
mes, les bains & les douches agiffent plutôt par
leur chaleur que par leur humidité, c’eft que
la chaleur fèche employée dans les mêmes cas
où on l’applique au moyen de ees véhiculés humides,
a fouvent des effets beaucoup plus marqués.
C'eft à cet agent quil faut attribuer les puiffans
effets du cautère aèluel & du moxa , dont nous
avons parlé dU-deffus. Voye[ Cautère actuel.
Mais,fans employer la chaleur de manière à
détruire les parties fur lefquelles on l’applique
immédiatement, on peut en tirer un £rand avantage
en l’employant d’une manière moins aèlive. C’eft
ce qu’on fait au moyen de charbons ardens qu’on
approche & qu’on éloigne alternativement de la
partie affeélée, pour en faire fentir au malade l'iin-r-
preflion la plus forte poffible,fans cependant occasionner
de brûlure. On lit , à ce fu jet, dans le V
volume desMérnoires de l’Académie Royale de Chirurgie,
diverfes obfervations très-intérefl'antes, publiées
par M. Faute, qui prouvent l’utilité de'çe
remède dans différens cas, d’engelures opiniâtres,
de panaris, de plaies accompagnées de beaucoup
d’irritation & même de gangrène, d’ulcères anciens
& calleux , de tumeurs fcrophuleufes, de dartres &
d’autres affections pareilles. L’effet de cette application
continuée par intervalles auffi long-tems que
le malade peut la fupporter, eft d’accélérer la fuppu-
rationlorfqu elle fefait difficilement, déformer du
bon pus, d'en diminuer la quantité, de réfoudre les
engorgemens, & de hâter la cicatrifation } mais ces
effets font peu connus en pratique, parce que
l’ufage du feu fur une partie fenfible, préfente
toujours à l’imagination l’idée d’une douleur qu’on
aura peine à fupporter. Nous croyons cependant
que ce remède, moins effrayant que le cautère
aétuel &que le moxa , n'eft pas à négliger , &
que la Chirurgie peut en tirer beaucoup d'utilité
dans différens cas,
CHAMPIGNON. Deux efpèces de plantes, de
la claffe des Champignons, ont été recommandées
parles Chirurgiens,comme fourniffant un excellent
topique dans les cas de léfîon des artères,
pour arrêter l’hémorrhagie: Pune eft le Lycoper.*
d o n , ou Veffe de Loup, l’autre eft l’Agaric
de Chêne. Ce dernier , particulièrement, a été
annoncé avec les plus grands éloges , par des
Chirurgiens célèbres, comme pouvant fuffire pour
arrêter le fang, même dans tous les cas d’amputations
, ainfî qu’on peut le voir dans le fécond
yolume des Mémoires de l’Académie de Chirurgie.
C’eft le même Champignon que celui dont on
fait l’amadou.
On prépare ces Champignons en enlevant leur
écorce lorfqu’ils font fecs. On bat enfuite la
fubflance qui refte avec un maillet , jukju'à çe
quelle devienne très-molle &très-fonple, &on
la coupe en morceaux pour l’ufage.
11 faut avoir bien foin lorfquon fe fert de ce
topique pour arrêter une hémorrhagie, de le placer
,4 s manière quil touche bien exaètcmçnt leyaiffeau
bleffé 5 c’eft pourquoi l’on fe fert d’abord dit
tourniquet pour empêcher le fang de couler , On
effuie la plaie avec de la charpie mollette pour
en ôter toute l’humidité, & l’on applique enfuite
l’agaric, de manière qu’il foir, pour ainfi dire,
pouffé jufques dans l'ouverture du vaiffeau. Sur
çe premier morceau on en met un autre un peu
plus large , &par-deffus celui-ci un troifième plus
large encore } on affure enfuite lettout fermement
avec une bande. Il faut laiffer tomber l’agaric
de lui-même, & prendre garde qu’aucun frottement
ne le dérange avant ce tems-là.
On a attribué les bons effets de ces fubftances
à une propriété aftringente , dont il ne paroît
pas cependant qu’elles foient pourvues. Il eft à
préfumçr que Içur effet tient plutôt à leur four
pleffe qui les rend propres à s’adapter exaéte-*
ment à l'ouverture du vaiffeau bleffé, & qui
cependant n’auroit pas lieu, s’il n'étoit aidé
d’une çompreffion affez forte & long-tems fou-
tenue. Nous ne pouvons douter de l’authenticité
des faits fur lefquels on a établi l’efficacité de
ce remède } de quelque réputation cependant qu’il
ait joui, on n’en fait aujourd’hui que fort peu de
cas > & aucun Chirurgien , fage & prudent, ne fe
repoferoit fur çe fecours pour arrêter une hémorragie,
fur-tout d’un vaiffeau conüdérable,iorfqu’il
pourroit le faire par la ligature. V °y el Hémorrhagie.
Champignon, Excroiffance de chair , ainft
appellée parce qu’elle a la forme d’un Champignon
, c'eftrà-dire, qu’elle eft plus large à fa
partie fupérieure qu’à l’inférieure, qui repréfente
une tige ou une pédicule } elle fe forme dans
les plaies & dans les ulcères , quelquefois même
dans ceux qui attaquent des parties internes,
comme la yeffi.e. On détruit ces Champignons
par les cauftiques , lorfqu’on peut y atteindre ,
mais pour ceux de la veffie on n’emploie que
les injections dérerfives.
On a donné le même nom à une excroiffance
qui vient fouyent à la fuite du trépan. Vf>yel
T répan,
CHANCRES, Kapfyof 9 caticri venerei. Petits
ulcères malins, ronds, creux , qui ont une fur-
face blanchâtre, des bords durs & élevés, & qui
font toujours la fuite d’un coït impur. On dif-
tingue les chancres en bénins & en malins, Le
chancre bénin occupe peu de place, fes bprds
font peu élevés, il occafionne peu de douleurs,
il croît & s’étend lentement \ il fe guérit promptement
, & eft toujours primitif. Le malin, au
contraire, a fes bords.très-relevés, tendus, douloureux.,
fa furface eft enfoncée *, il en fuinte une
matière ichoreufe, puante, il s’étend fort vite ,
il croît de même} c’efl le cancer malt moris des
Auteurs» On peut confidérer les chancres en primitifs
& en fecondaires. Le primitif fe manifefte
quelques jours après la coïtion, & eft toujours
précédé de lignes particuliers, qui l’annoncent,
d’une manière à ne point s’y tromper. ÏI occupe les
parties génitales •, le fecondaire furvient long-tems
après qu’on s’eft expofé à le gagner, & eft toujours
fort éloigné du lieu par où le virus s’eft
introduit dans l’organifme. Le plus fouvent il a
l’apparence d’un ulcère ordinaire 4 tel eft celui
dont font afièélées les amygdales dans une vérole
confirmée. Le Chancre primirif, lorfqu’il eft bien
formé, a communément une bafe épaiffe & dure}
cette bafe eft enflammée dans tout fon contour ,
la furface en eft douloureufe -, les chairs blafardes
, & l’humeur qu’elles Iaiffent fui nier, eft vif-
queufe, blanchâtre & mal digérée« Les Chancres,
qui fonr contractés par le coït, viennent ordinairement
chez l’homme à l'extérieur , & à l'intérieur
du prépuce, fur le frein, rarement fur le
gland , plus rarement encore fur le fcrotum ,
quelquefois fur le corps de la verge, chez la
femme, ils attaquent les grandes lèvres , leur intérieur,
les nymphes} ordinairement: ceux-ci ne »
font point çroûreux, ni durs comme ceux qui fe
forment à l'exrérieur, à raifon de ce que leur fur-
face étant continuellement dans un état d'humidité,
l'humeur qui en èxfude ne peur s'y endurcir
, comme cela arrive quand ils fe forment ailleurs.
La matière qui provient de ces ulcères,
quand on ne les foigne point convenablement,
ayant;de la pente à couler le long du périnée
jufqu’à l'anus, détermine Quelquefois, en cet endroit
, une excoriation qui finit par être un véritable
Chancre.
Le Chancre ne fe préfente pas, dans fous les
tems, avec la même^apparence , & c’eft, fans f
doute, ce qui a engagé quelques Auteurs à en
diftiaguer différentes efpèces, tels que les nlcé- I
reux , les lymphatiques & les véficulaires. Voye\
l’Effai fur la théorie, & la pratique des Maladies
Vénériennes du D. Nisbet , dont j’ai donné la
traduction il y a quelques années. À dire vrai,
iL paroît, quant à fon origine, qu’il n’y en a j
qu’une feule efpèce , & c’eft celui dont nous' al- I
Ions tracer la marche, du moment où fes premières
apparences fe manifeftem, jufqu’à celui où il
eft pleinement confirmé. Il eft bon d’obferver ,
avant tout, que le Chancre peut fè former par
lui-même , ou qu’il fuccède à l’inoculation virulente
reçue par une plaie, ou une ulcération quelconque.
Voyons d’abord ce qui arrive quand il.
fe forme par lui - même. Il furvienr quelquefois
vingt-quatre heures après le coït-, d’autres fois,
il eft beaucoup plus long-temps à le former} il
commence par une démangeaifon dans l’endroit
où le Chancre doit paroître, & bientôt fuccède
une rougeur inflammatoire qui, néanmoins, eft
très-bornée, quand le Chancre fe forme fur le
gjand; qui, au contraire, s'étend beaucoup quand
c eft fur le prépuce , les grandes lèvres, & autres
parties d une texture affez lâche. La démangeai-
ion fe change pcu-à-peu en douleur.*, il s’élève
bouton rouge qui fuppure, & jette une ma-
Ckirurgie, Xome Z.er J.«'-* P a r t i g.
frère vifqueufe & mal digérée'*, la furface du
prépuceou du gland , qui eft en comaCl avec
cette ulcération , fouvent s’excorie , s’enflamme ,
& forme de petits ulcères, mais plus bénins que
le Chancre. La bafe fur laquelle eft le bouton,
s’endurcit, devient circonfcrire, & finit brufque-
ment avec les parties environnantes, ce qui n'a
point lieu dans les- autres engorgemens, où la
dureté difparoît infenfiblement , les bords de
l’ulcère proéminent un peu plus que le centre.
Quand le Chancre attaque le frein, il s’étend
beaucoup plus que quand il eft fitué ailleurs ; il
le ronge fouvent de manière qu’il n’en refte aucune
trace. Quand le Chancre vient fur des parties
plus denfes, comme fur le corps de la verge,
fur la peau des bourfes*, il commence toujours
par une véficule ou puftule, dont le Commet fe
defféche & forme croûte *, là Bafe. eft dure & peu
enflammée. Le Chancre qui fuccèaeà une plaie
ou à un ulcère , fe forme d’après les principes
communs à toutes les affections inoculées. Il furvient
également aux parties de la génération ,
comme fur, les lèvres, à la fuite d’un bai fer Iaf-
cif ou autrement. M. Hunter cite un Chancre
furvenu ainli à la furface interne des lèvres à
la bouche , lequel pouvoir avoir l'étendue
d’une pièce de fix fols , & qui fut fuivi
d’un bubon dans une des glandes maxillaires di*
même côté.
Le Chancre n’eft point auffi fréquent que la
gonorrhée*, M. Hunter, qui, d’après une longue
expérience, a calculé le rapport qui exifte entre
ces deux maladies, établit la proportion d’un fur
quatre , & cette proportion eft généralement confirmée
par tous ceux qui ont eu occafion de traiter
un grand nombre de véroles. Le Chancre st
une grande analogie avec le cancer, il a un penchant
naturel à creufer *, on en a vu ronger les
corps' caverneux, & donner lieu à des hémorrhagies
bien graves, quand ils aff’ectoient les ramifications
de la’ veine honteufe. J’ai vu ainfi pref-
que tout un gland emporté par un Chancre de
ce genre, qui céda cependant au traitement&
cette obfervation nVft point rare. Le Chancre,
qui, dans les commencemens, avoit une fi grande
difpofmon à s’étendre, perd péri-à-peu cette faculté',
fur-tout chez les fujets dont le tifl’u eft
peu fufcepttble d’irritation*, fa bafe devient in-
fenfiblernent plus molle, l’inflammation qui l’environne
s’appaife , fa furface fe nettoie & même
fecicatrife. Il n’éft pas rare de voir ainfi ces fymp- '
tômes difparoîrre après l’ufr.ge des bains & des ■
remèdes généraux , qu'on prefcrit pour préparer
aux grands remèdes *,! mais la caufe n’en fubfiftà;
pas moins dans les humeurs, & eft toute j rète à
infeCter les parties les plus éloignées. Les Chancres
paroiffent fouvent feuls, quelquefois ce-»-
pendant ils font accompagnés de gonorrhées,
de bubons ou de rhagades \ ils font quelquefois
plufietirs enfemble, & fpi ment comme une efal