
mois que l'ouverture étoit faite, & que l’on y
avoit, à différentes reprifes , porté le cautère
aâuel pour accélérer l ’exfoliation de la portion
d’os cariée.
ANUS ou F on dem en t. On défigne, par ces
noms, l’extrémité inférieure de l’inteftin reélum ,
qui s’ouvre au - dehors pour donner iffue aux
matières fécales.
L ’Anus a des mufcles qui lui font particuliers,
favoir, le fphinéler dont la contraélion le tient
habituellement fermé, & les rcleveurs qui fervent
à Te ramener à fa place naturelle, après l’éjeélion
des matières fécales, qui le pouffe toujours plus
ou moins au-dehors. Il efl d’ailleurs, ainfi que
toute la portion d’inteflin qui l’avoifine, environné
de mufcles & c£un tiffu cellulaire fort lâche*
L ’Anus efl fujet à diverfes affeélions où les
fecoûrs de la Chirurgie font néceffaires. On peut
les réduire à ces fix principales, qui font, l’imperforation
, la chute, les hémorrhoïdes, les condylomes,
les abcès & la fiftule. Nous renverrons
aux articles hémorrhoïdes & con d y lom e s ,
ee que nous avons à dire fur ces deux genres
de maladie, & nous traiterons ici des autres.
V e VAnus imperfore
L ’imperforation de l’Anus n’eft pas une
maladie fréquente , on la rencontre cependant
quelquefois ; & comme il efl de la plus grande
importance que de femblables vices d’organifation
ne demeurent pas long-tems ignorés, un des
premiers foins des accoucheurs & des fages-femmes
après l’accouchement, doit être d’examiner l’état
extérieur de tous les conduits naturels de l’enfant
nouveau né.
Cet examen montre quelquefois l’endroit
cù devroit être l’extrémité du reélum ou l’Anus,
couvert en tout ou en partie feulement, par
une membrane ou par une concrétion charnue.
D ’autres fois on n’apperçoit aucun veftige de
l ’inreflin, la peau ayant fa couleur naturelle
dans tout l’efpace qui s’étend entre les parties
fexuelles & le coccyx, fans être plus élevée
dans un endroit que dans l’autre. En pareil cas,
l ’inteflin ' fe termine quelquefois, par un ou
deux culs-de-fac, à un pouce de diftance de
la place ordinaire de l’Anus ; quelquefois il ne
defcend pas plus bas que la partie fupérieure
du facrum ; quelquefois il s’ouvre dans la vefhe
ou dans le vagin.
• Quançlun Chirurgien eft appellé dans une
cîrconftance femblable, il ne faut pas qa’il perde
beaucoup de ten» à délibérer \ car fi l’on n’ouvre
pas incefiamment une iffue aux matières fécales,
l ’enfant - ne tardera pas à périr , après avoir
éprouvé des accidens femblables à ceux qui
chez les» adultes accompagnent les hernies avec
étranglement. La maladie eft facile à découvrir ;
Jfeais, après l ’avoir apperçue, il feijt s’attacher à
difUngitef auquel des deux cas ci-deffus décrits-
on doit la rapporter, afin de pouvoir déterminer
fi l’Anus efl Amplement bouché par une membrane
ou par une concrétion charnue *, ou fi il manque
abfolument parce que la cavité de l’inteflin eft
oblitérée dans fa portion inférieure, ou parce
que le reélum ne s’étend pas affez loin.
Lorfque c’eft une membrane, ou une continuation
de la peau, qui ferme l’ouverture de
linteftin reélum, cette nlenibrane a une couleur
un peu différente de celle de la peau du voifinage.
Elle eft ordinairement violette ou livide, à caufe
du méconium accumulé vers fa furface intérieure.
Ce méconium preffé par les vileères fupérieurs,
forme une petite éminence arrondie qui, preffée
avec le bout du doigt, cède, comme une pare
molle, & fe rétablit dès le moment-qu’on ceffe
de preffer. Mais, lorfque c’eft une concrétion
charnue qui ferme l’inteftin, l’oeil apperçoir- cetre
concrétion, f i , comme il arrive ordinairement,
elle fait faillie; le doigt fent plu-s^. de dureté
& de réftftance que dans le cas' de la Ample
membrane, & la couleur livide du méconium ne.
s’entrevoit pas.
Ces Agnes feuls fuffifenr pour décider le Chirurgien
fur la néceffité de l’opération 5 mais ils
ne font pas connoîrre encore bien clairement A
l’inteftin defcend aufli bas qu’il le faut pour former
un véritable A nus , ou fi fa portion inférieure
manque tout-à-fait. On n’acquiert le dernier degré
de certitude à cet égard, gu’après la feélion de
la membrane, ou de la concrétion charnue qui
forme l ’ouverture 5 ou même qu’après la mort
de l ’enfant, lorfque l’opération a été infruélueufe.
Caj quoiqu’on ne découvre pas de tache à
l’endroit où doit être l’Anus, & qu’on n’apper-
çôive pas cette tumeur plus ou moins faillanre,
qui, preffée avec le doigt, cède comme une pâte
molle & fe rétablit aulli-tôt qu’on ne preffe
plus ; il peut très-bien arriver, fur-tout quand
on eft appellé d’abord après la naiffance de
l’enfant, que ces deux différens Agnes de la
préfence du méconium, & du prolongement
naturel de l’inteflin, jufqu’à l’endroit où devreit
être l’Anus, né fe préfenrent pas encore, quoique
l’inteAin exifte , defcende & conferve fa cavité
jufqu’à la membrane ou concrétion qui le ferme.
Quand l’Anus eft feulement recouvert par la
peau, & marqué par une éminence formée par
.les matières contenues dans le reélum, il ne
s’agit que de faire avec le fcapel une ouverture
fumfame pour leur donner paffage. Levret en
pareil cas recommande de faire une incifton circulaire
à la membrane, mais il fuffit.de l’incifer
, en travers ; on panfe .enfuite la plaie légèrement
avec de la charpie, après l'avoir lavée avec de
| l’efprir-de-vin ; oti introduira auïïi une petite
! tente de charpie pour maintenir l’ourerrure qu’on
! vient de faire. Si l’Anus n’eft recouvert qu’en
/ partie par la membrane, on pourra le dilater
ïivet une tente ; mais A l’ouverture eft très-étroife
on doit le faire préférablement par le moyen
du biftouri. ,
Lorfqu’aucune apparence extérieure ne marque
l’endroit où doit être l’Anus ; foit que l inteftin
foit bouché par une concrétion charnue, ou par la
coalition de fes parois ; foit qu’il en manque
quelque partie, le cas devienfbien plus fâcheux
& plus difficile *, il eft cependant du devoir du
Chirurgien de faire tout ce qui dépend.de lui
pour y porter remède.
Pour cet effet, après avoir fixé l ’enfant comme
il convient, on fera une incifton d’un pouce
de. longueur dans l’endroit où devroit être l’Anus,
& on la rendra de plus en plus profonde par
dqs coups de fcapel bien ménagés , & fuivant la
direélion naturelle du reélum ; non pas direélement
"de bas en haut félon l’axe du baffin, car on pour-?
roit bleffer le vagin où la veflie, ou peut-être
l’un & l’autre , mais en arrière, le long du coccyx
où il n’y a pas de danger de bleffer aucune partie
importante. Le meilleur conduéleur'dans tous les
cas de cette éfpèce, eft le doigt de l’opérateur. Le
Chirurgien preffant avec l’index de la main gauche
du côté du coccix difféquera de la main droite
dans la direction que nous avons prefcrite,
jufqu’à ce qu’il rencontre les matières fécales.,
ou qu’il ait ouvert aufli loin que l’extrémité
de fon doigt peut atteindre. S’il ne vient pas
à bout de trouver les,matières, commé la mort
doit néceffairement en être la conféquence, il
faut qu’il faffe encore une tentative en pouffant
le tong de fon doigt un long trocar dans la
direélion la plus convenable pour rencontrer
le reélum. '
Par un ufage prudent de ces moyens, on a
faûvé bien des enfans qui autrement anroient
été dëvoüés à une mort certaine. Hildanus,
la Mótte, lioonhuyfen & d’autres, les ont employés
avec ' fuccès. M. Bell nous apprend qu’il
a vu deux de ces cas où l’inteftin étoit fort éloigné
des tégqmens, & où il a eu le bonheur de
réuftir à former un Anus qui a paffablement
bien rempli fon but pendant plufleurs années ;
mais qu’iî a rencontré la plus grande difficulté
àmaintenir Je paffage fufifamment large & ouvert.
Car , dès qu’il ôtoit le.s bourdonnets de charpie.
&' les autres efpèces de tentes dont il fe fervok
pour conferver la dilatation néceffaire, il fu r-
vefooit bientôt un tel degré de contraélion que,
pendant long-tems enfuite,l’évacuation des matières
étoit devenue très-difficile. Il employa à différentes
reprifes des tentes faites d’éponges, de racines
de. gentiane, & d’autres fub fiances qui s’enflent
par l’humidité: mais elles produiftrent toujours
tafit de dpuleur & d’irritation qu’il étoit impbf-
fible d’en continuer l ’uüage. D’après ces ineori-
vétfferjs qu’i l ,a;été à portée,d’cbféi-yer, il recommande
contre l’avis desjiAutèia'rS', de ne point‘
fe fervir de tenîe's- de cette efpècb en pareil chs f
il penfe que quiconque en aura fait ufage pour
des.parties aufli feqfibjes, que le reélum, ne
tardera pas à recotmoîrre que le confeil de ces
derniers eft très-mal fondé.
Des tentes faites de charpie très-fou pie & humectées
d’huile j ou des rouleaux de l’emplâtre dont
pn fait, les : bougies., caufent moins d’irritation
que celles qui font formées de toute autrefubftance.
On dilate affez commodément h. paffage lorsq
u 'ile ft, devenu trop étroit, au moyen d’un
boyau de brebis- dont on introduit une. extrémité
fermée dans le fondement, & que l’on diftend
en y injeélant avec force de l’eau.par l’autre bout.
Mais, dit M. B e ll, quoique cette partie du
traitement puiffe paroitre /Ample & facile à ceux
qui; n’ont pas eu occafion de voir des . cas de
-cetre nature, il ea eft bien autrement dans la
pratique. Il nous affure même que jamais il, n’a
traité de maladie qui lui ait donné autant de
peine & d'embarras, qu’il en a eu dans les
deux cas de . cette efpèce qu’il a traités; car
quoique,dans l’un & dans l’àutre, il eut d’abord
fait des ouvertures fuffifamment larges, ce ne fut
que par des foins très-aflidus, pendant huit ou
dix mois, qu’il put fe;.garantir de faire une nouvelle
opération, & même d’avoir à y revenir
à plufieqrs fois. Lorfqu’on n’a eu que la peau à
ouvrir, la fuite du traitement eft, fans doute, on
ne peut pas plus Ample ; car alors il n’y a rien
à faire qu’à tenir une tente de charpie pendant
quelques jours, dans l’ouvertnre qu’on a faite avec
je] fcalpel. Mais quand l’extrémité du reélum fe
trouve êrre à une ceriaine diAance, quoique l’on
puiffe ordinairement fe flatter de procurer enfin
une guérifon, lorfqu’on eft parvenu à donner
iffue aux matières fécales, le traitementfubféquens
à l’opération exigera toujonrsbeaucoup d’attention
& de foin de la parc du Chirurgien pendant
long-tems; & l’on peut regarder la difficulté
du fuccès à cet égard , .comme .étant à-peu-pr-ès
proportionnée à la profondeur de l ’incifion qu’on
•a été obligé de faire.
11 arrive quelquefois que, l ’Anus paroiffant
bien ouvert, & bien conftitué, les enfans
éprouvent les mêmes accidens que ceux qui
n’ont point d’A nus,, parce que chez eux,
quelquefois l’imeftin fe trouve fermé par ..une
cloifon rçiembraneufe placée plus ou moins
haut, au-deffus de l’ouverture de l’Anus, 8c
parce que d’autres fois, il fe termine par un
cul-de*fac. On doit foupçonner un pareil
vice, de conformation , toutes les fois qu’un
enfant, dont l ’Anus eft ouvert à l’extérieur,
ne rend pas, des excrémehs,>' deux à trois
jours -après fa t naiffance, & ; fur-tout,, quand
©n voit pàrqîtlre • de ]g^q45!..aç:çi'4eq$', tels- que
le gonflement de ventre. le vo'miftèmenr ;
on• peut alors ,’ foit e n .. tâchant. d’injcçler '.dès,
lavéïyienV, foit én introiquifant une fonde.,
s’afî’Urer' ‘li‘ le1 fcélum eft . fermé au-deflus' cW