
leur furlbcë, après avoir ëtTenflammée,Te re- '
couvre d'une quantité de pus affez confidérable pour
s’accumuler dans les cavités deftinées à les loger.
Les- parties qui font le plus fournies de vaiffeaux
fanguins artériels, font celles où le travail de la
fuppuration fe fait avec le plus de facilité, & !
où il s’avance le plus rapidement. C’eft par cette
raifon qu*on voit le pus fe former plus promptement
fous la peau, près des mufcles, ot dans
leurs imerftices, & en général, dans les parties
que les Anciens appelloient fanguilles y que dans
le cerveau, les tefticules & autres parties blanches,
qu’ils appelloient fpermatiques. 11 faut beaucoup
plus de tems à celles-ci pour former & mûrir
du pus*, encore n’eft-il fouvent que d’une mau-
vaife qualité, ainfi qu’on le y oit dans les abcès
du cerveau, dans ceux des articulations & autres.
Lorfqu’un abcès eft formé, il étend , à mefure
que la quantité de pus augmente, la cavité qui
le contient *, & cette extenfion fe fait du côté
où il y a le moins de réfiftance. C’eft pour cela
“que, lorfqu’il eft.très-profond* ou recouvert par
une aponeurofe, il fe fait des routes dans les
interfiiees des parties voifines, & diffèque, pour
ainfi dire, les mufcles, le*tendons, les os, &c.
& que, dans les cas plus ordinaires, il fe fraie
un chemin vers la peau. Lorfque l’amas de pu9
eft très-voifin de la furface du corps, & n’eft
recouvert que par les tégumens communs, il fe
fait bientôt jour à l’extérieur*, mais, quand il eft
profond & gêné par des parties qui offrent beau-
coup de réfiftance, la matière purulente fe glifle
le long de leurs intervalles, jufqu’à ce qu’arrivée
dans des .endroits où rien ne s’oppofè à fon
paflage, on la voit fe faire jour au-dehors, après
avoir parcouru quelquefois bien des détours.
Lorfqn’il y a du fang ou de l’eau épanchés dans
le tiffu cellulaire, on voit ces fluides filtrer au
travers des pores de cette membrane, & s’étendre
au loin avec facilité. La manière dont le pus
paffe d’une partie du corps à 1 autre eft bien-différente.
La cavité qui le renferme eft toujours'
enflammée à fa circonférence , & cette inflammation
qui rapproche réunit les fibres & les
lames du tiflu cellulaire, les rend imperméables.
Auffi le pus ne peut-il cheminer qu en détrui-
fant cette fubfiance, & en détachant tout-à-fait
l ’une de l’autre les parties entre lefquelles il s’in-
finue. Ces parties dépourvues de la .membrane
lâche qui les uniflbit en » permettant cependant
le libre jeu des unes fur les autres, contractent
enfuite des adhérences qui nuifent fouvent à la
liberté de leurs mouvemens'.
C’eft vers les parties inférieures que le pus, à
raifon de fon poids, fe fraie le plus naturellement
une route. C’eft pour cela qu’on voit les
grands abcès s’ouvrir pour l’ordinaire par leur
partie la plus baffe *, de-là l’avantage que l’on
trouve à attendre qu’ils s’ouvrem d’eux-mêmes,
®u qu’ils indiquent le lieu le plus convenable
pour faire l’ouverture. Ainfi H nous voyons Tes
abcès formés fous le mufcle temporal s’ouvrir
dans la bouche , & ceux des lombes fe montrer
auprès de l’aine ou à la partie intérieure de la
cuiffe.
Lés abcès profonds, dans certaines parties,tendent
plutôt vers l’intérieur, que vers la furface
du corps, parce que le pus y trouve moins d’obstacles
à fon paflage. Ceux, par exemple, qui fe
forment à la furface des poumons, éprouvant une
grande réfiftance de la part des côtes & des au?,
très parties qui forment l# tho rax , creufent facilement
la fubftance molle & fpongieufe des
poumons, & s’ouvrent dans les ramifications de*
bronches. Par la même, raifon , les abcès formés
dans la cavité de l'abdomen percent quelquefois
l’eftomac ou les inteftins *, mais comme les parois
du bas-ventre cèdent plus facilement que \cejles
de la poitrine, on voit ces abcès aboutir à 1 extérieur
plus fouvent que ceux qui font logés fous
les côtes ( i) .
§. 4. Traitement des tumeurs oit i l fe forme un Abcès.
Lorfque l’on a reconnu l’exiftenee d’un Abcès
dans quelque partie du corps, l’on doit chercher,
par tous les moyens poffibles, à accélérer & à
faciliter la fuppuration, comme auffi à déterminer
l’ouverture de la tumeur vers l’endroit le plus
favorable. Il convient, dès ce moment, de renoncer
aux moyens qu’on avoit employés^ pour combattre
i’état inflammatoire , & particulièrement
aux ^évacuations *, il faut diminuer un peu l’aufté-
rité du régime: on peut même le rendre plus on
moins fubftaîuiel & fortifiant, .fuivant l’état du
malade.
Pour former do bon pus, il faut que les vaif-
featix de la partie enflammée aient un degré dé
mouvement pins vif que' dans l’état naturel *, un
peu moins aétif cependant que celui qui a lie«
dans l’inflammation , mais dont il n’eft pas
poffible de décrire ou d’exprimer la mefurer L ’expérience
feule apprend au praticien à la déterminer
d’une manière précife, & à Lavoir faire
ufage à propos des moyens propres à diminuer
l ’inflammation lorfqu’elle eft trof> forte, ou à \ ex-
’ citer & à foutenir les forces vitales lorfqu’elks
en ont befoin.
En général, il convient dé faire fur la partie
malade des applications chaudes relâchantes.
Pour cet effet, on confeifte ( i ) de prendre de la
, flanelle trempée dans une décoélion émolliente,
& après l’avoir exprimée, de l’appliquer le plus
chaudement que le malade peut le fupporter fur
la partie enflammée, de la laiffer au moins une
(s) Medical .Obfervatîons and Inquiries, vol. 2,p. 5.7*
(2) Traité de.» ulcères-, de Bell;
demi-heure à chaque fois, & de la retiooveller i
quatre ou cinq fois le' jour. Immédiatement après
la fomentation, on applique un cataplafme émollient
que l’on renouvelle au moins toutes les
deux ou trois heures. Entre les différentes efpèces
de cataplafmes émoi liens que l’on recommande
communément , on doit préférer ceux qui
font faits avec la mie de pain, l’eau ou lé la it, <
auxquels on ajoute, fi l’on veut, un. peu de
beurre ou d’huile, & quelquefois de la farine de
graine-de-lin ou autres fetnblables. Ces cataplafmes
non-feulement ont tous les avantages
que l’on peut efpérer de ces fortes d’applications,
mais iis font encore ceux dont on peut fe procurer
le plus facilement les ingrédiens dans tous les tems.
Appliqués fur la partie affeélée avec les précautions
qu’on vient d’indiquer, ils relâchent les fo-
iides, ils favorifent la formation du pus & con*
tribuent fingulièrement à diminuer la douleur.
Lorfque ces moyens ne fuffifent pas pour pro-
duire ce dernier e ffet, il faut avoir recours à
l’opium qui doit alors être donné en affez forte
dofe. Rien n’eft plus utile que ce remède dans
les cas où un violent érétifme empêche le pus de
fe former comme il faut.
Lorfque le foyer d’un abcès eft profond &
fitué dans quelque partie importante, lors par
conféquent que l’on a lieu de defirer, pour le
falut du malade, qu’il puifle être amené promptement
à maturité » & que le pus ait une iffue j
au-dehors, on peut fe fervir utilement d’applications
irritantes, telles.que la thérébéntine ,• le
galbanum & autres gommes de la même nature,
les cantharides, la moutarde, l’oignon & autres
végétaux flimulans que l’on ajoute aux cataplafmes.
De telles applications cependant font rarement
admiflibles fur des parties très-enflammées
lorfqu’on defire d’avancer la formation d’un bon
pus. Elles réuffiffent mieux fur les tumeurs glan-
duieufes où l’inflammation eft peuaétivey & que
l ’on dit communément être de nature froide,
parce qu’elles' font indolentes & fuppurent très-
lentement. Fôye^Tu-MEUR. Des emplâtres compo-
fés avec les gommes,. tels, par exemple , que le
Diachylon compofé , font utiles en pareil cas,
en raifon du ftimulus & de l’ irritation qu’ils
occafionnent, & de la chaleur qu’ils entretiennent
dans la partie. Ils font particulièrement nécef-
faires lorfque le malade eft obligé de fortir, &
ne peut renouveller affez fréquemment les cata-
plalmes, ni les appliquer convenablement. Excepté
ces cas, les cataplafmes font toujours-préférables.
Les Ventoufes féches, c’eft-à-dire, appliquées,
fans faire ufage du fcarificateur, fur la partie af-
féélée , ou le plus près poffible , font fouvent utiles
pour favorifer la fuppuration des tumeurs inflammatoires
*, non-feulement dans les cas où l’inflammation
exifte fans être affez vive, mais même dans toutes
ks tumeurs d’une nature indolente où il refte encore
quelque efpérance d’exciter la fuppuration. Ce
moyen eft peut-être un des plus efficaces que nous
ayons pour parvenir à ce but. On recommande encore
quelquefois dans la même intention l’ufage d’un
exercice violent, celui de l’éleèlricité, une application
répétée de véficatoires, & le ftimulus d’une
chaleur aétuelle.
Pour remplir la même indication, on recommande
auffi l’ufage intérieur des remèdes propres à
fortifier le corps, tels que lekinkina, les martiaux,
lé vin.
On peut, en général, s’attendre à obtenir une
fuppuration parfaite en faifant un ufage convenable
des moyens détaillés ci-deffus pendant un tems
plus ou moins confidérable , en raifon du volume
de la tumeur, de fa fituâtion & des autres cir-
confiances.
Tout ce que nous venons de dire fur le traitement
des Abcès, ne peut s’appliquer qu’à ceux
dont le fiège eft plus ou moins extérieur. Ceux
qui fe font formés" dans quelques vifeère, lors^
même qu?on peut s’affurer dé leur exiftence,'
n’admettent rien de pareil dans la cure, à moins
que quelque fymptôme particulier n’annonce qu’ils
tendent à fe faire jour au-dehors.
§. 5. Symptômes qui indiquent la maturité de V Abcès.
On connoît que la matière contenue dans la
tumeur eft à un point de maturité parfaite, lorfqu’on
s*apperçoit de la rémiffion de tous les fymp-
tômes inflammatoires *, la douleur pulfatile qui
étoit fréquente auparavant fe diffipe alors*, le
malade fe plaint d’une douleur plus fourde , plus
confiante & plus profonde*, la tumeur s’élève dans
quelques-unes de fes parties , en général vers fon
milieu j on obferve, dans cet endroit, fi la matière
n’eft pas renfermée dans un kifie, ou profondément
fituée, une couleur d’un blanc jaunâtre, aù
lieu de la couleur rouge foncée qui exifloit d’abord;
& en comprimant cette'partie on apperçoit fenfi-
blement la fluélu2tion d’un fluide qui eft au-defi-
fous. Lorfqu’on apperçoit ce figne bien diftinc-
tement, & que, d’un autre côté, ceux dé l’inflammation
n’exiftem plus, l’on eft certain que l’Abcès
eft parfaitement formé. Il arrive cependant quelquefois
que l’abcès étant recouvert de mufcles &
d’autres [parties épaiffes, Ton ne’ peut facilement
diftinguer la fluéluation , quoique le concours des
eireonftances ne permette guères de douter qu’il
y ait un amas, même confidérable, de matière :
mais il eft rare qu’elle foit fituée fi profondément
.qu’on ne puifle la découvrir en y apportant une
attention convenable.
Cette circonflance eft très-importante dans la
pratique, & elle exige plus d’attention qu’on n’y
en apporte communément. Il n’y a aucune partie
. des fonélions du Chirurgien où l’expérience réitérée
foit plus utile que dans ce cas, quelque (impie qu’il
paroifle. 11 eft certain que rien ne fait reconnoltrç
A ij