
on eft alors forcé de recourir à l’analogie,
qui, fourniffant un certain nombre de probabilités
, met à portée de deviner affez ju fie , &
de prognoftiquer des effets tellement liés aux
caufes qui aélueüement fubfiftent, qu’ils peuvent
en être regardés comme le complément. Il n’y a
qu'un homme d’un bon jugement, qui puiffefurie
champ déterminer lé degré de probabilité que
les (ignés rationels fourniffent. Il fait douter,dès
qu’il n’apperçoit que des raifons peu valables pour
croire que telle chofe eft *, mais Suffi , il fait agir
du moment que les faits font en faveur de la
certitude. L ’analogie, fondée fur l’Expérience &
Iç jugement, offre ici des avantages réels*, elle
.établit une liaifon entre les phénomènes qui ont
précédé, ceux qui exigent actuellement, & ceux
•qui pourront furvenir par la fuite ; elle en mani-
fefte la caale, & ainfi donne des notions d’autant
plus certaines, qu’elles ont été mûries par la
réflexion. Auffi le Chancelier Bacon avoit-ii rai-
fon de la regarder comme la bafe de toutes les
fciences, & le lien le plus propre à réunir enfemble
toutes les opérations de la Nature.
Mais telle néceffaîrè que foit l'analogie, les
dédiions qu’on établirait d'après elle feraient
toutes récufables, fi elles ne partoient pas de
l ’obfervarion la plus exaéle des reffemb lances.
Auffi convient-il, avant d'établir une comparai!
on , de connoître les propriétés des objets
& toutes les circonftances qui s’y rapportent $
car il faut procéder avec ordre , fi l'on veut
raifbnner jufie. L ’Expérience fuppofe donc toujours
le raifonnement & une fuite d’induélions
tirées des; faits bien obfervés & réduits à leur
jufie valeur. Un Praticien, qui, dans le cours
d une maladie, en confidère fcrupuleufement tous
les phénomènes , & qui, pour la caraélérifer,
les range dans le meilleur ordre à mefure qu'ils
fe préfentent, fait donc des obfervations. Mais
celui qui , d’après cette confidéraiion , tente un
médicament quelconque dans le tems le plus
opportun qui en combine la propriété & la
dois aux fymotômes actuellement exifians, &
qui , par une répétition fréquente de la même
conduite efl parvenu à fe faire un tableau où
l ’effet de» remèdes fe trouve diftinélement en
opposition avec les caufes des m a la d ie s c e
Praticien, dis-je, efi celui-là féal qui doit pafler
pour avoir de l’Expérience \ en un m o t, le Praticien
obfervateur écoute la Nature, pendant que
celui qui expérimente, l'interroge. De4 à l’on voit
combien, étoit grande l’erreur de Cicéron qui
çroyoit qu’on faifoit des progrès dans les fciences
fnagis experiendo quam difeendo ; l ’étude & l’Expérience
doivent aller de pair pour ftatuer fur le
mérite de robfervaiion qui fait la bafe de 1 expérience.
« L’Expérience, dit Zimmerman , fuppofe
pour principe la coanoiflânee hiftorique de foa
objet *, car, fané cette connoiffance, il efi impoffible
de fe fixer un but $ elle fuppofe encore la capacité
de difiinguer & de différencier toutes les
parties de cet objet, enfin un efprit en état de
réfléchir fur ce qu'il a obfervé, de pafTer des
phénomènes à leurs caufes, du connu à l’inconnu,
de tout approfondir & de failir les
my fi ères de la Nature dans ce qu’elle peut laifTer
appercevoir. L'érudition nous fournit la con-
noifiance hiftorique ; l’efprit d’obfervation nous
apprend à voir , & le génie à conclure. Ce
»'eft donc point l’occafion de voir beaucoup
qui fait l’Expérience , car la fimple intuition
d’une chofe n’apprend rien, mais c’efi l’affion
de la bien voir, ce qui n'efi pas donné à tous.
Pour acquérir cette Expérience ,* il,, faut non-
feulement favoir lire dans les ouvrages de
ceux qui ont ouvert le fein de la Nature, mais
il faut encore être foi-même en état de pénétrer
ces mêmes /n y fi ères. Comme les génies mêmes
les plus libres n'ont pas toujours fçu fe garantir
de conclure précipitamment des phénomènes
à la réalité *, on fent combien il faut de prudence
& de pénétration pour ne pas être induit
en erreur par les affermons & les découvertes
des plus grands hommes. Ce n'efi donc
qu'avec l’organifation la plus beureufe & Tef-
prit le plus réfléchi qu’on faura chercher cette
Expérience dans les ouvrages des Savans ou
dans la Nature même. Mais il faut fur-rom
être prêt en toutes circonflances à renoncer aux
principes de fa première éducation, dès qu’on
en eonnoir i’infufSfance, ou même la faufleté,
& favoir dire hardiment à fon maître 3 tu t’a
trompé & non pas tu Vas dit. »
Nous laiffons à juger d’après tout ce que nous
venons de dire fur l’Expérience , fi jamais l’Art
de guérir, nous ne difons pas, a pu faire quelques
progrès, mais a jamais pu être de quelqu’uti-
lité , exercé par les ignorans qui n’onr aucune idée
réelle ni fur elle ni fur ce qui en confiitue
le fond. La routine , quelques fuccès inatteo-
dus portés fort haut par des bouches qui ne
prônent que trop fouvent l’ignorance au détriment
de l'humanité, l’impudence que donne
néceffairemem un petit cercle d’idées, & le be-
foin de parvenir, leur tiennent lieu d’une ci*
parité réelle ; & ainfi comme Bacon 1’obferve
avec beaucoup de raifon, i’impofieur triomphe
fouvent au lit des malades pendant que le vrai
mérite y efi méprifé & même déshonoré
les gens qui ne fà-vent point le difiinguer *, fis
doutes font taxés d’ ignorance, & perdent tous
leur prix comparés avec l ’arrogance de i’einpy*
rifme. En effet, les Empyriques n’ayant PaS
befoin d’expérience pour (avoir ce qu’ils oni *
faire , ils font toujours en état de fe rendre
compte de leur conduite quand ils favent coflj*
biner leur probité à raifpn de leurs intérêts. 1»
EjjlK donc fait ce Qu'ils devraient faire l qüâhd
Ifls ont abufé des lots qui les autorifoient à être
|Nippons, & c’eft à quoi fe réduit leur Expé-
|rience. ( M. Pet it-Radbz.)
E X P U L S I F . C ’ e f t l e nom qu’on donne à
lune efpèce de bandage dont on fe fert pour
Ichafler en dehors le pus du fond d’un ulcère
Iffiuleux ou caverneux, & favorifer ainfi le recollement
de fes parois. C e bandage n’efi que
■ contentif des compreffes graduées , nommées
jgtxpulfives. Voye[ Compresse.
g On obferve, dans l’application de ce bandage,
■ que les circonvolutions de la bande s’appliquent
de façon , quelles compriment du fond
Kde l’ulcère vers fon ouverture.
I E X T I N C T I O N , d 'extitigutrc > é t e in d r e . O n
■ dit q u e l ’ o n t r a i t e u n e m a la d i e v é n é r ie n n e p a r
i e x t in é l i o n , l o r f q u ’o n em p lo i e l e m e r c u r e e n
■ trop p e t i t e s d b f e s p o u r a v o i r a u c u n e f f e t f e n f i -
I t l e c om m e é v a c u a n t , m a is d e m a n iè r e c e p e n d a n t
l à d é t ru ir e l e v i r u s .
I E X T I R P A T I O N , d u l a t in extirpare, a r r a c h e r ,
g en le v e r ju fq u ’à l a r a c in e . O p é r a t i o n d e C h i r u r -
I g i e » p a r l a q u e l l e o n ô t e d u c o r p s q u e lq u e
■ p a rtie , p r in c ip a l em e n t e n l ’a r r a c h a n t , c o m m e
l u n e d e n t , u n p o l y p e & c . C e p e n d a n t o n a
■ auffi d o n n é c e n o m à l ’ e x c i f i o n d ’u n e g l a n d e
l 'e n g o r g é e , d ’ u n c a n c e r , d ’ u n e l o u p e , & c .
I > E X T R A C T I O N , d u la t in extrahere, a r r a c h e r ,
■ tire r d e h o r s . O p é r a t i o n p a r l a q u e l l e o n t i r e
I ,d e q u e lq u e p a r t i e Au c o r p s , a v e c l e s m a in s o u
p avec d es in f t r u m e n s c o n v e n a b le s > le s c o r p s é t r a n -
I gers q u i y f o n t e n t r é s , o u q u i & t r o u v e n t c n -
p gagés c o n t r e n a tu r e * , c o m m e le s b a lle s d a n s le s
k p la ie s , l ’ e n f a n t d a n s l a m a t r i c e , l e c a l c u l d a n s
la v e f l ie .
| EX TR A V A SA T ION , du latin extra >hors, &
s «e vas vaiffeau. Aélion, mouvement par tequel
B Ie f?ng des vaiffeaux / & fe répand dans
|| les interftices des parties molles occupées par le
l.tÜTu cellulaire.
F
FABRICIO , d’Aqua pend ente ; (Jérôme )
■ » é en 1 5 3 7 , à A q u a p e n d e n t e , B o u r g d e l a R o lf
ma gn e , d a n s l a p a u v r e t é , p é p in iè r e c om m u n e
p des H om m e s d e G é n i e . I l lu i f u f f i f o i t d ’a v o i r é t é
Ig le d i f c i p l e c h é r i d e l ’im n im o r t e l F a l l o p p e ,
1 mais i l a lu i -m êm e é g a lé l a h a u t e r é p u t a t io n
[ de fo n M a ît r e * , B o ê r r h a v e a j u g é q u ’i l fu r p a f f o i t
| | les C h i r u r g ie n s le s p lu s c é l è b r e s q u i l 'o n t d e -
J v a n c é , fa n s q u e p e r f o n n e l u i d i fp u t â t c e t t e g l o i r e .
B p r i t l e d e g r é d e D o é t e u r e n M é d e c in e à l 'U -
H n iv e r fité d e P a d o u e , & b i e n t ô t a p r è s , i l fiat
c j ug é d ig n e d e fu p p l é e r F a l l o p p e , q u a n d
ï o c c u p a t io n s l ’o b f i g e o i e n t d e l u i c o n f ie r , l e
‘ lo in d e le s l e ç o n s p u b l i q u e s . A p r è s a v o i r l o n g -
Ciirurgic, Tout# i.«£ XZ.J Partiet
tems confdmmé fés travaux & (brt expérience
fous les yeux d’un tel Maître , Falloppe venant
à mourir, la République de Veriife choifit Fa«
bricio pour lui fuccéder dans la place de Profef-
feur. Il fit conftruire à fes propres frais un am-
phiféatre, fa modeftie en av'oittracé l'enceinte;
mais bientôt après, cette école ne put contenir
le grand nombre d’Elèves que fa réputation lui
attirait ; alors la République en fit conftruire
un plus fpacieux , & elle joignit le nom du
Profeffeur à ceux quelle fit graver fur le fron-
tifpice , pour fixer l’époque de l’ércéliori de
ce monument confacré à la Chirurgie. On
affigna à Fabricio un revenu de dix mille écus
d’o r , & fucceffivement il fut fait Chevalier de
Saint-Marc, Antéceffeur du Collège & de la Ville ,
& pour comble d’honneur ; dit-on, Chevalier
delaToifon-d’or.Enfin, après 50 ans d’une gloire
juftemént acquife, il mourut en , 16 19 , âgé de
82 ans, laiffant pour monument de fa recon-
noiffance & de fon défintéreffement, un cabinet
contenant les\ préfens de fes amis avec cette inscription
fur la\porte, lucri negleâi lucrum. Fabricio
a donné beaucoup d’Ouvrages fur divers
fujets de Philofophie & d’Anatomie. Il doit
une grande partie de fa réputation à fon Penfa-
teuque Chirurgical,, qui parut d’abord feu l, &
qui enfuite fut réuni avec fon Traité d’Opérations,
dont il y a eu un très-grand nombre d’Editions
en difiérens pays. Il ne prenoit dans celui-ci
u 5üîrc ordre que celui de la pofition des parties
du corps humain. A in fi, il commence par les
opérations de la tête, & finit par celles des pieas.
Il propofe, pour le trépan, un infiniment alors
nou veau. II admettoit, .avec les Anciens , 1’exifien-
ce de la cataraéle membraneufe 3. mais il fuppo-
foit en même- tems que Ie.crifiailin éprouvoit
quelque altération. Il propofe ùn nouvel infiniment
propre à extraire les polipes du nez, qui
ne laifle rien à defirer aux meilleurs Praticiens.
Pour introduire les alimens liquides ou les remèdes
à la fuite des convulfioris ou de toute autre
caufe qui en empêche l’intromiffion.par la bouche,
notre Auteur propofe un infirument, renouvellé,
& non inventé par M.Littre.Cet infirument confifte
en une canule d’argent, affez prolongée par la
partie recourbée, pour que l ’extrémité defeeade
dans l’oefophage, au-deffbus du larynx, & que le
liquide ne tombe pas dans la trachée-artère. Il
le recouvroit d’une peau d’inteftin d’agneau, pour
ne pas offenfer les parties voiûnes. Cet infirument
s’introduit par les narines. Depuis, l’on a préféré
d’en faire de gomme élaftique, pour fe difpenfer
de le recouvrir, félon la méthode de Fabricio ;
on y trouve l’avantage de la flexibilité, qui eft
inappréciable dans les cas où les parties font enflammées
&fort fujettes à s’irriter. Fabricio croyoit
qu’il étoit abfolutnent néceffaire de percer le rectum
dans lé cas d’abfcès où le foyer du pus appro-
choit de cet inteftin; cette opinion a été mffs
R r r