Gucrrfon de tAneurifme opérée par ta. nature, j
Cette opinion que la cure d un Aneuri•frme
peut s’opérer par l’anéanriffement de la force
de la circulation', fe trouve confirmée par différeras
cas de cette maladie qui fe font guéris
fponranément, & dont Ja guérifon a commencé
à fe faire tout-à-coup, au moment où le fang
a paru ne pouvoir plus pénétrer dans le fac
Aneurifmal, le canal a? tériel ayant été bouché
au-deffus par une concrétion de la nature de
celles que l’on obferve dans la cavité de
l’Aneurifme. *
Les'Auteurs ont parlé depuis long-tems de
ces guérifons faites par la nature*, mais il
étoit réfervé aux Chirurgiens modernes de les
bien obferver, de pouvoir expliquer de quelle ;
manière elles s’opèrent , & d’en tirer les
conféquences pratiques qui en découlent.
M. de Sault a été à portée d’obferver & de
fuivre un cas de cette nature. Au mois de
Janvier 1787, un homme fe rendit à l’Hôtel -
Dieu avec un Aneurifme vrai au jarret. M. de
Sault le fit faigner, lui fit obferver le repos, &
le tint au régime 3 différant de l’opérer pour
Thabituer à l’air de l’Hôpital, & parce qu’il lui
furvint bientôt après quelques fymptômes fébriles
qui paroiffoient tenir à des embarras du canal
inteftinal, pour lefquels on lui adminifira les fe-
cours indiqués. La tumeur , qui avoit le volume
d’un gros oeuf de poule , augmenta un peu pendant
ce traitement& les battemens s’y faifoient
fèntir avec plus de force. Le trente-cinquième
jour , depuis l’entrée du malade à l’Hôtel-Dieu ,
M . de Sault obferva que les pulfations qui la
veille éroient très-fenfibles à la vue , me fe faifoient
plus appercevoir. La tumeur parut diminuée
de volume, elle étoit plus dure , toujours
circonfcrire, & fans changement de couleur à la
peau 3 mais quefqu’attention qu’on y apportât,
l’on n’y fentoit plus aucun battement : il y avoit
feulement un mouvement de fucculfion imprimé
par l’impulfion du fang dans l’artère poplitée.
En appliquant les deux mains fur les côtés du
genou, l’on fentoit battre avec force les branches
des artères articulaires, on les diftinguoit même
à la vue. Les pulfations de l’artère fémorale du
•même côté ,/ au - deffous de l’arcade crurale,
parurent au toucher d’un tiers plus fortes que
celles du côté oppofé. Tous ces lignes annon-
çoient la forma ris n d’un caillot dans l’artère
au-deffus de la tumeur , & la déviation du cours
du fang par les artères articulaires. Le malade
cependant ne s’appercevoit point de cette révolution
•, il néproùvoit aucune douleur 3 il n’avoir
aucun femiméni de froid 3 il ne reffentoit ni
fourmillement, ni engourdiffement dans le pied,
ni dans la jambe j ces parties confervoient leur
chaleur & leur fenfibmté naturelle.- Le lendemain
& les jours fuivans, l'équilibre fe
tablit entre les battemens dés deux artères
fémorales , & la tumeur toujours dure , & fans
pu ils iion, diminua de plus,en plus.
Dix jours après qu’pn eut obfervé ce changement
dans l’Aneurifme, le malade mourut des
fuites de fa maladie fébrile. L’ouverture du cadavre
montra, par le moyen des injoftions, la
libre communication qui s’étoit établie entre les
vaiffeaux au-deffus & au-deffous de l'Anenrifme.
L'artère poplitée étoit injeéiée jufques un peu
au-dèffous de l ’origine des branches mnfeulaircs
fupérienres^ & depuis cet endroit jufqu’au fac
Àneurifmal, dans lefpace d’environ trois travers
de doigt, elle étoit remplie par un caillot. La
tumeur étoit parfaitement ronde, au lieu d’avoir
une figure ovalaire telle qu’on l’aftigne ordinairement
aux Aneurifmes vrais.. Elle étoit d’une
confiftance affez folide , quoiqu’elle fe fût ramollie
depuis la mort, & ne furpaffoit pas te
volume d’une noix. Voy. Journal de Médecines
vol. LXXI, p. 430.
On lit, dans le vol. L X X V Ï I I , du même Recueil
périodique, quelques cas de la même nature
obfervés par M. Ford -, Chirurgien de Londres.
Ce Praticien avoit eu, il y a- déjà plufieurs
années-, occafion de voir un Aneurifme de l’artère
poplitée;, qui,trois mois après qu’il l’eut
examiné , difparut entièrement 3 & quoique, la
jambe demeurât un peu foib le , le' malade cependant
fe rétablit affez bien pour vaquer en-
fuite à fon état de porteur de chaife.
Il a obfervé depuis un autre cas du même
genre , chez un homme qui avoir tout à-la-fois
un Aneurifme de l’artère fémorale à la partie
fupérieure de la-cuiffe droite , & un autre à l’artère
poplirée de la cuiiTe. gauche. Convaincu
qu’il étoit inutile de tenter aucune opération
chez un fujet où la difpofition à l’Aneurifme
étoit fi évidente , il fut deux mois fans-lè voir.
Appelié enfuhe auprès de lu i> il trouva le mal
très-empiré à la cuiffe droite | ..niais à la cul fie
gauche il n’y avoit plus de tumeur. Le malade
périr bientôt après de gangrène . .en conféquence
de l’affcélion de l’artère f: morale 3 & fon corps
ayant été examiné, quoiqu’on n’apperçûr. extérieurement
aucune marque de tumeur1 au jarret,
en difféquant l’artère poplitée, on y trouva une
groffeur du volume d’une noifette. On ouvrit
P artère au r deffus & au - deffous, & l’on ef-
faya d’y paffer une petite fonde mais on na
put jamais en venir à bout 3 elle étoit bouchée
par une fubflance ferme & folide.
M. Ford rend compte d’un troifième-cas qui
s’eft préferité à lui , plus intéreffant que les
deux précédens.
Un homme de trente-fix ans, avoir nn Aneu-
rifme à la partie fupérieure de la cuiffe 3 la fumeur
avoit le volume d’un orange, & croiffbii
rapidement : le malade étoit dans un état teï
qu'on ne pouvoit plus fe flatter de lui fauver
la vie ni par Tampuiation du membre, ni-par la
ligature de l’artère. On lui confeilla de garder le lit, :
de fe tenir le ventre libre, & d’obferver une diète
rkoureulè 3 on * tenta de comprimer Tarière à
laine , mais la douleur quecanla cette compref-
fion obligea bientôt à y renoncer. La maladie
fut alors abandonnée à la nature , &, pendant
quatre mois, les fymptômes qui ont coutume de
précéder une terrninaifon funefle continuèrent à
dominer. Le pouls étoit dur & plein 3 la tumeur,
dont le volume augmeiKoit chaque jour, s’é-
tçndoit,depuis le ligament de Poupart prefqite
jufqu’au jarret. Le genou étoit fléchi fans qu’il
fût poffible de l’étendre, la jambe & le pied
étoient froids & oedémateux 3 la pulfation fe
faifoit fenrir fortement dans chaque partie de la
tumeur, la peau étoit tendue & enflammée , &
paroifioit fur le point de s’ouvrir en différens
endroits.
Au bout de fix mois, le malade commença à
s’appercevoir que la pulfation étoit moins forte,
& que la tumeur avoir ceffé d’augmenter de
volume 3 bientôt elle s’affaiffa confidérablement,
douleur ceffa tont-à-fait. L’inflammation
delà peau difparut, la tenfion des parties diminua
, le malade put étendre un peu le genou, &
lefroid& l’enflure du pied commencèrent à fediflt-
per. Pendant les deux mois qui fuivirenr, la tumeur
alla toujours en diminuant. On modéra , par
degrés, la diète qui avoit été preferite , & le
malade riant d’un peu de nourriture animale ,
reprit peu-à-peu des forces 3 au bout de trois
mois , il fur en état de faire plufieurs milles à
pied avec un bâton 3 enfin fa jambe & fa cuiffe
peuvent aéluellementfiipporter un exercice violent,
suffi facilement qu’avant cette maladie. La cuiffe
a deux pouces & demi de circonférence déplus
que l’autre 3 & à l’endroit où étoit l’Aneurifme,
il y aune tumeur dure &jncompreffible , mais qui
ne caufe aucune incommodité.
Nous pourrions cirer , d’après les Auteurs ,
beaucoup d’autres faits qui viendroient à l’appui de
ceux que nous venons de rapporter 3 mais nous
croyons qu’il fulHt d’avoir expofé ceux-ci qui
font parfaitement authentiques , & que nous
pouvons avec M. Ford en tirer les conféquences
fuivames.
i.° Que les feuls efforts delà nature uiffifent
pour opérer la cure de plufieurs Aneurifmes 3
mais que leur fuceès peut devenir plus certain,
lorfqu’ils font fécondés par une pofition du
membre qui en favorife le repos, par le régime
antiphlogiftique, & par une diète févère.
2.0 Que la cure opérée par la nature eft permanente.
3.0 Que la mïffe inorganique, qui demeure
après la maladie, ne produit aucun mal.
4.0 Que la terrninaifon fouvent malheureufe
de l’opération, dans l’Aneuerifme de l'artère poplitée
, ne dépend pas de l’obfirochon de la circulation
dans le jarret, mais qu’elle efi due à
d'antres caufes.
5.® Que ces guérifons opérées par la nature,
confirment pleinement la doèlrine de M. de Sault ,
& de M. Humer, fur l’opération de l’Aneurifme
par fimple compreflïon de l’artère au-deffus du .
fiège du mal.
ANODINS. On appelle ainfi les médicamens
qui diminuent, ou font ceffer la douleur. On
les nomme narcotiques & fomnifères, lorfque
leur action va au point de produire le fom-
meil.
Ces remèdes font indiqués, en Chirurgie, dans
tous les cas où il s’agit de calmer une douleur
d’une intenfifé quelconque, comme particulièrement
dans les ulcères malins & cancéreux, &
dans les cas de certaines tumeurs douloureufes.
Us font employés intérieurement & extérieurement.
On les diftingue en Anodins narcotiques
& en Anodins improprement dits.
Les premiers font les feuilles de jufquiame.,
de ciguë, de Ammonium, les têtes de pavots,,
l’opium, le camphre.
Les Anodins improprement dits , font tous
les émoi lien s, les fubfiances capables dérnoufler
& d’enveloper la caufe de la douleur, les préparations
de plomb.
ANTKRACOSE. /.ntrax ou charbon des paupières.
C’eli une tumeur d’un rouge livide, qui
caufe une tenfion confidérabie aux paupières oc
aux parties voifines, accompagnée de fièvre,
de douleur & de pulfation 3 il s'y forme promptement
une croûte noire, qui eft une vraie efearre
gangréneufe. L’éréfypèle de la face, & la .tumé-
faélion des glandes parotides, font fouvent des
actiilens de cette maladie.
L’Antracofe attaque particulièrement les gens
de la campagne, mal nourris, & continuellement
expefés à des travaux fatiguans & aux injures
de la. faifon. On a obfervé qu’elle étoit plus
commune quand la féchereffe eft très-grande, &
qu’elle- sffcéloir pauicniièremtm les perfonnes
qui paffent les jours entiers à feier les bleds.
La cure de cette maladie ne permet point
de délai 3 dès qu’on s’apperçoir de la formation
de la pullule, il faut faigner le malade, lui
donner des lavemens, lui faire prendre des boif-
fons rafraîchiffantes. On applique, dans le commencement
, fur la partie malade, des coir.preffes
trempée.s dans de l’eau de lureau, dans laquelle
on fait fondre un peu de nitre. Siia tumeur
eft confidérabie, on î’incife avec une lancette,
on fearifie les parties tuméfiées autour de l’efcarre,
& Ton applique des cataplafmes émolüens &
réfolutifs. II faut avoir foin, dans les panfemens
de cette plaie ,de tenir la peau étendue, pour
que la cicatrice ne froncé pas la paupière, &
, ne caufe pas de difformité, Le Chirurgien doit