
jrorffe à toute autre'-caufe, quand il approche d‘e
quelques parties fenlibles.
Le ver une fois bien développé, en s'approchant
des tésumens pour for tir, ne manque pas
d’exciter quelques fymptômes généraux & locaux
qui préludent à fon iffue. La fièvre eft plus
ou moins grande , félon la fenfibilité des fujets 3
quelquefois elle n’eft qu’éphémère. Les malades
fentent à la partiè une chaleur, une routeur , &
une démangeaifon, caractères d’une inflammation
qui s’étend plus ou moins loin. Il paroît
bientôt au centre de la rougeur un point blanc,
& quelquefois une véficule remplie d’une féro-
fité tranfparente, dans laquelle nage une des extrémités
dû ver. Cette véficule ou ce point blanc
fe rompt, & il en fort un peu d’eaû ou de pus ,
avec ce qu’on croit être la tête de l’animal. L'étendue
du ver, qui paroît ainfi au-dehors, du jour
au lendemain, eft fouvent d’un pouce, & quelquefois
de deux. -Cette iffue n’efl- pas toujours
accompagnée de fymprômes fi bénins. Quand le
ver eft fort étendu r ou qu'il -y en a plufieurs
•qui ont établi leur demeure dans quelques régions
du corps , éloignées du domaine de la fen-
iibilité, ils y vivent paifiblemenr fans -donner
lieu à aucun fymptôme grave : on obferve feulement
que les malades ont une avidité infatiable
pour les alirgens, & qu'ils maigri {font à vue d’oeil.
Mais quand ils approchent des parties fufcepti-
bles d’éréthifme, les douleurs qu’ils excitent (ont
alors des plus violentes. Unzérus dit qu’elles font
quelquefois relies qu’elles excitent le délire, &
que les malades ne peuvent s’affeoir, fe tenir
debout, marcher nr relier couchésj ce qui rend
leur, fitùation on ne peur plus critique. Mais ces
derniers'accidens ne feroient - ils point occafionnés
par une fièvre- maligne ou ardente, qui compli-
queroit la caufê primiiive ? Du moins fe n'ai
jamais eu occafion de voir laffertion d XJnzerus,
confirmée par mon expérience ,, quoique j’aie
nabi ré quelques années la. ville la plus commer-
c;n:e de l’Inde , où abordent fréquemment les
Mu ulmàns qui arrivent du pélérinage de la Mecque
& de Médine. .
Four aller au-devant de cette maladie & de
fes fuites flcheufes, il n eft point de moyens plus
convenables que d’éviter de marcher nuds-piéds.
L’obfervation de ceux qui, ayant foi» d’eux-mêmes,
& allant rarement fans chauffure , en font
moins affeclés que ceux qui ne peuvent prendre
tes précautions, portent naturellement à donner
ce confcil. Mais fi les gens aifés peuvent le mettre
en plage , les nègres, les efclaves, & tous ceux
que la mendicité ou la loutine forcenf à fe refuser
toute commodité , pourront-üs l’adopter ?
On ne peut donc, d’après cela, établir une cure
préfervative avec affurance de fuccès -, car l'on
auroit tort de regarder comme telle celle des Arabes
* qui ne préfente qu’un fatras de remèdes
purgatifs, & peu d'alrérans particuliers,-
Quàtid le ver eft paifible, qu’il' n’eXcite aucun
fymptôme urgent , il eft très-difficile d’opérer
une cure radicale*, on fe contente de prelcrire
des analeptiques , qui ne remédient ni au ma-
rafme ni à fa caufe. Mais quand l’éréthpfme donne
lieu à des phénomènes inflammatoires , on y,
obvie par des remèdes généraux-, & par 1 application
des ropiques, ià où la véficule paroît
& dès-lors on fubftitue aux cataplafmes (impies &
émoliiens, un petit'emplâtre d'onguent de la mère
pour macérer fes^tégumens1, & faciliter l’iffue de
l’animalctrle qu’on ’ foupçonne. Les Arabes &
les Indofians, qui fe procurent des jouiffances
toujours nouvelles , par la variété d’aromates
dont ils recréent continuellement leur odorat,
croient qu’il n’y a point de meilleur moyen d’attirer
au-dehôrs ce genre d’infeéte-, que d'oindre l’en*
droit où il paroît avec des huiles odoriférentesi
D'autres, petfuadés qu’il fera plus docile à un
fens différent, préfèrent le lait, le miel, le fucre,
dont ils font différens mélanges. Quelque variés
que foient tes topiques, le ver n'en eft pas
moins expulfé par le travail de la nature. Dès
qu'il paroît , Ta méthode la plus fimple eft de
comprendre la partie faillante dans le noeud coulant
d’un fil, & d’entourer les deux bouts: fur un
'petit bâton qu'on roule à mefure que le ver peut
le développer de l’intérieur. Les Auteurs ont
fingulièrement varié fur les moyens d’extradlion
dans cesca*. Les inftrumens qu’ils ont le plus
recommandé, étoient deux moitiés de cylindre,,
qui- s’adaptoient l’une, à l’autre r de. manière à
foutenir la partie faillante du ver entr’elles, &
à refler unies, par Le moyen-de-deux viroles qu'on
faifoit entrer par- les d'eux bouts. Albucafis. con-
feilio-ir une plaque, de plomb fenduer de manière
à- recevoir la faillie du ver, & en attirer
la totalité par fon propre poids v un tuyau de
plume fendu peut produire le même effet j mais
la méthode ancienne eft préférable , à toutes les
autre.'.En roulant ainfi le ver, il faut aller avec
la plus- grande douceur, crainte de le rompre.
Quoique ton-s les Auteurs s’accordent fur les accidens
qui fuirent cette rupture ^ je ne les ai ce-r
pendant pas toujours obfervés en pareil cas : que
ces accidens* proviennent de l’attraélion violente,
du ver , qui donne lieu à la divulfion des parties
fenlibles, ou qu’ils foient la fuite de l’effufion
de l’humeur qu’il contientil eft toujours prudent
d’en éviter la rupture.. Ætius confeille de
lier la partie au-deffus-du ver, pour l’empêcher
de fê foufiraire aux moyens extra éïifs, & de rentrer
en-dedans , Ut Dravunculus paulatim pro~.
grediensr conftndcone quidtm inttrcludatur. Une
pareille méthode feroit très-dangereufe dans tons
les cas, & notamment lorfque la partie eft déjà
très-enflammée. On continue , tous les jours, de
rouler la portion du vêr qui cède, fur le bâton,
l’on exprime le pus qui fuinte de l’ouvtrture,
& l’on applique x pour tout appareil, un peu*
-empêtre d’onguent de la mère. On eft étonné
de voir s'écouler quelquefois, plufieurs jours
avant de voir la fin de ce ver, on a lieu alors
d’en foupçonner une longueur démefurée. On
trouve, dans l’Hiftoire d’une fièvrecontagieufe,
qui régna, au Sénégal, en 17.78 , l’exemple d’un
fait bien extraordinaire *,il parut à la plante du pied
d’une négreffe, ayant été précédé d'un petit abcès :
un autre abcès fe manifefta pareillement peu de
teins après fur le même pied 3 & de cet abcès
fortit un fécond ver*, on lia l’un & l’autre fépa-
rétnent, fur qn petit morceau de bois; trois fe-
maines s’étoient écoulées pendant ce traitement ;
il ne fortoit plus rien de part ni d’autre : mais
en tirant l’un des morceaux de bois, l’on apper-
cevoit fenfiblement l’autre fuivre , & s’approcher
de la plaie, à mefure que celui du côté op-
pofé s'en éloignoit. Ce phénomène donna lieu de
croire que les vers qui avoient été ainfi roulés fé-
parément n'étoient que les extrémités d'un même
ver. On en déroula donc un , qui rentra dans le
pied , à mefure qu’on roula l'autre : la totalité
étoit de l’étendue de fix pieds, & le volume en
étoit deux- fois gros-comme une chantrelle. Le
ver une fois forti , l'inflammation s’appaife, &
tous les accidens difparoiffent, à moins qu'il n’y
en ait encore d’autres. ( M. P e t i t - R a d é z . )
DFiAN. ( Henri-François Le) Il étoit fils de
Le Dran , Chirurgien de Paris , qui s'étoit distingué
par le traitement des maladies cancéreùfes.
Il avoir paffé par les principales dignités de fa
Compagnie , quand il fut nommé Chirurgien
confultant des Armées du Roi. II a été Chirurgien
Major de la Charité, avant M. Morand.
C’eft un Praticien à qui la Chirurgie Françoife
doit le plus , ainfi qu’on le peut-•croire , d’après
les divers Ouvrages qu’il a donnés, lefquels lui
ont valu une approbation générale. Le premier
qu’il ait fait paroître fut imprimé à Paris, en
I7$0y&vec ce titre , Parallèle des differentes manières
de tirer la Pierre hors de la VeJJie. Cet
Ouvrage a été traduit en Anglois & en Allemand
, & il méritoit bien cet honneur. Il eft
accompagné de Planches qui repréfentent le baflin
fcjé verticalement, pour donner une notion la plus
précife des parties que l’on coupé dans l'opération
de la taille. Un an après cet Ouvrage, qui
failoit déjà époque, parurent deuT^Volumes in-11,
fous le titre fuivanr. Obfervations de Chirurgie,
auxquelles, on a joint plufieurs Resterions en fa veur
des Etudians 3 elles roulent fur les cas plus
ou moins épineux de la Chirurgie , celles qui
ont rapport aux plaies de tête, méritent fpécia-
lement d’être connues. Il eft un des premiers qui
ait tenté de faire l’amputation du bras dans l’ar-
*lcfe, i fes obférvations font écrites d’un ftyle
fimple & pur , tant l’Auteur s’y montre .fans prétention
, & avec beaucoup de favoir. Haller
wlitne fingulièrement cet ouvrage , ainfi que
to u s les Obfervateurs qui vont y puifer des faits
confirmatifs de leur doèlrine. En 1737, M. Le
Dran fit paroître fon Traité ou Réflexions tirées
de la Pratique, fur les Plaies d’Armes _ h feu.,
C’eft le fruit des campagnes qu’il avoit faites
dans les Armées Françoifes. Il y réunit les grands
faits de politique qui étoient épars dans divers
Ouvrages , & n’admet aucune opinion d’après les
conjectures *, il eft un des premiers qui ait parlé
fortement fur la nécefliré des incifions dans le
traitement des plaies d’armes à feu, & qui, fuivanr
les traces de Belofte, ait rejetté de fa Pratique,
les tentes & les panfemens réitérés. Il
traite avec beaucoup de fagaciré les plaies de ce
genre, faites aux différentes régions du corps.
Mais un des meilleurs Ouvrages qui foit forti de
la plume de M. Le Dran, eft fon Traité d’Opéra-
tions, qui parut à Paris en 1743 , & dont il y
a eu plufieurs éditions & traductions, une an-
gloife, entr’autres , à laquelle Chefelden a ajouté
des notes, & qui parut à Londres en 1749. Haller
dit de cet Ouvrage, bonus liber viri nunc multa
experti , qui ferè ubiquè fimplicijjïmam curationem
féliciter adhibuit. Le Dran parle d’après lui,
dans cet Ouvrage ; Tes points de doClrine étoient
abfolument neufs, quand il a entrepris de les développer
j il Amplifie par-tout la Pratique, non
pas comme le plus grand nombre, parce qu’il en
ignoroit une plus compofée, mais par l'intime
perluafion que les cas où il y avoit recours,feroient
beaucoup plus prompts à guérir, par cette
fimplicité, que par toute autre méthode. L’hif-
toir.e des plaies de tête eft fingulièrement inté-
reffante 3 il infifle fur futilité du trépan , dans
tous les cas de fiffure, & dit même qu’on peut
l’appliquer fur les futures. Enfin il fit paroître
le fuivant avec ce titre : Confultations fu r la plupart
des maladies qui font 'du rejjort de la Chirurgie.
Celui-ci n’eft point inférieur aux autres,
tant par rapport aux remarques importantes que
notre Auteur fait fur les maladies de la veffie,
que relativement à d’autres cas qui ne font pas
moins intéreffans. On trouve’ encore différens Mé-.
moirés de Le Dran, parmi ceux de l'Académie
Royale de Chiruigie , & entr’autres celui fur le
cancer , qui marque combien ce Praticien donnoit
le fceau de la vérité aux matières qu’il traitoit
par lui-même. ( M. Petit-Radez. )
DRAPEAU. Panniculus. Troifième efpèce de
pterygium où ongle qu’on diftihgue à une excroif-
fance , qui naît à quelques points de la furface
de l’oeil, & dont la fubftance paroît être comme
variqueufe. Ce Drapeau eft quelquefois accompagné
de démangeaifon , d’inflammation & d’ulcération
3 c’eft proprement alors l’aflfeétion que
les Arabes déftgnoiem fous le nom de Sabet,
& qui eft le plus fâcheux des Pterygiums. Voyez
Pterygium. ( M.Petït- Radel. ).
DURE-MERE, mwsyÇ, Meninx. Nous ren-
nuh ij