
malade que la quantité de mercure néceflaire , elle
a divers autres inconvéniens, tels particulièrement
que celui qui réfulte de l’imprelfion de 1 acide
fulphureux fur les poumons & fur les yeux ,qu on
ne peut jamais en défendre complettement.
Cependant on a peut-être trop décrié cette manière
d’appliquer le mercure, qui peut avoir la
plus grande utilité dans certaines circonftances.
On rencontre quelquefois des cas où il eft abfo-
lument néceflaire d’arrêter les progrès d’un ulcère
vénérien, où néanmoins on n’ofe pas pouffer 1 ufage
de l’onélion mercurielle, de peur de cauler une
faiivation, & où toute application fur les organes
affeélés eft impraticable , foit à caufe de leur fitua-
tion particulière , foit à caufe de la fenlibiiité
»extrême des parties ulcérées, qui fait que le malade
fe refufe à ce quon y applique aucun onguent
quelconque capable d’y exciter la plus légère
irritation. On peut alors fe ferviravec fuccès de
la fumigation de Cinnabre , & voici comment on
l’exécute: On met un gros de Cinnabre en poudre
fur une plaque de fer rougie au feu , allez pour
exciter une forte fumée, mais pas au point d enflammer
& de confumer trop rapidement le Cinnabre
} cette plaque doit être placée fur une brique
au fond d’une chaife percée. Le malade s aflied
fur la chaife, & reçoit ainfi la vapeur mercurielle
fur la partie ulcérée-, on l’enveloppe d’une couverture
, pour que cette vapeur ne pénètre pas dans
la poitrine. Lorfque l’ulcère eft dans la gorge, on
brûle de la même manière un fcrupule de Cinnabre
dont on dirige la vapeur fur la partie affe&ée
au moyen d’un entonnoir, mais cette application
doit fe faire avec beaucoup de prudence, foit à
caufe du danger qui peut réfulter de l’aélion de
l’acide fulphureux fur les poumons, foit parce
que le mercure porté ainfi directement fur la bouche
produit quelquefois une violente falivarion.
Ce remède répété quelquefois de fuite, a fouvent
produit les plus heurenx effets -, cependant on ne
doit le confidérer que comme palliatif, & il ne
faut pas en même-teins qu’on en fait ufage négliger
d’avoir recours à un traitement plus méthodique
pour déraciner tout-à-fait le mal.
CIRCULAIRE. On nomme Bandage-Circulaire
celui qu’on fait avec une bande plus ou moins
longue , & plus ou moins large, fuivant la grandeur
& la groffeur du membre à couvrir , que
l’on applique autour de la partie fans renverfer
ci croifer.
CIRE jaune & blanche. L’on fe fert de l’une
& de l’autre dans la compofïnon des emplâtres,
des onguens & des cérats, foit pour leur donner
la confiftance convenable, foit en raifon de la
qualité émolliente de cette fubflance. Un linge
enduit de Cire, contient très-avantageufement les
plumaceaux fur les plaies & les ulcères y il les
maintient dans un état d’humidité, & ne caufe
point de rougeur à la peau, comme le font fouvent
les emplâtres.
CIRSOS. Kijwït. FaràiflC’ert la même affeélioti
qu’on déligne communément fous le nom de
Varice. Voye\ Varice. ( M. P e t i t -R a d e l .)
CISEAUX. Infiniment defiiné à faire des in-
cillons ,compoféde deux branches d’acier , égales
en longueur, ayant chacune un tranchant à l’une
de leurs extrémités oppofé dans l’une à celui
de l’autre, placées en croix, & fixées enfemble par
un clou ou une vis, qui leur fert d’axe ou de pivot.
Les Cifeaux font d’un ufage extrêmement-fréquent
en Chirurgie, quoique l’opinion des Praticiens
fur leur utilité ait beaucoup varié. Délirant
de fixer leurs idées à cet égard , l’Académie royale
de Chirurgie jugea à propos , il y a quelques
années , de propofer pour fujet d’un prix la
queflion fuivante : << En quels cas les Cifeaux dont
îj la pratique vulgaire a tant abufé, peuvenr-iis
53 être confervés dans l’exercice de l’Art j quelles
33 en font les formes variées relatives à différens
33 procédés opératoires j quelles font les raifons de
33 préférer ces inftrumens à d’autres qui peuvent
33 également divifer la continuité des parties, &
33 quelles font les divérfes méthodes d’en faire
33 ufage. 33 Cette queflion intéreflante fut traitée
avec beaucoup de fuccès par M. Percy , dont
l’Académie couronna la Diflertation. Nous ne
croyons pas pouvoir mieux faire que de donner
à nos LeCteurs un extrait de cet ouvrage , où le
fujet eft traité à fond, & confidéré fous toutes fes
faces, nous bornant cependant à ce qui nous paroît
le plus important pour la pratique.
5 . 1. Conftrudion des Cifeaux a incifion.
Les Cifeaux à incilion diffèrent des cifeaux
ordinaires par une flrùéture plus délicate , & par
quelques particularités qu’il eft effentiel de faire
connoître. Pour cet effet, nous obferverons d’abord
qu’on peut confidérer dans les Cifeaux leur
corps, leurs branches & leurs lames.
Le corps qui n’en occupe pas toujours le milieu,
eft formé de deux plaques fymmétriques, oppofées
l’une à l’autre, égales en-dehors, & entaillées obliquement
en-dedans à une profondeur telle , qu’étant
réunies, elles ne font que l’épaiffeur des branches
& des lames qui y aboutiffenr. Ces plaques
font appellées écujfons , & l'on a nommé entablure
leur dépreffion. C’eft par le moyen de celle-ci
que s’opère la jonélion des deux pièces qui com-
pofent l’infirumenr. Les écuflbns doivent être parfaitement
affortis $ il faut que leur furface intérieure
foit bien unie, bien de niveau, afin que le
frottement en foit doux 8c uniforme j leur étendue
doit être proportionnée à la forme des Cifeaux ,
dont les lames agiront avec d’autant plus depré-
cifion que les plans de l’entablure feront plus
grands & plus égaux.
A leur jpartie fupérieure „e’eft-à'dire auprès de
la lame, les écuflbns font percés d’un trou qui
dans l’un d’eux eft taraudé , iandis que dans 1 autr$
il eft (impie > maisfraifé, pour noyer la tête d’uné
vis qui ne fait qu’y pafîer, & va fixer fa queue
dans le premier*, autrefois c’étoit un clou, qui
uniffoit les écuflbns, mais ce clou avoit beaucoup
d’inconvéniens dont la vis eft exempte.
Les branches des Cifeaux commencent au-deflous
des écuflbns, & après une longueur plus ou moins
confidérable, fe terminent par des anneaux ordinairement
ovalaires. M. Percy condamne la divergence
qu’on a coutume de leur donner, ilcon-
feille de les faire parallèles entr’elJes, & de placer
les anneaux fur les côtés, comme on le pratique
pour les tenettes. Cette conftruétion foulage fin-
gulièrement la main, & rend l’infirumenr beaucoup
plus commode dans une multitude de cas,
tels- que ceux particulièrement où l’on opère dans
le fond de la bouche, ou dans celui de quel-
qu’autre cavité dont l’ouverture extérieure a peu
d’étendue} parce que, pour ouvrir les lames à un
degré déterminé, on ménage de près d’un tiers
l’écartement des branches. Les anneaux & les
branches doivent être faits en baguettes à-peu-
près cylindriques, cela eft fur-tout néceflaire pour
les anneaux dont la forme tranchante , pour l’ordinaire,
fur les bords , eft fujette à blefler les
doigts de l’Opérateur, fur toutlorfqu’il eft obligé
de fe fervir pendant quelques tems de cet inftru-
ment.
Ce qu’il y a de plus intéreffant à examiner dans
les Cifeaux à incifion, ce font les lames , & ce
nom a été donné à toute la partie qui eft au-
deflous des écuflbns.
Les_ lames ont une figure pyramidale, plus
marquée dans certaines efpèces de Cifeaux que
dans d’autres. Là face par laquelle elles fe touchent
s’appelle le plane , la face oppofée le ta lu s , le
côté extérieur le dos , & l’intérieur le tranchant.
Le plane doit s’étendre feulement un peu au-
deflous du trou de l’écuflbn, & fe trouver parfaitement
de niveau avec toute l’entablure \ cette
derniere circonflance eft abfolument eflentielle,
ainfi que la grande perfe&ion des entablures,
parce qu’autrement il eft iinpoflible de conferver
auxtranchans la délicatefî’e néceflaire , & parce que
les lames n’ayant pas une afliete invariable dépendront
toujours plus qu’il ne faudroit de l’aélion
des doigts, qui feront de tems en tems pafler
trop rudement les tranchans l’un fur l’autre, &
ne manqueront pas de les altérer. Il faut que l’é-
vidé qui règne dans le plane foit proportionné à
la largeur de la lame , & que la meule fur lequel
on le fait foit plus ou moins grande fuivant la
grandeur des Cifeaux *, elle doit avoir fept à huit
pouces de diamètre pour les Cifeaux à incifion
de grandeur ordinaire.
Le talus doit être abfolument proferit des Cifeaux
à incifion , dont il rend le tranchant groflier
& les lames trop épaiffes *, il en eft de même de
la facette, nommée bifeau, qui fe trouve ordinairement
au bas du talus, inclinée vers"le tranchant,
ainfi que de l’arrondiffement qu’on donne
quelquefois à cette même partie, les lames doivent
être faites comme celles de canifs & des fcal-
pels , c’eft-à-dire , que leurs tranchans doivent
.avoir une confiftance telle qu’ils ne plient pas fur
l’ongle, & qu’ils puiffent néanmoins marcher l’un
fur l’autre, fans s’ébrècher ni fe déjerer.
Le dos des Cifeaux à incifion eft panché vers
le talus, dont une ligne Caillante, dite vive-arrêre.
Je fépare. .Il eft aigu du côté du plane , fur lequel
il forme une avance qu’il faut arrondir , parce
qu’elle peut irriter & blefler les parties fur lefquelles
elle appuie. La vive-arrête à befoin de la même
correélion, ou plutôt elle devroit être tout-à-
fait fupprimée ; il ne faut pourtant pas tropaffbi-
blir lè dos des lames, afin qu’elles ne rifquent pas
de céder k 1 effort de la coupe , & qu’elles confier
vent i’exa&itude de leurs mouvemens.
Le tranchant doit commencer à la hauteur des
écuflbns, & être fans interruption net , fin &
égal jufqu à la pointe. Il n’a pas une direction
droite, mais il eft contourné différemment dans
chaque lame , & participe à leur envoilure , c’eft-
à-dire, à la courbure que leur a imprimée l’ouvrier
, afin de les féparer dans l’aélion , & de ne
leur permettre de fe toucher que par un feul point
a-la-fois. Il y a beaucoup d’art à bien envoiler
!fS ^ eaux a incifion , & principalement ceux
dont les tranchans font minces & évidés des deux
côtés. Ils ne font d’aucun ufage s’ils manquent
par cet endroit, & fi leurs lames ont befoin
du fecours des doigts pour les porter l’une contre
1 autre j il faut qu’elles y aillènr feules, & que le
contaél progreffif de leurs tranchans foit confiant
& inaltérable. Quand les lames font trop envoilées,
leurs tranchans fe croifent & fe mordent ; quand
elles ne le font pas affez , leurs tranchans ne fe
rencontrent pas.
II eft néceflaire de faire émouffer les pointes
des Cifeaux à incifion ordinaires, non fur la meule,
mais fur la pierre à l’huile qui en rend l’arrondiffement
plus doux, & ménage mieux les tranchans.
Il faut émouffer les deux pointes pour
n être pas obligé dans une opération de tourner les
Cifeaux , ce qui peut-être incommode & faire
perdre un temps précieux.
Pour avoir de bons Cifeaux , il faut les faire
avec de 1 acier fondu d’Angleterre. Mais une cir-
conftance eflentielle dans leur confection , c’eft
la trempe '& le recuit fimuhanés des lames. Si le
même degré de chaleur ne leur a pas donné le même
degré de dureté, la plus molle ne réfiftera pas
long-temps à l’autre, & bientôt les Cifeaux ne
pourront plus fervir.
S* 2* Cifeaux a incifion propres aux cas généraux*
Dans le nombre des Cifeaux divers dont l’Ari
abonde , ceux qui fervent le plus fouvent aux
inci lions, & dont on fait en général le plus d’ufago