
efpèces, mais qui n’en font pas moins les mêmes
chez les mêmes individus. Chez l’homme, le terme
eft au neuvième mois & dixième jour, à dater
de la conception } il peut y avoir de 1 accélération
relativement à l’époque de ce terme, mais
©n n’y obferve jamais de retard. Cette vérité, tant
.débattue par les Phyfiologiftes & les Accoucheurs,
eft aéluellement mife hors de tout doute}
.& vouloir la contefter, c’eft prouver qu’on n’entend
point la matière, ou. que l’on eft de mau-
vaife foi. Dans l’Accouchement le produit de la
conception eft plus ou moins organifé, Ion y re-
connoît le foetus & fes annexes ,Veft-à-dire, le
placenta & les membranes.s( Voy?i ces mots. ) Ces
indices ont fuffi aux ‘ Auteurs pour établir une
différence entre l’aéte de la nature qui opère une
pareille expuîfton , & cplui qui rejette au-dehors
ies relies informes ou dégénérés d’une conception
vicieuîe } ils ont défigné ce dernier fous le nom
de faux-germe ou de môle. ( Voyt\ Môle.)
Les femmes qui vont au fa it, & qui font trompées
dans leurs efpéraaces, donnent alors au
travail le nom de fauffes-couches _, terme qui eft
encore reçu pour exprimer la fortie de l'enfant
avant le .terme de fa viabilité , au lieu de celui
©avortement, qui conviendront beaucoup mieux.
Les Auteurs ont donné différentes dénominations
aux Accouchemens, félon l’époque de la
grofleffe où ils ont lieu, & félon la manière dont
ils s’opèrent. On le. nomme Avortement lorfqu’il
arrive avant le feptième mois , Accouchement
prématuré depuis cette époque julqu au huitième
mois & demi, & Accouchement à terme quand il
arrive à la lin du neuvième mois} & , félon la
facilité avec laquelle il s'opère, on dit qu’il eft
naturel, contre nature & laborieux. Ces diftinc-
lions, empruntées.de l’école, ne font rien moins que
bonnes , car l’on eft toujours peu d'accord fur les
limites quiiesféparent. T elles personnes regardent
comme laborieux un Accouchement que l’un regarde
comme naturel, & l’autre comme contre nature
: aufli vaut-il mieux, comme l ’obferve M. Bau-
deloque, difiinguer les Accouchemens, i.° en ceux
qui fe font naturellement} 2.° en ceux qu’on peut
opérer avec la main feule*, & 3.0 en ceux qui
ne peuvent fe faire qu’à l'aide des inftiumens.
Quoique, dans ces deux derniers cas, la main faffe
beaucoup , les puiffances n’en font pas moins actives
chez la mère, ainfi qu’on l’obferve fouvent
dans les Accouchemens retardés par une mauvaife
pofition de l’enfant , car aum-tôr que l’on a
changé celle-ci , la matrice reprend fes forces
qui étaient fuffoquées, & termine ainfi fouvent
par elle-même le travail commencé , mais mal
.conduit d’ailleurs.
De tAccouchement naturel.
Celui-ci s’opère, dans tous les cas , par les feules
fçiççs de la mère, & fans qu’on foit forcé à lui
donner le moindre fecours, fi ce n’eft pour fous
tenir l’enfant’, & le mettre de côté après fon expul-
fion. Les Accoucheurs les plus inftruits en diftin-
guent quatre efpèces générales qui elles-mêmes
en renferment de particulières*, i.° ÜAccouçhe-
ment dans lequel l’enfant préfente la tète *, 1 ° celui
où il vient par les pieds $ 3.0 celui où les genoux
font les premiers à s’engager *, & 4.0 enfin celui
où l’enfant vient en offrant les feffes. Ces poft-
tions n’ont bien été expofées que par les Accoucheurs
qui fuccédèrent au renouvellement des
fciences en Italie. Rhodion,Médecin Allemand, eft
le premier qui les ait détaillées convenablement,
& en général tout ce que dit cet Auteur prouve
qu’il avoit beaucoup étudié Paul d’Egine. Pour
bien connoître les caufes qui contribuent à la
facilité de l’Accouchement dont il s’agit, il faut
bien fe rappeller la dimenfion du bamn ( voye\
Bass in,) dans l’état naturel, les proportions les
plus ordinaires du foetus, ('vojej ce mot) &
favoir les rapports que la matrice & le foetus entretiennent
avec le détroit fupérieut. C’eft à bien
apprécier ce rapport, & à en tirer les inductions
qu il fuggère dans la pratique, que fe borne le
lavoir de l’Accoucheur, & cettexonnoiffance, telle
circonfcrite qu’elle puiife paroître, n’eft pas encore
fi bornée qu’on pourroit le croire au premier
abord. Nous allons nous' étendre d’autant plus
volontiers fur cette première efpèce d’Accouche*
ment, qu’une fois fon mécanifme bien faifi, tout
ce qui a rapport, aux deux autres feras plus ai-
fément compris.
La première queflion qui fe préfente eft, pourquoi
à une époque auffi confiante l’Accouchement
s’opère-t-il cheztous lesfujets, fans aucune diftinc-
tion de tempérament, de force , ni d'âge. Cette
régularité de la nature à terminer la gefiation à
un tems toujours le même, dut néceffairement
piquer la curiofité de ceux qui , les premiers,.ob-
feryèrent les phénomènes de l’économie animale}
aulfi chacun en apporta-1—il les raifons qui lui
parurent les plus plaufibles : les uns regardant la
matrice comme un vifeère abfolument pafîif dans
ce grand ouvrage, donnèrent tout au foetus, &
le regardèrent comme la caufe première & déterminante
du travail. Ils difoient que fouffrant
par le manque de nourriture, le befoin de ref-
pirer, le poids incommode des matières méconiales
accumulées dans les gros inteftins, il fol-
licitoit lui-même fa fortie , & s’efforçoit de
franchir les obftacles qui s’y oppofoient. Les
autres trouvant dans la matrice une ftruélure
bien différente de celles d’un vifeère membraneux
palfif, l’envifaeèrent comme la feule puifiance
propre à âgir lur l'enfant, x'& .à en opérer flex-
pulfion -, ils cruient dès-lors que cet organe étoit
invité à fe contrarier par l’acrimonie des eaux
de l’amnios, ou par la diftenfion violente qu’elle
éprouve vers la fin de la grofleffe. Toutes ces
opinions, vraifemblablcs au premier afpeft, ne
font riefl Moins qu’étayées de la vérité quand on
iient à les examiner féparément. Mais, comme
fcotre objet eft moins -d’expofer ce qui eft un
ïuiet de diftfote parmi les hommes que la vérité
mémo avec fa plus belle parure, qui eft la fim-
plicité, laiffons ces objets de difcuffions pour en
5 venir à elle. . . . , ,,
If La vraie caufe de 1 Accouchement, celle que
Ton peut réellement regarder comme la première ,
i^fide dans les fibres mêmes de la matrice : douées
ti’une organifation vraiment merveilleufe qui, de
jour en jour, devient plus apparente, à mefure
que la grofleffe approche de fon terme, elles,
agiffent continuellement, & tendent à diminuer
la cavité de la matrice d’une manière d’autant
plus lente quelles trouvent une plus grande ré-
jfiftance vers le col de ce vifeère qui n eft pas
Incore développé: en forte qu’alors' il y a une
balance’ dans les forces, d’une part, aôlion des
fibres développées*, de l'autre, réfiftance de la
part de celtes qui ne le font pas, de manière que,
dans cette coopération de forces, toutes les actions
s’entre-détruifant, tout refte dans le repos.
Lorfque les fix ou fept premiers mois de la
grofleffe fe font écoulés, que les fibres du fond
du corps de la matrice ont obéi à la puiffance
intérieure qui les dilate & les diftend, les fibres
du col, qui reftent à développer, devenues plus
fouples, cèdent de plus en plus *, en forte qu’au
‘neuvième mois, il ne refte plus rien de cette partie,
les fibres ayant toutes été employées au développement
de la totalité de la matrice. L ’orifice,
qui auparavant offioit une fente tranfverfale en-
îourée. d’un rebord plus ou moins rngeux, présente
alors une circonférence de la grandeur d’un
petit écu, dont les bords font fi minces, 8c fi im-
|médiatement appliqués à la poche des eaux, qu’on
les confond d’abord enfemble. C ’eft alors que
les fibres du fond de la matrice en agiffant contre
l ’enfant, & les eaux qui le foutiennenr, les pouffent
Xn avant} l’on fent cette action iorfqu’on porte
le doigt fur la poche des eaux qui avance à
travers l’orifice dilaté*, quand la contraction fe
paffe, les eaux & l’enfant, pouffés en avant, font
saillir cette poche, la diftendent de toute part}
& une fois la contraction ceffée, la poche devient
flafque, & l’enfant, qui n’eft plus foutenu y retombe
fur l’orifice, & préfente quelques-unes de
fes parties qui font connoître fa pofition.
Cette première aClion des fibres du fond de la
matrice , conftitue le commencement du vrai
travail de l’Accouchement, quoique l’on ne puiffe
favoir exactement quand elle a lieu, & que l’on
ait d’autres affurances que l’apparition des douleurs,
& fur -tout des. douleurs un peu fortes.
I En examinant tout ce qui fe paffe chez une
femme qui accouche naturellement, il eft aifé
dç s’appercevoir qu’à la contraction de la mal
i c e dont on a des preuves fi réelles, fe joint
içelje des mufcles du bas-ventre & du diaphragme,
qui font autant de puiflances mufculaires qui entourent
de toute part ies vifeères du bas-ven-
tre , & agiffent avec une force que les mécaniciens
ont envain cherché à rendre par le calcul.
Mais cette dernière aCtion n’eft qu’aeçef-
foire, elle eft foumife à la volonté qui l ’augmente
ou la diminue, félon quelle le croit néceffâire,
excepté peut-être dans les derniers tems du travail
} au lieu que l’aCtion de la matrice en eft abfolument
indépendante, ainfi que l’ont éprouvé
cèux qui avoient tenu’ trop long-tems la main
dans la cavité de cet organe. La matrice fe contracte
uniformément dans toutes fes parties lors
des douleurs} cette contraction fe paffe même
jufque fur les fibres de l’orifice dont le contour
devient dur, roide & fenfiblement plus réfiftanr.
En fe contractant ainfi, la cavité de cet organe
devient moindre de plus en plus, & l’enfant eft
néceffairement forcé, lorfque la poche des eaux
eft ouverte, à paffer par l’orifice de la matrice,
endroit vers lequel il trouve moins de réfiftance *,
quand il en trouve une infurmontable, foit de la
part de l’orifice, foit de la part du détroit fupé-
rieur, ou autrement, toujours forcé par les contractions
réitérées de là matrice, celle-ci fe déchire
ordinairement vers fon fond, (voye[ Ruptu
r e de m atric e) & l’enfant paffe en totalité
ou en partie dans la cavité du bas-ventre} mais
heareufement les fuites ne font pas toujours auifi
fâcheufes.
Ayant conftaté que la véritable caufe de l ’accouchement
réfide dans la matrice même, examinons
d’une manière particulière les phénomènes
qui accompagnent cette importante fonction*
Lorfque l’Accouchement s’annonce, les femmes
éprouvent d'abord ce que les Accoucheurs appellent
les faufiès douleurs} ce font des tiraille—
mens plus ou moins inquiétans dans les lombes,
& qui fe perdent dans les différentes régions du
bas-ventre, fans aboutir à aucun lieu déterminé.
Ges douleurs reffemblent affez aux douleurs de
coliques} mais elles en diffèrent en ce que celles-
ci font fixes, que les faignées, les huileux,, les
lavemens, l’application des linges chauds les
calment , au lieu que ces moyens ne peuvent
rien fur les douleurs de l’enfantement. Le toucher
(voyei ce mot) manifefte peu de change-
mens vers l’orifice dans l’infiam de ces douleurs 5
il n’en eft pas de même de celles qu’on appelle
vraies douleurs, celles-ci prennent des lombes,
& viennent aboutir vers le pudendum-, leur apparition
conftitue le vrai travail, qui n'eft autre
chofe que la férié des efforts ou douleurs, au
moyen defquelles la matrice fe débarraffe du produit
de la conception. Ces douleurs , dans l'ordre
naturel, ne fe fuccèdent pas rapidement les
unes aux autres : elles laiffent entr’elles des intervalles
plus ou moins longs, fuivant les cir-
conftances, pendant lefquels les femmes peuvent
goûter un peu de repos , & reprendre de nou