fait connoîrre à l’Accoucheur fi l’enfant eft encore
vivant ou non. Quand la tête n’eft que Amplement
arrêtée au paffagé, fouvent au moment où
l’on s’y arrend le moins, & où on la croit réellement
enclavée , elle avance plus en quinze
minutes, qu’elle n’avoit fait vingt-quatre heures
auparavanr. On fe rend facilement raifon de ce
fingulier effet, pour peu qu’on faffe attention
à la forme du baflin. Nous avons dit, en parlant
de cette caviié, Voyc\ l’article Bassin, que
toutes les fois que le détroit fupérieur étoit refferré,
l’excavation & le détroit inférieur étoient pro-
portionnément plus fpacieux.:D’où il s’enfuit que,
quand le plus grand diamètre de la tête avoir
franchi l’obftacle, la marche de celle-ci devenoit
inopinément plus facile : aufti les accidens que nous
avons énoncés difparoiffenr-ils alors, à raifon de la
reftitution des os dans leur fiiuârion première, &
du rétabliffement de la circulation dans les parties
où elle étoit précédemment interceptée.
De quelque manière que l’on confidère fiEus
Rarement, il eft également fâcheux pouf la mère
& pour l ’enfant : les os du crâne ne peuvent fe
déprimer chez celui-ci, fans que fouvent ils n’éprouvent
fraéture , ou qu’il ne fe forme des épanchent
ens fous le péricrâne, la dure-mère, &
même dans les ventricules du cerveau-, ou des
échymofes fous les mufcles occipitaux , ainfi qu’il
eft conftaté par nombre d’obfer varions. D une
autre part, les parties molles de la mère ne' font
pas fans en éprouver des tiraillemens plus ou moins
fâcheux: le col de la vefiie, ie canal de l’urètre,
l’orifice de la matrice , les membranes du vagin,
le reélum même fouvent s’enflamment9 & les urines
ne pouvant couler, il faut recourir à la fonde.
Les efforts font vains, & n’aboutiffent à rien *, la
matrice comprimée entre la tête & les .points
du baflin, qui réfifient fouvent, fe déchire à l’un
de ces deux endroits, ou fouvent ailleurs. Voyc^
l’art. Matrice ( rupture de ) 9 ou , fi lemaln’tft
point porté jufqu’à ce point, les comufions qui
s’enfuivent amènent à leur fuite une fuppuration,
& conféquemment une chute d’efearres, accompagnée
de l’iffue des urines ou des matières fécales,
quand la veflie ou le reétum ont violemment
foufferr.
L’Enclavement une fois formé, requiert des
moyens dont la nature & l’application varie félon
l’état de l’enfant & celui des parties de la* mère.
La méthode des Anciens, en pareil cas, étoit
très - cruelle 9 c’étoit des inftrumens tranchans
qu’ils portoient fur le crâne , pour l’ouvrir & le
vuider 9 des crochets qu’ils fichoient fur les parties
membraneufe pour attirer la tête. Ils fe fou-
cioient fort peu de conferver l ’enfant, pourvu
que la mère vécut. La Motte, en cela moins
cruel que Mauriceau, attendoit, pour.fe con-:
duire ainfi, que l’enfant fût mort. Tels furent
les procédés qu’on fuivit jufqu’à ce que Chapman
imagina le forceps, q u i, s’il ne pare pas
à tous les inconvéniens, du moins en diminue
beaucoup la Comme. Néanmoins, malgré l’effica-
cite -reconnue de cet inftrument, quand il eft
bien dirigé, on eft étonné de rencontrer dans
Roëderer, l’opération céfarienne confeillée en
pareil cas*, & on l’eft bien plus encore, en
lifant des obfervations qui attellent qu’on y a
€u recours d'une manière autant cruelle que peu
raifonnée. L ’opération nouvellement inventée, la
feélion du pubis, paroîrroir, fous tous les rapports,
lui être de beaucoup préférable par les raifon s
que nous développerons à l'article P übis. Mais
quand les lignes annoncent d’une manière allez
certaine la mort de l’enfant, il ne faut plus
héliter, il faut ouvrir, le crâne, le vuider, &
attirer la tête avec les crochets. Voyc[ les articles
Forceps , C rochet & Levier , pour lavoir
la manoeuvre qu’on doit pratiquer alors.
Non-feulement la tête peut s’enclaver dans
les c a s où elle fe préfente la première*, mais
encore dans ceux où le tronc eft déjà forti. Il
eft très-ordinaire alors, pour peu qu’on dirige
mal les efforts, & qu'on les réitère fur le tronc,
que la tête fe fépare de celui-ci 9 ce qui eft toujours
très fâcheux. Ce feroir à tort qu’on s’en
prendroit alors à la muuvaife conformation du
bafiin d’un accident qui fouvent eft dû à l’impéritie
de celui qui-opère. Mais, quand il a lieu ,
quelle conduite faut-il alors tenir? Laiffer ia
tête, fur-tout quand elle eft arrêtée félon fa longueur
, au détroit fupérieur, feroit expofer la
femme à nombre de dangers, fur-tout quand elle
a été épuifée par les efforts qui ont prédédé la
détroncation. La putréfaélion de la tête, qui offre
tant d’efpérance, eft toujours à redouter, quelque
favorables que lui foient les obfervations qu’on
en rapporte9 tout au plus pourroit-on prendre
ce parti dans les cas où les dimenfions de la tête
feroient inférieures à celle du baflin qu’elle doit
traverfer. Le plus fûr parti & en même-tems le
plus court, eft de fe fervir du forceps, quand
la tête eft fuffifamment defeendue pour lui donner
prife, quelle eft engagée félon fa longueur,
& quefes dimenfions furpaffent de peu ceile des
détroits. Mais ce moyen devient infuffifant, quand
la tête eft au deffus du détroit ; la feule chofe
qui refte à faire, c’eft d’ouvrir Le crâne pour le
vuider, & donner lieu à fon affaiffement; car
tous les autres inftrumens, que l’on déflgne fous
le nom de Tire-tête, font toujours intérieurs,
quelle que foit la manière dont on les applique,
& la forme qu’on leur donne. Voye\ T ire-tête.
Voici la manière la plus convenable d’opérer.
On commencera d’abord par amener le fommet
de la tête dans une firuation tranfverfale, en
fuppofant quelle, fût flottante au-deflus du détroit
fupérieur, & on la fixera dans cet état, en
recourbant les doigts au-deffus de ia bafe du crâne j
on dirigera enfuite fur le trajet des futures, &
le long du pouce, l’inflrument dont on fe fer-
vira , qui eft une lame courbe & courte, & dont
la pointe fera garnie d’une petite boule de cire,
& l’on incifera, après l’avoir plongée,en pouffant
alternativement, comme fi l’on feioit. On retire
rinftrumenr l’on porte dans le crâne plnfieurs
doigts pour en extraire le cerveau, en même-tems
on laifira une portion d’os pour attirer à foi, &
fi l’on fent quelque réfiftance, on portera le crochet,
qu’on fixera fur la face, ou l’occiput, &
l’on tirera deffus;
Mais la féparation de la tête, qui a lieu dans
le cas que nous venons de confidérer, peut également
furvenir , iorfqu’elle fort la première.
Quand le tronc & les épaules, font affez volu-
mineufes, ou mal difpofées pour pouvoir fortir
aifément , le tronc relie alors dans la matrice 9
mais ce cas eft infiniment plus rare que le précèdent
5 & quand il a lieu, il eft toujours plus
facile de délivrer la mère, foit en changeant la
direèlion des épaules > ou en portant des lacs qu’on