
Il eft une xdrconftance fur laquelle il importe
beaucoup de ne point fe tromper. Il arrive fou-
vent que deux pieds fe - présentent à l’orifice -,
mais appartiennent - ils tous deux au même
fujer? & s’ils ne Jui appartiennent pas , les
tracions que l’on fera fur eux , ne peuvent-
elles pas avoir des fuites fàcheufes? On évitera
aifément toute méprife, en gliffant la main le long
de la c-uiffê , qui appartient à la jambe fortie, pour
aller fai fi r l’autre cuiffe, & en amener le pied.
Toutes les fois que l’on eft obligé d’introduire la
main à l’entrée de la matrice, pour y prendre
les pieds, on les accroche en palfant le doigt indicateur
entre eux , & en les ferrant affez étroitement
entre les autres doigts. Lorfqu'ils font au-
dehors, on les couvre dun linge fin, pour les
retenir plus aifément, & enfuite on entraîne
les fefies obliquement, 8r. en en-bas*, on porte
enfuite les mains au-deffus des genoux , pour
moins fatiguer l ’articplation des pieds, & des
jambes , & fucceffivement pour ménager-, celle
.des cuiffes, on applique les mains fur les hanches,
auffi-tôt que les feffes font forties. On a le>foin,
dans tous ces effors, de ne point agir fur le ventre,
ou la poitrine, crainte d’ôccafionner des contu-
fiôns meurtrières, mais plutôt fur les hanches,
jufqu’à ce que les épaules foiem dehors. L ’enfant
defcend aifément jufqu’aux aiffelles } mais, à cet
endroir, fa marche devient plus lente, où la réfif-
tance que les épaules apportent, & la difficulté
que trouvent les bras à fe relever vers les côtés
de la tête. Dans les Accouchemens terminés ainfi,
le cordon ombilical ne defcend pas toujours dans
les mêmes proportions que le tronc de l'enfant }
& alors il eft tiraillé par celui-ci, de telle manière
que l’ombilic fouvcnt fe déchire. Pour peu que le
cordon foit retenu au-deffus du baffin , pour prévenir
cet accident fâcheux, il faudra infinuer
deux doigts le long du ventre, du moment que
les feffes paroîtront au paffage, & avec euxfaifir
le cordon, & en faire defcendre une anfe plus
ou moins longue, félon la facilité qu’on éprouvera }
ce qu’on répétera de teths à autre , à ^mefure
que le tronc fe dégagera. S’il étoit entortillé au^
tour d’autres parties, comme fur le col, par
exemple, & qu’on trouvât de la difficulté à le
dégager, il faudroit tout uniment le couper &
en froiffer Amplement les deux bouts entre les
doigts, fans néanmoins les lier. Dès que les aiffelles
paroîtront am-dehors, on dégagera les bras.
Quelques-uns cependant trouvent des défavan-
tages à cette méthode ; mais il eft certain qu’ajoutant
un nouveau volume à celui de la tête,
ils ne peuyent qu’augmenter les difficultés que
celle-ci éprouvera à fon paffage par le détroit
fupérieur \ la raifon & l’expérience diélent donc
qu’on ne peur que bien faire de les, dégager.
Mais en les dégageant, il convient de les ramener
toujours fur le devant de la poitrine, en
jâifapt décrire au coude le rpêjmç trajet.qu’il a
parcouru en le relevant du côté de la tète. On
doit commencer par le bras qui eft en-dcffous,
parce qu’il eft moins ferré, pour l’ordinaire, que
celui qui fe trouve derrière le pubis. Avant de
tirailler fur le premier, on tirera le tronc de
de l'enfant obliquement vers l’une des aines de
,1a femme, & l’ayant entouré d’une ferviette, on
le foutiendra d’une main pendant que, de l’autre,
on agira de la manière fuivanre, qui eft celle que
préfère M. Baudèlocque. On abaiffe d’abord
l’épaule, autant qu’on le peut, félon la longueur
du tronc, en la faififfant du pouce, de l ’index
& du doigt du milieu. On infinue enfuite ces
derniers doigts, ou l’un d’eux fèulement dans le
vagin le long du col de l’enfant , jufqu’au pli
.du coudé, fur lequel on appuie,pour le faire descendre
vers la poitrine. On enveloppe aufii-tôt
cette extrémité avec le même linge qui entoure
l’enfant*, on porte celui-ci en-bas, & vers le
point diamétralement oppofé à celui où on l’avoii
tenu relevé, & on le loutient de la main qui a
dégagé le premier bras, pendant que, de l’autre
main, on abaiffe le fécond en Suivant les mêmes
règles1. Il arrive quelquefois que la tête trop
defeendue comprime les bras contre les bords
du détroit fupérieur -, il faut, en pareil cas, la faire
rentrer dans le grand baffin, pour que les extrémités
en foiem moins comprimées. *
Quand les bras ont été dégagés, il ne'- refte
plus qu’à extraire la tête : cette opération a fes
dangers, relativement aux efforts que l’on eft
obligé de faire fur elle, & qui fe continuent
plus ou moins jufqu’à la moelle épiniaire. Auffi,
. quelques-uns ont-ils penfé qu’il valoir mieux laiffer
à la nature une expuifion, qui, faite par ar t,
entraînoit d’auffi mauvaifes fuites. Quand les dé*
troits du baffin eft en jufte proportion avec le
volume de la tête, on peut fuivre ce parti, en
donnant cependant à la tête la pofition qui lui
eft la plus- convenable. On introduit enfuite un
doigt dans la bouche, moins pour accrocher la
mâchoire inférieure & tirer deffus, que pour
faire fuivre au mfemon , un plan continu avec
la poitrine, & empêcher qu’il ne s’accroche en
quelque endroit du baffin. On contient le tronc
de la même main & de l’avant-b;as, pendant que
de l’autre placée fur le dos de l’enfant, on em-
braffe le derrière du c o l , au moyen de l ’index
& du doigt du milieu recourbé au-deflus des
épaules. Si la tête eft encore au détroit fupérieur,
on tirera prefque directement en en-bas pour la
faire defcendre , mais avec ménagement & feulement
pendant les douleurs qu’on fol licite alors.
Quand la tête eft defeendue dans le petit baffin,
& que la face regarde le facrum , fi l’on fait encore
quelqu’effort pour l’extrairç, ce ne doit être
qu’en relevant Iç corps de l’enfant vers le pubis
de la mère, le' refte eft abfolument du reffort
de la nature*, il ne faut que foutenir le tronc de
l'enfant d’une main, & 4e l’aqtre, le périnée de
la femme}
h femme, comme dans l’Accouchement naturel,
& pour les mêmes motifs»'
. II s’en faut de beaucoup que lès chofes aillent
auffi bien, quand le volume de la tête eft difpro*
porrionné au développement du détroit fupérieur ;
il faut alors beaucoup de ménagement dans les
tentatives, crainre d’ajouter, par de violentes fe-
couffes, au mal déjà trop exiftant. Mais la mort,
qui furvient en pareil cas, eft toujours moins
l’effet de la compreffion de la tête , que de celle
du cordon & de là poitrine» & fans doute auffi
du tiraillement de la moelle épinière, comme la
diffeclion l’a plus d’une fois prouvé. Ainfi, l’on,
né fauroit trop blâmer les efforts inconfidérés
que Ion fait en difFérens terns, & fans raifon-
peinent, fur le tronc, pour extraire la fête dont
les mouvèmens ne fauroient répondre aux liens.
Une méthode beaucoup plus fimpie, moins accompagnée
de danger, & beaucoup plus prompte,
eft celle que l’on tente au moyen du forceps.
Smellie eft l’Auteur qui en a fait l'application
dans ce cas, & fon exemple ne fauroit être trop
fuivi. Nous renvoyons pour les efpèces de ces
Accoucbemens & les procédés quils exigent,
aux détails que l’on trouve dans les livres de l’art.
Des Accouchemens qui ne peuvent f e faire qu'a
Vaide des injïrumens.
Ces Accoucbemens méritent par excellence le
nom de Laborieux, à raifon de i’impoffibilité où
eft la nature de,fe débarraffer par elle-même
de l’enfant. Ce n’eft pas cependant qu’il n'y en
ait quelques-uns où l ’enfant ne forte moins difficilement
que dans les Accouchemens contre na-
ture que nous venons de confidérer } mais ces
difficultés, quoique fouvent faciles à vaincre par
une application raifonnée des inftrumens, nen
font pas moins infurmontables à la main de l’A c-
çoucheur. Les cas où il faut employer les inftrumens
fe rencontrent rarement dans la pratique.
Sur plus de fix cents obfervations queSmellie
a publiées, à peine s’en trouve-t-il une douzaine
où il ait fait ufage des inftrumens-, & c’eft ce
qu ont lieu d obferver les Accoucheurs inftruits
qui favent & mettent en pratique les’ vrais principes
de l’Art.
Les circonftances qui compliquent le travail
& qui le rendent fi laborieux, varient beaucoup
entr elles, & ont donné naiffance à une multitude
d inftrumens plus ou moins compofés, & dont
1 application eft différente, félon les vues de ceux
qui les ont imaginés. On eft étonné du luxe de
lart fur ce point} mais ic i, comme en toute
autre partie de la Chirurgie, le mérite confifte
jnoins dans l’invention des moyens, que dans
1 emploi raifonné de ceux qui exiftem déjà. Aufti,
ne tous ces inftrumens, n’eft il refté au Praticien
que le forceps, le levier & quelques inftrumens
îfançhans dont il fe fert communément, & avec
Chirurgie, Tome l , er J.re Partie.
lefquels il remplit tomes les indications qui peuvent
fe préfenter. ( Voyez ces mots à leur article.)
L ’Accouchement n’exige guères l’emploi dé ce»
moyens, qu’autant qu’il y a une mauvaife conformation
du baffin. ( Voyez le mot Bassin) } que
la tête du foetus eft trop volumineufe, ou qu’il
y a quelque tumeur ou exoftofe qui rétrécit &
ferme én quelque forte les paflages. La mauvaife
conformation du baffin peut provenir d'un changement
de forme ou de pofition dans les pièces
ofleufes, de faillies qui naiffent à leur furface,
du vice de leurs jonctions. Ces vices n affectent
pas toujours le baffin au même point & en
même - tems *, le détroit fupérieur eft ordinairement
celui dont les vices importent le plus ;
quand il eft très-reffdrré, il eft aflez ordinaire
que le détroit inférieur foit large & alternativement}
entre les extrêmes de'cette mauvaife conformation,
on obferve différentes nuances que
l’on peut cependant réduire à quatre principales.
Le petit diamètre du baffin, confidéré dans le
détroit fupérieur ou dans l’inférieur, peut avoir
un demi-pouce de moins que dans l ’état naturel
, fans qu’il en réfui te de grands obftacles à
1 accouchement. Si la tête de l’enfant n’excède
pas la groffeur la plus ordinaire » depuis trois
pouces jk demi de petit diamètre, mefure qui eff
le dernier terme delà bonne conformation, juf-
qu à celle de deux pouces & un quart à deux
pouces & demi, terme où la fortie d’un enfant
ne peut plus avoir lieu, on trouve des baffins
ou ce diamètre n’a que trois pouces & un quart,
d’autres, trois pouces feulement,'& trois pouces
moins un quart. Au-deffous de ce ferme, où l’enfant
n’eft plus viable, fe trouvent des décroiffe-'
mens qui vont jufqu’à dix ou douze lignes d’ouverture
y 8e. chez d’autres encore moins. Dans
les premiers cas, l’on peut extraire l’enfant par
les pieds, par le forceps, le le vier, les crochets
, & dans les autres, par l’opération céfa-
rienney ( Voyez ce mot.) celle de la fymphyfe,
( Voyez ce mot j ou l’Accouchement prématuré.
L ’Accouchement par les pieds, dans les cas que
nous venons de rapporter, n'eft praticable qu’autant
que l’enfant n’eft point encore bien engagé,
& qu’on connoît le diamètre du baffin, comparativement
avec celui qu’a ordinairement la tête ,
ou telle autre partie qui fait réfiftance. Les Accoucheurs
ont, fur ce point, des notions, beaucoup
plus précifes quon ne les trouveroit chex
ceux qui ne s'adonnent point à la pratique
de l’Art } ils favent affez exactement que!
volume a une partie qui fe préfente feule otr
avec d’autres} ils ont calculé tous les dévelop-
pemens que peuvent donner les détroits du baffin,
ils ont fixé le lieu où aboutiffoient les différentes
tangentes qu’ils en tiroient, ce qui leur a donné,
lieu de diftinguer différens axes dans 1e baffin ,
axes _ bien effentieîs à connoître , tant pour
la direction que l ’on doit faire fuivre à la tête,
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