
dans la pratique, font les droits & les comtes î
ordinaires | les concaves font, suffi d’une utilité
tiès-étendue , & ceux à lame coudée méritent pareillement
notre attention. Les autres Cifeauxfont
beaucoup moins employés, ou ne font-faits que
pour des opérations particulières j nous ferons
mention par la fuite de leurs principales efpèces.
Les Cifeaux droits ont ordinairement cinq pouces
de long. M. Percy leur donne cinq pouces
fept lignes, dont le tiers appartient aux lames.
L épaiffeur totale des édifions n’efi que de deux
lignes 3 les entablures font plus grandes que dans
les Cifeaux communs, la vis eft aufii plus élevée ,*
l’envoilure des lames ne iaiffe entr'elles qu’un
efpace à y palier une foie de cochon 3 ils font
d’ailleurs conformes àt ce que nous avons dit ci-
defliis relativement à leur conftruéUon.
Les Cifeaux droits font plus-propres aux inci-
fionsque les autres, parce qu'on les repafle mieux
en travers, & qu’il eft plus facile de bien évider
les lames. Mais ceux que nous avons décrits
poffèdent, fuivant M. Percy , cette fupériorité
dans un degré éminent, étants légers & commodes,
particulièrement pour les endroits les plus profonds,
à caufe de la longueur de leurs- lames.
Voyez les Planches.
Les Cifeaux courbes doivent avoir la même
longueur que les droits, & font fufceptibles.de.la '
même ftruclure jufqu’aux lames. Il faut que celles-
ci foient courbées avec beaucoup de précifion,
que leur courbnre commence dès l’entablure , 8c
qu’elle aille en augmentant prefqu’infenfiblement
jufqu’aux pointes qui ne s’éloigneront de la ligne ‘
droite que de cinq lignes au plus. Voye% les planches*
On a recours aux cifeaux courbes pour opérer
dans des endroits creux qui ne feroient pas accef-
libles aux droits -, pour incifer fur une furface
plane , ou les droits, fttués trop horizontalement,
. ne releveroient pas allez la main3 quand on veut
employer la fonde cannelée-avec les Cifeaux, &
qu’on defire fouienir les parties àtnelure qu'on
les coupe.
Avec ceux dont on vient de lire les formes 8c
les dirnenfîons , on n’a befoin , ni des demi-,
courbes de M* Petit, ni des Cifeaux en S de Bram*
billa, parce qu’ils peuvent tenir lieu des uns 8c
des autres dans toutes les occasions3 leur courbure
n’étant pas allez forte pour qu’ils n’entrent
par-tout où les premiers entreront , ou pour
obliger le Chirurgien à élever beaucoup la main
& à l’éloigner plus qu’il ne convient de la partie
fur laquelle il opère, de manière à rendre les
derniers plus commodes. Voyez les Planches.
Les Cifeaux concaves, ou courbés fur le plat,
doivent avoir des lames étroites, minces & évi-
sdées des deux côtés. Il ne faut pas que leurs
pointes qui feront toujours moufles & bien adoucies
, s'éloignent de plus de fix lignes, du plan
des Cifeaux *, & la courbure doit être douce,
égale, 8c parfaitement fymmétrique dans les deux
lames. Pour qu'ils coupent bien de la pointe,
il faut, outre la perfection de l’entablur'e, que les
lames foient bien envoilées, qu’elles fe rencontrent
jufqu’au bout avec la même précifion, 8c fans
que les doigts les portent l’une fur l’antre , ce
qui eft un point difficile & qui démande beaucoup
de foin de la part de l’ouvrier. Çes Cifeaux lorsqu'il
s font bien faits, rendent inutiles tous les au-
rres de la même efpèce de grandeur différente,
8c plus ou moins courbés , qui fe couvent décrits
chez les Auteurs. On s’enfert communément pour
opérer dans les lieux enfoncés, comme les jarrets,
les aiffelles, les aînés, 8c dans les plaies 8c ulcérés
en godets •, ils ont beaucoup d’ufages particuliers
auxquels nous reviendrons. Voyez les Planches.
Au lieu des Cifeaux courbes ordinaires dont
on fe fert en France, les étrangers ,8c fur-tout
les Anglois, emploient des Cifeaux à lames coudées
qui ne font point à dédaigner. Ils ont la
plupart cinq pouces de long -, leurs lames qui en
ont un 8c demi, font étroites, ont un talus très-
arrondi > forment avec la ligne moyenne des Cifeaux
un angle de trente degrés , & font reéii-
lignes, ou curvilignes. Leurs branches font grêles,
cylindriques, plus ou moins cintrées du côté du
coude des lames , 8c fe terminent par des anneaux
dont l'un eft toutrà-faiten dedans 8c l’autre entièrement
en dehors. On s’en fert pour incifer les
finus Si les fiftules dans le trajet defquelles leurs
lames s’introduifent aifément, à caufe de leur peu
de largeur, tandis que la tournure de leurs branches
8c la pofition fingulière de leurs anneaux éloignent,
dit-on , la main qui les fait agir decelle
qui eft chargée de la fonde. Voyez l°s Planches.
Ces Cifeaux , fuivant M. Percy, feroienr plus
utiles 8c plus commodes, même que les Cifeaux
courbes,i.°fi leurs branches 8c leurs anneaux étoient
difpofés comme dans les Cifeaux droits, tels qu’il
recommande de les conftruire 3 z .° fi l'on en cour-
boit légèrement les lames 3 $.° fi au lieu du talus
greffier qui règne on pratiquoit à fa place un petit
évidé •, l’anneau placé en-dedans remédie mal à
l’inconvénient de trop rapprocher la main qui
fait agir l’inftrument de celle qui tient la fonde,
parce que les doigts qui n'entrent pas dans cet
anneau fe placent néceflairement en-dehors de la
branche, & y [font une faillie-qui nuit plus à la
la liberté des mains que celle de l’anneau même
mis en dehors.
§ . 3 . ABion mécanique des Cifeaux à incijion.
L’aèlion des Cifeaux s’exerce de deux manières ,
ils preffent les parties qu.ils doivent divifer à la
manière de la gouge, 8c ils engagent, à la manière
du biftouri, les petites dents de leurs tranchans
entre les élémens de ces parties 3 iis agiffent donc
à-la-fois comme preffans 8c comme feians , ainfi
qu’il eft ailé de s'en convaincre en examinant la
manière dont les Urnes fe meuvent. Or les inftru*
wens preflans opèrent d’autant mieux que le tranchant
en eft plus mince , & qu’il offre moins de
furface aux fibres qu'il doit enfoncer ; de même
les inflrumens feians font d’autant plusparfaits.que
les dents de leurs tranchans font plus déliées ; il
eft donc très - effentiel de donner ces deux qualités
à ceux des Cifeaux, en fuivant pour cela les
règles que nous avons indiquées ci-deffus.
Mais à quelque degré de perftélion qu’on puiffe
les porter les Cifeaux- refterout toujours fort au-
deffous du biftouri, & ils1 «’égaleront jamais la
netteté ni la prefteflèdefa coupe. Us auront toujours
plus ou moins l'inconvénient de comprimer & de
.meurtrir les parties quils coupent,■ d’alonver &
de déchirer une- partie de leurs fibres au lieu de 1
les divifer par une véritable incifion, à caufe de i
l'impoftibilité qui fe trouve à faire tomber exactement
leurs tranchans l’un fur l’autre. Ce défaut ait
refte eft compenfé, jufqu’à un certain point, par
l’avantage du point d’appui que les lames fefour-
n.ffent mutuellement, qui fait que l’alongement
des fibres il couper eft très-limité , & qui empêche
qu’aucune d’elles puiffe échapper i la divifion,
ce qui a lieu allez fréquemment lorfqu’on fe fert
d’autres inflrumens tranchans. Cela eft fi vrai,
que lorfque ce point d'appui vient à manquer
aux tranchans, ou à en être troja éloigné, parce
que ceux-ci ne fe rencontrent pas affez exactement
, les parties font tordues, & fe logent de
force entre les lames , comme il arrive quand
avec des Cifeaux mal montés ou qu’on tient mal-,
on veut couper des membranes humides ou des
corps gras & gliffans.
Les Cifeaux agiffent comme les leviers , &
reconnoiflènt les mêmes loix de mécanique; par
conféquent, plus le corps à divifer fera placé près
de 1 axe , plus fa divifion s’opérera facilement,
plus les branches feront longues, moins il faudra
d effort pour l'achever. C’eft pourquoi, foit que
1 on veuille donner de la force aux Cifeaux, ou
es rendre capables de couper avec beaucoup de
promptitude, il faut en faire les lames courtes
, les branches longues; en général, il fuflit que
es lames ayent le tiers de la longueur de l’inftru-
ment, quoi qu’il convienne quelquefois de les
taire encore plus courtes.
S- 4 * Maniéré defefervir des Cifeaux à incijion.
Pour bien couper avec les Cifeaux , il faut pafler
Je pouce dans l’un des anneaux, & le doigt annuaire
dans l’autre, & placer fur la branche au-
,us de ce dernier, l’index ; & le médius lorf-
quon coupe en long, & le médius feulement,
torlqu on coupe en travers ; l’index devant alors
etre appuyé fur l’écuffon fupérieur. 11 vaut mieux
Paner le doigt annulaire dans l’anneau que le
®edtus, pareequ’ily entre moins obliquement,
® par - là rifqué moins en faifant effort pour
«mpêr, de déranger la iïtuation des lames. J1
faut préfier uniformément fur les anneaux , fans
jamais pouffer les Cifeaux en avant pendant que
l’on coupe , ni les retirer en arrière. Lorfqu’on
le fert de Cifeaux pour couper quelque ebofe dans
un heu profond, & que l’on ne veut faire qu’une
divifion limitée, on met le doigt index de la
main qui opèreentre les branches ; parce moyen
on empêche que les extrémités des lames ne viennent
en fe joignant à nuire aux parties voifines.
§. 5. Ufages generaux des Cifeaux à incijion.
Les Cifeaux, même les tnieuxfaits, ont toujours
plus ou moins 1 inconvénient de meurtrir & d’é-
crafer es parties ; ils caufent ainfi de la douleur
au malade, ils enflamment la plaie & en font
fttppurer les bords plus qu’aucun autre, infiniment
tranchant. Ces défavantages doivent toujours être
préfens à l’efprit du Chirurgien . St le détourner
d avoir recours à. cet infiniment toutes les fois
que de biftouri pourra lui rendre le même fervice.
. Malheuresement l’on en a beaucoup abufé, il
n.y 3 prefque pas d’opération , où divers Auteurs
n en aient confeillé 1 Sage. Dionis , Garengeot,
limiter, Hevermans, les ont' rnis prefque par tout
à côté du biftouri , quand ils ne leur ont pas
décidément donné la préférence. M. Louis s eft
élevé un des premiers contre l’abus qu’il envoyoit
faire, & a invité lès Chirurgiens à être plusrifer-
i yes lur leur ufage; mais ceux-ci, en reconnoii-
lant la lagefle de cet avis, ont été trop loin en
, décriant comme ils l’ont fait, & en voulant
les bannir abfolument de la Chirurgie opératoire.
Nous allons entrer dans quelques détails fur leurs
ufages généraux, & enfuitefur les cas particuliers
auxquels, on peut les appliquer.
Pour couper avec le biftouri il faut y mettre
les deux mains, dont l’une tenant une fonde, fixe
tend , éloigne ou avance les parties pendant que
1 autre eft occupée à les divifer. Une feule fuffit
avec les Cifeaux qui ont plus rarement befoin
d une fonde pour les conduire, & auxquels il
n eft pas toujours néceffaire d’apprêter les parties.
Ainfi, dans les cas où une des mains fera employée
à autre chofe , & ne pourra être fuppléée que par
celle g un aide , le biftouri cédera la place au»
Cifeaux , fi d ailleurs rien ne s'oppofe efleutielle^
ment à cet arrangement.
En général, les Cifeaux conviennent, 8t font
préférables au biftouri quand on a à couper des
parties flafques, inembtaneufes, minces & fans
refforr.
Quand il fera néceffaire que les bords d’une
incifion s’enflamment &fuppurent ; quand on aura
lieu de fouhàiter qu’ils ne fe réunifient pas promptement
, on la fera avec les Cifeaux ; on se»
fervira par conféquent pour détruire les cloifons
St les bridés des abcès, où ils ont d’ailleurs l’avantage
de pouvoir s'introduire bien plus facilement
& avec moins de danger que tout .autre in^ruj