
nient dire ; néanmoins la matière qu’elles rendent !
eft quelquefois fi âcre & fi corrofive quelle détruit
la peau , le {iffu cellulaire, & dans quelque
cas, attaquent même les mufcles j Ton pour-
roit proprement appeller cette maladie , ulcère
rongeant ou phagédénique, à raifon de la deftruc-
tion confidérable des parties quelle peut occa-
iîonner.
Cette efpèce fe manifefte à des intervalles'dif-
féreas fur toutes les parties du corps y mais plus
fréquemment autour des lombes , où elle s’étend
fouvent au point d’occuper toute la circonférence
de la ceinture. Elle paroît fe communiquer fa-?
cilement par la contagion, c’eft-à-dire par l’application
du virus dépoféfur les vêtemen», ou de
quel qu’autre manière. Toutes les Dartres font
çontagieufes à un certain degré y la Dartre fari-
peufe même n’en eft pas exempte, quoiqu’à la
première vue on ne puiffe pas facilement le préfumer.
Il n’y a point de genre de maladie fur lequel
les opinions des Praticiens aient .plus varié que
fur les maladies de la peau. Car tandis que les
uns , imbus de l’antique Théorie des âcres, ont
cru que Ton ne pouvoir, fans expofer les malades
aux plus grands dangers, entreprendre la
guéri£an_des Dartres par d’autres moyens que
ceux qui tendaient directement à corriger , ou à
évacuer la rimonie qui- les produifoit, d’autres
ont employé hardiment différens genres de topiques
, & ont borné à leur ufage tout le Traitement
de ces maladies , qu’ils regardoient comme
purement locales;
? Nous nous Tommes toujours abftenu jufqu’ici
(l’entrer- dans aucune difcirffion de Théorie médicale
, non que nous regardions ces Théories
comme abfolument étrangères aux objets qui
font du reffort de la Chirurgie' , mais parce
nivelles doi- eut trouver leur place dans le Dictionnaire
de Médecine. Sans vouloir nous écar^
ter de cette fè f fe , comme le traitement des maladies
dartreufes, à raifon de leur fiège & de
leur apparence particulière ,efi fréquemment dévolu
aux 'Chirurgiens , nous croyons devoir po-
fer ici quelques principes1 généraux, moins d^ns
la vue de fonder une Théo ie de çes maladies,
que de montrer U futilité & lè danger de celle
qui eft julqu’ici le plus généralement adoptée.
Dans toute efpèce de Dartre il fe fait évidemment,
fur les parties de la peau qui font affectées,.'’
une excrétion de matière plus ou moins -
âcre? On eft naturellement conduit à fûppofer
que cette acrimonie exiftoit dans le fang avec le
fluide qui en eft le véhicule, & qu’élle a été la
caufe exïftante dé la Dartre. Ce principe uns fois
pofé , il en réfui te nécëffairemenr cette cOnfé-
quence, que, pour guérir le mal, il faut dérmire
Thumeur âcre, ou. du moins en pur-ger-enfoêré-
ment le cofps;
Mais un examen un peu attentif de divers phénomènes
de l’économie-animale , ne tardera pas
à montrer que ce principe eft hafardé.' Le pus
formé dans une plaie, acquerra , en vertu de
diverfes circonftances , chez la perfonne la plus
faine , une acrimonie dont on ne peut fuppofer
Texiftence antérieurement dans le corps *, ce pus
eft le réfultat d’une inflammation locale, fans
laquelle il ne fe feroit point engendré. On vois
fouvent .les plaies & les ulcères des extrémités
inférieures , fournir un pus très âcre & oe mau-
vaife qualité y'on attribue cet effet, au mauvais
état de la ma fie du fan g. Cependant il ne dé-°
pend que de la firuation des parties, & il celle
lorfque le malade eft en repos , & que Tes
jambes demeurent dans une polition horizontale.
L ’on voit nianifeftepit nt, dans divers autres
cas , une acrimonie confidérable , dont on ne
peut pas.^avéc plus de raifon, rapporter la caule
à un principe d’âcre té, dans la rnaffe générale
des fluides. Le mucus, qui le fépare dans différentes
parties du corps v peut devenir tiè—âcre
en conf'équefice d’un changement dans les organes
fécrétoires, comnïe on Tobfèrve dans les
rhumes, dans les fleurs blanches, dans la gonorrhée
virulente *, routes ces mala des peuvent
exifter, fabs qu’on ait lieu de füupçonner qu’il
y ait rien dans le fang ^’analogue à leur caufe.
Nous avons vu des pet lopnes, qui ne buvant que
de-l’eau , & fuivmt un régime très-doux, avoient
le viftige couvert de boutons, qu’on attribuoit
à Tâcreré du. fang , & . dont cependant el es fe
font délivrées en prenant des alimens oins fubf*
Tanné!s, en buvant un peu dé vin. Ces faits,
Si bien d’autrés de la même nature, que nous
pourrions accumuler , prouvent évidemment que
des affeèlions purement locales, peuvent engendrer
différentes fortes d’acrimonie, fans qu’on
puiffe en chercher la caufe dans 1 état généraL des
fluides y & donnent tout au moins une préfomp-
tion très-forte tn faveur de l’opinion , que 1 acrimonie
dai treufe ne tient à aucune âcreté dans
la maff; du iang.
L ’argument le plus, fpécieux par lequel on
prouve fexiftencè d’une matière âcre dans les
-cas de Dartres, eft déduit des aceidens qu’on
obferve quelquefois , lorfque, par une caufe quelconque
y l'éruption fe trouve rout-à coup Tup-
primée y 1 humeur, dit on , qwijl’occafionnoir, fe
-portant de la peau 'fur-d ’autrès organes plus
efféntiels , peut occafionref les fympiômes les
-plus graves. Mais l’on obferve de pareils acudens
dans bitn des cas où Ton ne peut accufer aucune
acrimonie particulière, comme à loccafion delà
ûipprelfion Coudaine des règles > de celle d’un
- cautère , &c. On en a v-u de rrès-:graves, fuccédejr
tk la fuppreffion de Teeoulemént du m u c u s des
narines , qui avoir'étéTong-ttrr.s entretenu par le
-tabac ; Â qui avoir ceffé , parce qu’on avoir tout-
à-coup abandonné idfà'ge de cette poudre, j
Drun autre côté, Ton voit des éruptions cutanées,
qui paroiffent dépendre de Taffeélion d’aur
très organes, & particulièrement de l'eflomac. Il
y a des perfonnes qui.ne peuvent mander «du poif-
fen, des coquillages, des fraifes & divers autres
alimens, fans avoir bientôt après, fur une portion
plus ou moins grande de la peau, des rougeurs
, des boutons, &c. On a vu même des enflures
éréfypélateufes extrêmement confidérables,
chez des perfonnes qui avoient avalé des fubf-
tances vénéneufes, & Ton a obfervé conftamment
que ces fymptômes fe diffipoient prefque fur-le-
champ y lorfqu’on pouvoit, au moyen d’un émétique
, débarraffer l’eflomac des fubftances qui
les occafionnoienr. On ne peut pas imaginer qu’en
pareil cas, l ’émétique faite fortirà Tinflanttoüte
l’acrimonie qu’on fuppofe avoir été repompée dans
la maffe du fang \ & tous ces faits montrent, que
dans beaucoûp de cas où Ton croit qu’il exifte
une caufe de cette nature, cette fuppofition eft
mal fondée.
Quant aux exemples que l ’on c ite , pour prouver
que l'humeur dartreufe peut occalionner les
maux les plus fimeftes, lorfque répercutée de
deffus la peau par certaines applications, d ie fe
porte ,fur les organes intérieurs f nous ne difeon-
venons pas que la fiïppreffion d’une Dartre naît
quelquefois de pareilles cônféquences, quoique
les exemples en foient beaucoup moins fréquens
qu’on ne l’imagine ; mais comme, par les raifons
expofées ci deffus, il n’èff pas poliibLè d’attribuer
ces effets à une itiéraftafe humorale proprement
dite } nous croyons qu’il faut les regarder
Amplement comme des afféélions fympa-
thiqges j affecHons dont l’économie animale
nous offre par-tout des exemples . quoique l ’im-
perfeiStion de nos connoiffahces en Phyliologie,
ne nous permette pis d’en rendre raifon dune
manière fatisfaifante. Il paroît que les aceidens
dont nous parlons, furvienrietjt. particulièrement
aptès la guérifpn des Dartres anciennes, qui.font
. devenues comme habituelles au fyftême animal,
fur-tout quand cette, guérifon a été très-prompte,
par quelque caufe qu’elle ait été opérée, foir
morale ou phylîquc , foit interne ou externe.
C’eft ainfi que la celfation foudaine d’une hémorrhagie
habituelle, d’unè évacuation quelconque
long-tems continuée, ou même de certains mou-,
vemens nerveux, tels , par exemple, que, .ceux
auxquels tiennent les maux de tête périodiques ,
eft auffi quelquefois l’avant-coureur immédiat d’af-:
ferions beaucoup plus graves. Les moyens même'
de guérifon, dont l’expérience a le plus conffaté
Tcfficîçité dans ces fortes1 de cas, démontrent,
de la manière la plus évidente, que ce n’eft point
dans l’irritation-produite par une humeur âcre,
qne l’on doit chercher la caufe morbifique.
Quoique rien ne prouve que les Dartres foient
oçcâfiottnées par une âcreté particulière, exiftante
auparavant dans le fang, on ne fanroit nier qû’uhé
portion de la matière formée fur les. parties de
la.peau qu’elles affeéîenr, ne puiffe être repompée
par les vaiffeaux abforbans, & portée dans le
cours de la circulation. C’eft ainfi que le virus
cancéreux & le virus fyphilitique , engendrés en
quelques organes particuliers, font portés"peu-
à-peu dans divers autres , où ils fe martifeftent
par des aceidens de la même nature que ceux
qui exiftoient dans les parties primitivement af-
feèrées., Mais ce qui arrive dans ces fortes de
cas, n’a aucune reffemblance avec ce que Ton
obferve dans ceux de Dartres. Dans les premiers,
les fymptômesTecondaires s’étendent & fe
multiplient en proportion, de la durée du mal,
& de l’étendue des furfaces où il. s’eft d’abord
manifefié, & Ton ne fauroit avoir aucune efpé*
rance de les guérir, fans guérir célles-ch Dans
les derniers, au contraire, l’humeur âcre, porté«
dans'le fyftême de la circulation, ne fe mani«-
fefte par aucun effet fâcheux, fi ce n’eft dans les
glandes lymphatiques où quelquefois elle produit
des gonflemens & des fuppurations qui n’ont
aucun caractère fpécifique, qui fe guérifl’ent fans
fe propager au-delà, & qui paroiffent être abfof*
Jument de la même nature que ceux qu’on voit
Turvenir -dans certains cas d’infbmrnations fuper-
.fipielles, ocçafionnées par des caufes externes.
D’ailleurs les aceidens qu’on attribue à l’humeur
dartreufe , femanifeftent d’autant moins , que la
Dartre eft plus vive & plus étendue , c’eft-à-dire,,
lorfque cette humeur fe prépare &. fe repompe
.-avec le plus d'abondance. & d’aèiivifé. - r
Nous fommes donc portés à conclure *, i.° que
les maladies dartreufes ne dépendent d’aucuiye
acrimonie particulière , préexiftante dans la maffe
du fang. 2.° Que Thumêur â'crè , produite par
..leur développement , n’eft point la caufe dès
fymptômes qu’on attribue aux Dartres répercutées*,
mais que lorfqu’elle eft portée dans la circulation,
elle eh fort par les diverfes féçrétions,
_ fans occafionner en général aucun accident.
Bien loin d’être utile à la pratiqué, la théorie
de Tâcretë ne fert qu’à rendre le traitement des
Dartres plus difficile & plus incertain. Car en
l’adoptant, on eft conduit néceffairemenr à chercher
le cotreèleùr propre de cette acrimonie,
qui eft la caufe du mal \ or , comment le trouver
j fi l’on ne èonnoîf pas ta nature de celle-ci.
Dans, les maladies où l’exiffence d’une âcreté particulière.
eft bien démontrée., telles que la vérole
, les affeélioris réfaîtanres^dè Tabforption du
virus taûcéfëüX, celles qtïi font produites par
l’infèrtron. des' matières vénéneufes, & particulièrement
des poifons ânimaùX, il: eft impoffible
de diriger le iraiteinént, d’après ce que Ton peur
J coùnoîfré de la riatùrë de céttë âcrimonie ; puif-
que Ton n’a jamais formé àùcünë conjéélure à
cet égard, qui eût la moindre apparence de probabilité.
Le hafard a fait eoitrioître un antidote fpé-
cifîque du virus vénériëri, maïs dorit.la manière
B b b ij