la maladie datoit de trois mois & demi, la
même méthode fut parfaitement inutile. Ces
faits, même les deux premiers,qui prouvent qn’çn
peut guérir une bleffure de Tarière par une forte
compreflion , font peu cependant en faveur de
cette méthode; les inconvénient qui en font la
conféquence .même dans le cas- de TAneurifme
variqueux, où les effets de la coinprefit'n des
veines lotit moins à redouter que dans TAneu-
rifme par épanchement : ces incon venions, dis-je,
font douter, fi, dans un Cas d’Aneurifme variqueux
récent, il ne vaudroit pas mieux fe contenter de
fourenir doucement les parties , que d’en tenter
la guérifon radicale, toujouis incertaine par un
pareil moyen.
Quelque avantage qu’on ait pu retirer d’un
certain degré de eompreiiion dans des casd’A -
heurifme tnkyflé, il faut bien prendre garde à
ne jamais la porter trop loin , .car dés bandages
très-ferrés occafionnênt une réaélion trop grande
des parties de l’an ère fur lefquelles on les applique
;*& 'au lieu de remplir le but qu’ôn en
attend , ils ont lbuvent un effet, diamétralement
oppôfé. On préférera .donc une eompreiiion
modérée à une compreflion très-forte ; la plus
utile paroît être celle qui ne fait que foutenir
doucement les parties, fans aller au-de-là.
S* H. De V ufage du régime antiphlogifiique.
Mais tandis qu’on fait ufage de la eompreiiion,
il ne faut pas négliger les autres moyens qui
peuvent retarder les .progrès du mal ; tels font
ceux qui tiennent au régime & les remèdes tirés
de la clafle des rafraîchiflans. Le malade doit
être tenu à une diète févère ; on lui fera de
lems en teins dps petites faignées, quand cela
lui paroîcra nécèuaire t.on lui tiendra le ventre
libre , & Ton ne-lui permettra aucun exercice
violent, fur-tont de la partie affeélée. Dans les
dernières périodes de i’Aneurifme , lorfque la
tendon & la douleur ont Beaucoup augmenté ,
les anodins font très - utiles ; & même ils font
alors, ainfi que dans bien d’autres Cas, la feule'
clafle de remèdes dont on puifFe tirer quelque
avantage.
On doit particulièrement avoir recours à ces
moyens jjailiatifsdans les cas d’Aneurifme, pour
lélqnels on ne croit pas qu’il foit convenable d’entreprendre
aucune opération, & fur-tout dans
ceux qui fe troftvent fitués en quelqu’autre endroit
qm rend l’opération abfolument impraticable ;
>1 faut fe contenter de foutenir la partie affeélée
par une douce compreflion, routes les fois que
la chofe eft poflible; prévenir la pléthore par le
régime , la diminuer par des petites faignées
forfquelle exifte, défendre au malade toute
efpèce d’exercice, & lui adminiflrer de l’opium ,
eu md les douteurs y ont au point de rendre ce
u-Bîçde qéeeflaire*
Ç. III. De topération pour VAneurifméi
Lorfque Ton n’a pas réufli à empêcher le développement
de l’Anèurirme , ou lorfque la
maladie fe préfente c^rnme il arrive le plus fou-
venr dans un état déjà très*- avancé , il faut
avoir recours à l’opération dans le cas où elle
eft praticable. Nous allons dire la manière de
Tex écuter.
La première chofe à faire eft de fe rendre maître
de la circulation du fan g dans les parties inférieures
du membre afFeété, au moyen du tourniquet.
' Enfuite, il faut placer le malade de manière
que le membre affeélé, étendu fur une table,
fe trouve à ia hauteur convenable > pour que le
Chirurgien puiffe agir commodément ; & comme
l’opération eft ordinairement très - longue , il
convienr qu’il puifle opérer aflis. Le membre
étant bien fixé dans cette pofitiop par un aide,
1 Opérateur doit incifer avec un biflouri la peau
& le tiffu cellulaire fur toute la longueur de fa
rumeur *; & comme il eft très-important «d’avoir
aflèz de place pour conduire facilement le refte
de l’opération, on eft dans T ufage ,de prolonger
cette incifion extérieure, un demi-pouce au-dtflus
& au-deflous des extrémités de la tumeur.. Il ne
fauroit y avoir d’inconvénient à donner beaucoup
d’étendue à cette première incifion ; le Chirurgien
q u i, par timidité , ou par un ménagement
mal jugé pour fon malade , a craint de la faire
trop grande , s’eft trouvé , fort fouvent embar-
'raffé*, loffqu’il s’agifloir de fairq la ligature de
l ’artère.
Après qu’on a incifé les tégumens , Ton eft dans
T ufage de procéder d’une manière très-lenre , &
très-circonfpecïe ; 'on diffèque couche après couche
les parties jufqu’à ce que l’on foit parvenu
à. découvrir l’artère. Cette.méthode rend Topé*-
ration très-longue, parce que Tépaifleùr des
parties qui recouvrent l’artère, eft toujours con-
fidérable, & quelquefois étonnante y les couches
membrâneufes s’étant formées en grand nombre
Tune fur l’autre, de la lymphe coagulable du
fang coriremie dans la tumeur. Une telle précaution
cependant n’eft réellement pas néçeflaire ;
l’opération pouvant fe faire de la manière que
nous allons indiquer , tout aufli bien, beaucoup
plus promptement, & encaufant beaucoup moins
de douleur au malade.
Auffi-tôt qu’on a fait Tincifion extérieure, il
faut, avec une éponge, ôter tout le fang qui vient
de s'épancher; & faire avec une lancette une
ouverture dans la partie la plus molle de la
tumeur, affez grande pour recevoir le doigt index
de la main gauche de l’Opérareur. Celui-ci ayant
introduit .fon doigt dans cette ouverture s'en
fervira comme de directeur pour ouvrir la rumeur
d’un bout à l’autre avec un biflouri à pointe
moufle, (fe haut en bas,:& enfuite de Bas en
hgm> afin que l'intérieur de fa cavité foit mi6
parfaitement à découvert. La courbure du tranchant
(lu’biftouri, ne doit pas être aufli confidérable
qu’on la fait ordinairement, parce que cela n’eft
pas nécéflaire; & que d’ailleurs Tinftrumcnt coupe
plus facilement quand fa courbure eft légère,
que quand elle eft plus marquée. Voy. les Pl.fig.88.
La cavité de la tumeur étant ouverte d’un
bout à 1 autre , on en tirera tout le fang coagulé
qui s’y trotove renfermé. On a inventé pour cet
objet, différons inftrumens en forme de curettes
& de cuillers ; mais il n’y en a point qui rem-
pliffe ce but aufli commodément, & avec moins
de douleur pour le malade, que les doigts de
l’opérateur. Celui-ci ayant enlevé tous les caillots,
ainfi que les filets membraneux qui fe trouvent ordinairement
dans le fac Aneurifmal , mettra la
cavité à fec , en ôtant tout le fang qui s’y eft
épanché, . & qui à été fourni par les veines des
parties intérieures qu’on a coupées en ouvrant
la tumeur. On lâchera enfuite le tourniquet , en
forte qu’il n’exerce plus aucune compreflion ,
afin de découvrir non feulement l’artère, mais aufli
1 ouverture par où elle a làiffé échapper le fang
qui.a formé Ifl tumeur ; après quoi on le ferrera
de nouveau,,^ & l’on procédera aux moyens
d’empê-her qu’à l’avenir le fang. ne continue à
s’épancher par le même endroit. On en a pro-
pôfé plufieurs pour remplir ce But ; nous en décrirons
trois principaux auxquels tous les autres à
peu- près peuvent fe rapporter.
1. ° La crainte de détruire la circulation dans
la partie inférieure du membre fur lequel on opère
en.liant l’artère affeélée, a fait propofer , il y a
long-teins, demeure fur fon ouverture un morceau
d’agaiicy dé vitriol, d’a lun, ou quelqü’aùtre
fublianee aftringente, afin de procurer , s’il étoit
poflible', la réunion de fes bords.
2. ° Sur le* même principe, c’eft-à-dire, dans
le but de conferver la liberté du canal artériel ,
M. Lambert, Chirurgien diftingué de Neweaftle,
a propofé, il y à- plufieurs années , de réunir l^s
bordide l’orifice du vaiffeau , par le moyen d’une
future entortillée & de paffer pour'cet effet d’un
bord à l’autre une petite aiguille qui ferviroit à
les rapprocher au moyen d’un f i l , en procédant
de la même manière qu’on le fait dans T opération
du bec'de lièvre (a) . ,
Mais il y a de bien grandes objeélions à faire à
Tune &.à l’autre de ces méthodes. D ’abord , nous
ne connoiflons aucune application aftringente dont
les propriétés méritent quelque confiance , pour
l’objet dont il s’agir. Car , quoique différens topiques
de cette nature aient réufli quelquefois, à
arrêter paffagéremènt des hémorrhagies, il y a
peu d’exemples qui prouvent, d’une manière bien
* (<*) Recherches 6c Obfetvations de Médecioe f vol. s ,
wt. XXx.
authentique, qu’on puiffe jamais en attendre un
effet permanent. Dan$ prefque tous les cas où on
les emploie , on voit l’hémorrhagie renaître à
différentes reprife-s, & tourmenter, non-feulemen»
le malade , mais aufli le Chirurgien qui lui donne
des foins. Aufli, dans la pratique ordinaire , Ton
ne fait plus de cas d’aucun moyen de cette efpèce.
Quant à la méthode de M. Lambert, qui cotv-
fifte ù réunir, par une future, les bords de l’orifice
de l’artère , elle eft certainement très-ingénieufe,
& il eft vraifemblableque, dans la plupart des cas,
on viendroit à bout, par fon moyen, d’arrêter très-
efficacement l’hémorrhagie ; mais comme autant
que nous pouvons en être informés, l’opération
n’a jamais été faite qu’ une fo is , cette feule expérience
ne fuffit pas pour faire, juger, s’il faut
l ’approuver ou la rejetter. Cependant fi , dams
un objet de cetre nature, on pouvoir fe permettre
de former une opinion d’après un ƒ impie raifôn-
nement , il y auroit deux objtélions à faire à cette
méthode. La première, c’eft que, dans prefque
tous les cas où l’on fait l’opération pour l’Aneu-
rifme , l’artère fe trouve à la partie poftérieuredç
ia tumeur ; en forte que ; lorfqu’on a enlevé tous
les caillots; la plaie fe trouve fi profonde , que
ce doit toujours être une chofe très-difficile , &
fouvent-tout-à-fait impraticable que d’exécuter
cette opération délicate fur l ’orifice de Tarière ,
avec'ternie l’attention & toute Texaélitude requifes
pour en affurer le fuccès. Il eft vrai qu'il arrive
quelquefois, que l’artère fe trouve à la partie antérieure
de la'mmeur , & alors la future de l’artère
ne ferort pas aufli difficile ; mais une femblable
pofirion des parties eft un cas fort rare; au lieu
que très-fouvent l ’artère eft limée fi profondément
qu’il paroitroit impoliible d’exécuter cette opération.
Mais.il y a une objection très-effemielle à faire
a priori à la méthode de M. Lambert : c’eft qu’en
faifant la furure de l’orifice de l’artère, on diminuera
probablement la-capacité du vaiffeau dans
cet endroit. M. Lambert avoue lui-même , en
fendant compte, du cas-où il a fait l’opération
dont nous parions , que le diamètre de l’artère fe
trouva un peu diminué. Or le pafiage du fang fe
trouvant ainfi reflèrré dans un point, fon impulsion
doit‘y être plus confidérable; & il peut
arriver quele remède même, employé pour guérir
une efpèce d’Aneurifme, devienne une caufe qui
a gifle puiffamment pour, déterminer la formation
d une autre ; car , TpbflruéHon du vaiffeau peut
occafionner une dilatation de fes membranes, dans
la partie qui eft immédiatement alt-defius de celle
où Je trouve le refferrement. -
Ces objeélions, au refte , q u i,ne font puifées-
qué dans la théorie, n’ont peut-être aucun fondement
réel ; & fi l’expérience venoir à je prou-
; v er, on pourroit regarder la méthode propofée
par M. Lambert comme devant être miÇe au rang
des belles acquittions de la Chirurgie moderne»