
Lorfqu’un Corps Etranger eft parvenu jufqn’au
reélum, & que fa grofleur ou l’irrégularité de fa ,
figure l’empêche de fortîr par l’anus, il faut le
tirer avec des pinces, ou faire même pour cela !
une incifion à cette ouverture naturelle, fi elle ;
eft trop petite pour le lai fier paffer.
Quand les Corps Etrangers réfiftent aux différons
moyens qu’on emploie pour les tirer au-dehors,
ou pour les pouffer dans l’eftoinac, fi l’on a cru
pouvoir tenter ce moyen jfi en méme-tems la douleur
qu’ils occafionoent n’eft pas très-confidérable,
s’ils ne gênent pas trop la refpiration, s’ils laiffent
un palfage fcffifamment libre aux alimens & à
la boiffon, il eft de la prudence de ne pas faire
de nouvelles tentatives pour les déplacer, mais
de les abandonner à la nature, en fe contentant
de faire quelques faignées au malade, de lui
donner fouvent de l’huile d'amandes douces, & j
de lui faire prendre des îavemens. Mais fi ces j
corps arrêtés dans l’eefophage par la compreffion i
qu’ils exercent fur le larynx fe trou voient gêner 1
confidérablement la refpiration , il faudroit faire j
promptetnem à la trachée-artère une ouverture
qui pût fupoîéer pour quelque tems au paffage
naturel de lair ( Voye£ Bro n' ch otomie.). Les
parties très - gonflées par la prelfion du corps étranger^
& par le défaut de refpiration fe dégonflent
dès que l’air a un paffage libre dans les poulinons,
& permettent alors de tenter le déplacement du
Corps Etranger.
Dans les cas ou l’oefophage eft tellement obftrué
que les alimens ne peuvent plus pénétrer’ dans
l ’eftomac , quelques auteurs ayant égard à la
ftru&ure des parties & à .leur fituaiion, relativement
à la trachée-artère, prétendent que l’on peut
faire fans tifqûe à l’oefophage dans le lieu où le
corps eft arrêté, & du côté gauche une ouverture
pour tirer ce corps en-dehors, ou pour le
pouffer dans l’eftomac. Cette opération pourroit
également parer à la gêne de la refpiration, &
feroir préférable à la bronchotomie li elle étoit
également praticable. Nous renvoyons ce que
nous avons à dire à ce fujet à l’article Pharyngotomie.
Lorfquc ces corps ont été abandonnés à
eux-mêmes, on a vu quelquefois la nature les
rejetter au bout d’un certain tems. Une petite
fuppuration formée dans les endroits où ils étoie-nt
retenus, g relâché les parties de manière qu^ls
ont pu fe dégager, & que les malades les ont
rendus, fort en touffant, foit en vomiffanr.
Des Corps Etrangers tombes dans la trachée-artère.
Les Corps Etrangers que l’on avale, au lieu
de s’engager dans l’æfopkage, paffent quelquefois
dans Isf trachée-art ère, & dans ce cas ils s’arrêtent
le plus ordinairement à l’estrée de ce canal, ou
dans les ventricules du' larynx-, quelquefois:, mais
plus rarement, ils tombent dans les mendies, Les
accidcns qu’ils occafionnent dans ces organes
font des plus graves, à caufe de l’extrême irritabilité
de la partie affeôtée qui, donnant lieu à
une toux convulfive, met le malade dans-le plus
grand danger de fuffoqation, pour l’ordinaire,
ne tarde pas à le fuffoquer cffeôhvcmenî s’il n’a
pas promptement du fecours*, quelquefois même
avant qu’on air eu le tems de lui en adminiftrer
aucun. Nous avons vu un enfant de fept à huit
ans périr en peu de minutes pour avoir avalé
une fève de haricot qui étoit entrée dans la
glotte j & nous croyons devoir obferver en paffanc
que ces fèves , en raifon du poji de leur furface
& de leur forme, font plus propres qu’aucun
autre Corps Etranger à prendre cette route -, ce
qui eft confirmé par le nombre d’exemples qu’on
trouve dans les Auteurs de pareils accidens, caufés
par cette même efpèce de corps. Voye% particulièrement
le Mémoire de M. Louis, fur les
Corps Etrangers tombés dans la trachée-artère,
dans le rom. IV des Mémoires de l’Académie de
Chirurgie.
On eft fouvent tombé dans une erreur- funefte,
en fuppofant qu’un Corps Etranger, paffé dans
la traché«-aitère~, étoit demeuré dans l’eefophage,
& en appliquant, au premier cas, les fecours qui
ne pouvoiem être indiqués que dans le dernier.
Il eft cependant afiiz aifé pour l’ordinaire de
les diftinguer-, car fi le Corps Etranger eft dans
dans l’oefophage les malades, ou ne peuvent pas
avaler du tout , ou n’avalent qu’avec beaucoup
de peine les alimens folides, les fluides même
reviennent fréquemment par le nez -, une bougie
ou une fonde flexible, introduite dans ce canal,
ou même ia feule infpeéîion du pharynx , fait
découvrir le Corps Etranger-, au lieu que, s’il
eft entré dans le larynx , le malade avale avec
facilité, mais il ne refpire qu’avec peine , fa voix
; eft rauque, il a de tems en rems des quintes vro-
; lentes de toux qui menacent de le fuffoquer j
j l ’on ne peut , en aucune manière, appercevoir
> le Corps Etranger, & fi l’on preffe le noeud de
' la,gorge le malade relient une vive douleur.
I On a ohfervé quelquefois, à la fuite de cet âcci-
j dent, une tumeur emphyfémateufe , an-rleffus
de» clavicules, fymptôme occafionné ( fuivant
l’explication également jufte & ingénieufe qu’en
donne M. Louis ) par ia difficulté de l’expiration,
. & par le refoulement de l’ air qui a eu lieu dans
les quintes de toux, vers la furface du poumon,
dans le tiffu fpongieux de ce vifeère, d’où ce
fluide, paffant dans les cellules qui unifient le
poumon à fa membrane propre que la pleure
lui fournit, & de-là entre les lames du médiafiin,
' parvient enfin au-deffus des clavicules, & pour-
I roir paffer beaucoup au-delà fi la mort du malade
I on les fecours de la Chirurgie n’y me noient
{ obftacle. Voye\ Emphysème.
•j II arrive affez généralement dans les cas de
cette nature', que le malade éprouve des wte*-
valles de calme, pendant lefqueîs la toux eft
fufpendue , il refpire plus librement, il peut
. dormir ou vaquer à fes occupations, mais le
Chirurgien ne dort point être la dupe de ces
apparences favorables} la plus légère caufe.capable
d arrnner la refpiration ou d’exciter un peu de
toux, certains mouvemens du corps, fur-tout s’ils
font un peu brulquet, ramèneront à linfhnt les
plus vtoiens (.Tnpt0j.es.' C’eft une loi de l’éço-
nonua animale, que tonte acHon des.mufclet eft
au bout rte quelque tems fuivie du relâchement
de ces organes, quoique la caufe irritante qui
Eexcttoir n ait pas ceffé d’agir. Dans le cas qui nous
occupe, I action mufcuJaire qui produit la toux,
le calme peu-fj-pcit malgré la préfence du Corps
Etranger qui 1 excitait ; & celui-ci délient) alors
aans une portion plus large du canal’ où il gène
moins le paffage de l’air; mais fi un mouvement
plus rapide de ce fluide le rapporte vers ia glotte,
il irrite cet organe doué d'une fenfibiüté exquife,
& ? f 0le, t n e< entlroit«n obftacle beaucoup plus
confidcr.tbîe à la relpiratioa. .
B É 1,V s’agit de faire fortir un Corps Etranger
engag dans la rrachëc-arrère, les Auteurs ont
prelque tons confeillé, en fe copiant les uns lés
aimes de farte éternuer ou vomir le malade. Mais
K faut être bien peu verfé dans ['Anatomie pour
ne pas fenar combien il eft peu probable qu.’on
réuisit par de pareils nioybts, & combien il l'eft
au contraire qu’on pouffera Tobfbicle contre la
glotte, rie manière à empêcher fe paffage dé l'air
& que l’on s’expofera au danger de faire périr lé
malade à l'infiant. Les exemples cités pour prouver
le succès de cette pratique , ne font rien moins
que concîitans; il n’eft point démontré que les
corps rejettes,, après qu’on avoir ufé de moyens
de cette nature, euffent été réellement logés dans
la trachée-artère; on ne conçoit pas trop comment
le vomiffement ou l'éternuement suroit pu cbaffer
du larynx des_ Corps que la toux n’avoit pu en
faire forrir. D ailleurs ces faits font en trop petit
nombre pour balancer un inftant celui des tentatives
du même genre qui ont été ■ inth.éluetjfes.
Il nly a jufqua préfent qu'un fettl moyen
fur lequel on puiffe comprer pour fauver les
perfonnes qui ont eu le malheur de laifl'er paffrt-
un Corps Etranger dans la trachée-artère, c’eft
de faire promptement une ouverture à ce conduit,
opération auffi peu dangeréufe que le fuccès en
eft certain. L effet en eft de donner à l’ infiant
un libre paffage à la refpiration, & au Chirur- '
gten un moyen d’autant plus fùr de dégager le
Corps Etranger que le courant d'air l’amène naturellement
auprès de l'ouverture; & que s’il ne
le pouffe pas au-dehors, rien ne fera plus aifé
flue de le fainr. Voyei, pour les détails de cette
opération, l'article Bronchotomie.
Des Corps Etrangers dans la vejfie.
• Les Corps Etrangers qui peuvent fe trouver
dans la vêflie, font de deux efpèces. Les un,f
le fon.it formés dans cette cavité, tels font l es
pierres, les autres ont été introduits dans la veftïe *
tels font une fonde de plomb > une bougie, une
aiguille d’ivoire ou de métal, des fèves de haricot,
des épis de bled & divers autres Corps
qu’on y a trouvé en différentes occafions.
On ne peut trop tôt faire l’extraélion de ces
Corps Etrangers-, des pierres , parce que plus
elles féjournent dans la veftie,. plus elles augmentent
en volume - des autres Corps, parce
que s’incruftant plus ou moins promptement, félon
la qualité des urines d’une matière terreufe,
ils deviennent ainfi le noyau d’une pierre. Voye\
Lithotomie.
On peut quelquefois, fans faire d’opération ,
retirer les Corps introduits de l’extérieur dans
la vêffie des femmes, parce que l’urètre, chez
elles, eft plus court & plus large que chez les
hommes. Ainfi, on effaye, en portant un ou
deux doigts dans le vagin & du côté de là veftie ,
de pouffer le Corps Etranger vers le c o l, pour
l’engager dans l’urètre, de manière qu’on puiffe
le faifir avec une petite pince. Chez les hommes ,,
on ne peut pas fe flatter d’y rénffir, à moins
que le Corps Etranger ne fe trouve encore en
partie dans le canal. Voyez k l’article Bougie,
ce que nous avons dit relativement à cet objet.
Nous ne finirions pas , fi nous voulions nous
arrêter fur les différons cas., mentionnés par les
Auteurs, de Corps Etrangers introduits, foie
dans l’anus, foit dans la veftie, foit dans les
autres voies naturelles! i ) . Nous n’en connoi(Ions
point de plus extraordinaire que celui d’une
femme qui a fnbi cinq fois à i Hôtel-Dieu l’opé-:
rat:on de la taille, & qui enfin a été convaincue,
l’année dernière, d’avoir introduit elle-même ,
par l’urètre, toutes les pierres qu’on lui a tirées
de la veftie. La mifère & la pareffe engageoient
cette malheureufe à ufer de ce moyen, pour
obtenir à chaque fo is , foit dans l’Hôpital, foie
de la part des perfonnes charitables qui la protégée
lent, des fecours, qu’autremenr eile auroit
été obligée de fe procurer par le travail.
Des Corps Etrangers engagés fous la peauK
Il n’eft; peut-être aucune -des parties .moiles
du corps , où l’on n’ ait quelquefois rencontré
des Corps Etrangers;, i! n’eft pas très-rare d’en
trouver dans les mufèies, ou fous la peau} ce
fonr Je plus fouvent des aiguilles quelquefois
des épingles, des épis de bled, &c. Ces Corps
qui, pour l’ordinaire, ont été avalés, ont, en
raifon de leur forme & de la prelfion qu’ils
ont éprouvée, pénétré peu-à-peu au travers des
membranes & des chairs qui fe font trouvées
(1 ) Voyez ie Mémoire de M. Morand fur les Corps Etrangers^,,
appliqués à différences parties du Corps. Mémoire
de l’Academie de Chirurgie, Tome m.
y y ij ■