
.Profefietir d* Anatomie û Oxford , pour tourner
en ridicule ce prurit infupportable d’inffrumenter
il commun de fon tems, a plaifamment imaginé
une requête dos enfans, dans le fein de leurs
mères, à MM. du Collège Royal de Médecine
de Londres, qui pourroit corriger fi l’on n’étoit
point revenu de ces mauvais procédés. Nous
croyons pour terminer cette matière, qui, de ce côté,
efl allez trifte, devoir la rapporter entièrement.
ce Les enfans, dans le fein de leurs mères, repré-
fentent très-humblement que , quoiqu’ils ne foient
point encore les Sujets de Sa Majefté , cependant
comme ils réfident dans l’étendue de les Domaines,
les Loix & Conftitution de les Royaumes leur
donnent droit à fa proteéHon ; que toutes fois
lesfupplians font pourfuivis d une manière affreufe
par les Accoucheurs Paucus & Mau lus, qui, n’ayant
pas les talens nécefi'aires pour gagner honnêtement
leur vie , profitent de la crainte & de l’ignorance
de celles qui ont conçu pour leur peifuader
que nous fommes leurs ennemis. Que nous ne pouvons
venir au monde fans les en chalTer ; fug-'
geftion maudite , qui fait crue nos mères donnent
avec confiance des fommes extravagantes
à ces ignorans pour nous meurtrir , nous tuer,
nous déchirer ; ce qui eli contraire à la paix &
au bon ordre qui règne dans le Gouvernement
de Sa Majefté. Vosfupplians dépofent >.i.* que li
la difficulté d’ouvrir les portes de nos demeures,
que la terreur dër cruautés dudit Paucus & Mau-
lus.nous empêchent de quitter, lefdits Paucus &
Maulus nous accufent de vouloir tuer nos mères,
& pour nous en punir , nous tirent foudain
hors nos habitations avec des crochets » des
forceps ou pinces de f e r & autres inftrumens
cruels qui nous déchirent , nous brifent , ou
du moins nous ferrent la tête d’une manière li
cruelle , que dans la fuite nous fommes fujets
à des convulfions , à moins que par la grâce de
Dieu, comme cela arrive fouvent, nous n’expirions
dans l’opération ; & fi nous îéfiftons , foit
de nous-mêmes , foit par la nature étroite de nos
domiciles, on nous condamne à mort comme coupables
de rébellion • & pour l ’exécution de ces
lentences , on nous décapite ,-.qn nous arrache
la cervelle avec des inftrumens perfides inventés
pour cet ufage barbare. Ou bien fi nous paffons
un bras hors des portes , foit pour notre défenfé
ou pour tâter notre chemin, lefdits Paucus &
Maulus nous font fur-le-champ couper ce bras
auffi haut qu’il peuvent l’atteindre T ce qui nous
fait expirer dans l’hotrenr des plus affreufes tortures.
2 .° Vosfupplians fe plaignent que fi on
nous trouve on morts, ou rfop épouvantés, parce
qu’on nous a tirés de force de nos afyles, en forte
que nous ne puiffions eu n’ofions demander grâce
par des cris douloureux, auffi- tôt lefdits Paucus &
Maulus nous fecouent , nous fouettent, fans
écorner ni l'humanité dûe aux malheureux , ni
Je refpefi qu’on doit accorder aux morts, &c.
Vos fupptians fe plaignent, en troifième lieu
que nos mères font tellement infatuées des talens
defdits Paucus, Maulus & conforts, qu’elles fç per-
fuadent que les cruautés fufdites les mettent à
couvert contre nos attentats affreux & dénaturé? *,
en forte que plus nous fommes tourmentées, plus
ncs mères fe croyant obligées envers eux de leur
propre confervation , les paient fans mefure , &
les vantent avec excès.
Souvent même lefdits Paucus & conforts, attendu
leur ignorance & leur manque de théorie
dans l’art qu’ils profeffent, font des bévues
énormes dans leurs deffeins cruels contre nous, en
bieffanr, déchirant & maltraitant nos mères d’une
telle façon , qu’elles meurent defdites bleffures &
meurtriffures. 4.0 Vos fupplians ofent nier que nous
ayions jamais eu l’intention de détruire nos mères,
ou que nous leur ayions fait le moindre tort volontairement.
Ils affurent au contraire que les
maux qui arrivent à nous & à nos mères ne
viennent jamais que de l’ignorance, de la précipitation
& du naturel féroce defdits Paucus &
Maulus. Ce que nous pouvons prouver par les
billets de mortalité des premiers tems, où des
bonnes femmes fe mêloient feules de nos affaires,
ç.® Vos fupplians dépofent que lefdits Paucus ,
Maulus & conforts , pour jufiifier lefdits procédés
abominables, affbrent que nous fommes morts ; &
pour le démontrer, ils amènent le conduit de
nos nombrils, ce qui nous tue avant notre naif-
fance, d’une manière auffi fûre que fi on nous
noyoit, ou fi on nous étouffoit. Ils dépofent enfin
que les gardes des femmes en couches qui n’ont d’autres
vues que leur intérêt, voyant que lefdits Paucus,
Maulus & conforts ne prennent rien des parens
du compère & de la commère ; en forte que ce
qui auroit été donné à la Sage-femme leur revient;
ces créatures cachent les cruantés exercées fur nos
mères & fur nous, font à celles-ci une peur
effroyable des Sages - femmes, & mettent en
oppofition la politefle, l’çfprit délicat, l’imagination
brillante de Paucus, panégyrique ftupide
qu’elles finiffenttoujours par un,oh! le charmant
homme; fa vue feule rend la famé; par lequel
manège nos pauvres mères féduites fe livren t
auxdits Paucus, Maulus & conforts, pour être traitées
au gré de leur ignorance.
A ces caufes, vos fupplians vous prient humblement
qu’en vertu de l’aéle de Henri V I I I ,
qui vous donne l’ordre & le pouvoir d’examiner
& réformer les abus qui fe commettent fous
le prétexte de guérir , comme auffi en vertu du
ferment folemnel que vous avez prété d’exercer
ce pouvoir, vous preniez les dépofitions ci-deffus
en confidération , & écartiez les meurtres &
cruautés defdits Paucus & conforts, qui bâtiffent leur
fortune fur l’ignorance & les craintes naturelles
aux femmes ; & qui détruifant cruellement vos
frères en humanité, ont la fotte préfomption de
vouloir changer les difpofitions de la Providence, &
furpaffent en méchanceté le grand tentateur de la
première femme , ajoutant eux-mêmes de nouvelles
teneurs, & fouvent la mort aux peines
qu’elles font condamnées à fouffrir lorfqu’ellcs
mettent au jour leurs enfans.
Et vos fupplians, s’ils peuvent venir au monde ,
& parler, ne cefferonr de prier pour vous. 33 (M. P et
i t ~ Ra v e l .
ACHILLE. Tendon d\ On nomme ainfi ce gros
& puiflant tendon formé par la réunion des muf-
cles gallrocnémiens & folaires, qui fert à l’exten-
fion du pied , & qui s’étend le long de la partie
poftérieure du tibia, depuis le gras de la jambe,
jufqu'au calcanéum. Si ce tendon vient malheu*
reuîement à être coupé ou rompu., comme on le
voit arriver en conféquence d’un violent effort
ou d’un fpafme des mufcles dont il efi la continuation
; on perd auffi-tôt l’ufage de la jambe ;
& à moins qu’on ne parvienne à le réunir, on
demeure boiteux pendant toute la vie. Les anciens
Chirurgiens femblent n’avoir pas bien connu
cet accident de la rupture du rencîon d’Achille
qu’ils prenoient probablement pour une foulure,
Ou pour quelqu’autre maladie. Dans les cas où il 1
avoit été coupé par un inflrument tranchant, ils
recommandoicnt de rapprocher les deux portions
féparées, & de les maintenir eu contact au
moyen d’une future. On a même appliqué cette
méthode aux cas de rupture, lorlqu’ils ont été
mieux connus, en incifant les tégumens pour
mettre le tendon à découvert. Mais il n’eft point
nécefiaire de recouriràune opération auffi cruelle.
Nous fommes redevables au célèbre D. Alexandre
Monro, d’Edimbourg, d’une méthode infiniment
moins défagréable, & tout auffi sûre, qu’il a
décrite d’une manière d’autant plus exacte, qu’il
avoit été dans le cas d’en faire ufage pour lui-
même. Nous nous-bornerons ici à faire connoître
cette méthode, en renvoyant à l’article tendon,
ce qui fe rapporte plus généralement aux plaies
de ces organes (1).
; Lorfque mon tendon fe rompit, dit cet il-
Jîluftre Anacomifle, cela fe fit avec un bruit
5? peu-prés femblable à celui que j’aurqis -caiifé
53en caflant une noifette fous mon talon; & j’é-
» prouvai une fenfation telle, que je crus que
>3 le talon de mon fou lier avoit fait un trou dans
>3 le parquer. D’autres perfonnes ont fentr la même
»schofe en pareil cas;, tandis que d’autres ont
>3cru dans le moment de l’accident, être frappés^
*3 d un violent coup de pierre ou de bâton fur la
33 partie affeélée. Je ne tardai pas à comprendre
.33ce qui m*étoit arrivé, & après avoir fenri avec
33 les doigts l’efpèee de cavité que laifibienr entre
«elles les extrémités dn tendon, je pris mon
33 pied galiche ou étoit le mal , de la main droite,
| « avec laquelle je le tins dans un état d’extenfiom,
» & auffi-tôt que je fus affis, je preffai de i’au-
33 tre main le gras de jambe de haut en bas.
33 Je gardai cette pofiure jufqu’au moment où
33 M M. Douglas & Ru fie l, Chirurgiens de cette
33 V i lle , vinrent me voir. Ces Meilleurs, après
33s’être bien affinés de la rupture, en preffant
33 avec les doigts fur l’intervalle qui féparoit les
33 deux bouts du tendon, mirent des compreffes
33 & une planche courbée fur la partie fupérieure
«3de mon pied , & fur le devant de ma jambe,
33cette planche, areboutée fur ces deux parties,
33 les tenoit à-pen-près dans une ligne droite, au
33 moyen d’une longue bande qu’ils roulèrent aufc
>3 tour. Mais cet appareil devint bientôt trop in-
33 commode pour que je pufle le fupporrer; la
33 planche d'ailleurs pouvoir toujours fe déranger,
33 quelque foin que l’on mît à placer le bandage ;
33 j'en fubftituai un autre plus compofé. Voye^ la
33pl. où la figure repréfenre une forte de pan-
33 toufle A , faite de deux doubles de coutil pi-
3 3qués> du talon de laquelle part, la courroie
33 piquée D , qui efi affez longue pour atteindre
33 jufqu’au haut du gras de jambe.
33 L a figure repréfente une pièce piquée très-
3 3 forte E , garnie de chaque côté d’oeillets F F ,
33 dans lefquels on paffe un lacet. On place
53 une boude G de manière que la pièce étant
33 lacée fur le devant de la jambe, elle fe trouve
33 exactement défions. On met deux rangs d’oeil-
33 lets d’un côté, pour que l’on puifie faire ufage
33 des uns ou des autres, fuivant la groffeür de
33 la jambe.
33 Ayant enveloppé ma jambe & mon pied d’une
33 flanelle foupïe & bien imprégnée de la fumée
3>de beujoin, je mis à mon pied, comme dans
>3 la figure la pantoufle A , & fur ma jambe la
33 pièce E. Je paffai la courroie D dans la bou-
33 cle G , & par fon moyen, je pus étendre le
33pied, & faire defeendre le gras de jambe an
33 degré que je jugeai convenable.
>? Ce bandage rempli fiant parfaitement mon
33 intention , je le port; i nuit & jov.r, ayant foin
33 de ferrer davantage la courroie, quand je me
33 fentois difpofé à dormir, & de la relâcher, quand
33 j’ërois parfaitement éveillé & fur mes gardes,,
33 Je mettois auffi alors mon pied fur un tabouret
33 dans la pofiure représentée dans la figure , &
33 p remontois fouvent la pièce lacée fur la jambe,.
33011 bien je la refâchois , de peur qu’eUe ne fie
>3 enfler mon pied. Ce qui pouvoir aifement ar-
33 river r lorfqu’elle étoit trop ferrée & trop baffe.
33 Au bout d’un jour ou deux je fentis mes c r -
33 refis gênés par la preffion de la par,toufle, c’eft
3bpourquoi j e l a fis découdre en K , & je l’aï
33 fait faire ouverte à f extrémité, pour les per-
33 fonnes avec kfqueiles y ai. depuis employé cer
33 appareil.
33 Pendant quinze jours, fe ne fis aucun mou-
33 veinent, ni aucun effort avec mon pied, & je*
»me faifois. tranfgorter C1J The voiks o£ al Monta,, g. 66», d’un endroit à l’autre c*: