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puiflent rendre aucun fervice pour la tmfticatîon.
Cependant elles ne font pas toujours abfolument
inutiles à cet égard , & il y a des cas où il peut
être très-important de réparer la perte des Délits
de cette manière, toute imparfaite quelle eft.
Lorfqu’on veut mettre une Dent artificielle,
il faut qu’elle ait le plus ex a élément qu’il fera
poffible les dimenfions de la Dent naturelle dont
elle doit occuper la placé. Il faut auffi que là
partie qui en eft comme la racine ou le talon,
foit ajuftée de manière qu’elle pofe très-également
fur la gencive qui recouvre i’alvéole.
Pour faire des Dents artificielles, on emploie
ordinairement des Dents humaines, des Dents
d’hippopotame ou cheval marin, des Dents de
boeuf, de l’ivoire, &c. Les Dents humaines & celles
de cheval marin font à préférer à toute autre
matière , parce qu’elles ont leur émail , & qu’elles
réfiûent davantage à l’aélion des corps qui les
touchent, ce qui fait qu’elles durent plus Iong-
îems & confervent une plus belle couleur que
toute autre fubftance dont on pourrait fe fcrvir.
Quand on veut mettre une Dent'-humaine à
la place d’une autre Dent, il faut la choifir
telle que fon corps foit bien proportionné à l’ef-
pace dans lequel on veut le mettre, & que fa
couleur foit bien affortie à celle des Dents voi-
fines. Cela fa it, on feie de fa racine ce qu’elle
a de trop, & avec la lime on lui donne la forme
.quelle doit avoir pour s’adapter à la gencive ;
on remplit enfuite exactement avec du plomb fa
cavité, qu’on à mife à découvert en coupant
la racine. On perce la Dent d’ un ou deux trous
£ la hauteur qui doit fe trouver au niveau des
gencives des Dents naturelles voifmes; on paffe
dans ces trous un fil de lin-ou de foie fuffifam-
ment fort & bien ciré, ou un fil d’o r , & l’on
s’en fert pour lier la Dent artificielle aux Dents
yoiftnes.
Si au lieu d’une feule Dent, il en manque
deux ou plufieurs de fuite, qu’il s’agifle de remplacer
, on peut le faire - de la même manière,
pourvu qu’on fe ferve de Dents pareilles à celles
qui manquent, & qu’on les ajuste exactement
entr’elles & la gencive. On perce ces Dents d’un
ou de deux trous un peu larges, l’un au-deflus
de l’autre, & d’une des parties latérales à l’autre,
de manière que les trous de chaque Dentcorréf-
pondent exactement entreux. On paffe dans ces
trous deux fils d’o r , qui enfilent toutes ces Dents;
on les rive par les deux bouts, puis on finit
d’ajufter Jes racines des Dents ainfi aflemblées,
fi elles en ont befoin, afin qu’ elles s’arrangent
(également fur la gencive. On perce enfuite chacune
de ces Dents, comme nous 1 ayons dit d’une
feule, pour y_ pafler des ligatures au moyen
defquelles on les aflujettit aux Dent| naturelles
| i foljclfs les plus yoifineSf
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Cette méthode ne peut guère« s'applique*
à plus de trois Dents à-la-fois; lorfqu’il y en a
un plus grand nombre, on doit ajufter fur la
face intérieure de cet affemblage une petite lame
d’or ou d’argent d’environ une ligne Sl demie
de largeur , & de l’épaifleur à-peu-près d’une
demi-ligne. Cette lame doit être percée vis-à-vis
de chaque Dent le plus près de la gencive
qu’il eft poffible, pour y être fixée, au moyen
d’une goupille rivée de chaque bout. On prépare
aulîi avec de la Dent de cheval marin, de l’ivoire
ou quelqu’autre fubftance. de cçtte nature, une
pièce bien adaptée à la furface delà gencive, pour
fervir de bafe aux Dents qu’on y fixe d’ une manière
folide au moyen de goupilles foigneufe-
ment rivées. Toute la pièce eft enfuite arrêtée
par des ligatures aux Dents voifines. On fait
encore des pièces pareilles avec de l ’ivoire, ou
de la Dent de cheval marin , qui eft de beaucoup
préférable, en formant les Dents mêmes
avec cette fubfiance > de manière qu’elles ne faf-
fent qu’ un corps avec la bafe, ce qui rend ces
pièces bien plus folides que lorfqu’il faut en
affembler les diverfes parties.
Mais s’il refte une racine, ou des racines dans
les alvéoles des Dents qu’on veut remplacer,
on s’en fert quelquefois très-utilement pour en
faire la bafe des Dents artificielles. Pour cet effet,
on commence par limer la partie de la racine
qui excède la gencive, & même plus fi on le
peut, & l’on ôte tout ce qu’elle peut avoir de
carie avec des inflrumens convenables. Enfuite
on ajufte le talon ou la bafe de la Dent qu’on
rapporte fur la racine ; de manière qu’elle s’y
adapte parfaitement, on la perce par fa bafe d’un
trou qui fe termine à fa furface interne. Ce dernier
trou fert à recevoir un tenon ou pivot d’or ,
pour l’ordinaire , que l’on ~rivè à fa partie fupérieure,
& dont la portion inféiieure qui excède
la dent de quelques lignes,\eft deftiné à entrer
dans la racine qu’on a préalablement percés
jufques à une petite diftance de fa pointe. Le
Dentifte alors tenant la Dent avec des pincettes
droites, la pouffera de force , & en la tournant
à droite & à gauche, jufqu’à ce qu,e le tenon
foit entièrement introduit dans le canal de la racine
, & que le talon de la Dent porte en plein
fur celle-ci, & ne fjaffe en apparence qu’un même
corps avec elle.
Si malgré toutes les précautions que l’on aura
prifes pour faire entrer bien jnfie la partie du
tenon qui doit être placée dans le canal de la
racine , il arrive que le tenon fe trouve trop petit
pour y être ferme & fiable, il faudra entourer
celui-ci avec un peu de lin ou de fil très-
fin pour le faire entrer avec force dans le canal
de la racine. Si les vaiffeaux qui abreuvent la
racine ne font pas détruits, fi l’on perce au-delà
de fa partie interne & fpongieufe, #u feulement
$ le tenon étant introduit excède tant foit p.etj
la longueur
la longueur du canal, il ne manque pas de fur-
venir en‘cet endroit une douleur qui eft quelquefois
fuivie de fluxion & d’abcès. Pour lors,
on eft obligé d’ôter la Dent, fi la douleur & la
fluxion font violentes, afin de laiffer les parties
en repos, & de faciliter la réfolution de.l'inflammation
*, à moins que le malade ne veuille
bien s’affujettir à fouffrir la fluxion pendant
quelque rems, après quoi il n’y a ordinairement
aucun retour de douleur -, mais nous
ne faurions leur confeiiler de prendre ce parti,
qui n’eft pas fans danger. Nous avons vu un tétanos
mortel, occafionné par une irritation de ce
genre, chez une jeune femme, qui s’étant trop
long-tems obfiinée à cacher la caufe de fon mal,
ne fut'plus à tems de recevoir le foulagement
que lui auroit procuré l’extraéMon du pivot,
fi l’on y avoir eu recours de bonne heure. Si
l’on vouioit mettre une Dent à tenon fur une
racine qui fût fenfible, on pourrait appliquer le
cautère aéluel dans le canal naturel de la racine,
& y introduire, pendant quelques jours, un peu
de coton imbibé de quelque huile effentielle,
ce qui ne manqueroit pas d’en détruire la fen-
fibilité.
Lorfque les racines font détruites, ou qu’elles
fe trouvent naturellement trop courtes, & qu’ il
n’eft pas poffible d’y faire entrer un tenon fuf-
fifainment long pour affermir une Dent, on fait
à celle-ci deux petits trous qui traverfenr d’un
côté à l’autre , & doivent fe trouver à fleur de la
gencive. On paffe, dans ces deux trous, les bouts
d’un fil d’or dont l ’anfe fe trouve engagée autour
de là Dent naturelle, la plus voifine de l’efpace
qu'on veut remplir; on introduit le tenon de la
Dent poftiche dans le canal de la racine; enfin
Ion ferre le fil & l’on en tord les deux extrémités
pour les arrêter.
II eft facile dé voir quon ne peut pas placer
facilement des Dents à tenon ailleurs que fur
tes racines des Dents incifives & canines, parce
que les molaires ont plufieurs racines dont la
pofirion varie tellement qu’on ne pourroit s’af-
lurer de les percer dans la direction convenable,
au-lieu que les Dents de devant n’ayant qu’une
racine, l’opération en eft plus facile. Elle eft encore*
plus aifée à pratiquer aux Dents de la mâchoire
fupérieure qu’à celles de l’inférieure, parce
que leurs racines font plus groffes. D’ailleurs il
eft plus ordinaire d’avoir occafton d’en pla-
cer à la mâchoire fupérieure qu’à l’inférieure ,
parce que les Dents de la première font beaucoup
plus fe jettes à fe carier que celles de la
*conde.
Nous ne nous étendrons pas davantage fur
ce qui regarde la conftruéHon des Dents arti-
neielles & la manière de les affujettir. On fera
/•e.confultcr Jà-deffiis l’ouvrage de M. Fau-
c flrdj intitulé : te Chirurgie a-Dentifte , dont nous
Chirurgie^ Tome I.«r IL* Partie.
avons tiré une grande .partie de ce que nous ayons
dit à ce fujet.
DENTIFRIQÜES. Médicamens dont on fe
fert pour frotter les Denrs, & les dépouiller du
fédiment tartareux dont elles font (ujettes à fe
recouvrir. Voye^ce que nous en avons dit à l’article
Dents.
DENTISTE. Nom que l’on donne au Chirurgien
qui s’applique particulièrement au traitement
des Dents & de leurs maladies, & à pratiquer
routes les opérations dont ces parties font
fufceptibles. Voye{ à l’article Dents , tout ce
qui concerne l’art du Dentifte.
DENTITION. C'eft le nom que l’on donne
à la fortie naturelle des Dents, hors des alvéoles
& des gencives.
Les Dents à l’époque de leur première formation,
& encore pendant quelque-tems après,
font complettement renfermées dans leurs alvéoles.
A mefure qu’elles croiffent, elles agiffent en
quelque forte comme des corps étrangers fur lej
organes qui les renferment, elles les compriment,
& la portion de ceux-ci qui recouvre leur
fômmetétant celle qui offre le moins de réfife
tance, fe détruit peu-àTpeu pour leur donner
paffage. Mais ce*travail ne s’exécute pas fans qu’il
en réfulre plus ou moins d’irritation , qui eft la
fource de divers fymptômes fâcheux qu’on ob-
ferve à cette époque chez un grand nombre de
fujets.
Comme les maux qu’occafionne la Dentition
commencent dès l’âge le plus tendre, & pour
ainfi dire avec la vie, leurs fymptômes font moins
déterminés ; ils font plus généraux & plus fujets
à affeéter toute l’économie animale que ceux
d’aucune maladie qui attaque les adultes ; ils fe
manifeftent fous mille formes différentes. Mais à
mefure que l’enfant avance en âge, ces fymptômes
(ont moins variés & moins dangereux, au
point que la fortie des Dents molaires eft bien
moins orageufe que celte des petites Dents, &
que les fécondés Dents forcent pour l’ordinaire
fans occafionner aucune incommodité.
Les maux qu’occafionne la Dentition peuvent
être diftingués en locaux , & en généraux ou qui
affeélent tout le fyfiême.
Les fymptômes locaux font le gonflement des
gencives, leur inflammation, & la douleur qui (e
fait fentir dans ces parties, & que l’enfant mani-
fefte par fon inquiétude, fes cris, fon agitation,
par le mouvement qu’il fait pour porter à la bouche
fes mains & tous les' corps qu’ il peut faifir.
La bouche devient plus chaude & la felive coule
plus abondamment qu’à l’ordinaire.
Les fymptômes généraux font là fièvre, & les
convulfions universelles. La fièvre eft quelquefois
très-légère & quelquefois violente ; elle s’élève
& augmente fouvent avec une grande rapidité,
& elle tombe de même ; l’on ohferve les plu*
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