
par d’autres applications. Mais Iorfqu’elles viennent
à caufer beaucoup de douleur , ce qui
arrive fur-tout dans les cas où elles contiennent
autre chofe qu’une matière fluide , il ne refte
ft autre parti à prendre, que de les ouvrir pour
en évacuer le contenu.
Cette opération, qui ne paroîtpas d’une grande
importance, n’eft rien moins qu’indifférente.
Les Bourfes muqueufes reffemblent en tout point ,
foit par leur ftruéktre , foit par la nature du
fluide quelles contiennent dans l’état de fanté,
comme dans celui de maladie, aux ligâmens
capfulaires des jointures , avec lefquelles elles
communiquent fouvent par leur cavité. Elles
ont avec eux cet autre rapport qu’il ne faut pas
perdre de vue, c’eft qu’elles font fujettes à s’enflammer
avec violence à l’occafion du plus léger
accès de l’air à leur furface interne. C ’eft pourquoi
iorfqu’il s’agit d’ouvrir les tumeurs formées
par un amas de fluides & c ., dans ces-organes,
il faut toujours le faire de manière que l’in-
cifion du fac ne demeure pas vis-à-vis de celle
des tégumens. Voye^ l’article L igament Capsulaire.
11 faut être auffi très-attentif à faire
l ’ouverture de manière qu’on ne rifque pas de
bleffer les tendons voifins.
s M. Monro a vu des cas où l’on a été obligé
d’en venir à l’amputation du membre affeélé,
à caufe des terribles accidçns furvenus à la fuite
de l'ouverture de quelqu’une des bourfes muqueufes.
j Une méthode plus fûre, & moins dangereufe
d’obtenir la guérifon de ces tumeurs, eft d y
paffer d’un bout à l’autre un petit féton, qui
fans donner d’accès à l’air, excitera un léger degré
d'inflammation à fa furface interne , néceffaire
pour en oblitérer la cavité, afin qu’il ne puiffe
plus s’y former aucun amas de fluides 5 mais
qu’on ne doit y laiffer qu’autant qu'il le faut,
pour déterminer celte légère inflammation , &
pas au-delà , à caufe des fâcheufes conféquences
qui pourroient en réfulrer. Après avoir ôté le féton
ou aide à la guérifon, en comprimant douce- ,
ment les parties , au moyen d’une bande. Il
refte ordinairement un degré de roideur affez
confidérable dans l’articulation, où la tumeur étoit
fituée-, on la diffipe peu-à-peu en frottant la
partie avec quelque fubflance émolliente, & en
lui faifant recevoir fouvent la vapeur de l’eau
bouillante.
BOUTON. Petite tumeur rouge & enflammée,
qui fe termine fouvent par fuppuration ^ & qui
paroît en divers endroits du corps , mais particulièrement
fur la peau du vifage, aux ailes
du lie z , au menton, & au front. Les Boutons
font rarement l’objet de l’art du Chirurgien j ils
font quelquefois fymprômes d'autres affeétions,
& peuvent alors requérir des* fecours Médicaux.
BOUTON. Diredor capitatus. C'eft un infiniment
compofé d'une extrémité arrondie ^ d’où lui
vient fon nom, & d’une autre creufe en forme de
cuillère , relevé dans toute fa longueur d’une
crête, ou vive arrête, propre à diriger les deux mors
de la tenette, quand elles font rapprochées & qu’il
eft befoin de les porter dans la vefiïe. L ’ufage du
Bouton fe borne à chercher s’il n’y auroit point
une fécondé pierre, quand on a extrait la première,
dans la taillé latérale j à retourner celles
qui feroient mal chargées dans les mors de la
tenette j & à extraire les graviers ou fragmens,
dans les cas où la pierre fe. feroit caffée , mais
alors on fe fert de^fon autre extrémité qui eft
la curette. Voye\ les Planches relatives à la taille.
On appelle encore Bouton de Feu , Un infiniment
qu’on fait rougir fur les charbons ardens, &
qu'on applique encore fur les exoftofes & les caries.
Cet infiniment reffemble affez à une tige de fer
plus ou moins groffe, proportiônnétnent àTufage
quon en veut faire , & le terminant par une
tête fphérique, quelquefois conique , pointue, ou
en olive , & d autre fois, quarrée , plâtre , rondes
Cette vergé a un manche de bois .d’ébène, pour
mieux l’empoigner , fans courir le rifque de fe
brûler. Voye[-en l ’ufage à Varticle Carie.
( Petit-Radez.)
BOUTONNIÈRE.Incifion qu’on fait au périnée,
pour pénétrer dans la veftie, & y placer une cannule
qui puifle donner iffue aux matières qui y font
contenues.
Cette opération eft néceffaire pour procurer
le cours des urines , des graviers & du'pus ;
par fon moyen, on fait commodément des in jeèlions
dans une veftie graveleufe, ou ulcérée : on la pratique
dans certaines rétentions d’urine, qui viennent
des fongus de la veftie j ce font des excroiffances
charnues qui bouchent l’orifice interne de cet organe
, & qui empêchent que fa contraction agiffe
fur l urine contenue.
Pour pratiquer cette opération , on place le
malade comme pour lui faire l’opération de la
taille } on prend une cathéter ; on l'infinue doucement
dans la veftie j un aide monté fur une
chaifeou fur un tabouret, placé au côté droit du
malade, foulève les bourfes, & applique fes doigs
indicateurs parallèlement le long du périnée à chaque
côté de 1 urètre. L'Opérateur, le genou droit en
terre, tient avec fermeté de la main gauche le manche
du cathéter, de façon qu elle faffe un angle droit
avec le corps du malade j il faut faire, autant qu’il
eftpoflible, une faillie au périnée, avec la courbure
de la fonde, à côté du raphé , entre les deux
doigts index de l’aide. L’Opérateur doit appuyer ,
pour un moment, le bec de la fonde fur le reChim,
pour bien remarquer au-deffus de l’anus, juf-
quà quel endroit il pourra continuer l’incifton.
Il prend alors un lithotome ou biflouri , qu’il
tient de la main droite, comme une plume à
écrire, il porte la pointe de rinftrument, dans
la cannelure du cathéter , au-deflous des bourfes \
il perce les tégumens & l’urètre, au côté gauche
du raphé , & il continue fon incifion inférieurement,
jufqu’au point qu’il a remarqué au-deffus
de l’anus, en fe gardant de paffer outre, de crainte
d’intéreftèr l’inteftin.
Par cette incifion , ou ouvre le bulbe de l’urètre
, jufqti’auprès du col de la veftie , comme
dans la taille au grand appareil. Quand il y a
deffous la peau beaucoup de dureté , & de cailo*
fités, comme quand on opère dans le cas de fiftuie
urinaire, comme il n’eft pas aifé de fenrir le cathéter
fous le doigt , il faut à mefure qu’on coupe,
porter l’index dans le fond de la plaie, & prendre
garde de porter la pointe du biflouri, ailleurs
qu’à l’endroit qu’on a déjà coupé. Dès que l’in-
cifion eft faite , & qu’on a mis à découvert la
cannelure du cathéter , l’Opérateur retire le lithotome
, & prend un gorgeret, dont il porte le bec
dans la cannelure du 'cathéter, fur laquelle il le
fait couler jufque dans la veftie. Il retire la fonde,
prend Le manche du gorgeret, avec la main gauche
, & de la droite il conduit une cannule.
Dès qu’elle eft arrivée dans la veftie à la faveur
du gorgeret, il retire enfuite celui-ci , en lui j
faifant faire un demi-tour fur la cannule 5 de
façon qu’en le retirant, fon dos ou furface convexe
regarde l’angle fupérieur de la plaie. On
panfe avec de la charpie sèche , & on foutient le
tout avec des compreffes, & un bandage contentif,
qui ne gêne point la fort e de l’urine. Il ne diffère
point de celui qu’on emploie dans la lithotomie.
L ’objet de la Chirurgie eft de guérir, & non
d'opérer *,/ainfi , dès que l’on a fait la Boutonnière
au périnée , on n’a rempli qu’un des
points du traitement, & le malade le trouve lim-
plement dans une difpofition favorable , pour
recevoir les fecours qu’un Chirurgien intelligent
doit lui procurer. Cette opération permet l’ilfue
aux matières graveleufe^ , dont il faut aider la '
fortie , par des injeèlions •, il faut même quelquefois
les extraire, lorfqu’clles-lont agglutinées,
de manière à former de petites pierres, dont le
volume eft plus grand que celui des ouverturqs^
latérales de l’extrémité antérieure de la cannule!*'
Les injeèh'ons doivent être appropriées à la nature,
& à l’état de la maladie qui les exige , parce
qu’il faut quelquefois mettre des fongus en fup-
puration j tantôt mondifier une velue malade,
déterrer enfuite les ulcères 5 d'autre* fois fortifier
les fibres qui ont perdu leur reffort, &c.
Lorfqn’on préfume que le canal eft malade ,
& qu’il faut le faire fuppurer , on réuftit très-
bien en paffant, comme M.le Dran l’a pratiqué,
un algalie dans l’urètre , & le faifant fortir par
la plaie : Alors on place un féton fait de quelques
brins de coron à travers les yeux de l’algalie, &
en retirant cer infiniment à fo i, on porte.le féton
dans le canal -, ou enduit le féton de fuppuratif,
& on en continue l ’ulage plus ou moins long-
rems*
Lorfcm’cn fera parvenu à rétablir les chofe.s
dans l’état naturel, par l’ufage fucceflif, ou combiné
des différens moyens qui feront indiqués ,
on fupprime la cannule , & on met dans l’urètre,
une fonde creufe on cannelée courbée en S , par
laquelle les urines couleront d’abord en partie;
à mefure que la plaie fe refferrera , les urines
ne prendront point d’autre route pour s’écouler $
& la plaie n’étant plus mouillée par les urines, -
j elle fe réunira bientôt.
' Dans l’opération de la Boutonnière, Tincifioîi
eft commune aux tégumens & à l’urètre j cependant
des circonftances particulières demandent quelquefois
qu’on étende , & qu’on dirige différemment
la feélion des parties. Il furvint à un homme
de 45 ans, par une rétention totale d’urine , une
tumeur au périnée qui s’étendoit dans les bourfes,
dans les aines, fous la peau qui couvre le pubis
& la verge. L e progrès en fut fi rapide, qu’eô
deux fois 24 heures, il furvint une fuppuration
gangréneufe. On ouvrit en plufieurs endroits du
périnée, des bourfes, & des aines > les parties fe
dégorgèrent, les urinesxoulèrem en abondance,
les lambeaux gangréneux fe détachèrent, on par-
■ v*nt enfin à guérir routes les plaies , excepté
une du périnée qui refta fiftuletife , & par laquelle
les urines couloient involontairement. Le malade
avoit déjà fouffeit l’opération de la Boutonnière
fans fuccès ,lorfqu’il fe confia à M. Périt. Je fup-
prirne ici le détail des complications, & des frai-
remens préliminaires, que ce grand Praticien mit
en ufage , pour me reflreiridre à l’opération.
M. Petit jugea par la fortie continuelle & involontaire
des urines , que l’orifice interne de la fiftuie
étoit au-delà du fphinéler-de la veftie, parce
que quand le trou d’une fiftuie eft en-deca du
fpinéicr , l’urine ne peut fortir par la fiftuie ,
qu après être entrée dans 1 urètre , & elle n’y entre
que par les efforts que le malade fait lorfqu'ii
veut uriner. Ce malade, au contraire, fans être
averti du befoin d'uriner , & fans faire aucun
effort, rendoit prefque toutes fes urines par le
j^trou de la fiftuie, fans en rendre par la verge ,
f-bu s il en rendoit, c étoit toujours volontairement
& quand il étoit excité par le réfidu des-urines J
car le trou de la fiftuie étoit fi petit, que, malgré
l’écoukmem involontaire & continuel des’ urines
fa veftie fe rempliffoit une ou deux fois par-
jour j de forte qu’à- chaque fois il rendoit un
verre d’urine , & à plein canal , fur-tour lorf-
qu'avec le doigt il bouchoit le trou de la fiftuie
près le bord de l’anus. Sur ces obfervatiens ,
M. Petit jugea que le trou interne de la fiftuie
étant au-delà du fpinéter de la veftie, il falloir
que l’incifion s’étendîr jufque-Jà -, & que l’opération
faite à ce. malade , par les Chirurgiens
de fa Pro\ince , avoit été infruclueufe , parce que
le trou intei ne de la fiftuie n avoit point été compris
d^ns l’incilion. Pour guérir radicalement le malade,
M* Petit,après avoir fait l’incifton, comme