
puiffent les fotiffrir pendant des heures entières
, & à la fin même à peu-prés condamment
& fans la moindre difficulté. Le te ni- le plus
convenable à l’emploi des Bougies, eft celui où
le malade eft le moins occupé ; le matin par i
exemple , pendant qu'il eftau li t , pour qu'il puiffe
les palTr lui-même.
On fefervira de Bougies plus greffes, en proportion
de la facilité avec laquelle le rétrectffe-
ment fe dilate , & de l’aifance avec laquelle le
malade fupporte la dilatation. Si les parties offrent
beaucoup de réliflance, ou fi elles font
très-irritables, on doit aller lentement dans l'augmentation
des Bougies ; mais fi la fenfibiliré des
parties ne s’y refufe point , on peut paffer plus
rapidement à l’ ufage de Bougies d’une groffeur
pins confidérable, quoique jamais avec affez
de promptitude, pour que le malade ne puiffe
l'endurer aifément. On doit continuer à augmenter
la groffeur des Bougies, jufqu’à ce que les plus
greffes pafent librement ; & ne pas en difeon-
tinuer lufage, qu'après troisfemaines ou un mois,
ou même un peu plus long-tems , afin d’accoutumer
la partie dilatée à fon nouvel état, ou pour
lui faire perdre, autantqu’i! eft poflible, l’habitude
de fe contraâer ; mais, comme nous l’avons ob-
fervé ci-devant, on ne peut que rarement compter
fur la durée de cette guérifon, fi l’on ne revient
de rems en teins à l'ufage des moyens, par Ief-
quels elle a été opérée.
Telle eft la méthode la plus .prudente & la
F lus fûre pour rétablir la liberté du canal de
urètre , dans tous les cas où il n’eft pas tellement
obftrué, qu’on ne puiffe introduire l’extrémité
d’une Bougie dans l’endroit du rétreciffe-
ment. Elle n ’ e ft cependant pasgénéralement admife ;
& beaucoup de Praticiens, au lieu de procéder
avec les précautions que nous venons de recommander,
font dans l’ufage de pouffer la Bougie
avec une certaineforce, pour furmomer l’obftacle,
ou pour faire paffer dans un endroit qui n’ad-
mettoit qu’une Bougie du plus petit diamètre,
une Bougie degroflèur ordinaire. Cette pratique,
qui peut avoir bien des inconvéniens, fur-tout
entre les mains d'un Chirurgien, qui n’eft pas
très-adroit, & très-au fait de la ftruèhiredes parties
, eft néanmoins fouvern accompagnée d’un
grandfuccès. Ôn opère alors en déchirant la partie
refferrée , ou en détendant de manière à lui ôter
la faculté de fe refferrer de nouveau, au moins
pendant long-temsi mais on s’expofe auffi par-lù
au danger de faire des fauffes routes, ou. de caufêr
une violente inflammation , & d’expofer le malade
à de grandes douleurs, qu’on auroit pu lui
épagner en procédant d’une manière plus lente
& plus circonfpecle.
Nous avons dit qne les Bougies peuvent auffi
guérir le rétreçiffement, par le moyen d’une ulcération
qu’elles y déterminent. On peut employer
cet;e méthode dans les c a s où la Bougie
| franchit jnfqu’à fin certain point l'obftacle , &
I dans ceux ou .elle ne pénètre pas du tout dans le
rétréciflément. Dans le premier cas, cela eft moins
néceflaire , puifqu’on peut porter remède au mal
par une iimple dilatation *, cependant comme par
ce moyen, on abrège le traitement en rendant
auffi la guérifon plus durable, d’habiles Praticiens
le préfèrent à la méthode ci-deftus expo-
fée , lorque les parties ne font pas irès-irnta—.
blés.
Lorfqn’on veut mettre cette méthode en ufage,
on doit introduire la Bougie dans le rétreciffe-
ment auffi loin qu’il eft poffible , & en augmenter
la groffeur auffi rapidement que le malade peut
le fupporter \ on pourra même abréger beaucoup
le traitement, en commençant par introduire
, s’il eft polfible, une petite fonde métallique.
La Bougie , par fa préfence , produira une
ulcération fur les parties qu'efie comprime , &
les détruira ainfi graduellement. Mais quelque
certaine que foit cette méthode de guérifon par
érofion, .entre les mains d’un Praticien habile &
expérimenté, les malades ont bien de la peine a
s y foumettre, à caufe des douleurs qu’elle excite,
quand elle eft mal adminiftrée \ elle occafioriae
quelquefois de violens fpafmes , des rétentions
d’urine, & d’autres fymptômes fâcheux. L ’on voit,
tous les jours, des malades qui n’om pas pu être
fondés, malgré les tentatives répétées de plufieurs
Chirurgiens, & qui viennent à l’être avec facilité
, en s'adreffant à un Opérateur plus habite
& plus adroit. Cela prouve combien le fuccès
de la méthode dépend de la main qui l’exécute,
& combien, en général, il importe d’ufer de-prudence
dans l’opération délicate de la Bougie.
Nous avons vu plufieurs fois ,avec étonnement,
M. de Sault paffer une fonde d’argent de petit
calibre, ou même de médiocre groffeur chez des
perfonnes dont le canal étojt tellement obftrué
par un, ou plufieurs rétr-eciffemens, que l’urine
ne fortoit plus depuis long-tems qu’avec difficulté
& goutte à goutte J lors même que l’urine
ne peut plus couler du tout, il force toujours le
paffage de cette manière. Depuis fix ans il a eu
conftamment à l’Hôtel-f)ieu , de vingt à trente
malades de ce genre, dont il a toujours commencé
le traitement de cette manière. Après avoir
introduit la fonde métallique, il la laiffe dans
le canal un ou deux jours , pu même plus long-
tems fans la retirer, le malade demeurant au lit
pendant tout cetems*, après quoi-il l’ôte & furie
champ y fubflitüe une fonde flexible dénommé
élaflique qu’il laiffe dans l’urètre pendant huit ou
dix jours, plus ou moius,fuivant les cireonftances >
au bput de ce rems il la change, & la remplace
par une pareille fonde plus groffe, qu’il laiffe
auffi une huitaine de jours\ une troisième d’un
calibre encore plus gros, lui fuffit d’ordinaire
pour compléter la guérifon. Il adapte à toutes
ces fondes un petit bouchon de bois j au moyen
duquel
duquel le malade peur, à volonté, retenir ou
laiffer couler les urines, lesquelles fou vent s’échappent
auffi en partie entre la fonde & les parois
du canal, quand les mufcles contraéteurs de la
veffie entrent en aélïon.
Par cette méthode, M. de Sault guérit ordinairement
, en trois , quarre ou cinq femaines >
au plus, les cas d'étranglement de l’urètre, même
les plus invétérés , fans jamais faire de fauffe
route j mais comme ce fuccès paroît tenir autant
à une"dextériré particulière qu’à une connoiffance
très-nette de la ftruéluredes parties, nous n’ofons
pas prononcer ici fur la convenance qu'il y auroit
à ce que fa méthode fût généralement admife ,
puifqu’elle ne pourrait être que fort dangereufe
entre les mains d’un Chirurgien qui ne. ferait
pas très-expérimenté, & que pour le gros des
Praticiens, on ne fauroit recommander trop de
prudence & de circonfpeélion dans l'adminiftra-
tion de ce traitement. Mais nous avons cru devoir
expofer des faits dont nous avons été témoins ,
& nous allons continuer à donner les détails de
la méthode qu’on a regardée jufqu’à préfent comme
la plus fûre & la moins dangereufe.
Si la plus petite Bougie ne peut pas paffer ,
la dilatation devenant impraticable , ce qui eft
cependant un cas très-rare, il faut avoir recours
à d’autres moyens , pour détruire le rétreciffe-
ment, & foulager le malade. Pour cet effet, on
peut en introduifant, dans le canal , une fonde
d’argent ou une Bougie de groffeur ordinaire§
faire fur la partie refferrée une preffion affez forte
pour déterminer une ulcération & parvenir ainfi
par degrés à la détruire. Mais il faut, même dans
ce cas , n'ufer que d’un degré de force modéré j
car fi l’on applique la Bougie avec trop de force,
il peut arriver que fon extrémité s’écarte de l’endroit
du rétreçiffement , & quelle s’ouvre une
route à côté, dans la fubftance du corps fpon-
gieux de l’urètre. L'Opérateur ne s’apperçoit pas
toujours de cet accident, auffi-tôt qu’il eft arrivé,
«. fouvent il augmente le mal , en continuant
l’application de la Bougie. Mais s’il voit qu’il gagne
ou terrein jufqu’à un certain/point, fans que les
urines coulent plus librement , i l peut être affuré
qu’il a fait une fauffe foute.
Lorfque, par le moyen que nous venons d’indiquer
, on eft parvenu au point de pouvoir
paffer une petite Bougie, on doit tenter la dilatation
, comme dans le premier cas , en employant
graduellement de plus groffes Bougies.
,11 eft bon , dans tous les cas , que le malade
apprenne à les paffer lui-même , afin qu’il puiffe
toujours s'en fervir dans le tems qui lui eft le
plus commode , fans être obligé de dépendre
pour cela du Chirurgien.
11 fa,ut fouvent bien du tems, avant que l’endroit
où l’on fe propofe de produire une ulcération
, fubiffe un degré d’érofion fuffifant pour
.admettra la Bougie, ce qui fatigue beaucoup le
Chirurgie. Tome I S l , ri Partie*
malade ,& lui fait prefque perdre l'efpérance de
la guérifon. Cette circonftance, jointe au danger
que l’on court en pouffant 1a Bougie avec trop
de force , a engagé les Praticiens à tenter, dans
certains cas , la deftruélion de l’obftacle au moyen
de l ’application d'un cauftique, méthode fouvent-
dangereufe, mais qui ne l’eft plus, lorfqu’on en
fait ufage avec les précautions convenables. Nous
en renverrons l’examen à l ’article Ur è t r e ,
Lorfque le malade fupporte aifément la préfence
de la Bougie , on doit la laiffer dans le
canal le plus long-tems poffible , fur-tout fi les-
urines paffent facilement entr’elles & les parois
de l'urètre ; cependant il faut prendre garde que-
fon extrémité, qui pénètre dans la veffie, ne fe
recouvre pas d’une concrétion calcsffeufe, comme
cela arrive chez certains Sujets, même au bouc
de quelques heures I car une portion de cette
incruftation qui fe détacherait & demeurerait dans
la veffie, fuffiroit pour déterminer la formation
d’une pierre. Mais’chez la plupart des individus,’
la Bougie peut demeurer pendant plufieurs jours
dans le canal , fans éprouver rien de fembiable.
Comme il eft affez convenable de n’avoir pas
à ôter & à remettre la Bougie toutes les fois que
le malade veut uriner, on a fouvent tenté de
fubftituer à cet inftrument des fondes flexibles,
qu’on pût fermer & ouvrir à volonté, au moyen
d’un petit bouchon , polir laiffer couler i’uri-
n e , fuivant le befoin. Ce que l’on avoit ci-
devant imaginé de mieux dans cette intention ,
étoit un tube fait d’un fil d’argent très-mince ,
tourné en fpirale autour d’un ftylet, d'une longueur
& d’une groffeur convenable, & recouvert;
d'une toile fine, enduire d’emplâtre, propre k
faire des Bougies. Mais ces fondes n’ont pas tous
les avantages qu’on en avoit attendu , & l’on n’en a
fait que peu d’ufage. Aujourd’hui l’on commence
à leur fubftituer celles de gomme élaflique
de l'invention de M.‘Bernard- cet ingénieux A r-
tifte, dont nous avons déjà parlé ailleurs -, lesquelles
réunifiant la foupleffe & la légèreté au
poli d e lafur fa ce & à la folidité, font un des
qieiHeurs inftrumens, dont on puiffe fûre u Cage’
pour l'objet qui nous occupe. Nous croyons en
pouvoir dire autant des Bougiès faites avec la
même fubftance, qui ont le grand avantage fur les
Bougies ordinaires , que leur extrémité lifts 8c
arrondie n’eft point fujette à plier. Mais quoique
nous connoiflions des Praticiens , & même
du premier rang, qui n’en emploient pas d’autres
, ils font encore en petit nombre, & nous
penfons qu’il faut laiffer au tems & à l’expé-
riehee à faire connoître jufqu'à quel point elles
méritent la préférence fur les Bougies, dont nous
avons décrit plus haut la fabrication.
Nous avons fuppofé que lorfqu’après avoir fur-
monté l’obftruction de l’urètre, on laiffe la Bougie
dans le canal, l’extrémité de cet inftrument dois
être dans la veffie. Ces Praticiens cependant nç
i l