
l’urètre fujette à l’inflammation & à la fuppura-
îion ; plufieurs éeoulemens fpontanés pouvant
furvenir, fans quon en puiffe déterminer la
caufe immédiate. On donne à ces. éeoulemens
le nom de Gonorrhée fimple ou bénigne ,* ils ne
tiennent rien de l’infeétion vénérienne ; cependant
on obferve que ceux qui ont eu des Gonorrhées
virulentes, y font plus fujers que d’autres.
On a cru trouver une marque diftinêlive
entre la Gonorrhée virulente & la bénigne, en
ce que celle-ci paroît immédiatement après le
coït, & quelle eft d’abord violente *, tandis
que la première ne fe déclare que quelques jours
àprès, & augmente graduellement. Mais la Gonorrhée
fimple n’eft pas toujours une conféquence
du commerce avec les femmes; elle nè vient
pas toujours tout-à-coup, & neft pas toujours
exempte de douleur.
D’un autre côté, on voit des Gonorrhées eau-
fées par infeÔion, qui commencent fans aucune
inflammation, & dont on eft très-embarraffé à
déterminer la nature? Il y a une certaine claffe
de fymptômes communs à prefque toutes les
maladies de l’urètre, entre lefquels il eft difficile
de diftinguer le petit nombre de ceux qui
dérivent uniquement de l’affeétion fpécifique. M.
Hunier a vu l’urètre fympatifer avec les gencives
dans le teins de la dentition , & tons les
fymptômes de la Gonorrhée revenir plufieurs
fois par la même caufe chez le même enfant.
| Voye\ Dentition.) Nous avons vu aufli deux
petites filles fujettes , pendant le tems de la
dentition , à un écoulement accompagné de plus
ou moins de douleur en urinant, & d inflammation
dans les parties naturelles. Mais, en général,
chez les personnes qui ont eu plufieurs
fois des maladies vénériennes, l’urètre eft plus
difpofé à manifefler des fympiôraes femblables
à ceux de la Gonorrhée, qu’il ne 1 eft chez
ceux qui n’ont jamais eu d’affeélion de ce genre,
ceft parce que ces parties ont fouffertpar
i-’aéHon du virus, que la Gonorrhée fimple fe
déclare avec tant de facilité ; & c’eft-là peut-
être aufiî une raifon pour laquelle ees affrétions
fe refferablent à plufieurs égards. Dans celle-ci,
l’urètre eft attaqué d’un écoulement accompagné
de douleur, & l’on y fent de tems à autre des
fenfations extraordinaires *, fymptômes qui peuvent
être tout-à-fait fpontanés, ou la conféquence
d’anciennes Gonorrhées, ou l’effet de quelqu autre
maladie. Lorfqu’ils dépendent de l’altéra lion
produite dans Pur être par d’anciennes Gonorrhées
, ils font pour l’ordinaire très-paffagers ,
paroiffant & difparoiffam alternativement ; ils
font rarement accompagnés d’aucun gonflement,
ni de rougeur confidérable du gland. On eft
fondé à les regarder comme fpontanés, lorfque
la perfonne qui en eft atteinte n’a jamais eu de
maladies vénériennes, & ne s’eft point expofée
ta &£ au danger d’eo contrer.
Quoi qu’il enfoit, il eft Couvent difficile de dif.
tinguer cette affeétion d’une Gonorrhée virulente
*, aufti arrive* t-il fouvent qu’on prend pour
telle un écoulement qui n’eft point produit par
infeélion , ou qu’on regarde comme Gonorrhée
fimple celle qui eft réellement virulente,* niais
une pareille erreur n’a peut-être pas toute l’importance
qu’on pourroit imaginer. On peut çcn-
fidérer ces éeoulemens non virulens comme une
incommodité à laquelle font affujettis ceux qui
ont eu des Gonorrhées vénériennes *, on n’a pas
encore de méthode certaine pour lés guérir-, ils
ont de l’analogie avec les pertes blanches des
femmes.
D e l'effet de la matière de Vecoülement fu r Us
parties qui la fourniffent.
On a cru généralement que l’écoulement d’une
„Gonorrhée étoit un moyen employé par la Nature
pour entraîner le virus qui avoit octafionné
la maladie, & en procurer ainfi la guérifon,
comme on voit dans beaucoup d’autres occa-
fions, que l’augmentation de la féefétion naturelle
de quelque furface, ou la fuppuration qui
s’établit dans une plaie, tend à entraîner les
corps étrangers qui font la caufe de l’irrita*
tion; mais, dans les cas où L’inflammation dépend
de quelque poifon particulier , on ne peut
attendre un femblahle effet de la fuppuration
qui en réfui te ; car quoique celle-ci entraîne lts
particules du virus qui ont caufé la première
irritation, comme fout le pus qui coule enfuite-
eft également virulent, oh pourroit croire au
contraire qu’il perpétuera l’irritation,, & par con*
féquent l’écoulement»’
Cette dernière opinion néanmoins n eft pas
mieux fondée que la première; l’afft-élion de
l’urètre dans la Gonorrhée n’eft pas entretenue
par le pus, mais par la qualité fpécifique de
l’inflammation même ; inflammation qui pfoba*
blement ne peut jamais fe prolonger que pendant
un période de tems limité, pnifque les
fymptômes qui en annoncent la préftnce, fe
diflïpent enfin fpontanément -, d’où il fuit que la
matière virulente qui fe forme , pendant la maladie,
n’a pas le pouvoir d’entretenir l’irrira-
tion primitive; car autrement la maladie n’au-
roit point de fin.
Dans la Gonorrhée,, ainfi que dans bien
d’autres maladies, Taélion morbifique des parties
affrétées ne peut fe maintenir long-te ms la
même; après avoir augmenté en vivacité j:uf-
qu'à un certain point, elle tend naturellement
à s’affoiblir ; & fes effets, ceft-à-dire les fymptômes
de la maladie qui en réfulte, ce fient enfin
d’avoir lieu. Le moment de cette ceffarion
variera fuivant diverfes circonflances ; car fi les.
parties irritées font ti ès-fufceptibles de cette ef-
pèce particulière d’irritation , lçur aétion moi?
tfifique en fera d’amant plus violente, & d’autant
plus durable; mais,dans tous les cas, cette
différence proviendra toujours de celle qui exifte
dans la conftiturion, & non d’aucune qualité
particulière du virus. .
La maladie, ainfi que nous avons déjà eu
occafton de l’obferver, ne ceffe naturellement
que lorfqu’elle occupe une furface fécrétoire ,
& qu’il s’y forme de la matière; car loifqu’elle
fe fixe fur une furface non fécrétoire, & quelle
y produit un ulcère , les parties ainfi affrétées
font capables de perpétuer pour toujours la maladie.
Au refte, cette différence entre une guérifon
fpontanée & celle qui ne l’eft pas, paroît
confifter plutôt dans la différence des deux
modes d’aétion, que dans celle des furfaces
affeétées ; car lorfque le virus vénérien produit
un ulcère fur une furface fécrétoire, comme il
arrive quelquefois fur les amygdales, ou même
dans l’urètre, ces ulcères n’ont pas plus de dif-
pofition à fe guérir que s’ils avoient leur fiège
en toute autre partie du corps.
On obferve quelquefois que les parties qui
ont été les premières irritées fe rétabliffent, tandis
que l’irritation fe propage à une autre partie
de la même furface, comme il arrive, lorfqu’elle
paffe du gland aux parties fupérieures
de l’urètre.
En admettant que toutes les Gonorrhées fe
guériffent farts le fecours de la Médecine, on
peut fe permettre de douter qu’une perfonne
puiffe gagner une Gonorrhée tant que la première
n’eft pas guérie, ou que la même maladie
puiffe s’augmenter par l’addition d’une nouvelle
matière de la même efpèce ; & cette obfervafion
s’applique à toutes les autres formes de la maladie
; car il a été prouvé que le pus d’une
Gonorrhée, ou celui d’un chancre, appliqué
fur un bubon ulcéré, n’en retarde en aucune
manière la guérifon, quoique, fi l’on applique
du pus vénérien fur un ulcère ordinaire, il y
excite fouvent l’irritation vénérienne. Tous ces
effets nous déterminent à penfer que le pus d’une
Gonorrhée ne fauroit contribuer à l’entretenir ;
car ce n’eft qu’une application de matière dont
le virus & les effets font exactement femblables,
aux effets déjà produits fur les folides. Or rien
ne peut augmenter ou continuer ces effets, fi
ce n’eft une fubfiance kcapable d’augmenter la
difpofition des parties à une pareille inflammation
, ou de les en rendre plus fufceptibles.
On obferve d’ailleurs qu’on peut guérir une
Gonorrhée, pendant qu’il exifte un chancre, &
réciproquement. D’après ces faits, on eft fondé
à fuppofer qu’une pareille furface du corps n’eft
pas fulceptible d’être irritée par la matière
qu’elle fépare, ni de l’être au-delà d’un certain
tems. C’eft pourquoi, fi on continuoitd’ap-
PÜquer une nouvelle matière vénérienne à l’u-
fètre d’un homme qui a une Gonorrhée, elle
fe diffiperoit aufli vite que fi l’on n’y avoit point
fait cette application.
On peut même, en donnant une plus grand«
extenfion à cette idée, conclure de ce que nous
i venons de dire, qu’un homme ne fauroit gagner
une nouvelle Gonorrhée ou un chancre ,
s’il donne lieu à un nouveau contact de matière
vénérienne fur les parties déjà malades, quand
la guérifon eft près de fa fin. On conçoit en
effet que les parties peuvent avec le tems. tellement
s’habituer à l’impreflion du poifon qu’elles
y deviennent infenfibles; ainfi donc, l’application
d’une nouvelle quantité de matière virulente
ne pourra pas les affeéter au poinr de
renouveller la maladie , jufqu’à ce qu’elles aient
repris leur état naturel & primitif.
Cette opitiion n’eft pas fondée feulement fur
la théorie, elle l’eft encore fur l’expérience &
fur l’obfervation. On voit en effet des hommes,
immédiatement après avoir eu une Gonorrhée,
sexpofer fréquemment à être infeétés de nouveau,
fans contrarier une nouvelle maladie ,
tandis qu’une perfonne faine la contractera immédiatement,
en fréquentant les mêmes femmes.
Lorfque la difpofition du corps n’eft pas affez
puiffante pour empêcher tout-à-fait les parties
d’être infedlées, elle y portera cependant obfta-
cle en partie. De-là vient qu’une première Gonorrhée
eft en général plus violente que les
autres, .& que, pour l’ordinaire, ceux qui en
ont plufieurs, les ont de plus en plus légères ,
fur-tout lorfqu’elles font très-rapprochées.
M. Humer de qui nous empruntons cette doctrine
, l’appuie de plufieurs obfervations. Nous
nous contenterons d’en rapporter une des plus
remarquables.
Un homme marié, qui, pendant plufieurs
années n’avoit vu d’autre femme que la lîenne ,
retrouva une de fes anciennes connoiffances quî
lui donna une violente Gonorrhée, tout en lui
déclarant quelle n’avoit aucune raifon de fe
croire malade. Tous les deux fe firent traiter, 3c
continuèrent pendant le traitement à habiter en*
femble. L’homme guérit, & l’on avoit lieu de
préfumer que la femme étoit aufti guérie; ils
continuèrent à vivre enfemble pendant plufieurs
mois, fans que le pemier reffentît le moindre
mal, & fans qu’il y eût lieu de foupçônner le
plus petit refte de maladie chez la dernière. A
la fin , ils fe féparèrent, & la femme forma un
nouvel attachement ; elle n’eut pas plutôt con*»
traélé cette liaifop, qu’elle donna une Gonorrhée
à fon nouvel amant. Elle eut recours une fe-«
conde fois à M. Hunter pour fe faire guérir j
en lui affuram qu’elle n’avoit eu commerce qu’avec
ces deux perfonnes ; que par conféquem, cette
maladie ne pouvoit être que la même pour lai
quelle il l’avoit déjà traitée. Elle négligea cependant
de faire aucun remède, & l’asnam continua
fon commerce avec elle, pendant plu&cugs