
Les Fradures (impies font encore diftinguées
en complexes & en incomplètes ; la compfette eft
celle où il y a divifion dans toute l’étën^ûë de
l’os', elle a fpécialementTieu dans les os longs;
l’incomplette eft celle où il refte encore quelque
chofei l’os, pour qu’on n^puiffc pas dire qu’il
eft entièrement rompu. Ce genre de Fradures ne i
s’obferve guères qu’aux os.du crâne, des hanches
& aux omoplattes.
On dit que la Fradure eft compofée, quand
un os eft rompu à différens endroits, ou que les
deux os quicompofent une partie, comme l’avant-
bras, la jambe, éprouvent unefolution de continuité
; cette diftinétion n’a guères de valeur que
dans les livres de théorie.
Enfin, une Fradure eft compliquée, quand elle
préfente une indication anflî urgente, & môme
plus que la coalition : telle eft celle qui feroit
accompagnée de fièvre, d’une violente douleur,
d’une plaie, d’une hémorrhagie ou d’une gangrène.
Si l’on ne remédie promptement à ces
accidens, leur gravité l’emporte fur la maladie
première, & la mort fouvent termine toute la
.cataftropbe,
Caufes des Frh dures.
Les coups, les chûtes, enfin tout effort violent
font, & avec raifon, regardés comme des caufes
ordinaires de Fr.adurçs, & défignés fous le nom
d’externes par les Auteurs ; cependant il peut
arriver rupture dans la fubftance d’un os fans que
ces caufes aient précédé, ainfi qu’il eft prouvé par
nombre d’exemples. L’ofyfervation^ a conflaré la
propriété fingulièrement corrofive du virus vénérien
& cancéreux, non-feulement à l’égard des
çhairs, comme pçrfonne ne le contefte, mais même
fur les os , qui font dés parties auffi bien douées
4g vie & d’organifme que lçs vifeères les plus
pulpeux. Si donc les effets de ce virus (c bornent
à la diaphyfe d’un os long, par exemple, tant
que la fubftance de l’os conferve aflez d epaiffeur
pour foutenir les efforts des mufcles, l’os n’éprouve
aucune rupture, mais elle furvient bientôt, du
moment que la réfiftancé de l’os leur eft inférieure,.
Le virus vénérien a la fingulière* propriété
de de flécher les os & de les convertir en une
fubftance comme éburnée ,qui femble ne tenir rien
des actions #e la vie , cette fubftance alors eft fingulièrement
fragile. Ç’eft une obfervation qu’a voit
déjà faite Job à Meeckren, comme il le confie
4’après le paffage fuivanr, tiré du deuxième chapitre
de fes Obfervations Medico - Chirurgicales.
Obfervare nabis licuit in aliquo, morbp gallico quajï
pabefado, dit-il, qffa adeo fu ijje exjiccata , imo are-
fa d a > ut ad quemvis attaâum frangerenturj fie enim
clavicuiaminv arias partes confradam vidimus in eo,
d'uni phoface peâus veftire conabatur. Mais que les
os puiffem acquérir cette fingulière apparence, fans
qu’on doive en çherchçr la caqfe dans aucun virus
connu, c’eft ce qui eft prouvé par une obfer*
vation bien curieufe de Janus Debourgo, inférés
dans la fécondé Centurie de Hilden. Il eft rare
que les Fradures de caufe interne fe confondent
par les feules forces de la Nature, ordinairement
les deux bouts de l’os fe diffolvent, & relient fous
l’apparence d’une chair qui n’a ou ne femble avoir
aucune organifation. C’eft ce qui a également lieu
dans la Fradure du col du fémur chez les vieillards
, dont le corps defféché manque en quelque
forte de fucs.
Diagnoftic des Fractures.
Un Chirurgien qui connoît bien l’exade conformation
que doit àVoir un membre dans l’état
naturel, notion que peut feule donner l’étude de
l’Anatomie, a de grandes préfomptiom fur l’exif-
tence d’une Fradure qui feroit avec déplacement,
quand il apperçoit une difpofition ou défaut qui
n’eft point ordinaire dans la configuration d’un
membre : mais ce ne font que des préfomptions,
tant que le tad n’y eft pour rien. Pour mettre ce
dernier moyen à profit, il faut commencer par fixer
le malade, crainte qu’abandonné à lui-même, la
douleur qu’il pourra reffentir dans les tentatives
qu’on va faire pour s’affurer de la Fradure, ne
lui faffe faire des mouvemens qui pourroient ne
lui être que défavantageux. Puis on portera le
doigt tout le long de la portion la plus à nud de
l’os, en appuyant fuffifamment pour fentir les
inégalités qui accompagnent toujours la Fradure.
Si ces inégalités font des efquilles déplacées, on
ménagera la preffion, pour ne point occafionner
une douleur qui deviendroit alors inutile ; mais
fi le lieu de la Fraéjure eft recouvert de forts
mufcles, & que la preffion que nous recommandons
, ici ne puiffe avoir lieu, il faut avoir recours
à ce qu’on appelle la Crépitation: c’eft ainfi qu’on
défigne le bruit que font les bouts d’un os, cafté
en les froiffant l’un contre l’autre, quand on remue
le membre. Pour en venir à cette épreuve avec le
moins de douleur qu’il eft poffible, il faut faire
fixer fortement la partie fupérieure dans la Fracture
d’un gros membre, puis remuer doucement la
panie inférieure , les os, en fortant de leur niveau
& s’oppofant une réfifiance mutuelle, font fenrir
à la main qui tient le membre mis en mouvement,
un cliquetis, qu’on diftingue très-aifément
Si qu’il ne faut point confondre avec remphyfème,
ou la féchereffe des articulations On peut faire
feul cette recherche dans les Fradures des petits
os, comme ceux de l’avant-bras, des doigts, ea
fixant une partie dune main, & faifant mouvoir
l’antre avec l’autre qui eft libre,
Il eft des cas où l’on n’eft point néceffité de
recourir à ces tentatives, comme lorfque l’un des
bouts de l’os fort à travers les chairs, & perce
même les tégumens, ainfi qu’il arrive dans le cas
dp Fra&nrç avec déplacement. Ces cas font tout
jours très - fâcheux , vu le déchirement qu’a
occafionné la partie déplacée & la fenfibilité plus
ou moins grande des fujets, d’où fouvent s en-
fnivent d’énormes convulfions. Mais il en eft
d’autres auffi, où la Fradure étant réelle, eft
néanmoins cachée par le gonflement & l’extra-
vafation qui ont lieu à la fuite de la contufion.
Le plus prudent, en pareil cas, eft d’attendre,
?pour caradérifer la maladie dont les fignes font
[fi équivoques ; mais en attendant, on a égard aux
[fymptômes qu’on combat par les moyens que
■ leur nature exige. C’eft ainii qu’on fe comporte
[dansla Fradure du col du fémur, de l’humérus,
Jde l’olécrâne & autres de ce genre.
Prognoftic de Fradures.
; Une Fradure, généralement parlant, a des
■ fuites d’autant moins funéftes, que l’os qui I’é-
iprouve eft éloigné des organes- eflentièls à la vie,
fque les parties qui remontent font moins fufeep-
Iribles d’irriration, & que les vaiffeaux voifins font
ihors de crainte de toute léfion. Il eft reconnu
gué la fimple eft plus facile à guérir que la compliquée
, qui offre toujoursen fus de la première
indication, d’autres auxquelles il n’eft pas
Jfi faciles de fatisfaire; que les Fradurès obliques
Mont plus difficiles à contenir que celles où l’os
•véft rompu en travers; que plus une Fradure
approche des articulations, plus auffi elles deviennent
inquiétantes tant par leurs fuites, que
par les accidens aduels dont elles peuvent être
liccompagnées, & c’eft ce que Celfe avoir déjà
robfervé, ainfi qu’il le confie d’après le paffage
suivant : earum maxime toterabilis eft Jîmplex y
maque tranfverjd , pejor ubi fragmenta multa funt
aUque obliqua : pefftma, ubi tadem acuta fu n t . . Quo
W°pior Fractura capîti x vel fuperiori vel infèriori
co pejor eft ; nam S majores dolores offert, &
Wffiûliùs curatur. Les. Fradures les plus fàcheùfes
font celles qui font avec comminution ou fracas,,
àraifon de la difficulté qu’il y a de remettre toutes
lès efquilles dans leur place,, de les y maintenir,,
«defubvenir aux effets de la contulion, qui en
pareil cas, eft toujours très-grande. Quand elles
fou la fuite d’un coup d’armes à feu, il n’eft
pas rare qu’on foit néceffité d’en venir à l’ampu-
jation , par les raifonsque nous déduirons à l'article
bî-aies d’armes à feu-
|| Lobfervationa-.conilaté, & le raifonnemsnt vient
«‘appui du fiit, que les Fradures font plus facilement
curables chez les jeunes fujets, où il y a
•^abondance‘de fucs, & où la force delà vie eft
i ‘on plus haut point, que Chez les vieillards,.
tout efi fec, & chez qui les humeurs font
®ans nu pfâ: d’appauvrifiement qui ne peut rétro-
iÿer; que les Fradures fe confolidoient plus-
|ifficilecnent chez ceux dont les focs péchoient
Pa[ line acrimonie virulente, & que même les os
louvoient été précédemment réuni s ,éprouv oient
j Ùfte nouvelle folution de continuité à Tendroic
i de leur cal, c’eft ce dont les Observateurs apportent
nombre de preuves, & entr’autres leD. Lind,
dans fon excellent Ouvrage , intitnlé r Treatife
o f the feurvy. J’ai vu auffi, dans les hôpitaux,
nombre de malades ne pouvoir guérir de leurs
Fradures, après plufieurs mois de féjour, àrai-
f fon du virus vénérjen.dont ils cachoient les fymp-
I tômes, crainte d’être renvoyés. M. B*ll obferve
cependant qu’il a vu quelques Fradures guérir
j dans un période avancé de la maladie vénérienne;
j mais ce n’eft point le cas ordinaire, & quand
la Fradure eft la fuite d’unç affedion locale de
l’os no callusa dit*-il, witl form , t iü the virus
be eradicated.On dit que chez les femmes grofles
la coalition fe fait encore difficilement, à raifon
de l’abforption que fait l’enfant, auquel la mère
fournit pendant tout le tems de la gefiation ; je
. n’ai aucune preuve à donner nipoür ni contre cette
opinion. Nous renvoyons, pour tous lés détails
que nous paffons ici, aux Auteurs claffiques, no*
tamment au Traité des Maladies des Os de J. L „
Périt, & aux Inflituts de Chirurgi* d’Hcifier Sc
nous paierons au traitements
Traitement des Fradures..
Les Autèurs s’accordent fous à établir trois>
principaux points dans le traitement des Fradures.
i.° Réduire l’os fraduré dans fa fituation naturelle.
2.* L’y maintenir au moyen des pièces
d’appareil les plus convenables. 3.0 Corriger les>
accidens & prévenir ceux qui pourroient arriver
par fa fuite.
La première indication n’a lieu que dans les
Fradures avec déplacement, car dans celles oèp
les parties rompues foDt eneore en plein contad,
il faut bien fe garder de faire aucune tentative
pour la rédudion ; l’on doit alors s'en tenir aux
deux dernières. La difficulté de la rédudion eft
d’autant plus grande, que les pièces chevauchent
dans une plus grande étendue r que les mufcles-
dont on a la force à vaincre, font plus- volumineux
,.onr plus de tendance à paffer à l’adion con—
vulfive,.& auffi «le ce qu’on gêne plus qu’il ne. convient,
te jeu des mufcles qui doivent s’étendre pour
le déplacer. On réduit à trois, les moyens qu’one
emploie pour réduire les os rompus, (avoir l’ex-
tenfion , la contre- extenfion, & îa conformation
ou répofition. Mais, avant de mettre ces moyens ëm
pratique, il faut plaeer le malade convenablement
dans fon lit, c’efi-à-dire,ni trop mollsment, ni trop>
durement, enfuite on s’affure du genre de fradure,,
& du lieu- ou- elle efi , & fi le déplacement peu ou?
point confidérable, exige par lui-même de grands;
efforts pour la rédudion. Nous fuppofons que la:
fradure occupe un os aflez volumineux-pour-don--
ner des motifs fuffifans de crainte par rapport aux
fujets. On le fett communément des mains, pour
faire.ks excenfioôs & conîrf -extenfions aécefiaibesj,