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Dans lés tempérsmms lâches, iî l’Inflammation
eft légère, & la douleur peu confidérablè, ou
ü les vaifTeaux de la partie affeélée cèdent facilement
à la diftenfion , la maladie ne s’étend point
fur le refte du fyfiême.. Chez les .perfonnes robuf-
tes, au contraire, & lorfque le mal occafionne
de vives douleurs, l’Inflammation devient générale
& fe manifeftc par un pouls dur, plein &
fréquent ; par l’apparence dufang tiré de la veine,
dont la partie lymphatique.fe coagule à la fur-
face , & forme une croûte jaunâtre , connue fous
le nom de couenne; par la fréquence de la refpira-
' tîon *, par la blancheur & la fécherefle delà langue ;
par la chaleur de la peau; par l’agitation qui
va quelquefois jufqu’au délire; par la couleur
foncée des urines qui deviennent troubles en fe
refroidiffant, & quelquefois dépofçnt un fédiment
briqueté, &c.
Souvent, au lieu des - fymptômes que nous
venons de décrire, le fyfleme en éprouve d’autres
auxquels on donne le nom de fymptômes
d’irritation; ils fe manifefient principalement,
lorfoue les douleurs font très-vives, ' chez des
perfonnes faibles & délicates, ou lorfque le mal
affecte des parties très-irritables ; le pouls alors eft
petit, fréquent & ferré. Le malade éprouve des
maux de coeur , une inquiétude générale, de
l'infomnie ; les urines demeurent claires en fe
refroidiffant ; les forces font très-abattues ; il fur-
vient des foibleiTés , &c. La fièvre inflammatoire
accompagne fur-tout l’Inflammation phlegmo-
neufe ; les fymptômes d’irritation fe manifefient
plus fouvent dans les cas d’érëfvpèle, ou d’aurres
Inflammations fpécifiques. Lorfque l’Inflammation
a fon fiège dans la fubftance des poumons, ou
dans celle du cerveau, le pouls a beaucoup
moins de dureté que lorfque ,les envelopes mem-
fcraneufes de ces vifcères font affeétées, Lorfque
les inteftins font 'enflammés, on obferve pour
l’ordinaire une très-grande proftrarion de forces ; il
n’en eft pas de même quand le mal fe porte
fur quelque orsane exteneur.
Variations d.z V.inflammation , b fe s différentes
fjpeçes.
Le degré de gonflement & de diftenfion, qui
accompagnent un phlegmon fi tué dans quelque
partie extérieure, varie fuivant la ftruélure delà
partie affeélée ; les fymprômcs & la terminaifon
.en feront très-différens, lorlqu’il aura fon fiège
dans quelqu’orgar.e abondamment pourvu de tifiu
.cellulaire, de- ce qu’ils feront lorfque le mal affectera
quelque membrane. Différentes parties font
différemment fufceptibles d'être affectées d’inflammation,
& cette maladie ne roanifefle pas
dans toutes la même activité; elle eft d’ailleurs
modifiée^ par l’âge, le fexe, le climat, le genre
de v ie, les maladies antécédentes, &c..
Lorfque les fymptômes inflammatoiresfont trèsr
yiolens, & que Le mal tend rapidement à fa ter-«
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minaîfon, on peut lui donner le nom d'Inflanr-
mation aiguë ; lors au contraire que les fymptômes
ont peu de vivacité, & que les progrès du
mal font très-lents, on peut, avec divers Auteurs,
diftinguer cette Inflammation par le n®m
.de Chronique. On voit des Inflammations vraiment
phlegmoneufes demeurer plusieurs femaines,
& même des mois entiers, avant que de produire
une fuppuration , par laquelle cependant elles fe
ter-minenr. Dans les cas de cette nature, l'état
inflammatoire de la partie affeClée n’influe, pour
l'ordinaire, que peu ou point fur le refle du
fyfiême.
M. Hunter donne les noms d'inflammation
adhéfive, fuppurâtive & ulcérative à trois efpèces,
ou plutôt à trois états ou périodes de cette maladie.
Dans la première, les extrémités des artères
affrétées fourniffent une certaine quantité de lymphe
coagulable qui, en s’organifant, devient le
lien par lequel la Naîure réunit les parties qui
fe trouvent féparées par accident ou autrement.
Cette lymphe coagulable n’efl pas Amplement
extravafée hors des vaifTeaux, mais paroîr avoir
fu b i, en conféquence de leur aélion , une modification
pariculière qui la rend propre à remplir
le but auquel la Nature la deftine. Dans la fécondé,
le fluide verfé par les vaifTeaux a éprouvé un
changement plus grand encore , par lequel il fe
trouve converti en pus. Voye\ Suppuration,
Dans la troifième, lés vaifféàux abforbans font
aufîi mis. en jeu , & leur action tend à enlever
les parties foiides qui font affeètées d'Inflamma?
fion, & par conféquent les artères elles-mêmes.
Quoique le phlegmon foit la forme fous laquelle
l'Inflammation fe manifefte le plus fréquemment ,
cette maladie en a d’autres qui font a fiez caraétér-
rifées pour qy.’on puiffe les regarder comme des
j efpèces différentes. Telle efl l'Inflammation éré-
j fypélateufe, qui diffère tellement du phlegmon,
que quelques Auteurs ont voulu lui refufer le
.nom de maladie inflammatoire. Voy. Ér é s y pe le .
Telle efl peut-être l’Inflammation fcrophuleufe,
Voye% Écroue lles. Telle eft l’Inflammation
produite par le virus fy phi 1 itique ; Voye\ G onorrhée
& V érole. Telles font celles quocca-
fionnent les diverfes maladies éruptives comagiea-
fes, & celles qui tiennent à l’aèlion de certains
, poifons animaux ou végétaux. Dans chacune de
ces efpèces, i’aelion naturelle des vaifTeaux delà
partie affeélèe fe trouve modifiée d’une manière
particulière , qui fouvent demande un traitement
adapté à ce nouveau mode d’aétion. Nous verrons,
dans d’autres articles, les détails relatifs
aux diverfes Inflammations fpécifiques, du moins
pour ce qui. concerne la Chirurgie; renvoyait
les autres au Dictionnaire de Médecine.
Caufes excitantes de VInflammation.
Les caufes déterminantes de l'inflammation font
en général to.utcs celles qui tendent à exciter l'action
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tîon des vaifTeaux, à irriter des parties fetifibïes ;
& à caufer de la douleur. On peut en former
deux claffes principales, favoir, les ftimulam
chymiques & les flimulans mécaniques.
Dans la première , on rangera l’aCtjon d’une
fo'rte chaleur naturelle, celle desfubflances caufli-
ques & corrofives, telles que les différas acides
concentrés, les cantharides, & toutes lits fubfiancés
appellées rubéfiantes;1 certains poifons introduits
accidentellement, ou engendrés dans le corps ;
enfin 1 application fubite du froid , particulièrement,
lorfqu'en conféquence d'un exercice violent,
ou par quelqu autre caufe, le corps fe
trouve plus échauffé qu’à l'ordinaire, fur-tout
lorfque cette applicatiohn'en affeCte qu’une partie.
La fécondé claffe renferme foutes les caufes
de violence extérieure, les bleffures de toute
efpèce, foit fimples, foit accompagnées de déchirures;
les comufions, les difientions violentes;
Lirritation caufée par des corps étrangers,
logés dans quelque organe, foit qu’ils y aient
été introduits de dehors, foit qu’ils s’y foient
formés en conféquence de quelque maladie ; tels
que des fragmens de fer ou de bois, des balles
demoufquet, des os déplacés , des efquiiles, des
pierres, comme celles qui fe forment dans la
v e ffie ,& c .
Caufes prédifpofantes,
L Inflammation n’efl pas tou jours la conféquence
ItécefTaire de 1 aëiion de ces différentes caufes,
fi nous en exceptons certains poifons particuliers
qui ne manquent jamais de produire leur effet.
Diverfes circonflances peuvent modifier l’intenfité
de cette aôlion, la rendre inutile, ou augmenter
beaucoup fon efficacité ; telles font particulièrement
;
i.° Le tempérament du malade. Une confli-
tutlon fanguine & pléthorique, de la tenfion &
de la roideur dans les fimples foiides, de la vigueur
dam le. fyfiême mufculaire, & une certaine
irritabilité dans les vaifTeaux fanguins, difpofent
aux maladies inflammatoires. Cette difpofirion
peut même être héréditaire, & on l'obferve fouvent
chez tous les individus d’une même famille.
z.° Les^ jeunes gens & les adultes, dans la
force de l’âge, font beaucoup plus fujets aux
maladies inflammatoires de l’efpèce phlegmoneufe,
que les enfans & les vieillards, par la même
raifon qui fait que la vigueur de la conflitution
& la pléthore artérielle rendent le corps plus
fufçeptible d’être affeélé par les caufes occafion-
celles ci-deflus mentionnées.
$•* Indépendamment de la conflitution, le corps
peut être difpofé à contrader des maladies inflammatoires
, en vertu de certaines caufes extérieures
à l’adion defquelles il a été expafé. Le froid a
■ particulièrement cette propriété de produire la
difpofiîion à l’Inflammation , ou la diathefe
Chirurgie. Tome l.'S II,e Partie%
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g'ftiue, fuivant ie langage des Auteurs. Audi
voyons-nous que les hommes font, beaucoup plus
fujets aux maladies de ce genre dans les pays
froids, que, dans les pays chauds, & que, dans
les climats tempérés,elles font bien plus fréquentes
à la fin de 1 hiver quen toute autre faifon.
• t f La manière de vivre a une très-grande
influence * cet égard L ’abus des alimenî très-
lubftanttels, & particulièrement celui des liqueurs
fptrttueufes produit dans ie fvftême fanguin un
f “ t de ÿ élhor.e ’ & fani augmenter précifémcnr
le ton des vaifTeaux artériels, il les rend plus
irritables 3t plus fufcepubles du fpafme inflammatoire.
Des excès dtrn autre genre, tels par
S aT ÏU “ n ,raF ‘1 de corPs ou immodéré
& long-tems foutenu tendenr fouvent à établir
la même difp.fttion. Foyej ce que nous avons
du an fojet de ces caules prédifpofantes, à l’article
Ganorene.
L ’habitude peut avoir une grande influence
furl efficacité de plufleurs des caufesdéterminantts
de 1 InflammauoD. Tout le monde commit ie dan-
ger de s expoler à un froid fubit, lorfqu’on a
très-chaud, & les exemples de pleuréfie, de colique
inflammatoire, &c. Turvenues pour avoir
feu ement bu de l’eau fraîche après un exercice
violent, ne font que trop commun; il eft certain
cependant que ces effets tiennent fingulièrement
au defaut vi habitude, & qu’il n’y a pas un i „ .
dividu qui ne puiffe s'accoutumer i rapporter
le. tranûnons les plus foudaines du chaud &
du rroid fans en être affeélé. Nous lifons arec
éfonnementdans i hiflofre que les jeunes Romains
couverts de fueur après les exercices du champ’
de Mars allotent fe rafraîchit dans les eaux du
lib r e ; & peu de gens fans doute parmi nous
ferment la môme chofe impunément. L ’ufageoù
font le? Rotfes de prendre des. Bains de vapeurs
d une cha eurexceffive, & de fe jetter immédiatement
après dans la neige, eft bien plus reprenant
encore, 8t cependant il paroît être pour
eux lans mconvénk-nr. On peut s’habituer d-
même à divers genres d'irritation , particulièrement
a qaelqaes-unes de celles qui produifent des
Inflammations fpécifiques, comme, par exemple,
la gonorrhée, Voyt\ ce mot. D'un autre côté
1 application^ des lubflances les moins irritantes
fur des parties qui n’y font pas accoutumées
aura, dans certaines circonflances, tout l ’effet
des flinmlans les plus acTifs-, L ’impreffion de l’air
fur des organes qui ne doivent pas y êrre fournis
naturellement, & principalement fur la fur-face
interne des différentes cavités, y eft fréquemment
futvie d’une Inflammation violente & dangereufe.
Koyeç Air.
Terminaifon$ de VInflammation.
Lorfque quelque partie du corps fe trouve attaquée
d’une violente Inflammation, & que la dif-
pofition générale .du fyfiême efl favorable au d é ,
S f f f