
33 mon appartement, dans une chaife portée fur
73 des roulettes. Enfuite je commençai à le remuer
»en avant & en arrière, affez doucement pour
>3ne me caufer aucune douleur; & peu-à-peu
*> j’augmentai ces mouvemens, en ceffant cepen-
73 dam fur-le-champ de fléchir le pied , ou dé-
73tendre la jambe, dès que j’en reffetuois quel-
73 que inconvénient. Il m’arrivoit fouvent de con-
*3 tinuer, pendant une demi-heure, cet exercice
>3 de la jambe malade, mais je laiffois l’autre aufli
73 tranquille qu’il m’étoit poffible.
13 Lorfque je commençai à marcher, j’avois
7> toujours foin d’avancer la jambe gauche à une
»3certaine difiancede la droite, afin de pouvoir
»>bien étendre le pied; & je me fervois d’une
33canne, que je tenois de la main droite, pour
73 m’empêcher de tomber.
33En peu de jours le vuide, qui d’abord fe
3>faifoit appercevoir entre les portions divifées
33 du tendon, s’effaça, cette partie feulement pa-
*3roiffo.it plus molle que toute autre; mais peu-
fs à-peu elle devint plus épaiffe & plus dure, I
»sjufquà ce quelle parût comme un noeud, de
»la groffeur d’une prune médiocre, quand on
33 la touchoitau travers des tégumens. Peu à-peu
33elle a diminué de volume, & depuis quelques
33 années, elle s’efi rammoilie, en forte qu’à pré-
3>fent on l’apperçoit bien moins qu’aurrefois.
33 Quelques femaines après mon accident, je
33 commençai à verfer de l’eau froide fur ma
73 jambe & fur mon pied, que je faifois bien
33 frotter enfuite ; mais, au lieu de fortifier le
33membre, comme je m’y attendois, cetre eau
33 ne fit qu’en diminuer la chaleur & l’affoiblir.
33 Par cette raifon , je renonçai bientôt à ce re-
73mède, & je fis frotter fortement ma jambe,
33 deux fois par jour, avec de l’onguent d’althéa,
33on avec quelqu’autre corps gras, afin que la
33friélion n’écorchât pas la peau. Je continuai à
33 le faire jufqu’au moment où je commençai à
33 me fervir librement de ma jambe.
33 Etant obligé de fortir au bout de fix femaines,
33 je mis une paire de fouliers dont les talons
jsavoient deux pouces de hauteur, & dans le
33 jour je me fervis de la machine que je vais
33décrire, au lieu du préfent bandage que je
33 continuai à porter la nuit çnçore pendant un
?3 mois.
33 Cette nouvelle machine eft une pièce d’acier,
33 dont la partie moyenne ou la tige L eft étroite,
33 mais forté. Les extrémités MM font minces ,
33 larges & concaves, afin qu’elles puiffent s’adapter
33 à la convexité du pied & du devant de la jambe.
73 Sur la partie antérieure & convexe de la ma-
33 chine, il y a trois anneaux ou efpèces de gâches,
73æ, a, a t favoir , une,fur le milieu de chaque
?> extrémité, & une troifième fur le milieu de
£3 la.tige. Toute la pièce, excepté les gâches, doit
3? être couverte de peau de chamois, & il faut
^rejnbpurer gveç içiq les parties çonçayes de$
33extrémités, comme on le fait aux bandages à
»hernies.
33 Après avoir mis mes fouliers & mes bas,
33 je p o ia i u n e des e x trém ités d e ce tte m achin e
» f u r m on p ie d , plus, p rè s d es o rte ils q u e la b o u -
3 3cle d u f o u lie r ; je p la ç a i l ’au tre b o u t fu r le
73 d e v an t d e ma jam b e , en fu ite je la fix a i au m o y e n
33d’u n e c o u r r o i e , g a rn ie d ’u n e b o u c le , qu i
33embraffo it le p ie d , & d’ une^ fé c o n d é q u i fa iio it
33 le to u r d e la jam b e e n paflant d ans les gâche s
33 des d e u x b o u ts , mais q u e l ’on ,n e fe r r o it pas
>3 b e a u c o u p . U n e tro ifièm e c o u r r o ie , d o n t le
3>m ilieu N s’a p p liq u o it d ans la p a rtie c o n c a v e du
33p ie d , im m éd ia tem en t d e v an t le t a lo n , & d ° n î
» les b o u ts pafi'oienr d e c h a q u e c ô té d u pied dans
33 d eu x anfes pra tiqu ée s a u x e x trém ités o , o d un e
33 a u tre c o u r r o ie P q u i em b ra fio it le q u a rtie r du
33 fo u lie r , fe fix o it p a r fes d eu x b o u ts dans la
33 g â ch e d u m ilie u . En les tiran t d e c ô té & d au tre
>3 dans ce tte g â c h e , o n re d re ffo it le p ie d au tan t
33q u ’ on le ju g e o ît c o n v e n a b le , & on le s a r r ê -
3> to iten fu ite au m o y e n d’ u n e b o u c le , o u fim p le -
33 m en t p a r des noe u d s. Voye\ Us Ptanches. Je por-
33 ta i d e jo u r c e t a p p a re il con ftam m en t pen dan t
33 c in q m o is . C ep e n d a n t com m e il eft fu je t q u e l-
s s q u e fo is à fe d é r a n g e r , j e c ro îs q u ’u n e c o u rro ie
33 d e c u ir , c o u fu e à la p a rtie fu p é ricu r e & pof*
33 té rieu re du q u a rtie r d u f o u l i e r , fix ée p a r l au tre
33 b o u t à un e ja r r e tiè r e p la cé e au-defîùs^ d u gras
73 d e la jam b e , p o u r r o it, ju fq u ’à u n c e rta in p o in t,
37 le rem p la c e r. . .
33 Pendant ce tems, je ne marchois point dans
73 les rues, mais je me faifois porter en chaife.
>3 En defeendant un efcalier, je mettois toujours
33 la jambe malade la première^ chaque marche;
33 & en montant c’étoit l’autre jambe que je fai-
33 fois précéder. Au moyen de toutes ces pré-»
33 cautions j’èvitois d’étendre & d’occafionner au-
>3 cun déchirement dans la cicatrice encore récen-
33te du tendon, n’ignorant pas, d’après ce qui
33étoit arrivé à d’autres , que, fans cela, les fuites
33 de mon accident pourroient être beaucoup plus
33 fâcheufes.
33 Je portai pendant deux ans des fouliers à taisions
très-hauts, & depuis je ne les ai réduits
33 à la hauteur ordinaire que par degrés. Les
33 talons de mes bottes étoient comme ceux de
33 mes fouliers. J ’avois toujours foin de monter
33 à cheval du côté droit, pour ne pas faire por-
33 ter tout le poids de mon corps aux mufcles
ssaffoiblis de la jambe gauche. Je tenois ce pied
33 très-enfoncé dans l’étrier, pour que ii le cheval
33 venoit à broncher, je ne fuffe pas expofé à un
33 tiraillement brufque du tendon. Si je montois
33une colline, je portois ce pied en travers; en
33 un mot je ne négligeois aucune précaution pour
13 éviter tous les mouvemens qui auroient pu oc-
sscafionner une extenfion trop forte de la partie
33 cicatrifée.
» En c om p a ^ n t a u jo u rd ’h u i le s d eu x gras de
>3 jambe 4
33 jambe, on voit que celui de la jambe gauche
?3 eft un peu plus petit que celui de la droite ;
3? mais cette différence eft prefque imperceptible.
,, Le tendon rompu eft à l’endroit de la cicatrice
33beaucoup plus épais & plus dur que l’autre,
33 comme il arrive à tous les autres tendons qui
33ont éprouvé un pareil accident; mais il faut le
33 favoir pour le découvrir à l’oeil. 33 *.
On voit dans cette hiftoire , racontée par un
des plus célèbres Praticiens de notre fiècle, combien
d’attentions 3c de foins exige le traitement
de la rupture du tendon d’Achille. M. Monro qui,
dans fon propre, cas, n’en'négligea aucun, fe
guérit complètement, fans conferver ni douleur,
ni roideur, ni foibleffe, dans fa jambe, tandis
que la plupart de ceux qui ont éprouvé un pareil
accident, pour n’avoir pas été aulfi foigneux,
çonfervent quelques-uns de ces fymprômes, &
fouvent les gardent tous; que chez quelques individus
le tendon fe rompt de nouveau dans le
même endroit, & même à plufieurs reprifes; que
d’autres enfin demeurent très-long-tems boiteux,
& le font quelquefois pendant toute leur vie.
ACHORES , du grec A£®/>ef. Ce font des ulcérations
qui naifl'ent à la partie chevelue de latêre,
particulièrement chez les enfans, & d’où fort une
humeur tenace, ayant un état moyen entre la den-
fité de l’eau 8c la conliftance ordinaire du miel;
quand elle a cette dernière, les Auteurs donnent
à la maladie le nom de xbpioi, Les François la
Connoiffent fous le nom de teigne, tinea, parce
qu’elle s’étend fouvent au loin, & qu’elle ronge
toujours les tégumens de la même manière que
l’infeéle de ce nom ronge Si mange les étoffes
fur lefquelles il eft. Cette maladie commence par
de petites véficules qui s’élèvent de la peau, dont
alors la rougeur eft très-apparente ; ces véficules
fe rompent, s’ulcèrent &. verfent une humeur
fluide d’abord, mais qui, s’épaififfant, forme bientôt
une croûte sèche ou humide ;vplufieurs de ces
croûtes fe réunifiant, elles forment des plaques
étendues & plus ou moins épaiffes, lesquelles
tombent Sc font bientôt remplacées par d’autres
de même nature. Les Auteurs difent que le fiège
de^ cette maladie eft dans les glandes fébacéès,
qui alors filtrent une humeur beaucoup plus épaiffe
& plus acrimonieufe que celle qu’elles doivent naturellement
filtrer. Cette théorie eft très-difficile à
prouver, pour ne pas dire impoffible; il eft certain
qu’il n’y a nulle proportion ici entre l’humeur
féparée ainfi contre nature, 3c les organes
que Ion dit fervir à cetre réparation; d’ailleurs
ces croûtes viennent fouvent en des endroits où
les Anatomiftes n’ont point encore dit d’une
manière expreffe que ces glandes fe trouvaffent.
On diftingue deux genres principaux de cette
* Des difficultés nous empêchent de faire dès-à-préfent
renvois néceffaires du texte aux Planches. Nous y fup-
pieerons, en publiant les Planches ) ce qui ne peut fe faire
qu aptes que ce Diftionnaire fera imprimé.
Chirurgie, Tome J,tr9 L* Partie.
maladie; le premier eft particulier aux enfans à
la mamelle, & vient indiftinélement à toutes
les parties de la tête, notamment'au front, aux
tempes 3c aux lèvres; celui-ci eft véritablement
bénin, il peut être abandonné à lui-même, fans
aucun inconvénient. Le fécond eft plus opiniâtre,
Ja matière qui en découle eft plus âcre, plus cor-
rofive; elle fe creufe des détours, 3c quelquefois
pénètre jufqu^u crâne qu’elle carie , 3c cette fâ-
cheufe terminaifon n’a guères lieu que fur les enfans
d’une mauv aife conftimtion. Ce dernier genre
d’Achores fe manifefte fouvent chez les enfans
qui font déjà fevrés, 3c même dans l’âge de
la puberté. À fiez fouvent , au milieu des croû-'
tes qui font épaifies, fe trouvent des gerfures d’où
fuinte une humeur tenace qui a tous les caractères
desfucs albumineux.
Les Pathologiftes ne font point encore bien
d’accord fur la caufe prochaine de ce genre d’afi*
feélion ; ils préfumenr cependant qu’elle provient
de la prédominance d’un acide développé dans
les fécondés voies, 8c qui s’échappe par ces couloirs
fous forme d’excrétions. L’obfervation a fait
voir, en effet, que tant que ces couloirs étoient
ouverts, la famé, loin d’en fouffrir, n’en deve-
noit que plus fleurie, 3c que, quand on les ta-
riffoit fans précaution , l’on expofoit l’enfant à de
grands accidens. Les remèdes qu’on fait pour _
guérir les Achores doivent toujours être précédés
de ceux internes propres à délayer 3c corriger
l’acrimonie que l’on préfume, & de purgatifs
pour l’entraîner au dehors. Quand fon a fait continuer
ces remèdes un efpace de tems fuffifant,
l’on applique les vélicatoires fur le bras, & l’on erv
follicite la fuppuration avec un onguent épifpaf-
tique ou avec le garou ; pendant ce tems, fi les
Achores font exulcérées 3c humides, après avoir
coupé très-prés les cheveux là où elles font, on y
applique une couche de miel que l’on recouvre
d’un linge fin, & fix heures après on panfe &
maladie de la même manière; les croûtes tombent
& fur la furface rouge 3c ulcéreufe qu’elles laif-
fent, on applique un linge fin couvert de beurre
frais ou de crème; la furface ainfi détergée, fe
sèche, l’épiderme la recouvre, 8c les cheveux ne
tardent point à y renaître. Quand les Achores
font croûteufes 3c sèches, après avoir fait précéder
les remèdes généraux, on applique fur toute
leur étendue un emplâtre de poix de Bourgogne,
qu’oà laiffe fur la partie environ vingt-quatre
heures, 8c que l’on retire enfuite avec une certaine
force. Ce remède arrache la racine des cheveux,
3c dénature en quelque forte la furface de
l’ulcère, & le rend propre à fe cicatrifer. L’on
applique enfuite fur la plaie toute faignante, après
l’avoir defféché avec un linge fin, une feuille de
poirée amortie, que l’on aura recouverte d’huile,
d’oeuf ou de beurre frais. L’on réitère enfuite
l’application de la poix , félon que les cir-
conllances le demandent : en général , ii faut
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