
il éprouva un retour de Cancer au même endroit,
avec engorgement des glandes maxillaires» Un
autre Chirurgien entreprit de le guérir par une
nouvelle opération , mais la future entortillée
attira une inflammation confidérable *, les glandes
déjà engorgées , & toutes celles des environs
qui ne l'étoient pas , fe tuméfièrent prodigieu-
leinem , & l’ulcère cancéreux finit par tuer le
malade»
Ces faits ne paroîtront peut-être pas à tout
le monde aufli concluans qu’ils le paroiftènt à
M. Louis, & ne prouvent autre chofe qu’une
vérité déjà bien démontrée, c’efi que l’opération
ne réuflit pas toujours pour la gérifon du Cancer,
fur-tout quand la maladie a déjà fait de certains
progrès. La preuve que le défaut du fuccès dans
ces deux cas ne doit pas être attribué à la future,
c’efi que. dans l’un & dans l’autre la réunion fe
fit fort bien ; que l’un des malades mourut d’un
abcès qui pouvoir dépendre de toute autre marche
que du vice Cancéreux.} que chez l’autre lé
mai ne reparut à la joue qù’aflèz long-temps
après} accident qui peut avoir lieu > fort qu’on
ait employé la future ou non, comme M. Louis
en a été lui-même témoin dans un autre cas qu’il
rapporte, où l’extirpation d’un Cancer de médiocre
étendue à la lèvre, & la réunion de la plaie
faite Amplement au moyen d’un bandage unif-
fant, n’eropêchèrent pas une rechûte au bout de
quelque tems. D’ailleurs,indépendamment de l'autorité
de M. le Dran, que nous avons déjà citée.,
ily aune multitude de faits qui prouvent l’utilité
de cette méthode. M. Bell raconte le cas d’un
homme qui, après avoir deux fois fubi l’extirpation
d’un Cancer à la lèvre inférieure, fans
qu’on eut entrepris de réunir les bords des parties
faines, avoit éprouvé chaque fois un retour
deda maladie , peu-après que la plaie s’étoit cica-
trifée. Comme il refiôit ^encore une affez grande
étendue de la lèvre pour permettre la future, on
retrancha de nouveau la partie affeélée, & on
fit fa réunion par ce moyen. L’opération réuflit
complètement, &huit ans après, le malade n’avoit
eu aucune rechûte. M. Hil.l raconte aufli piufieurs
obfervations du même genre. Il parle entr’autres
d’un homme chez qui il emporta une portion
de la lèvre inférieure de deux pouces d’étendue,
par deux inciiions qui fe rencontroîent à l’ex- _
irémité du menton. Cette grande plaie, ditril,
fut cicatrifée au bout de huit ou dix jours, par
la future entortillée, faite avec quatre aiguilles
& un point de future au bord de la lèvre. Le
malade vécut encore treize ans fans rechûte, &
mourut âgé de quatre-vingt douze ans. Il eut le
même fuccès chez un autre malade, de la lèvre
& du menton duquel il emporta deux ponces
quarrés de parties affeéiées du Cancer} la plaie,
malgré fon irrégularité & fa forme peu favorable, j
s’étant très-bien cicatrifée au moyen de Ja fu-
piil
D u Cancer des Famcneurs.
U y a une efpèce de Cancer que M. Poff a décrit
le premier , fous le nom de Cancer des ramoneurs,
qu il importe d’autant plus de faire con-
noitre aux Praticiens, -que fi l’on fe trompe fur
fà nature, dans les commencemens, il entraîne
certainement les fuites les plus funefies. -Nous
rapporterons les. propres paroles de cet Aureor.
c< C eft une maladie qui commence toujours
»par fe manifefter à la partie inférieure du fcro-
»rum, où elle produit un ulcère fuperficiel >
» douloureux, dentelé, qui préfenre un mauvais
•» afpeél, & qui a des bords durs & élevés. Je
» ne I ai jamais vu avant l’âge de pubeiré ; ce
| 99 qui je crois, eft une raifon pour laquelle il a
«été pris communément, tant par le malade que
99 par le Chirurgien , pour un ulcère vénérien } &
j » lorsqu'il eft traité, en conféquence de cette
| »opinion, par les remèdes mercuriels, il s'ir-
»rite promptement & devient très-mauvais. En
j »peu de temps il s’étend fur la peau , gagne le
» dartos, les membranes du ferotum, & attaque le
99 tefticule qui devient gros & dur. De-Jà,il s’étend
»en haut, le long du trajet des vaiffeaux fper-
» manques, & jufques dans la cavité du ventre,
» en afïeélant fouvént les glandes inguinales,
» & en occafionnant leur induration. Enfin , lors-
»qu’il eft parvenu jufques dans l’abdomen , il
»attaque quejques uns des vifeères, & foit en-
»fuite très-promptement périr le malade an
»milieu des plus cruelles douleurs.
< 33 S’il eft quelque moyen d’arrêter le progrès
33 de ce mai , ou dans prévenir l’effet funefte,
»il confifte à extirper promptement la partie
»affetfiée} c’eft-à-dire la partie du ferotum où
» eft l’ulcère. Car 1 on le laiffe fubfifter jufqu’à
33 ce que le virus ait attaqué le tefticule, il fera
33 alors trop tard, le'plus communément , pour
»faire même la cafiration} j’en ai piufieurs fois
» tenté l’expérience. Mais quoi que les ulcères,
»après cette opération, fe foient bien guéris,
»& que les malades foient Jorris de l’Hôpital
»en apparence en bon.état, néanmoins il eft
»arrivé, dans l’efpace de quelques mois, qu’ils
»font revenus ayant le mal, ou dans l’autre ref-
» ticule, ou dans les glandes de l’aine j ou avec un
35air fi défait, un teint fi pâle & fi plombé, un
» dépériffement & un affoibliffement fi grand , &
» des douleurs internes., fi fréquentes & fi aigues,
»que l’on voyoit clairement que quelques-uns
»de leurs vifeères étoient dans un état de maia-
; » die. En effet, les douleurs furvenoient bien-
» tôt dans ces parties, & ils périflbient en peu
'»de teins.
» S’il eft des cas où l’on air lieu d’efpérer de guérir
»lé Cancer par l’extirpation , il parole que c’eft
»celui-ci} .mais il faut que l'opération foitfaite
| » promptement * & avant que la conftitutioo foit
»altérée p?.f le virus. Il y a apparence que la
j? maladie , chez les ramoneurs, doit fon ori-
»gine à la fuie qui fe loge dans les rides' du
jj ferotum , & quelle n’attaque pas d’abord le fyf-
j j tème en général } d’ailleurs les fujets font jeu-
jj nés, leur çonftitution eft ordinairement bonne &
j j faine, au moins dans le commencement} ils
j j doivent à leur genre de travail le mal dont
j j ils font attaqués, lequel eft purement local}
jjcirconflance qui eft d’autant pins vraifemblable
j j qu’il affc-cle toujours la même partie. Au refte,
j j le fcrQtum h’eft pas un organe vital , on peut
»j en amputer une partie fans redouter le plus
j j léger inconvénient} & s’il eft poffible de con-
jjferver la vie par l’extirpation de toute la partie
»qui eft altérée, c’eft affurément un moyen très-
» bon & très-facile } car lorfoue le mal s’eft éten-
»du, il fait des progrès rapides,, caufe les plus
»grandes douleurs, & finit très-certainement par
»faire périr le malade.
Hrfoires de differens cas de Cancer , propres à
éclaircir & à confirmer la doctrine ci-dejjiis
erpofee.
Après être entré, autant qu’il nous a été poflî-
ble , dans tous les détails néceffaires pour faire
connoître cette maladie , ainfi que fes caufes
vraies ou fuppofées, & les principaux moyens
que 1 art a imaginé pour la foulager & pour la
guérir-, après avoir établi fur ces différens points
la doélrine, qui nous a paru la plus raifcnnable,
nous croyons ne pouvoir mieux terminer cet
article, que par le récit de quelques cas rapportés
par les Auteurs, afin de ne rien négliger
de ce qui peut aider nos leéteurs à prendre
une idée nette d’une maladie aufli cruelle, leur
faire fenrir combien il. importe de l’attaquer de
bonne heure par les moyens les plus aéfifs, &
.montrer en même-teins les avantages de la méthode
d’opérer^ que nous avons recomm ndée,
lut celle qui n’eft encore que trop généralement
admife. Nous commençons parl’hiftoirè de quelques^
cas des moins fa vorables, & où les fecours
de 1 art ont été le moins effi aces.
, Cas. Une femme, âgée de cinquante ans,
sapperçur, peu après la ceffation de fes règles,
qu elle a oit a > bord de la mammëile une tumeur
greffe comme une noifette, mobile & placée fous
les téguTTums. M. Martin , Chirurgien de Lau-
janne, éranr confulté, fit tout ce qu’il put pour
• y* perfuader de fouffrir qu’il en fît l’extirpa-
tiop} mais la d îme effrayée au féal nom d’opération
, ,fuï vit le confeil d’un autre Chirurgien qui
promu de la guérir par des moyen* plus doux.
« Martin fut mandé trois moi' après, & trouva
S ma,ade mourante par dé fréquente^ bémor-
«Mfc L fumeur avoir dégénéré en Cancer}
elle étoit prodigîeufeir.ent g'oftie, ulcérée, d’une
Qûeiit; mlupportabLe, & très-adhérente aux côtes j
| la malade le conjura de lui faire l’opération} mais
il s’y refufa voyant fa perte certaine, & la malade
mourut dix-fept jours après. Mémoire de
M . h Dran fu r le Cancer, obfervation XVIII.
C as 2. Une Reiigieufe. s’apperçur d’une tumeur
qu’elle avoit à la mammelle gauèhe} cette
tumeur s’étendit, en fix mois, par tome la mam-
melle, &' gagna les glandes de l’aiffelle } enfuire
elle s’ulcéra avec les douleurs les plus aigues,
qui répond oient à l’épaule & à tour le bras. Malgré
toutes ces fàcheufes'circonllances, M. Manne,
après une confuiration de ^piufieurs Médecins
& Chirurgiens, en fit l’extirpation } il difiequa
enfuite avec attention, vu la proximité des vaïf-
feaux axillaires, les glandes qui étoient gorgées
fous l’ai fiel le & les enieva. Il panfa la plaie félon
; l’art, & elle guérit parfaitement. Mais, craignant
une rechûte, il crut devoir établir une évacuation
habituelle pour donner une iffue au virus
cancéreux, & ouvrit pour cet effet-%n cautère
.à chacun des quatre membres. Cette attention
fut inutile, car il s’engorgea par la fuite
piufieurs glandes qui devinrent carcinomareufes,
& la malade mourut. Mémoire de M. le D ran ,
obferv. XXIII.
C as 3. Un homme de quarante- cinq ans, d’une
affez bonne cotnplexion, & demeurant à la campagne,
vint à Paris confnlrer M. Malaval pour
un farcocèle confidérable. Il lui dit que fon refit-
cule avoit beaucoup grofli depuis trois mois3
qu’il étoit devenu depuis peu affez douloureux,
& que- les douleurs étoient lancinantes. Comme
le cordon fpennatîque étoit encore libre auprès
de l’anneau, M. Malaval propofa l’opération,
& la fit d’après l’avis de deux de fes1 Confrères.
La plaie fe cîcarrifa , & le malade retourna chez
lui guéri. Trois mois après il revint trouver
M. Malaval, ayant à la partie antérieure du cou,
une grofle tumeur qui avoir commencé à fe for-
-mer dans les glandes qui font entre les deux:
branches du tnufcle fealène gauche. Elle s’étoit
alongée jufqua la partie antérieure, de manière
quelle fembloitêtre un gouëtrey mais c’étoit un
vrai Cancer, comme celui qui s’éfoit formé au
tefticule. En deux mois elle étoit devenue de la
'grôdeur de deux points, & fon volume fufFoqua
le malade. Mémoire de M. le D ran , obferva-
tion XXXiy.
C as 4. Madame John lion, deDumfries, avoir
fur le menton une excroifiance de même couleur
que la peau , & greffe comme une tête d’épingle.
En deux-ou trois ans, elle avoit augmentera«
point que fa bafe o cupoir la plus grande partie
de l’ocnémité inférieure du m nion, 8c quelle
j s’élevoit en forme de corne. Elle s’adrefia à
j M. Flili pour qu’il en fît l’extirpation} mais ce
j Praticien ne sy prêta qu’avec répugnance} il fit
j cepenefîm ! opérjtiorr-y cpn. d’a’oord parut réuflir,
| la plaie s’étan; fort bien cicatîiSc«} mais quelques '
1 temps après le Cancer reparut en trois différens