
§ .3 . Du TraitePient des maux de Dents par des
affections fympatkiques.
On peut, dans certains cas, faire cefferle mal
de Dents par.l’aélion de quelque ftitnulant fur
une autre partie.du corps. C’eft ainfi qu’on l’ arrête
quelquefois par l’application d’uni fer chaud
fur le bout de l’oreille , ou en faifant tirer par le
nez quelque eau fpiritueufe, telle que l’efprit de
lavande, ou en faifant tenir dans la bouche de
l ’eau-de-vie , du vin chaud , du vinaigre , &c.
On a vu plus d’ une fois l’exhibition d’un émétique,
ou l’application d’un véficatoire à la nuque
ou derrière l’oreille produire le même effet. Mais
tous ces moyens , ainfi que l’életlrïcité, & un
grand nombre de fpécifiques dont on rencontre
par-tout les prôneurs, n’altèrent point l’état de
la Dent , & ne peuvent être confidérés tout au
plus que comme des palliatifs 5dont l’effet eft rrès-
paffager. Pour en obtenir un plus durable,, il
faut avoir recours à des moyens qui agiffenr directement
fur la partie affeélée •, telles font l’application
des anodins ^çelle des cautères potentiel
ou aéhielj & ehfiri l'extraèlion ‘ de la Dont.
§. 4. Des Applications propres a ± diminuer :
la Jenfibilité de la Dent.. ..
Dans les maux de Dents, qui ne font pas très-
violents, on foulage quelquefois la douleur , &
même on la fait cefler entièrentent, en introdui-
fant dans la cavité formée par la carie un peu
de coton imbibé de laudanum liquide > ou un peu
d’opium folide ; le camphre feul, ou mêlé avec
l ’opium , peut auffi être d’un grand fecours ; on
emploie encore avec fuccès le camphre diffout
dans l’efprit-de-vin, dans des cas où il n’a pas
réuffi fous la forme folide- L ’éther & les diverfes
huiles effentielles procurent auffi fouvent un grand
-foulagement, en détruifant peu-à-peu la fenfibi-
lité du nerf dans la dent cariée.
§. 5 . De la Cautérifation des Dents*
Quelque efficacité que puiffent avoir ces divers
moyens j elle eft rarement aflezgrande pour mettre
complètement à l’abri des retours de la douleur.
On en vient plus fûrement à bout par des ap<-
plications d’une autre efpèce> comme celle de
l ’alkali cauftique, de l’efprit de vitriol, ou de
quelqu’autre acide minéral, quon fait pénétrer
dans les racines des Dents, & qui ont le pouvoir
de diffoudre & de détruire la partie la plus molle
de leur fubflance offeufe, dans laquelle probablement
eft le liège de la douleur. Mais ce n’eft pas
une chofe facile que d’introduire quelqu’une de
ces fubfiances corrofives jpfqu’au fond des racines,
à moins que le corps de la Dent ne foit en grande
partie détruit, fur-tout s’il s’agit d’une Dent de 1
la .mâchoire fupérieure; car on ne peut guères
faire avaricer un fluide dans une cireétion contraire
à celle que lui imprime fa pefanteur. En
pareil cas, on peut fubfHtuer à ces liqueurs cor-
rofives un peu (3e pierre à cautère qu’on intro»
duit au moyen de quelques brins de charpie ;
mais encore il eft difficile dp la porter aflez loin.
Au refte, lorfqu’on fe fert de quelqu’une- de
ces fùb fiances, il faut être circonfpeél dans la
manière de les appliquer, autrement elles pour-
roient s’étendre plus loin qu’il n’eft néceffaire,
& faire beaucoup de mal. Les malades d’ailleurs
fe foumettent difficilement à cette opération qui
eft très-dotiloureufe, & à laquelle il faut-revenir
à plufieurs reprifes.
L ’application du cautère aéluel n’a pas autant
d’inconvéniens que celle des cauftiques ,.elle eft
plus fûre dans fes effets-, plus prompte & plus
facile. Mais ,• pour en tirer tout l’avantage dont
elle eft fufceptible, il faut pouffer le cautère tfès-
avant dans les racines afin de détruire le netf
dans toute fon étendue, & c’eft à quoi les malades
ont ordinairement de la peine à fe réfoudre. Une
aiguille de fer., telle que celles dont on fe fert
pour tricoter, plus ou moins greffe, pointue ou
moufle, & un peu courbée à fon extrémité, eft
le meilleur infiniment qu’on puiffe employer pour
cet objet. Lorfque la Dent a été cautérffiée, on
enlève ce que le cautère a brûlé, on remplit.
1 a cavité avec du coton imbibé de quelque effence,
& enfuite on plombs la Dent de la manière indi-,
quée ci-deffus.
§. 6. De TÆxtradion des Dents»
Mais, foit que les malades fe refufent à l’ufage de
ces moyens, foit que l’opérateur n’en tire pas
tout le parti poffible, il arrive fouvent qu’on eft
dans le cas de recourir à d’autres pour détruire
la fenfibilité du nerf. Le feul qui refte eft d’arracher
la Dent, enfuite , fi elle n’efl, pas trop
endommagée par la carie, après l’avoir laiffée
quelques momens dans l’eau bouillante pour détruire
le peu de vie qu’elle conferve encore, &
pour la nétoyer parfaitement, on peut la replacer
dans l’alvéole, fuivant la méthode que nous indiquerons
ci-après en parlant de latranfplantation des
Dents. Cette Dent morte & incapable de douleur
comme de carie, ne laiffe pas de s’affermir fouvent
dans l’alvéole, de manière à pouvoir fervir encore
à la maflication-; mais cela ne réuffit pas toujours,
& très-fréquemment on eft obligé de faire le
facrifice entier de la Dent pour fe délivrer de
la douleur dont elle eft le fiège. -Nous allons
parler de cette opération, qui eft elle-même très-
douloureufe, quoiqu’elle s’exécute aujourd’hui
d'une manière plus fûre & plus facile qu’on ne
pouvoir le faite autrefois, que les inftrumens employés
pour cet objet étoient moins perfectionnés.
JLorfqu’on arrache une D ent, on peut lui donner
différentes directions-, on peut la, tirer perpendiculairement,
eu égard à la poiition de fes racines,
ou bien on peut là faire tourner fur fon axe tranf-
verfe, en abaifiant la couronne en même -K ms
qu’on en relève proportionnément les racines *,
ou enfin, fi l’on emploie un degré de force fuffi-
fant, on peut la chaffer latéralement hors de Ion
alvéole.. .
Si coûtes ces méthodes étoient également faciles,
à mettre en exécution , il n'y auroit pas de doute
fur celle qui mériteroit la préférence ; on comprend
aifément qu'en tirant une dent fuivant la
direction de fes racines, on rifque bien moins
de nuire aux parties voifines, qu’en la faifant
fortir de cô té , ce qui ne peut avoir lieu qu’à
l’aide d’une force fuffifante pour rompre une portion
de l’apophyfe alvéolaire où elle fé trouve
fixée. O r , comme cela ne peut fe faire non plus
fans caulër un déchirement, & une contuffbn violente
des, parties molles contiguës à l’alvéole , il
en téfulte néceffairement beaucoup de douleur.
Cependant / lôrfqu’ il s’agit d’ arracher une des
groffes molaires, la bouche ne peut jamais s’ouvrir
affez pour permettre de la tirer perpendiculairement
-, & l’on eft obligé, malgré les inconvéniens
dont nous venons de parler, de la renverfer pour
l’extraire. Il n’en eft pas de même des incilives,
des canines , & même des premières molaires
que l’on peut tirer dans la direètion perpendiculaire.
Prefque tous tes inftrumens dont fe fervoient
les Anciens pour l’extradlion dès Dents, étoient
des efpèces de forceps de différentes formes;
ils aveient auffi différentes efpèces de leviers
droits & courbes qu’ils employoient au même
ufage. La plupart dé ces machines étoient très-
imparfaites -, & ce n’étoit jamais fans difficulté
qu’on venoit à bout, par leur moyen, d’arracher
des Dents fortement enracinées. On peur en voir
la defeription dans les Ouvragés de Scultet de
Garengeot,& d’autres Ecrivains, foit de notre
fîècle, foit du fiècle paffé. Nous nous contenterons
d’indiquer les inftrumens qui font aujourd’hui
le plus généralement employés, ainfi que
la manière de s’en fervir.
Celui qui eft le plus en ufage pour arracher
les molaires, & fur-tout les groffes, eft le pélican,
qu’on a varié de beaucoup de manières.*Il cpn-
lifte en un crochet ou branche d’aciér, plus ou
moins longue & plus ou moins courbée, terminée
en forme de griffe & fixée par une charnière
à un levier dont l’extrémité, diverfement configurée
, fert de point d’appui à la fienne, en
tnême-tems qu’à tout l’inftrument ; en forte que
la Dent, étant placée entre les extrémités de ces
fieux parties , un mouvement très-fimple de la
niain lu fin pour laferrer fortement, & en même-,
tems pour la tirer de fon alvéole, en la faifant
fourner fur fon axe tranfverfal. L ’efpèce de Pélican
à laquelle on a donné le nom de c le f , eft
la plus commode & la plus généralement adoptée.
Voye\ Pélican. Voye\ auffi les Planches.
Pour opérer avec cet infiniment, fi la^ Dent
qu’on veut arracher eft à la mâchoire inférieure ,
on place le malade fur une chaife en face dn jour;
mais, fi elle,tient à h mâchoire fupérieure, on
le fait affeoir à terre fur un couffin , la tête ren-
verfée en arrière fur les genoux de l’opérateur,
qui eft debout derrière lui. Quelques Praticiens
recommandent de. détacher la gencive de la Dent
avec un décbauffioir, Voyez ce mot, pour ne pas
la déchirer, & afin d’avoir plus de prile fur la
Dent*, cette précaution cependant n’eft pas d’une
grande utilité. Le Chirurgien enfuite applique
l’cxrrémiré du crochet du pélican, auffi loin qu’il
le peut, entre la gencive & la dent; il la fixe
avec l’index la main gauche , tandis que de l’autre
il ajufie l’extrémité du levier fur la gencive du
côté oppofé. Alors, faifant de la main droite
l’ effort qu’il juge néceffaire, fans y mettre trop
de précipitation, il tire la Dent de fon alvéole
pour l’ordinaire du premier coup ,• néanmoins,
lorfqu’il s’agit d’une Dent fortement enracinée,
& fur-tout d’une groffe molaire , dont les racines
pour l’ordinaire, font très - divergentes, il vaut
mieux, après l'avoir un peu déplacée , ôrer l’inf-
trument pour lafailir de nouveau en fens contraire*,
de cette manière on la détachera com-
plettement de l’alvéole, & on la tirera tout-â-fait
en dehors, ou bien l’on achèvera facilement l’opération
avec une pincette ordinaire. On peut fe
fervir du même infiniment pour arracher les
petites molaires, les canines & les incifives 3 mais
il vaut mieux y procéder d’une autre manière,
comme nous le dirons bientôt.
Quelques Praticiens ont cru obferver que les
racines des molaires s’étendoiem plutôt vers l’extérieur
de la mâchoire , & en conféquence ils ont
confeillé de Tourner ces Dents vers l’intérieur de
la bouche pour les arracher, plutôt qu’en dehors,
comme on a coutume de le faire; mâts
les racines des groffes molaires divergent aflez
également de côté & d’autre y & cette confidé*-
ration ne doit influer en rien' fur la manière
de les extraire.
Il y en a une autre qu’il importe davantage
de ne pas négliger, & qui eft relative aux deux
dernières molaires de la mâchoire inférieure; ces
Dents font fituées de .manière qu’il eft' toujours
plus convenable de les renverfer vers le dedans
de la bouche. La bafe ou l’origine de l’apophyfe
coronoïde, forme fur la paftie extérieure de. là
mâchoire, vis-à-vis des racines de ces dents,
une arête forte & aiguë ; en forte que, fi on le^
renverfe en dehors, la partie de l’inftrument qui
forme ie point d’appui repofant fur cette arête,
les gencives qui la recouvrent ne pourront qu’en
fouff'rir beaucoup. Lorfqu’une Dent eft fort endommagée
d’un côté par la carie , on eft généralement
dans fufage, pour l'arracher, de fixer