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plus fûrement au fanéluaire de la vérité > furent
autant de motifs qui portèrent quelques profef-
fions effentielles au bonheur des hommes, à fol-
liciter pour elles un pareil établiffement \ les Chirurgiens
de Paris, fous ce point de vue, crurent
avec raifon devoir inlifter fur une pareille demande.
Il y avoit déjà long-temsque Baglivi en Italie,
en parlant des moyens d’avancer la Médecine,
avoit dit qu’à raifon des travaux immenfes & de
la méditation que demande cette fcience , il ne
falloir point quelle lût laiffée aux réflexions de
quelques hommes, mais qu’un grand nombre de-
voit fpécialement s'en occuper, & que, pour plus
de fuccès, il étoit néceffaire que les Potentats qui
ont bâti dans leurs grandes villes des hôpitaux,
y fondaffent auffi des Académies de Médecine
pour avancer les progrès dans la pratique par
le récit des faits & des obfervations ; non abjî~
mili ratione > continue-t-il, quâ' reliqws hoc fee-
culo tum artibus tum. feientiis ill&rum libcralitate
fadum videmus. Baglivi, dans fon plan d Académie,
admet deux claffes. de perfonnes, les_ unes, dit-il,
feront occupées à lire les obfervations, à noter
les faits, à féparer ce qui eft paradoxe, ou donné
plus dans l’intention de fe faire admirer que d'ex-
pofer tout uniment une vérité. Les autres 9 entièrement
adonnées à la pratique, expoferont les
bons & les. mauvais fuccès des remèdes, noteront
le cara&ère des maladies auprès des malades,
& ep formeront des matériaux propres au
développement de la doélrine qui doit taire l objet
.des premières. Cette marche qui plaifoit tant à
nptre Auteur, & qu’il regardoit comme la feule qui
pût conduire à la vérité, n’eft nullement celle gui
doit y mener. Il faut, dans le grand art de guérir,
que la théorie-aille toujours de pair avec la pratique
j fi l’une n’eft point guidée par l’autre, fa
marche devient chancelante , & les phénomènes
apparent au lit du malade, & tranfmis enfuite
verbalement à celui, qui doit les ranger paifible-
roent dans fon cabinet pour en faiifè, un corps
de doctrine, perdent de leur vivacité, éfc.ne jettent
plus qu'une foible lumière qui ne peut être d'aucune
utilité.
M. Maréchal, premier Chirurgien du Roi &
M. de la Peyronie, fon fucceffeur , fentirent, du
moment eù^ils parièrent à former une Académie
de Chirurgie, combien il étoit eflentiel.de confondre
enfembie ces deux foeurs inféparables de
l’art de guérir. Aufli dès fa première inftitution,
qui eut lieu en 17 3 1 , regardé rem-ils comme de
fon redort tous les faits & toutes les obfervations
qui, févérement difemés., pouvoient jeter fur la
Chirurgie une nouvelle lumière propre à en aflirrer
les progrès & à compofer une efpèce de code
pour les cas femblables, ou ceux qui pouvoient
en approcher. C ’eft la marche qu’ont prife & que
fui vent encore les perfonnes à qui un talent &
une capacité diftinguée .ont valu une place dans
cette Académie*, c'eft.à elle que l’on doit une
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nombreufe fuite de mémoires & d’obfervatîons I
fur difFérens points de pratique ou les principes ’
de la théorie font fi folidement unis avec les '
conféquences pratiques qui naturellement en déri
venu Avant & du tems même de Saint Louis,
les Chirurgiens s’étoitnt déjà réunis en fociété, &
formoient ùne efpèce de corps académique où
l’on n© pouvoit entrer qu’après des examens
févères & réitérés. Ce corps avoit un ordre, une
pelice & une dilcipline qui le rendoient vraiment
refpeôlable, lors même que François I.er attiroit
tous les favans étrangers dans fon Royaume. Si
des préjugés dès-lors empêchèrent les Chirurgiens
d’être membres de l’Univerfité, ce Monarque,
j j confidérant la grandeutilité,bien, profit & com»
modité de l’art de Chirurgie, & de quel aide&
fecours il eft à la conlervation de la vie des
hommes fujets aux accidens & inconvéniens de
nature & de fortune, ne voulut pas que les Pro-
feffeurs en cet art fuffent de pire qualité ni
condition en leur traitement que les Suppôts de
l’Univerfité *, j j telles font les expreflîons des lettres
d'Oélroi données au collège des Chirurgiens de
Paris au mois de janvier 1544. Ce corps jouit
paifiblemént de l’illuftration que dey oit donner
l’exercice d'un art aufli intéreffant que celui qui
fait fon objet, & qui, de jour en jour, prenoit
de nouveaux àccroifîemens j lorfqu’en 1665 des
vues d’intérêt diéïèrent un contrat d’union entre
le Collège de Chirurgie^ & la communauté des
barbiers, que le public, juge aveugle du favoir,
avoit érigé en Chirurgiens par une fotte prévention
dont les exemples ne^ font encore aujourd hui
que trop fréquens dans toutes les profeflions. L art
étoit avili, & dès-lors il fut le partage d artifans
qui crurent que fon exercice ne confifloit que
dans l’ufage qu’ils dévoient faire de leurs mains.
La décadence & l’empirifme étoient parvenus à
un tel point que Louis XIV, manqua d’en être
la victime. Il eut un abcès fiflulçux au fondement
•, aucun des Chirurgiens les plus célèbres qui
furent appelés ne connut ni ne put pratiquer
l’epération que demandoit ce genre de maladie,
quoique tous les livres en continffent l'biftoire.
La maladie enfin étoit réputée incurable j mais par
.les foins de M. F é lix , premier Chirurgien dit
Roi, à qui elle fut entièrement remife, elle fut
radicalement guérie. La Chirurgie étoit dans cette
efpèce de léthargie lorfque fe formoit, dans l obscurité,
M* Maréchal qui , un jopr, devoit illuftrer
l’art en lui rendant fon ancienne fplendeur.
Nommé, en 1.70-3, pour remplacer M. Félix en
qualité de premier Chirurgien du Roi, il fentit
dès-lors, que, pour remplir fes grands projets, il
falloit commencer par donner aux élèves une
. toute autre inftitution \ 8c , de concert avec M. de
la Peyronie, il follicita l’éreèlion de cinq chaires
de démonftrateurs royaux, en 1724 ,'avec un revenu
qui ne fût point expofé au hafard des événemens.
Une noble ardeur pour l’étude s’empara dès-lors
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ma!(res & des élèves, & les principes de
la feience de plus en plus développés & difcutës,
menèrent à de grandes découvertes qm firent
fentir combien il étoit effentiel de former un
Corps où à l’inflar des autres foelétes .déjà établies
on cultivât l'art d'une manière plus eiaéte.
Ce fût fept ans après que le projet,conçu depuis
lon»-tems, fut enfin réalifé , de jg manière qu o r
le peut voir dans le quatrième volume des mémoires
de l'Académie Royale de Chirurgie. L art ,
dès ce moment, fut porté au plus haut point de
gloire i les favans de toutes les nations tinrent
i honneur d'en être réputés membres ; chacun,
Jour mériter ce titre, envoya fes produaions, &
gjnfi fuccéda à l'ancien corps des Chirurgiens, un
nouveau qui en devoit effacer la honte. (M . P e-
t i t -R adez.')
I ACANTHABOLE, inftrumenrdont on trouve
là defeription dans Paul Egincie, & la figure dans
Scultet. Ce font des pincettes dont les extrémités
font taillées en dents qui s’emboîtent les unes
dans les autre!, & gui faififfent les corps avec
force. On s’en fervoit pour enlever les efquille»
des os cariés, les épines, Les tentes, en un mot, tous
les corps étrangers qui fe trouvoient profondément
engagés dans les plaies, & pour arracher les poils
incommodes des paupières, des narines, &c.
ffî ACCOUCHEMENT,en grecToxoç, Partus. On
défigne ainfi la fonèlion naturelle par laquelle la
matrice, développée, à la fuite de la conception,
au plus haut point où elle puifle parvenir, fe
qébarrafle fpontanément d’un ou de piufieurs en-
fans , & de leurs dépendances. Cette opération,
étudiée dans tous fes détails , offre un enchaînement
dé faits tous auffi intéreffans à connoître les
uns que les autres, & qui méritent [’attention,
non-feulement <ie ceux qui, par état, s’occupent à
fecourir les femmes dans leur travail, mais encore
de tous ceux qui, par goût, étudient tout ce qui
a rapport au méchanifme abîmai.
Aufli, en lifant l’hiftoire de l’art, voit-on que les
Anciens s'en font occupés d’une manière particulière.
Sans doure ils y furent porréspar l’obfërvation
des accidens fâcheux qui naifloient de l’ignorance
des femmes à qui la pratique des Accouchemens
étoit abandonnée dans ces tems reculés où les
ho fûmes étoient encore fous l’empire du préjugé.
Hippocrate fut le premier des Auteurs qui établit des
règles; dans cette branche de l’art de guérir. Ce
grand homme iaiffa un ouvrage fur les maladies
des femmes qui, par les matières dont il traite,
donne lieu de croire qu’il a compofé quelque
chofe fur la pratique des Accouchemens qui ne
nous a point été tranfmis. Mais en recueillant tout
ce qu’il dit fur cette matière, dans fes différens
traités, & en en écartant toutes les erreurs qui
y font contenues, ôn pourroit encore en faire
nn corps de doélrine qui pourroit avoir fa va-
Jtur même dans les tems éclairés où nous fommes.
fCelle, qui vivoit à-peu-près vers le même tems
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que Galien, s’eft plus étendu que celui-ci*, fes
procédés font fondés fur la réflexion , & l’oh
voit, dans Tes principaux axiômes,que, s’il fema quelques
erreurs, on doit moins s’en prendre à lui-
même qu’au tems où il écrivoir. Paul d'Egine,
qui s’eft occupé de toutes les branches de la Chirurgie,
a pareillement laiffé fur celle-ci des pré*
ceptes qui ne peuvent venir que d’un homme
qui l’avoit exercée. II parle, aufli clairement qu’on
le pouvoit de fon tems, de l’Accouchement naturel
par les pieds. 11 confeille de ramener toujours
à cette pofirion les enfans mal fitués. Les
Arabes n’ont rien ajouté à cette partie de la
Chirurgie, & telle ils la reçurent des G recs, telle
ils nous la tranfmirent lorfqu’ils vinrent s’établir
en nos contrées. Mais dans les ouvrages des Grecs
étoient des germes qui dévoient fructifier parmi
nous, & qui n’attendoient qu’un Rhodion, un
Guillemeau, un Viardel,enfin un Mauriceau, qui,
fans contredit, en France, peut être regardé
comme le premier praticien en ce genre. A ces
Auteurs fuccédèrent dans les différentes parties de
l’Europe, Chamberlain, Chapman, Smellie , De-
venter, de la Morte, Levret, Humer & tant d’autres
qui éclaircirent tellement les points de doétrine les
plus obïcurs, tant par le railonnement que par la
pratique, qu’on peut dire actuellement que l’art
eft à fon plus haut point.
Quoique l’Accouchement foit une opération
entièrement mécanique, confidérée du côté des
parties qui agiffent, elle n’eft pas moins fujette
aux influences des paffons qui peuvent l'accélérer
ou la retarder, & la rendre plus ou moins fâ-
cheufe par rapport aux fuites. Mais l’Auteur de
la nature a fi bien ménagé to u t, qu’il eft rare
de voir àes obftacles furvenir à cette opération,
quand , de part & d'autre , tout eft proportionné
comme il convient, & quel’on n’en trouble point la
marche par des tentatives indiferettes. La fonClion
de l’Accoucheur fe réduit alors à celle de fimple
fpeClateur -, il confidere l’état desforces, & , fi elles
fuflifent, il les abandonne à elles-mêmes, finon il les
excite par les fimples cordiaux, les lavemens irri-
tans, les friClions fur l’hypogaftre, par une pofition
avantageufe, & généralement par rous les moyens
que fon favoir & fa prudence lui diClent en
pareille circorftance. I l faut beaucoup de con-
noiffances ici, comme dans toutes les parties de
l’art de guérir, pour favoir quand il faut agir,
& quand il ne raut rien faire. Nous fuppofons
que l’on connoît la ftruCture des parties gui
agiffent dans le travail de l’Accouchement, ainfi
que tous les phénomènes qui ont lieu, hors le
tems de la geftation, & ceux qui furviennent
pendant ce tems, afin de ne point compliquer lex-
pofition des faits dans laquelle nous allons entrer.
L ’Accouchement fe fait toujours à une époque
fixe chez l’efpèce humaine, & L’on obferye.c&tte
régularité même chez les animaux qui mettent bas
à des tems réglés , qui varient chez les différentes'
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