
entrés daris le fcorps en faifant une divifion , ou
fans faire de divifion. Ceux qui entrent en faisant
une divilion , font tous .les Corps portés
3vee violence, tels qu’une balle de fufil , un
éclat de bombe, une flèche , &c, Ceux qui/entrent
fans faire de divifion peuvent être de toute
çfpèçe de fuhfiances •, ils s’introduifent dans les
ouvertures naturelles , dans les^ yeux , dans le
nés , dans la gorge, dans lès oreilles , dans
l'anus 5 dans l’urètre & dans la veffie. s
. La diverfité des Corps Étrangers qui peuvent
çntrer y ou s?engendrer dans le corps humain ,
îjes différens endroits. où ils fe placent , les
moyens finguliers qu’il faut quelquefois imaginer
pour en faire l'extraélion j enfin les acci-
dens grayes & extraordinaires que les Corps
Étrangers occafionnent fouvent , ne permettent
pas de donner des règles bien précités fur les
différentes manières d’en faire Pextraétion. Toutes
ces chofes demandent beaucoup plus d’expérience
, d’adrefle & de génie, que de préceptes.
Il y en a cependant quelques-uns que le
Chirurgien dans les cas de cette nature ne devroit
pas perdre de vue ainfî.
i.° On doit fairç l’extraéHon des Corps Étrangers
le plutôt qu’il eft poffible. Le délai peut
exppfer le malade à de fâcheux accidens, parce
que les Corps Etrangers gênent les fondions des
parties où ils fe trouvent. Il peut même, dans bien
des cas, augmenter la difficulté de l’opération ,
comme lorfque ces corps fe font formés au-de-
dans, & tendent à augmenter en volume ; ou
lorsqu’ils ont ocçafioqné une violente inflammation
& un gonflement confidérable de la partie
où ils font logés; .
2.0 Il y a des Corps Etrangers qu’on peut
extraire fans faire aucune ouverture , tels font
ceux qui ont été introduits dans quelqu’une des
ouvertures naturelles, dans la gorge par exemple,
dans le fondement, dans oreille, &c. II
y en a d’autres qui requièrent abfolument une
divifion des parties qui les renferment comme
la pierre formée dans la veffie ", mais toutes les
fois .qu’un Corps Etranger s’eft introduit par
violence fans laifler au-dehors quelque portion
par laquelle on puiffe le faifir , il faut aggrandir,
autant que cela fera praticable , l’ouverture qu’il
s’efî faite , avant que d'en tenter l’extradion.
2.0 Boue faire fextradjpn d’un Corps étranger
de quelque efpèçe-.qù'il foit ,d l faut bien fe
rappeller la ftruciure de la partie dans laquelle
il a été introduit, pu dans laquelle il s’eft enr
gendré î, s’informer de fa nature , de fa groffeur,
de fa confiflance & de la force avec laqueUe il a
été pouffé dans le corps., fjipppfé qu’il foit yenu
de dehors -, enfin tâcher de découvrir fa fituation.
Il faut enfuite mettre le malade & la partie affectée
dans une poflure commode, & telle que les
mufcles foient dans un état de relâchement -,
çhoifir les mQyen§ les plus conyenabie? à i’eÇ
pècè dû Corps Etranger pour en faire l'extraction,
& faire ;des injeélioris d’huile d'amandes*
douces dans les ouvertures naturelles où il eft
entré, afin d’en faciliter la fortie en lubréfiant
le paffage.
4,0 Quand on ne peut tirer les Corps Etrangers
que. par le moyen ; d’une divifion, pu de
î’aggrandiflement d’une ouverture déjà faite! il
faut en faifant l’incïüon, éviter les gros vaiffeaux,
les tendons & les nerfs -, la faire, autant qu’il eft
poffihle, füivant la direélion des fibres des mufcles
, & la proportionner an volume du Corps
Etranger. Il eft mieux de la faire pins grande
que plus petite, fur-tout lorfque la partie qu’on
incife eft membraneufe ou aponeurotique -, car
les petites divifions dans les parties de cette nature
font prefque toujours fuivies d’accidens.
Quant aux moyens dont on fe fert pour faire
i’exrraétion des Corps Etrangers, ils font cïifFé—
rens fuivant les différentes efpèces de ces corps,
fuivant celles des parties dans lefquelles ils
font -engagés, ou dans lefquelles ils fe font formés.
Il vaut mieux quand on le peut les tirer avec
les doigts, ou avec la main qu’avec un inftru-,
ment. .
Pour tirer les balles de fufil., les éclats de
bombes, de grenades, &c. on fe fert de tire-
balles , & de pinces ou de pincettes de différentes
efpèces. Voye[, Plaies.
On tire les pierres de la veffie avec des tenettes,
& celles de l’urètre avec des curettes, Stc. V°yel
L ithotomie.
On a imaginé divers inftrumcns pour tirer de
la matrice l’enfant mort, ou fa tête qui y
feroit reftée après l’extraéUon du corps. Tels font
les inftrumens appelés tire-têtes, crochets, forceps,
&c. Voye\ A ccouchement, Embryon
TOMIE.
Des Corps Etrangers entrés dans les yeux.
Quand la pouffière , ou quelques autres petits
corps, tels que de la poudre à canon , quelques
grains de plomb, ou quelques autres parcelles
de métaux font entrés dans l’oeil , & ne font
point engagés dans les tuniques, on les tire avec
l’extrémité d’un petit morceau de papier roulé ",
quand ils font engagés dans les tuniques, on les
fait fortir avec la pointe d'une aiguille. Comme
ces parties font extrêmement irritables, des particules
prefque imperceptibles de matières éffan-!
gères fuffifent quelquefois pour occafionner une
inflammation très7fâcheufe j cela eft vrai fur-tout
des fubftances métalliques qui font trop pefantes
pour être entraînées, par les larmes. Nous avons
vu une violente ophtalmie guérie au bout de fix
mois par l'extraélion d’une petite paillette d'acier,
dont on avoir, dès le commencement, foup-
çonrié la préfence fans pouvoir la découvrir , &
qui fut enfin retirée par le moyen d’un aimant. -
&es Corps Etrangers introduits dans Voreille»
On voit fouvent des fy mptômes fâcheux réfui fer
8e la préfence de Corps Etrangers dans le conduit
de l'oreille. Les enfans, en jouant, fe mettent
quelquefois des pois, des noyaux de cerife, &c.
dans cette partie j certains infeéles s’y introduiront ;
d'autres fois des tampons de coton ou même de
linge y demeurent logés après y avoir été pouffes à
deflein ; ou par inadvertance.
Il faut fe fervir de pincettes, dont les extrémités
foient minces & étroites pour ^’aifir les infeéles
& les autres corps qui donnent une prife facile,
fur-tout lorfqu’iis ne font pas très-enfoncés dans
le conduit. Une petite curette fera plus commode
pour retirer les corps liftes & globulaires, dont
on facilitera la fortie en hibréfianr auparavant le
paffage avec un peu d’huile.
' Si des infeéles ont pénétré jufqu’au fond du
conduit, de manière que l’on ne puiffe pas les
faifir avec fa pince, ce qu’il y a de mieux à faire,
eft de tâcher de les faire fortir au moyen de
quelques injeèlions d'eau tiède j mais comme il
neft pas toujours facile de les. entraîner avec le
fluide injeélé tant qu’ils confervent de la vie, il
faudra commencer par les tuer en rempliflant le
conduit avec de l’huile , ou quel qu’autre liqueur
qui agifle fur eax comme un poifon, fans nuire
cependant au tympan- On ponrroit employer dans
cette intention l’eau de chaux , i’efprit-de-vin tk
divers autres fluides 5 mais l'huile, qui de tous
eft le plus innocent, fuffira dans la plupart des
cas.
, Les pois & autres corps mous qui fe gonflent
par l’humidité, augmentent quelquefois tellement
de volume lorfqu’ils ont féjourné un certain rems
dans l’oreillequ on a beaucoup de peine à les retirer.
Il faut chercher alors à les brifer avec les pointes
des pincettes, ou avec un petit crochet qu'on
introduit avec précaution dans le paffage, ou avec
les cifeaux courbes, inventés par M. Brambilla,
pour cet objet ( Voyei C iseau x .}-, après quoi
on les retirera facilement par les rnovens indiqués"
ci-deffus. J ^
Des Corps Etrangers engagés dans l'oefophage. '
Il n’y a guères d’endroits ou des Corps Etrangers;
s’engagent plus fouvent que dans lcefcphage.
Lufage de cet organe en fait fentir la raifon, &
fa grande fenfibilité donne lieu de craindre beaucoup
dlaccidens qu’ils peuvent occafionner en
9 an étant dans cette parue.
Les Corps Etrangers, qui peuvent s’engager dans
1 oesophage * font, non-feulement des aiimens,
tels qde des -morceaux de croûte de pain ou de
viande mal mâchés , mais encore des corps de
différentes efpèces, que le hafard pour l’ordinaire
J ,f avaler leuls ou avec lès aiimens,,tels que
des arrêtes de. poiflon, des petits o s ,,des noyaux,
“Chiiurgie. Tome I»er ƒ,«•* Paftiç^
des épingles, des pièces de monnofe, Sic. Ces
(jibftances, en féjournant dans le pharynx on dans
l’oefophage peuvent canfer de grands accidens ;
fi on les pouffe dans l'eftomac, elles en peuvent
canfer d’autres pins confidërables -, ainfi, il faut
tâcher de les retirer au plutôt. On fe fert pour
cela des doigts, St fi les doigts ne peuvent les
atteindre, on fe fert de pincettes j cptelcptes-uns'
ont recommandé pour cet objet un crochet en
forme d’hameçon , d’autres différens inftrnmens
adaptés aux circonffances particulières. On a
fouvent tenté de produire le même effet en excitant
te yomiffement, & ce moyen a réuffi quelquefois
, mais il n’eft pas fans danger, & l'on
a vu les accidens les pins graves en être la con-
féqnence.
Quand on ne peut pas faire fortir ces Corps
Etrangers, on les pouffe dans i.’eflomac par le
moyen- d’un poireau, d’une fonde de plomb,
d une .greffe bougie, ou d’une éponge fine fondement
fixée an bout d’une verge de baleine
très-liffe, de' quinze à feize pouces de lonc.
On fe fert anffi de petits morceaux d’éponve“
attachés à des bouts de fil ; on fait avaler ce«
éponges, & l’on donne à boire an malade. Les
morceaux d’éponge, gonflés par l'eau dilatent le
canal St facilitent la defeente des Corps Etranoers
dam l’eftomac. Mais fi ces corps font très-durs
St infolubles par les focs digeftifi, il ne fout
pas avoir recours à de pareils moyens oui pourraient
entraîner les plus fu neft es toriféquences.
On comprend aifément qu’une aiguille, une'
efqttilfe d’os, ou tout autre corps pointu, percera
facilement l'oefophage foirant la pofition dans
laquelle il fe trouve engagé, li io n emoloie
quelque force pour le faire defeendre. Ii e(î
pofiible d'ailleurs que ce déplacement, iors même
qu’ ii peut s’exécuter, biffe le malade dans un-
condition tout anffi fâcheul'e pour le moins oue
la précédente;.car lorfque ces Corps Etrangers
font gros, raboteux, .angulaires ou'pointus^ils
peuvent, enpaffant par le pylore, par la valvn'e
du cæcum, St même dans .tout le trajet du canal
inteftinal jufqu'à l’anus, canfer des douleurs de
colique, St des inflammations d’entrailles très-
dangereufes. -
Pour calmer ces accidens, St pour faciliter le
partage de ces corps par les inreftins, St leur
fortie par l’asus, il font foire prendre au malade
de l'huile d’amandes douces, St l'enaager en
même-temps à fe donner beaucoup de mouvement
Ou a recommandé anffi de faire avaler du mercure
cm fl, & l’on a v u , dit-on, cette méthode avoir
un heureux fuccès. Mais il arrive fouvent crue
malgré ces fecours, les Corps Etrangers s'arrêtent
dans quelque endroit du trqjet qu’ils parcourent '
St par leur féjôur y occafionnent une tumeur
phlegmoneufe qui fuppure, & qui étant ouverte
donne une ifltte par laquelle le Corps Etranger
peut être tir é , ou fortir de lui-même. *
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