
l’Anus , ou s’il ne l’eft pas. S’il fe trouve
fermé, il ne fefie d’antre parti à prendre, que
recourir à la méthode expofée ci-defiû$, & d’ouvrir
la communication, foit à l’aide du biftouri conduit
par le doigt, foit avec le pharyngotome.
Si l’obftacle n’eft autre chofe qu’une membrane
rranfverfale, l’opération fera facile & fon fuccès
eft à-peu-près certain. Mais s’il y a un étranglement
, ou une interruption de l’inteftin, le
cas eft infiniment plus grave ; cependant, comme
il n’y a pas d’autre reffource pour fauver l’enfant
que celle de l’opération , il ne faut pas héfiter
à y avoir recours.
Lorfque l’Anus eft imperforé, l’inteftin, comme
fions l’avoDS d it, fe termine quelquefois par une
ouverture dans le vagin > ou dans la vefiie, le
premier de ces deux cas eft le moins dangereux
de tous les vices de ce genre. Il peut arriver
que l ’inteftin s’ouvre, & fe termine dans deux
endroits à-la-fois, favoir, à l’endroit ordinaire,
formant un véritable Anus plus ou moins parfait,
en même-teins qu’il fe termine par une ouverture
dans le vagin.
Si ces deux ouvertures font affez grandes pour
que les excrémens s’évacuent librement, il n’y
a rien à faire dans un âge aufli tendre y car quoique
l’évacuation des excrémens par le vagin ,
foit contre nature, & une incommodité qui fera
des plus défagréables", on ne voit pas de moyen
bien efficace de fermer l’ouverture de l’intefiin
dans le vagin y & , outre cette incertitude, il feroit
bien difficile d’en trouver aucun qui ne gênât
& n’incommodât extrêmement l’enfant.
Mais fi les deux ouvertures font extrêmement
petites, f i , par cette raifon, les excrémens ne
peuvent être évacués en quantité néceffaire, &
li les lavemens ne peuvent faciliter fuffifamment
cette évacuation, on doit dilater l ’ouverture de
l'Anus par des canules de différentes groffeurs,
ou par l ’incifion , fi ce premier moyen ne réuflit
pas y & traiter la plaie comme il a été dit ci-
deffus..
Le plus fouvent l’inteftin ne s’ouvre que dans
le vagin y il faut alors, comme dans le cas où
les matières fécales n’ont aucune iffue, faire une
incifion à l’endroit où doit être l’Anus y car
la route naturelle des excrémens étant ouverte,
par cette opération, qui, en pareil cas, ne feroit
nullement dangereufe, il fortiroit beaucoup moins
d’excrémens par le vagin , & par conféquent
l’infirmité feroh diminuée y il pourroit même '
arriver que, par l’introduélion d’une sanulé dans
le nouvel Anus, l’ouverture entre le rélum &
le vagin s’oblitérât,-ce qui feroit une guérifon
entière. D’ailleurs l’ouverture entre l’inteftin &
le vagin peut être beaucoup plus petite qu’il
ne faudroit pour le libre paffage des excrémens,
ce qui pourroit expofer l’enfant aux mêmes
accidens & au même danger, que û le re.ôlum
iiQÏi abfplufflem fans iffue.
Le reéîum chez les enfans mâles s’ouvre quelquefois
dans la veflîe, & pour l’ordinaire, il
n’exifte alors point d’Anus. L ’on reconnoît facilement
ce cas, à la prélence du méconium dans
les urines qui en contraélent une apparence
verdâtre & épaiffe, & qui fortent prefque continuellement,
mais en petite quantité. La portion
la plus fluide du méconium, eft la feule qui
trouve ainii une iffue -, celle qui eft plus épaiffe
ne pouvant pénétrer de l’inteftin reélum dans
la vefiie, ou entrer de la vefiie dans le canal
de l’urètre, diftend outre mefure les boyaux &
la vefiie urinaire, & caufe les mêmes accidens
qui ont lieu dans les cas d’imperforation totale y
en forte que fi l’art ne vient promptement à
bout de former un Anus qui rempliffe la fonction
d’évacuer les excrémens dont les canaux urinaires
ne peuvent demeurer chargés, l’enfant chez qui
fe rencontre un pareil vice d’organifation , ne
tardera pas à périr. 11 faut donc traiter ce cas
comme les précédens y car, quoiqu’on ne puifie
pas fe promettre de parer abfolument aux incon-
véniens qui réfultent de la terminaifon du reéhrni
dans la vefiie, puifqu’ un nouveau paffage n’empêchera
pas complettement que les matières ne
fortent par cette iffue, on donnera cependant
par ce moyen à l’enfant une affez bonne chance
de guérifon, & la feule dont fon cas foit fuf-i
ceptible.
Dans les cas où l’on ne peut procurer de dé-
bouchement aux matières fécales, par les moyens
que nous avons indiqués, l’on a propofé d’ouvrir
le bas-ventre de l’enfant au-deffus du pubis, ou
fur le côté droit, afin d’atteindre l’inteftin colon,
& de faire un Anus artificiel dans l’un où l’autre
de ces endroits. Mais la chance du fuccès feroit
fi petite, qu’il eft: impoftible de recommander
une femblable opération $ à moins qu’une tumeur
circonfcrite n’indiquât plus précifémentau Chirurgien
en quel endroit il doit faire fon incifion.
D’ailleurs en fuppofanr le fuccès aufli grand
que poffible, l’évacuation des matières par de
femblables ouvertures feroit toujours défagréable
& pénible. Cependant l’idée de laiffer un enfant
ainfi organifé, mourir dans les fouffrances, eft
fi rrifle & fi défoianre pour les parens & pour
le Chirurgien lui-même, qu’on préféreroit toujours
de recourir au remède, le plus incertain & le
plus défefpéré, à demeurer tranquilles fpeélateurs,
d’an pareil événement.
De la chute du Fondement.
Lor (qu’une portion de l’intefiin reélum eft
pouffée en dehors, au-derlà de fes limites ordinaires
, cette maladie fe nomme ch$te de fondement.
Quelquefois il n’y a qu’ une très-petite
partie de l’inteftin qui foit ainfi déplacée*, d’autres
fois il y en a une portion plus confidéra-s
Me»
Le fphinéler de l’anus, & les parties voifines ^
fervent dans l’ état de fanté , de bafe & de
foutien à la portion inférieure du reélura *, aufti
tout ce qui tend à les affoiblir, contribue par
cela même à occafionner la chûre du fondement.
La caufe néanmoins la plus fréquente de cette
maladie tient aux exertions violentes & trop
réitérées du reélum même, excitées par quelque,
caufe d’irritation fur fon extrémité. Ainfi , 1e trop
fréquent ufage des remèdes aloétiques , dont
l’aéîion fe porte particulièrement fuir le gros
boyau , opère fouvent cet! effet,y il en eft de
même des petits vers connus fous le nom d’afea-
rides, qui logés à la partie inférieure de-cet inref-
tin , y caufent quelquefois une irritation violente.
La conftipation habituelle , les hémorrhoïdes,
en un mot, tout ce qui a giflant] vivement fur le
reélum, excite une aétion trop forte de cet organe,
peut déterminer un accident pareil.
Il y a beaucoup d’exemples de chûte d’une
portion du reélum., où l’intefiin eft demeuré
très - long - tems fans être réduit, & où cependant
cette négligence n’a aucune fuite fâcheufe.
Il fuit de-là que le reéliim peut beaucoup mieux
fupporter d’être expofé aux impreflions de l ’air
extérieur , qu’aucune autre partie du tube inref-
tinal ,* mais il ne faut pas pour cela négliger
jamais de faire fur-lè-champ ce que l’on peut,
pour réduire l’inteftin déplacé y les Auteurs en
Chirurgie confeillent ordinairementde.|efomenter
avec des décollions émollientes & antifeptiques,
avant que de chercher à le faire rentrer y ils
veulent même que, pour mieux réuflir, l ’Opérateur
couvre fes doigts de linge enduit de cire ou
d’huile. Mais toutes ces précautions ne font point
néceffairesy &lorfqu’un Chirurgien eft appellé vers
un malade qui a une chûte du fondement,, le
plus grand fervice qu’il puifie lui rendre, eft de
remettre au plutôt les parties déplacées dans leur ,
fituation naturelle, fans les laiffer davantage expo- ;
fées aux dangers qu’elles peuvent courir par ce ;
déplacement, en perdant le tems à faire des fomentations
&c. y & comme on a beaucoup plus fte
dextérité à manier quoi que ce foin, avec les doigts •
parfaitement nuds, que lorfqu’ils font recouverts
de gants huilés ou cirés ,il vaut mieux ne pas
s’en fervir. Si cependant on jugeoit qu’il fallût
fe garnir les mains de quelque chofe, un mor- I
ceau de toile de coton Couple, & fine, eft ce j
que l’on peut employer de mieux dans cette
intention..
Le malade étant au lit , couché fur le côté,
ou fur le ventre , ce qui vaut mieux j les feffes
plus élevées que le refte du corps , le Chirurgien
preflera fortement, maïs également avec
« paume de la main fur la partie.inférieure de
1 inteftin déplacé. En continuant à preffer de cette
manière, on fait, pour l’ordinaire, rentrer facilement
l’inteftin y mais fi cela ne fuffit pas, on
comprimera la portionfupérieure de la partie de
Iintefiin forti avec les doigts d’une main, tandis
qu’avec la paume de l’autre main, on continuera
à foutenir la partie inférieure , & par ce
moyen on réuffrra certainement. Il eft vrai que
fi, pour avoir trop tardé à faire la réduction, ou par
quelqu’aiirre caufe, l’imeftin a contracté beaucoup
d’inflammation & d’enflure, il fera impoftible cle
le replacer, jufqu’à ce que ces fymptômes foient
«difîipés. Pour cet e ffe t, il pourra convenir de
tirer du fang au malade proportionnément à fes
forces, & l’on fomentera l’inteftin avec Une fo-
lution de fucre de faturne un peu chaude. Lorfue,
par ces moyens, l’on aura difiîpé l’enure
, ■ ou à peu-près, on ne trouvera que peu
ou point de difficulté à replacer les parties, en
s’y prenant comme nous l’avons indiqué.
La plus grande difficulté ne gît pas à faire
rentrer l’inteftin , mais à le retenir en place,
ce qui donne fouvent beaucoup de peine. Car ie
fpbinéler, après de fréquentes chûtes de hoyau ,
eft quelquefois tellement affoibli 5 ^ qu’il n’a plus
le pouvoir de le retenir y de forte que cet
accident fe renouvellera, non-feulement toutes
les fois que le malade ira à la garde-robe , mais
même dès qu'il voudra marcher , ou feulement
fe tenir debout, comme on en voit des exemples.
On a imaginé différens bandages pour contenir
l’Anus après qu’on l’a réduit -, mais il n’eft pas faeile
d’en trouver qui s’adapte parfaitement à ce qu’une
femblable incommodité exige. Ordinairement ou
applique furie fondement une comprefle en plu-
fieurs doubles que l’on maintient dans cette pofition
au moyen d’un bandage en T. & cette manière
de le contenir réuflit affez bien dans beaucoup
de cas. On peut v o ir , dans les planches,-un
bandage inventé par M. Gooch, qui a le double
avantage de fixer l’inteflin d’une manière plus
sûre qu’aucun autre que nous connoiflîons, &
de permettre au malade de prendre beaucoup
plus d’exercice qu’il ne pourroit faire fans fon fe-
cours. Mais ce qui vaut encore mieux,fuivant nous,
que tous ces bandages, ce font les champignons,
ou pefl’aires de gomme élaftique, inventés depuis
peu d’années par M. Bernard, ingénieux
Artifte, quia tiré parii de cette fubftance pour
en faire différens ouvrages à l’ufage des Chirurgiens.
L ’infirument dont nous parlons , con/ïfte
en-un corps oblong & ovale, arrondi par un
bout, & qui de l’autre fe-termine en un col
mince , & un peu alongé, avec un bord plat à
fon extrémité. Le corps de cet infirument introduit
dans l’inteftin, au-de-Jà du fphinëier,
le dilate, & le foutient, tandis que lefphinéler
en embraffe le c o l, & que le bord du col l’empêche
de remonter trop haut dans le reélum y
on fixe d’ailleurs un cordon à ce bord , qui eft
percé dans cette intention : ce qui aide à cet effet.
Ce peffaire eft très-lifle , & ne peur par confé-
qùent bltffer les parties y il eft en outre fort