
Onguent très - doux , que Ton introduira légèrement
entre les côtés de la plaie fans rien
forcer , & fans les pouffer trop avant pour
quils n'incommodent plus le malade. Enfuite on
recouvrira la plaie avec une compreffe de linge
très-Toupie; on contiendra le tout par un bandage
en T . , & l'on fera mettre le malade au lit.
Ce panfement doit fe renouveller après chaque
fe lle , ou toutes les vingt-quatre heures, quand
les Telles ne font pas fréquentes 5 & ea fuivant
ce traitement bien /impie , on ne tarde pas à voir
les plaies fe remplir par le fond, & fe cicatri-
fèr enfin de la même manière que cela arrive
en d’autres parties du corps. Et l’on ne voit
pas pourquoi il en feroit autrement ; car quoique,
parmi les Auteurs qui ont écrit fur cet objet,
plufieurs aient paru foupçonner quelque chofe
de particulier & de myfiérieux dans les plaies
des parties -voifines de l’Anus, il n’y a pas lieu
de douter que cette opinion ne foit deftituée de
tout fondement ; ces plaies font par leur
nature parfaitement femblables à celles qui ont
lieu dans le relie du corps , & ne peuvent
fe guérir que par les mêmes moyens. Dès que
la fuppuration s’établir, il faut changer l’appareil
, il faut le changer auffi toutes les fois
qu’il fe trouve dérangé par le paffage des matières
fécales, en mettant beaucoup de foin à
enlever très-doucemçnrles portions d’excrémens
qui peuvent s’être logées dans la plaie, fans
jamais recourir qu*avec la plus grande circonf-
peélion aux injeétions qu’on nomme déterfives,
& qu’on a recommandées dans ces fortes de cas.
On peut dire, en général, que toutes les applications
de ce genre ronr plus de mal que de bien;
elles irritent les- parties pour lefquelles on- en fait
ufage, & cette irritation eft prefque toujours
accompagnée de plus ou moins d’inflammation;
ï l faut donc éviter foigneufemem tous les remèdes
de cette efpèce*
Nous avons dit qu’en perfiflant dans le traitement
Ample & doux , que nous avons preferit,
on peut, dans la plupart des cas, fe flatter de
.guérir le malade. Mais il n’en eft pourtant pas
tou jours ainfi -, & l’on rencontre quelquefois des cas,
où au lieu de voir une bonne fuppuration, accompagnée
de granulations de chair rouge & de
bonne apparence, dont l’intérieur de la plaie
devroit fe couvrir > fi elle tendoit à fa guérifon,
elle devient d’une mauvaife couleur, elle prend
un air mollafïè & affaifféè , & la fuppuration eft
ichoreufe , fétide & quelquefois mêlée de fang.
Quand on voit paroître ces fymptômes, fi l’on
peut reconnoîrre, par un examen- plus exa# , quelque
finus qui n’ait pas été apperçu lorfqu’on
a fait l ’opération , & dans lequel pourtant il y
ait du pus , on peut regarder comme une chofe
à-peu-près sûre , qifen l’ouvrant dans toute fon
4iêaduç , on va inceffamment faire prendre à la
maladie la tournure la plus favorable. Mais o**
dinairement ces fâcheufes apparences proviennent
de quelque mauvaife difpofition du fyftême en
général ; & jufqu’à ee qu’on foit parvenu à la
changer , on fe flatterait envain d'obtenir la
guéiilon des plaies. ïl vaudroit mieux lorfqu’on
foupçonne un vice général de l’économie, tâcher
de le corriger avant que d’entreprendre une
opération quelconque ; mais cela n’ eft pas tou-
•jotfrs en notre pouvoir, & il arrive fouvent que
les premiers indices d’une pareille affeéïion fe
-tirent de l’apparence que contrarient les plaies,
plufieurs jours après que l’on a ouvert les finus.
Dès qu’on sr pu s’affnrer qu’il exifte quelque
maladie de la conftitution, qui probablement retarderait
la guérifon du mal local, il ne faut
négliger aucun des moyens propres à la combattre.
S’il y a chez le malade quelque principe vénérien,
feorbutique ou fcrophuleux, on preferira fut le
champ les remèdes adaptés à celui dont on aura
reconnu l’exiftence*, ou s’il n’y a en lui que de la
foibleffe, venue à la luire de quelque fièvre , ou
caufée par une évacuation trop confidérable de
pus, on tâchera de rétablir le ton du fyftême par
une bonne nourriture, & par l’ üfage d’une certaine
quantité devin d’une bonne qualité.
Nous ferons voir, quand nous traiterons des
ulcères, quelle eft l’utilité dés- cautères, dans le
traitement de toutes les maladies de ce genre ;
mais il n’y en a jpas une oii ce remède ait paru
agir avec plus d avantage que dans les cas de
fiftule à l’Anus, quand la fuppuration a déjà été
de longue durée. M. Bell nous apprend qu’il a
vu, dans le cours de fa pratique, pluneurs cas, où,
fans le fecours des cautères, il n’ auroit jamais
réufti à guérir les malades ; & qu’il eft fi convaincu
de l’avantage qu’on peut en» retirer, que
jamais il n’opère une fiftule qùi- a duré long-tems,
fans avoir préalablement établi un écoulement
pareil, proportionné à peu-près à la quantité de
pus qui fort par l’ulcère, en même-tems, qu’il
cherche à s’éclairer fur les maladies qui pouf raient
exifter dans la conftitution. Lorfqu’on aura pris
de femblables précautions, fi l ’opération a été
bien faite, & fi la maladie n’a pas déjà attaqué
quelqu’un des; os voifins, on pourra, en général,
le flatter de procurer au malade une parfaits
guérifon..
IV» Traitement de là Fiftule dans fes périodes
plus avancés»
Nous n’avons jufqu’ici confidéré la maladie £
que dans le période où elle n’a encore produit
que des finus le long du reéhim & dans fon voi-
finage. Nous allons à préfent la confidérer dans
fes périodes plus avancés.
Le premier dont nous parlerons, eft celui où
Iss parties v-oifines des’ ulcères ont été fépar&s
#u détachées l'une de l’autre> par un Ample épanchement
de pus, dans le tiflu cellulaire qui les
tient réunies dans l’état de famé. Cette circonf-
tance a lieu jufqu’à un certain point dans tous
les cas de finus ; mais lorfque la maladie qui nous
occupe a duré très-long-tems, & que le pus ne
trouve pas de libre iffue, il s’étend quelquefois
d’une manière fi étonnante dans les parties voi-
fines, que non-feulement il fépare les mufcles
de la peau & des autres tégumens qui les recouvrent
, mais qu’il détache toute la partie inférieure
du reélum de la fubftance cellulaire à laquelle,
dans l’état de fanté, elle eft fermement attachée.
Ce cas n’eft pas fréquent, mais il fe voit quelquefois
, & il y a de la différence dans les méthodes
qu’on a propofé pour le guérir. On a
recommandé, comme nous l’avons vu plus haut,
deux manières d’opérer dans cet état de la maladie,
qui heureufement font rejettées par la pratique
moderne; l’une confifte à emporter une portion
confidérable des tégumens, pour donner iffue à
tout le pus qui s’eftamaffé, l’autre à faire Texcifion
de toute la partie inférieure du reélum qui fe
trouve détachée du tiffu cellulaire & des mufcles
qui lui font contigus.
Mais chacune de ces opérations caufe beaucoup
de douleur au moment où on la fait, & encore
pendant long-tems après ; & elles méritent d’autant
plus d’être abfolument abandonnées, que tout'
l ’avantage qu’elles promettent peut s’obtenir par
une opération beaucoup plus ftmple. L ’excifion
d’une portion un peu confidérable- des tégumens,
autour de l’Anus, paraîtra toujours une opération
bien cruelle ; mais celle de l’extrémité du reétum
doit, fuivant toute apparence, eaufer au malade
plus de doqleurs & de tourmens, que ne lui en
aurait jamais occafionné la maladie, qu'elle eft
deftinée à guérir ; car, outre la difficulté & la
douleur qu’il éprouverait toujours pour rendre
des matières dures-, il lui ferait à-peu-près im~
poffible de jamais retenir les excrémens plus
liquides.
Heureufement iln’ya pas de raifons affez fortes
pour réduire jamais un malade à une fituation auffi
fâcheufe, car une fimple incifion de l’inteftin,.
dans un ou deux endroits au plus, füffira toujours
en cas pareil, pour procurer une guérifon, plus-
fùrement qu’on ne pourra l’obtenir par aucun autre
moyen dont nous ayons connoifl'anee. Lors donc
qu’il fe préfente un cas de cette nature, tout ce
qu’il y a à faire eft d’ouvrir d’un bout à l’autre la'
portion d’inteftin qui eft détachée, de la même
manière que nous l’avons preferit pour les cas;
plus Amples ; & fi cette incifion ne fuffit pas pour
que Finteftin puiffe s’appliquer également aux-
parties qui l’enrourent, on en fera une féconde
au côté oppofé du reêlutn ; par ce moyen tome
la portion de cet organe qui fe trouvoit féparée
des mufcles qui l’environnent, s’y appliquera uniformément
tout autour y aucune partie ne fera plus
enfoncée ou plus élevée qu’elle ne doit l’être ; &
fi les os & les autres parties dès environs n’ont^
point été attaqués, fi la conftitution eft d’ailleurs
en bon état, il fe formera des adhérences entre
l’inteftin & les parties quil’avoifinent, & le malade
obtiendra très-probablement une guérifon entière
& durable.
D ’après les* mêmes principes, quand le pus te
fera infinué entre la peau & les mufcles du périnée
ou des hanches, comme il arrive quelquefois, le
fac qu’il fe fera formé doit être ouvert d’un bout
à l’autre ; & fi une feule incifion ne fuffit pas pour
l’évacuer, on en fera fur-le-champ une fécondé ,
en ayant foin de fuivre la direction de l ’abcès,
de manière à favorifer le rapprochement exact des
parties.
Le panfement léger que nous avons recommandé
après l’opération, qui fe fait pour le premier
période de la maladie , eft également convenable
après celle que nous venon; d’indiquer. On ne
doit rien mettre entre les tégumens & les parties-
qu’ils recouvrent, il ne faut d’autre appareil que
des plumaceau'x de charpie, enduits decérat fimr
pie par-deffus les plaies.
V.- Des cas de Fiftule occulte*
Jufqu’à préfent nous avons firppofé que le pu s"-
cortrenu dans la fiftule a fon écoulement au-deliors,
par une ou plufieurs ouvertures dans le voifinage.
de l’Anus. Quelquefois cependant ce caraélère-
diftinétif de la maladie n’exifte pas; & le pus au
lieu defçrtir de la manière accoutumée , fe verfe
d’abord dans l’inteftin,, & paffe enfuite par le
fondement, on feu l , ou mêlé avec les matières-
fëcales. Ceci eft le cas qu’on a nommé fiftule
occulte, ou fiftule lrorgne.
Le paffage du pus par un ulcère extérieur, étant
l ’indice le plus certain, que nous puiffions avoir-
de l’exiftence d’ une fiftule a l’Anus, il faut ordinairement
plus d’attention , pour bien diftinguer
cette variété de la maladie, & pour ne pas la-
confondre avec des affeélions d’une autre nature.
Ainfi, l’on a plus d’une fois regardé du pus qui
forroît de quelque abcès -, fitué dans une aurre
partie des entrailles , comme provenant d’une
fiftule occulte, près de l’Anus ; & i l eft suffi arrivé*
que, par inattention, l’on a pris pour une maladie
de quelque portion fupérieure des inteftins, un
dépôt de pus voiftn de l’extrémité inférieure du
reélum. Ces fuopofirions mal fondées ont- conduit
à prefçrire des remèdes qui n’ont eu- aucun e ffet,
tandis qu’on aurait pu obtenir une guérifon par
des moyens très-fimples.
B eft cependant bien aifé de diftinguer ces deux'
maladies. Quand on rend par les telles du pus
qui vient de quelque abcès formé dans une partie
plus éloignée du tube inteftinal , ce pus, pour
l’ordinaire, eft tellement mêlé avec les matières^
fécales, qu’il fsmble en être une partie * & 1$$’