
dans le fécond volume des Commentaires de
Médecine d’Edimbourg, qui eut un plein fuccès,
quoique le tronc de l’artère eût été lié au-deflus
de la naifiance de la poplitée, j
On v o it , dans le volume LX X I . du Journal
de Médecine, l’hiftoire d’une gûérifon faite par
JM. de Sault, Chirurgien-Major de l Hôtel-Dieu,
d’un Àneurifme fitué à la partie moyenne^ de la
cuifie d’un homme, dont le tronc de 1 artère
fémorale avoit été ouvert par un coup de fufil
chargé de plomb & de chevrotine. La tumeur
étoit d’un volume énorme ; elle s’érendoit dans
prefque toute la longueur de la cuifie, & eonte-
noit plus de quatre livres de lang coagulé. L a
jambe étoit exceffiv entent oedématiée. Après qu’on
eut lié l’artère au-dcffu$ & au-defious de la plaie,
la vie le foutint dans toute l’extrémité, & le
malade fut parfaitement guéri en foixante-cinq
jours.
Dans le volume LXXVIH du même Journal,
on lit une autre obfervatien d’un Àneurifme faux
de l’attère fémorale, traité & guéri de la même
manière que le précédent & par le même Praticien
, qui, en dernier lieu , a eu d autres occa-
iioss de voir de femblables cas > & les a traités
avec un entier fuccès. Ces guérifons ,qui n ont pas
encore été publiées , paroîtront probablement aufii
dans le Journal de Médecine.
Il réfulte de tout ce que nous venons de dire ,
que lorfqu’un Anencifme eft fitué de manière qu il
efi impofiibled’établir une compreflion fur 1 artère
au-deflus de fa partie dilatée , capable d empêcher
le fang d’y aborder, on ne doit pas entreprendre
d’en faire l’opération, & qu’en pareil cas on ne
peut former qu’un pronoftic très - fâcheux. Mais
lorfquun Aneurifme produit par un accident
extérieur, fe trouve avoir fon fiège en quelque
partie.des extrémités où l’on eft martre d’ arrêtrr
la circulation, il faut toujours avoir recours à
l’opération-, & infifter fur fa néceffité, auffi-tôt
que la nature des fymptômes donne le moindre
lieu de foupçonner que laj rumeurabandonnée à
elle-même, menace d’une rupture plus ou moins
prochaine.
Comme le fuccès de cette opération dépend
en très-grande partie de la probabilité qu’on peut
avoir de cou ferrer la circulation dans la partie
inférieure du membre y on peut faire un prosodie
plus ou moins favorable , toutes chofes
étant d’ailleurs égales , fuivant que le fiège du
mal fe trouve plus bas ou. plus haut dans le membre
affeclé *, car le danger de nuire à la circulation
eft d’autant plus grand que ce fiège eft plus
voifin de l’articulation fupérieure du membre..
I I I . Age & tempérament du Malade.
Mais enfin, foit que f Aneurifme ait été occa-
üonné par une caufe extérieure, ou qu’il foit
l’effet d une maladie interne y & quelle que puiffe
être fa fitiuuion , le tempérament & l’Age du malade
doivent avoir une grande influence fur
l’opinion du Praticien, quant au fuccès qu’il peut
attendre de l ’opération. On peut dire même qu’il
n’y en a aucune dont,les fuites tiennent plus évidemment
à la bonne fan té habituelle, & à la jeu-
nefl'e du malade, que celle-ci \ car, dans les premiers
périodes de ta v ie , les parties molles du
corps s'adaptent bien plus facilement aux circonû
tances nouvelles, qui font la conféqucnce de quelque
grand changement dans l'économie1 animale,
qu’elles ne peuvent le faire dans les périodes plus
avancés. Dans la vieillefie toutes les fibres animales
ont acquis un tel degré de fermeté & de foiidité ,.
qu’elles font prefque incapables de diftenfiov *, le
fyllême artériel paroît fur-tout être dans ce cas,.
& cela va même au point qu’on trouve fouvent
une oflification de quelqu’une de fes parties. On
peut donc raifonnablement craindre alors, que les
petites artères ne foient plus fufceptibles de ce
degré de diftenfion néceflaire pour qu elles puil-
fent fuppléer au défaut de l’artère principale
d’une partie confidérable du corps , dont elles
auroient faeileirîem rempli les fondions dans un
âge moins avancé.
On a fait’ cette opération avec des fuccès bien
différent, même* dans des cas qui paroiffoient
aflez limblables quant au fiège de la maladie, & à
d’autres circonfiances.
On a même réufli quelquefois dans des cas qui pa-
1 oifloiem bien moins favorables , que ne promet-
toient de l’être d’autres cas Ou l’on n’a eu aucun
fuccès. Ainfi, bon a opéré très - heureufemem ,
comme nous-venons de le v o ir , dans quelques cas
d’Aneurifme de l’artère fémorale *, quoique l’on
eût lié le tronc même de cette artère : tandis
qu’on a fouvent opéré fans fuccès fur lar-
tère poplitée } c’eft - à - dire que, dans le premier
cas, on a pu conferver la circulation dans
la partie inferieure delà jambe, tandis que dans
le fécond, où bon pouvoir plus raifonnablement
fe flatter d’y réuffir , on à vu la jambe demeurer
froide après l’opération, aucune circulation ne
s’y eft rétablie, & le malade eft mort bientôt
après de gangrène.
Ces différences de fuccès ont donné lieu à des
opinions bien oppofées relativement à 1 utilité de
-cette opération. Les uns l’ont condamnée-, comme
ne pouvant jamais être d’aucun avantage , excepté
fur les petites artères des extrémités. *, tandis que
d’autres ont affirmé qu’on pouvoit, dans tous les
cas, Ja pratiquer fur les plus gros troncs artériels
du bras ou de la cuifie ,.. ave.c la plus grande
probabilité de fuccès.. _
On peut expliquer cette contrariété d’opinions,
parce que nous avons dit tout-à-l’heure relativement
à l’âge & au tempérament de ceux fur
lefquels on opéré*, car on peut aflez raifonnablement
attribuer les bons ou les mauvais fuccès
de cette opération à la facilité plus ou moins
grande du fyflême artériel , à fe dilater dans
différentes époques de la vie. C’eft pourquoi, fi
die réuffiflbit mal chez une perfonne^ âgée, &
infirme, quoique faite dans la partie inférieure
du bras ou de la jambe, ce manque de fuccès
ne devroit point détourner d’y avoir recours,
lorfque le fiège du mal feroir dans un endroit
beaucoup moins favorable , quand le malade eft
jeune & d’un bon tempérament.
Vu traitement de l'Aneurifme.
Après avoir parlé des différentes apparences,
& des caufes de l’Aneuriftiie , ainfi que des cir-
conftances qui peuvent fonder un pronoftic , nous
allons nous occuper de la manière de le traiter.
I. De la cure de V Aneurifme par la comprejjïon.
Dans tous les cas d’Aneurifme, de quelque
efpèce qu’il fût , on a recommandé la compref-
fion comme un remède général , non-feulement
dans les premiers périodes de la maladie ÿ mais
même lorfqu’elle eft déjà plus ou moins avancée.
Depuis long-tems cependant on s’eft borné
à preferire ce moyen pour la cure des Aneurifmes
récens, ou la tumeur ne contient que.du fang
fluide qui rentre facilement dans l’artère -, c’eft
la même méthode qu’on a été dans l’ufage d’employer
pour prévenir les fâcheufes conséquences
de la piqirure d’une artère dans l’opération de la
faignée. Vaye\ Saignée.
Les Auteurs recommandent donc,lorfqu’il fe préfente
un Aneurifme faux , peu confidérable , & où
l’épanchement du fang eft peu étendu, de faire rentrer
d’abord avec le doigt le fang qui féjourne dans
la tumeur, & de tenir le doigt fur l’ouverture
de l’artère pour empêcher qu’il n’en forte, & ne
rempliflè de nouveau le fac Aneurifmal-, en même-
tems qu’on appliquera fur cette partie un morceau
de papier mâché & bien exprimé , ou un
emplâtre aftringent, ou une pièce de monnoie
dans* une comprefle. Ils preferivent de mettre
par - defliis une fécondé & une troifième com-
preffe plus épâifles & gfaduées, enfuite de faire
fléchir l’avant-bras au malade, & de. contenir
ces compreffes par le bandage de la faignée , en
employant deuj bandes, afin qu’elles foient plus
fortement maintenues en place, & que 1 artère
plus exactement comprimée, ait moins de peine
à fe réunir. Ils confeillent de placer fur tout le
trajet de l’artère, depuis l’endroit de la piquure
jufqu’à l’aiffelle, une comprefle longue, étroite,
& épaifle, qu’on affujetrit avec une bande particulière
roulée en doloire autour du bras, pour
diminuer, par une douce compreflion la force de
l’impulfion du fang contre l’ouverture du vaiffeau.
Ils aflurent qu’au moyen d’une femblable com^-
preflion continuée pendant quelques femaines »
ou pendant quelques mois, on peutfe flatter de
guérir fouvent l’AneuriCme. Si cependant le bandage
dont nous parlons, ne faifoit pas une çompreflion
fuffifante, on meftrpit en ufage queî-
qu’une des machines que les Chirurgiens ont
inventées pour lacompreffion des Aneurifmes ', ces
machines pouvant, non-feulement arrêter les progrès
de la tumeur Aneurifmale, mais fouvent
encore la guérir radicalement avec le tems , lorf-
q.u’elle n'en pas d’un volume confidérable. Voyez
la repréfenration de quelques-unes de ces machines
dans les PI. fig. 37, 58 & 39.
Il n’eft pas douteux que l’on n’ait dans un
périt nombre de cas opéré une guérifbn.par des
moyens de cette nature. Mais indépendamment
de l’extrême incommodité que caufoient ces bandages,
& ces machines, dont il falloir fupporter
la preflion pendant fi long-tems, pour en obferver
l’effet defiré , il eft aifé de voir qu’aucun de ces
moyens ne pouvoit fervirà comprimer l’artère, fans
comprimer en même-tems les veines \ circonftan-
ce qui ,en augmentant la réfiftance aux impui-
fions du fang artériel , devoir néceflairement augmenter
la force avec laquelle ce fang frappoit
contre l’ouverture du vaiffeau -, en forte que , non-
feulement cette, méthode ne pouvoit pas avoir
de grands avantages, mais qu’il eft à préfumer, au
contraire, qu’elle a été plus nuifible qu’utile dan«
la plupart des occafions.
Mais quoique l’on ne doive peut-être jamais
faire ufage de la camprefëon, dans aucun période
de l’Aneurifme par épanchement, excepté, comme
nous l’avons dit ci-deflus , le cas où l’artère affectée
fe trouve dans le voifinage d’un os, qui lui donnant
un point d’appui, augmente beaucoup l’effet
de ce moyen, en même-tems qu’il en facilite l’application,
on peut fouvent en retirer aflez d’avantage
dans le traitement de l’Aneurifme enkyfté.
Dans les premiers tems de cette maladie, tandis
que le fang eft encore aflez fluide . pour q uoa
puiffe , en comprimant le fac av'ec les doigts, le
faire rentrer dans l’artère, on peut fouvent*, à
l'aide d’un bandage fouple & élaftique, adapté
convenablement à la partie, 'empêcher la tumeur
de beaucoup augmenter ; & même il eft arrivé ,
dans quelques c a s , que le fourien confiant qu’orx
a donné par ce moyen à l’artère malade a fuffi
pour procurer une gûérifon complette. Dans
i’Aneurifme variqueux en particulier, où comme
nous l’avons d it, il ne fera que bien rarement néceflaire
de recourir à l’opération, on peut retirer
de grands avantages d’une compreflion modérée.
M. Ànt. Brambilla a donné, dans le premier
vol.des Mémoires de l’Académie de Chirurgie devienne
, deux obfervations d’Aneurilme variqueux
récens, qui ont été guéris par la méthode ordinaire
, d’une forte compreflion long-tems continuée.
Dans l’un de ces deux cas, la cure a duré
fix mois *, dans le fécond , elle en a pris quatre
& demi. L’articulation du coude chez le premier
malade avoit perdu pendant ce tems un peu de
fon mouvement, & l’avant - bras étoit devenu
légèrement atrophié. Dans un troifième cas, où