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partit bientôt pour la Syrie, dans l’intenion d’y
recueillir l’opobalfamum dont on vantoit les merveilles
& de voir la manière dont on retiroit le bitume
de Judée-, de-là, il paftaà Lemnos, pour obfer-
ver comment on y préparoit la terre , qui porte le
nom de cette ifle ; il alla enfuite en Lycie, puis
il revint encore'à Rome, alors âgé de trente-trois
ans. Il y pratiquoit, depuis quelque tems, lorfque
fatigué des embûches que lui drefToient continuellement
fes Collègues, il revint dans fa patrie :
mais à peine y fût-il arrivé, que l’Empereur de
Rome lui envoya des lettres, pour le rappeller
à lui. Il fe mit en route à pied par la Thrace & la
Macédoine,* mais il refta peu dans cette Ville, &
il revint en fa patrie, où il termina fa carrière à
foixante-&-dîx-ans. Mundinus dit qu’il mourut
fur le rivage de la mer, qui bordé les côtes de la
Paleftine, où il étoit allé pourvoir les miracles
qu’opéroient les Difciples de Jefus-Chrift.
Galien a beaucoup écrit fur l’Anatomie^ il
a même compoféun livre , intitulé : D e Adminif-
trationibus Ane.iom.icis , en faveur de Boethus,
Conful Romain, qui aimoit beaucoup cette fcien-
ce. Il a auffi fait différens Traités fur la Médecine
& fur la Chirurgie. Ceux qui ont rapport
à cette dernière partie font les fuivans.
I.° D e Vena fcâione advcrfîis Eràjîftratum. 2,°
D e Vence feS io n e , adverfùs Erajifirateos Romce
degentes. ;.® D e curandi ratione per venez fec-
tionem. 4.0 D e hirudinibus, revuljione cucurbitu-
la. 6* fcarificatione v e l cpncifîone. 5.0 D e oculis,
de curâ lapidis. 6 .° D e fa fc iis . Galien a encore
donné ^beaucoup d’autres chofes fur la Chirurgie,
mais qu’on trouve éparfes dans autres
Traités, & notamment dans fes Commentaires
d’Hippocrate. Il établiffoït deux opérations générales
de la Chirurgie, comme bafe de tout
cet Art; la fynthèfe & la diérèfe, ou la réunion
& la divifion. Il a recommandé le trépan dans
les fraCtures complettes du crâne à la fuite des
coups violens reçus à la tête, & quoiqu’il dife
n’avoir jamais pratiqué cette opération, il avance
cependant quelle en falutaire, pourvu toutefois
qu’on ne touche point à la dure méningé, ce
qui la rendroit mortelle; affertion qui néanmoins
eft contraire à l’obfervation ’qu’il fit à
Smyrne , fur une plaie avec déperdition du cerveau,
à laquelle le malade furvécut, quoiqu’elle
eût pénétré jufqu’aux ventricules. Il paile d’un
ulcère du péricarde, qu’il guérit, en trépanant
le fternum. Il reconnut fur lui-même une luxation
de l’extrémité fternale de la clavicule , &
fit revenir de leur erreur, ceux qui, dans ia
perfuafion que l’humérus étoit déplacé, lui ti-
foient inutilement le bras. Il empioyoit le cautère
aCtiiel dans l’oegilops, dont il donne une a fiez
bonne defcription; il obferve cependant qu on
peut quelquefois guérir, en fe fervant dun pré-
fervatif. Galien s’eft beaucoup occupé des maladies
qui attaquent les yeux ; il a traité du
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pterigium, de l’eélropium , du trichiafîs , du
chémofis, du glaucome, du ftaphylome, de la
chute de l'oeil, du flrabifme, & de la lufty.
lion ou cataracte. Il connoifloit la plupart des-
hernies qu’on admet aujourd’hui, & empioyoit
la paracenthèfe, pour extraire les eaux,épanchées
dans l’hydropifie des grandes cavités. 11 s’étoit
auffi beaucoup adonné au traitement des plaies
& ulcères ; il obferve que l’hémorrhagie dans
les premières fe guérit toujours par un thrombus
, & il réfute prolixement Theflalus qui
foutenoit que tous les ulcères offroient indif.
tinélement la même indication, c’eft-à-dire ,
qu’il falloir les remplir de bonnes chairs. H
obferve qu’on doit allier dans le traitement de
ces maladies, les remèdes internes aux topiques;
en quoi il diffère beaucoup des routiniers d’au«
jourd’hui, qui ne voient dans tout ulcère ,
qu’une érofion qu’il faut deffécher. Galien avoit
de grandes notions fur la Matière Médicale ,
ainfr qu’on peut s’en convaincre, en lifant fon
Traité D e compofitione medicamentorumfccundum
généra ; Ouvrage qu’il Conrpofa après qu’un
incendie en eut dévoré deux autres qu’il avoit
fait fur le même fujet. Il aw beaucoup parlé des
emplâtres, des fang-fues & des ventoufes. La
célébrité de Galien eût été infiniment plus grande
en Chirurgie., s’il n’eût point écrit d'une ma*
nière diffufe, comme tous les orientaux, & fi
; tout ce qu’il a donné fur cette Science, eut
formé un enfemble plus propre à être confulté.
Il y a eu dix éditions de Galien , chez les Juntes
à Venife; elles font toutes in-folio, la nen*
vième eft la plus complette, quoique la huitiè*
7-me fpit plus élégante. {M . P e t i t -Ra d e l .)
GANGLION. Tumeur enkyfiée, circonfcrite,
mobile, communément fans douleur, & fans
changement de couleur à la peau , qui ù forme fur
les tendons en différentes parties du corps , mais
le plus fouvent fur le dos.de la main, & fur l’artiv
culation du poignet.
Ces Tumeurs, lorfqu'on les comprime, pa-
roiffent douées d’une élafticité confidérable quii
en fait le çaraCtère diftin&if. Elles fe forment
fouvent fans qu’il ait précédé aucun accident;
fouvent auffi elles font occafionnées par des contu-
fions ou dès diflenfions violentes. Elles acquièrent
rarement un volume très-contidérable, &J
pour l’ordinaire, elles ne caufent point de doit'
leur, quoique l’on voye quelquefois des exempt
du contraire; lorfqu’on les ouvre, on les trouve
remplies d’un fluide vifqueux & tranfparent affeï
femblable au blanc d’oeuf. Si elles ne fe diffipenM
pas d’elles-mêmes, ou fi on ne les détruit paf
îorfqu’clles font eficore récentes, elles parviennent
, dans quelques cas, à une groffeur tell*
qu’elles en deviennent très-incommodes, en gênant
le mouvement de la partie, & en le rendant
pénible & douloureux.
Les remèdes difeuflifs ne font pas d’une grand«
utilité dans le .cours de cette maladie, quoique
l’on ait cru en avoir éprouvé de bons effets dans
les Ganglions récemment formés.'La compréffion
a communément plus de fuccès pour les diffiper.
On recommande aux perfonoes qui en ont , de
les frotter fortement avec le pouce plufieurs fois
par jour. Ces atfritions répérées affaibli/Tek t le
kyfle, & il eft affez ordinaire de fentir enfin la
tumeur fe diffiper abfolument fous l'aCtion du
doigt qui la frottoit. On eft auffi dans l’ufagé
d’entretenir, fur le Ganglion , une preffion confiante
, au moyen d’une plaque de plomb. On .a
vu des exemples deguérifons fubites de Ganglions,
par une forte compréffion qui faifoit crever le
kyfle. Quelques-uns ont recommandé de pofer
la main affeClée fur une table, & de frapper
plufieurs fois le Ganglion avec le poing, ou
même avec un marteau de bois. Tous ces moyens
peuvent être fions, & réuftiffent dans la plupart
des cas : il faut prendre garde cependant à ne
pas en ufer avec trop peu de ménagement, de peur
de caufer des inflammations & desabfcès difficiles
à guérir.
Lorfqu’on n’a pu rénffir à diffiper un Ganglion,
& qu’il devient incommode par la gêne qu’il caufe
dans l’articulation, ou par la douleur qu’il excite,
( nous avons vu une tumeur de ce genre ocea-
nonner des 'douleurs extrêmement aigues, au
point d’influer confidérablement fur la 'famé générale,
chez une perfonne délicate & mobile)
il faut l’extirper, en faifant d’abord une incifion
longitudinale des tégumens fur toute l’étendue de
la tumeur, & en le difl'équant enfuite latérale-
• ment de part & d’autre , pour le détacher du
tendon ou de la membrane fur. laque!le il repofe,
ou s’il y adhère trop fortement pour qu’on puiffe
l’en féparer, on incifera le kyfte même, pour en-
faire fortir le fluide., & l’on terminera la cure
par des panfemens propres à maintenir l’ouverture
de la plaie, jufqu’à ce qu’elle fe foit remplie
par le fond. On lit, dans les Obfervations de Chirurgie
de M. Warner, le détail de deux cures de
'Ganglions très-confidérables qu’il avoit jugé à
propos d’extirper. Ils étoiént devenus adhérens
aux tendons des doigts. Il fut obligé, dans fon
opération, de couper le ligament tranfverfal du
carpe; les malades qui auparavant ne pouvoient
plus fermer la main ni mouvoir les doigts, recouvrèrent
parfaitement l’ufage de ces parties, après
la guérifon, qui fut accomplie en quarante jours.
M. Gooch raconte un cas de la même nature :
fon malade avoit une tumeur de ce genre, occa-
fionnée par une violente foulure, trois ou quatre
ans auparavant, qui s'étendoit depuis le carpe
jufques fur le milieu de la main , & qui occa-
ftonnoit beaucoup de douleur. La main étoit devenue
immobile fur l’avant-bras, avec lequel elle
faifoit un angle droit. M. Gooch ouvrit cette
tumeur, & traita la plaie fuivant la Méthode-que
fious avons indiquée, Il rétablit enfuite la pofi*.
tion de la main & le jeu de l’articulation, par
des applications émollientes 5c une compréffion
convenable , au moyen d’une machine adaptée
à cette indication Voyr^ Distorsion.
GANGRENE, T<tyyf«.na., de yf<tu, je mange.
On donne ce nom à l’abolition du fenriment 5c
de toute a&iôn organique dans une partie du
corps. La Gangrène eft généralement précédée
par l’inflammation, ou par un état d’aclion contre
nature des vaifléaux, tel qu’il tend à détruire
en eux l’énergie du principe vital. On
la voit fouvent furvenir dans des parties où l’inflammation
a été portée à un point extrême ;
d’autres fois les vaifleaux de la partie affeClée
trop affoiblis par des caufes antécédentes, ou
privés , en partie, de leur force vitale, par la
caufe même qui les irrite, fuccombent promptement
à une exertion trop vive pour leur état
aÇluel, & tombent en pourriture avec les fluides
qu’ils contenoient, ou qu’ils àvoient déjà
laiffé échapper dans le tiffù cellulaire. C’eft ainfi
que chez des perfonnes affoiblies par une fièvre
maligne, par la vieiltefle, ou par d’autres caufes,
une fimple irritation de la peau, qui ,
dans d’autres cas, cauferoit à peine l’inflammation
la plus légère, eft fréquemment une
caufe déterminante de Gangrène. L’on défigne
par le nom de Sphacele , la mortification com-
plecte, ou le dernier période de la Gangrène.
Ici, la partie, affeCtée eft totalement noire, &
incapable d’aucune efpèce de fenfation ; elle devient
molle' & flafque ; elle exhale une fétidité
quelquefois infupportable. Enfin tour annonce la
diffolution entière de l’organe. C’eft un fait affez
remarquable que lés caractères de la putréfaction
font fouvent beaucoup plus marqués dans
les parties gangrénées , qu’ils ne le font dans le
cadavre, même affez long-tems après la mort.
Cela vient, (comme on le comprendra mieux
ci-après, ) de ce que très-fréquemment, l’énergie
du principe viral fe maintient encore, juf-
ques à un certain point, dans les organes particuliers
» après la mort de l’individu , &- les préferv«
de la corruption ; au lieu que la Gangrène
dépendant de fon extinCtion totale, donne lieu
à une putréfaction plus complette & plus rapide.
La Gangrène & le fphacèle font, d’après les
définitions que nous avons données, une feule
& même maladie; ils ne diffèrent l’un de l’autre
, que par le degré; cependant il y a une telle
différence entre une partie Amplement gangrénée,
8c celle qui eft dans un état de fimple mortification
, qu’on ne fauroit employer ces deux termes
comme fynonymes. Mais la diftinCtion entre
ceFxîeux états, propofée par Boérhave & par
fon Commentateur, qu’ils dérivent du plus ou
du moins de profondeur à laquelle le mal a
pénétré, de ce que l’une n’affeCte que le tiffù
cellulaire, & que l’autre affeéte les mufcles mê