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avoir confu’.té le D. Culien. Revenu à Londres,
Hunter fe mit à enfeigner P Anatomie ; fa
manière aifée & claire, les points de vue lumineux
fous lefqueis il fut préfenter à fes auditeurs
les cçnnoiflances profondes qu’il avoir prifes fous
fes Maîtres & dans les pays qu’ il venoit de parcourir
, lui attirèrent un grand nombre d’élèves.
Il devint bientôt un des Profeffeurs les plus distingués
de Londres, & commença dès-lors à
tellement enrichir la fcience qu’il’ enfeignoit,
qu’il eut peu de rivaux dans fa carrière. Il fut
reçu, en 1747, daus la Compagnie des Chirurgiens
de Londres ; fa réputation en Anatomie
lui procura bientôt une très-grande pratique, notamment
dans la partie des accouchemens •, ce
fut à cette époque que l’Univerfité de Glafcow
jaloufe de pofféder un homme fi diftingué, lui
déféra les honneurs daDoélorat. Il fut reçu, en
1756 , Membre du Collège des Médecins à Londres,
& bientôt admis dans la Société Royale.,
où il fe rendit recommandable par différens
Mémoires qui font inférés dans les Tranfaélions
Philofophiques. Le D. Hunter fut fiiccefliveinent
promus à différentes places honorables & lucratives.
Il fut nommé Médecin-Accoucheur de la
Reine , Profcffeur d’Anatomie de l’Académie
Royale des Arts, Membre de celle des Sciences
de Paris. A ne confidérer Hunter que comme
Profeffeur, on peut dire de lui que c’étoit l’homme
d’Horace, qui favoit mêler Vutile au dulce.
Avec une expreflion claire i une modeftie naturelle
, & un defir d’être utile , il favoit adoucir
l’ennui des defcriptions fouvent tr.op fèches dans
les détails, par des récits facétieux , faits à-propos
, & par-là convenables pour fixer l’ attention
fouvent vagabonde des élèves, & enrichir leur
efprit de connoiffances utiles. Employé, comme
l ’a été Hunter, pendant une longue fuite d’années,
près des perfonnes de la plus haute dif-
tindlion , & confulté comme Anatomifie, de tous
les coins du Royaume, dans les cas les plus épineux
de Chirurgie,fon revenu dut être immenfe.
11 crut au-deffous de lui de fe l’approprier , mais
qu’il devoir en faire ùfage pour l’avancement
d’une fcience qui le lui avoir procuré. N’ayant
jamais été marié, & fort éloigné de l’efprit
d’oftentation & dès plaifirs, il fut conformer fa
dépenfe à ce que demandeur fa profeflion. Ce
qu’il recevoir paffoit à fon Mnféum , qui confi-
déré fous plnfieurs points > notamment fous ce
qui a rapport à l’Anatomie, peut être, regardé
comme l’unique dans l’univers. Nous ne dirons
rien des préparations anatomiques qu’il contenoit,
parce qu'on 'conçoit bien qu’un homme tel
qu’Hunter, q u i, pendant près d’un demi-fiècle,
a toujours luivi cet objet, devenu pour lui
fa feule Jouiffance , a du amaffer beaucoup
dechofes intérefîantes & inappréciables. Mais
l’Anatomie humaine & comparée ne forme qu’une
partie de fon cabinet 3 il fe trouve encore enri-
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chi d’une collection do médailles grecques & romaines,
qui eft bien plus précieule que celle de
l’Empereur , à Vienne, & de livres rares, qu’on
ne peut trouver que dans les Bibliothèques royales.
Les bâtimens & les dépenfes de fon Muféimi
montent, dit-on, à cent mille livres flerlings.
Ses planches fur la matrice dans l’état de grol-
fefl'e, ainfi que fes autres ouvrages, annoncent
fuffifamment fes profondes connoiffances & fon
infatigable induftrie, comme fa ddfcription des
médailles grecques indique fa munificence fans
bornes. Ainfi travailla Hunter pendant une longue
fuite d’années, pour le bien de rhnmanité.
entière, & l’on peut vraiment dire que ce ne fut
point envain. Ses païens infiruétifs & amufans ,
les facéties, fon éloquence, fonfavoir, fa juftice
dans l’acquifition de fes richeffes, fon efprit à
bien les. employer, font afiurés dans leur exif-
tence par des monumens durables. Le D. Hunter
a été malade pendant quelque tems, mais
fa convalefcence depuis ne lui permit pas de
nouveaux travaux. L ’inquiétude que fes pupilles
n’en fouffriffent, lui fit entreprendre quelques
leçons, pour fervir d’inrroduâion à d’autres fur
les opérations de Chirurgie ; mais les fatigues
qu’il éprouva lui oecafionnèrent une rechute qui
fe termina à mal, en mars 178Z, malgré les foins
affidus de fes Médecins.
Le D. Hunter a légué fon Muféum à l’Uni-
verfité de Glafcow ; mais il en a laiffé la jouif-
fance à fon neveu, le D- Baillie & à M. Crui-
skshank, qui J ’a aidé pendant fes dernières années
dans l’enfeignement de l’Anatomie. Il a laiffé
aufli à l’Univerfité de Glafcow la fomme de huit
mille livres fterlings,dont la moitié eftpour l’entretien
du Muféum, pendant tout le tems qu’il fera
à Londres; & l’autre , avec tout le capital, à la
difpofirion de l’Univerfiré de Glafcow, pour l’achat
d’un terrein, l’élévation d’un édifice propre
à recevoir le Muféum , & les établiffemens qui
peuvent contribuer à.l’avancement de la Méde-
cihe & de l’Hiftpire Naturelle. L’intention du
D. Hunter, en faifant de pareils legs, a été de
perpétuer les bienfaits qu’il a reçu du public
pendant fa v ie , en récompenfe de fa grande' capacité,
& de fon ardeur infatigable à la recher*
che de tout ce qui regarde les Sciences. On ne
peut douter que fes deux fucceffeurs en A»ato-
mie MM. Crurkshank ( 1 ) & Baillie, ainfi que
l’Univerfité de Glafcow ne s’efforcent de répondre
aux vues dont on les a honorées, de manière
que la mémoire du D. Hunter n’en brille encore
d’un nouvel éclat. (Extrait des Medical Com-
mentaries. V I I I vol.)
Le D. Hunter eft le premier qui nous ait donné
des notions précifes fur la hernie de naiflance ,
( 1 ) Celui-ci a donné, il y a quelques années > un Traite
fur les vailfeaux abforbans, dont] la Traduftion a paru 3
Paris, en 1788: C*eft Je développement des conpoiJTânccs
d u D , H u n i e r , 2 c d e c e f a v a n t A n a t o m i f i e .
dan«
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dans ces cas où l’ inteftin eft renfermé dans la J
tunique v a g in a le , & touche le corps du tefti- î
cule à nud. Il a donné encore, dans le p r e m i e r '
& fécond volume des Medical Observations and
Jnquiries , de fort bonnes Obfervations fur i’Ané-
vrifme par Anaftomofe , c’eft-à-dire, dans lequel
'il y a une communication établie entre
1 artère & la veine: Hunter, en Praticien habile,
entre dans des détails fur ce genre de maladie,
il en développe les fymptômes, & termine par
le tr a i t em e n t qu’elle exige. Il appuie-fes affectio
n s fur différens faits, dont quelques-uns lui
font particuliers, & d’autres qu’il a pris des
Auteurs les plus connus & les plus eftimés. Il a
donné, dans, le même ouvrage que nous venons
de citer, l’hiftoire d’un emphysème fingulier ,
d’où il prend occafion de d o n n e rv u n e . e x p lic a tio
n anatomique & p h y f io lo g iq u e , fur l’origine
& la nature du tiflu cellulaire. {M. P e t i t -
Rade z.)
HYDARTHRUS ,• ou Tumeur blanche. T u meur
d’une articulation, affrétant fur-tout celle
du genou; lente dans fa formation & dans fes
progrès, accompagnée d’une douleur légère, qui
augmente peu-à-peu, au point de rendre infup-
portable le plus léger mouvement» formée par
un degré de gonflement des os, par celui des
parties molles qui les entourent, & par un amas
plus ou moins abondant de fluide fanieux ou purulent.
La peau, pendant long-tems,- ne change
pas de couleur; elle s’enflamme ènfin & s’ulcère ;
..sesveines, à fa furface, deviennent variqueufes.
Cette maladie attaque particulièrement les fujets
fcrophuleux. Voyei A r ticu la tion & T umeur :
BLANCHE. : : ' ' ' v ' ' ' ;
H YDA T IDE . t<t uns, Aquula. Ce mot a d’abord
été entièrement confacré à défigner une tumeur
graifleufè de la paupière fupérieure, ainfi qu’on
le peut voir dans les Definitiones Medices de
Gorrée; puis Celfe lui a fubftitué la dénomination
de vefica pinguis; enfin l’on eft revenu à
la nomenclature première, mais en lui donnant
un autre fens; c’ eft-à-dire, qu’on a entendu par
elle les véficules pleines d’eau qui paroiffent en ,
différentes parties du corps, notamment dans lesr-
vifcères pulpeux : tels que le foie , les ovaires,
le placenta & les différentes glandes deftinées à
opérer unefécrétion évidente. On prétend qu’Hip-
pocrate a eu connoiffance des Hydatides prifes
dans cette .dernière acception; on cite même
pour le prouver, l’aphorifme fuivant : QiAbus1
jtcur aquâ plénum in omentum eruperit, kis venter
aquâ impletur, & moriuntur. Nous ne chercherons
point i c i , par une érudition déplacée à faire
valoir dépareilles prétentions, mais nous dirons
que, quelqu’aient été les notions de cet Auteur
fur les Hydatides, néanmoins il ne dit rien relativement
à la manière dont elles fe forment.
Quelques Auteurs de ce fiècle ont cru devoir
Chirurgie, Tome I . 'r I L e Partie<
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les rapporter à l’extenfion d’un vaifleau lymphatique,
portée au plus haut point, entre plnfieurs
de fes valvules. On conçoit à peine comment
le calibre d’un vaifleau de ce genre, dont les
membranes font fi délicates, peut parvenir au volume
d’une orange, qui eft la groffeur où l’on
a vu certaines Hydatides de l ’abdomen être portées
-, & avoir des tuniques é paiffes, proportionné-
’ ment à ce volume ; comment il peut y en avoir
pluûeurs renfermées les unes dans les autres ,
comme il en eft fait mention dans le Mémoire
de Pétersbourg , & comment il en eft .qui
flottent détachées dans la cavité du bas-ventre ,
ainfi qu’on en cite dans les Tranfaélions Philofophiques
, & dans les Obfervations Anatomiques
& Chirurgiques de Ruifch. On ne conçoit pas plus
comment la formation en feroit due aux vaiffeaux
fanguins, ainfi que le vouloit ce dernier Auteur,
( 1 ) ou à la condenfarion des parties vifqueufes
qui font mêlées aux eaux dans le cas d’afeite, comme
l’ont foutenù quelques-uns. Tout porte à croire
qu’on doit rapporter les Hydatides à une maladie
du tiffu cellulaire ; il n’y a que cette membrane
qui puifle, en certaines circonfiances, fe
développer & former de femblables dégénérescences,
dont la forme & la texture varient félon
l’organe où elles fe font formées. Morgagni qui
a envifagé la formation des Hydatides, fous ce
dernier point de vue, leur rapporte les diverfes
cicatrices qu’on obferve quelquefois fur le foie,
le coeur & le tefticule; il dit même avoir pris
la maladie à un terme moins avancé, & avoir
trouvé des portions de membrane, qui en fe
contractent de plus en plus, euffent par la fuite
formé une véritable cicatrice. Cependant le D. Pal-
las, il y a quelques années, les a regardées dans
une Differtanon qu’il a donnée à cefujet, Comme
le produit d’animalcules particuliers, & dernièrement
M. Percy lut à l’Académie un Mémoire en
confirmaiion de cette théorie. Nous pourrons
revenir par la fuite fur cette matière.
Les Hydatides fe forment à l’extérieur des
vifeères ,fous la tunique qui les recouvre, où elles
naifl’ent dans leur intérieur, & femblent même
en former toute la fubftance. Les Auteurs, & notamment
Ruifch,font ainfi mention de rates, &
de placentas, entièrement convertis en une tnaffe
d’Hydatides; j ’en ai vu de femblables dans le
cabinet dé Windmill-ftreet à Londres.‘L ’humeur
quelles contiennent eft de la nature de la lymphe
albumineufe ; elle eft fufceptible de fe coaguler
par la chaleur , & ne peut fe porter d’une
véficule dans une autre, quand on la pouffe par
une preflion modérée. Quand ces véficules font
réunies enfemble, chacune par leur pédicule, &
( i ) Hÿdatidas elle extremitates vaforum fânguiferorum
quæ priorem fuam mutaverint natarara, atquè in vitiofairç
degencrayerint. Fabricum adyerf, D e c . I , cap. 21
pO O Q