
306 C A U
les fluxions Fréquentes , les ophtalmies chroniques,
les anciens ulcères, &c. tes cautères fe
font communément à la nuque, entre la première
& la fécondé vertèbre du cou ; à la partie fupé-
rieure du bras, dans une petite cavité qui fe forme
entre le mufcle deltoïde & le biceps ; & à la partie
interne du genou, un peuau-deffous de l’attache
des mufcles fléchi fleurs de la jambe.
On fait les cantèrçs de différentes manières. La
plus prompte confifle à foulever la peau avec les
doigts, dans l'endroit où on veut l'ouvrir, & à
y faire une petite incifion où Ton puiffe inférer
un pois ; après l’y avoir placé, on applique par-
defius une corn prefle foutenue par quelques tours
de bande, & l’opération efl achevée. On vifite
& l'on nettoye, foir & matin, la petite incifion,
& l’on y remet un nouveau pois avant de mettre
la bande. En deux ou trois jours on a un petit
ulcère, d’où d’écoule une humeur purulente qu’on
doit enlever tous les jours à chaque panfement ,
avec un morceau de linge bien net.
Une autre méthode confifle à ouvrir la peau
avec le cautère a élue!; mais comme elle paroit
effrayante & cruelle aux malades, on ne la met
plus en ufage, quoique , dans bien des cas, elle
fût plus flirt- & plus efficace.
Dans la méthode la plus généralement adoptée,
on ouvre les cautères avec des eauftiques. On
prend, pour cet effet, un emplâtre de la grandeur
d’un écu, percé dans fon milieu d’un très-
petit trou, & on l’applique fur la partie , de façon
que le trou réponde exactement à l’endroit
où l’on veut ouvrir la peau. On applique fur cet
endroit de la peau que lë trou laiffe à découvert,
une petite parcelle de pierre à cautère, de la grof-
fenr, tour au plus , de, Ja moitié d’un grain de
bled ; on la recouvre d’un autre emplâtre plus
grand que le premier ; on applique enfuite une
comprefle & un bandage circulaire qu’on ferre un
peu, afin que l'appareil ne change pas de place.
An bout de vingt-quatre heures, on lève la bande
& les autres pièces de l’appareil on trouve alors
une petite efearre à la peau, dont on procure la
chûre par l’ufage des remèdes fuppuratifs , & l’on
entretient enfuite la fuppuration de l'ulcère, au
moyen d’un pois qu’on tient dans fa cavité.
Quelque méthode qu’on ait employée pour faire
les cautères} on les panfe une fois le jour, &
même deux , fur-tout en été, s'il en découle
beaucoup de pus y on y introduit toujours un
nouveau pois après avoir retiré celui qu’on y avoit
mis auparavant, & on le couvre enfuite d'un emplâtre
guarré, large à-peu-près comme la main ;
ou, à.la place de celui-ci, d’un morceau de papier,
ou de quelqu’étoffe de foie cirée, ou enfin
d'une feuille de lierre, & d'une comprefle fou-
lenue par le bandage. Mais on compofe avec des
lames de laiton, de la peau, de la gomme élaf-
tiqne & d’autres matières, des petites machines
4 om i’ufage efl beaucoup plus commode que ce»
C A Ü
lui des bandes.de toile. Ces machines font pouf*-
vues de petits crochets & de cordons, au moyen
defquels les malades peuvent fe les appliquer eux-
mêmes , avec la plus grande facilité. V 6ye% les
planches.
Quelques-uns , au lieu de pois, mettent dans
les Cautères des petites boules faites avec la racine
d’iris de Florence, ou des petites oranges
de la même groffeur, afin d’y attirer plus fortement
les humeurs, & de faire une plus grande
dérivation -, mais le choix entre ces différentes
fubftances paroît être affez indifférent. On tien-
dia les cautères ouverts jufqu'à l’entière guèri-
fon de la maladie pour laquelle on s’en efl fervi;.
& fi le mal que l’on a guéri par ce moyen re-
venoit encore, on en feroit de nouveaux. Nous
croyons que cela efl préférable à la méthode ordinaire
de les laifler fubfifter long-tems après
qu'on en à obtenu l’effet defiré, ou même pendant
toute la vie, parce que la prolongation de
eet écoulement n’eft pas toujours un préfervatif
contre les maux que fon établiffement a pant
guérir ; parce que l'on fera plus sûr de fon efficacité
en le rétabliffant lorfque le corps n'y fera
pas accoutumé; parce qu’outre l’incommodité habituelle,
& l’affujétiffement qui en réfultent, il
peut avoir d’autres inconvéniens, tels que l’épui-^
fement où il jette quelquefois les malades par
fa trop grande abondance ; enfin , parce que plus
il a fubiiflé long-tems, plus il peut être dangereux
de le fupprimer rour-à-coup, & que per-
fonne ne peut fe répondre de ne pas le laifler
tarir tôt ou tard par négligence, ou par quel-
qu’autre raifon. Sous ce point de vue un cautère
établi, fur-tout dans l’enfance, pour durer toute
la vie, comme cela fe pratique fréquemment
n’eft que trop fouvent un remède pire que le
mal pour lequel on l’applique.
Lorfqu’on veut fupprisner un cautère , il fuffiî
! d’ôter le pois qu’on y tenoit , & il fe ferme
bienrôt de lui-même. 11 arrive quelquefois qu’il
s’élève fur le petit ulcère de la chair fongueufe,
mais on la détruit aiférrient en la faupoudrant
avec un peu d’alun brûlé. Les vieillards font
prcfque toujours menacés de quelque maladie
très-fâche ufe , ou même de la mort lorfque
leurs cautères cefllnr de couler, & que les bords
ën deviennent fecs ou livides. On doit alors fe
prefler de recourir aux remèdes capables de prévenir
ces açcidens, & de rappeller fur-tout l’écou-
lement des cautères, en y appücant de la poudre
de cantharides, ou quelqu’autre fubftance irritante.
Les cautères font d'un grand ufage dans la1
pratique de la Médecine & de la Chirurgie ,
quoiquaujourd’hui un grand nombre de Praticiens
y aient recours bien moins fréquemment
qu’on ne faifoit autrefois. Peut-être, dans la plupart
des cas où on les emploie , obtiendroif-
on un effet plus prompt & plus marqué par
C A U
wië application de véficatoires ; plus ott moins
fréquemment répétée , ou par d’autres moyens
de dérivation encore plus aélifs ; mais des recher-
■ ches fur une queflion de cette nature ne doivent
pas entrer dans cet ouvrage. 1.1 nous fuffira de
rappeller ce que nous avons fait obferver à l'article
Cautère actuel, que l'action du moxa
-qui n’occafionne, pour l'ordinaire, qu’une fup-
■ puranon peu abondante , efl beaucoup plus
prompre & plus efficace que celle d’aucun autre
exutoire, quoique l’écoulement que ceux-ci
procurent foit bien plus confidérable. Cependant
il y a des cas où une évacuation telle qu'on l’obtient
par des cautères peut être très-utile : tels
font ceux d’anciens ulcérés qu’on ne devroit peut-
être jamais fermer fan? avoir préalablement fup-
pléé par ce moyen à la fuppuration habituelle
qu’ils occafionnoient. Voye[ Ulcère.
CAUTERISATION. Voye[ C a u t e r e
ACTUEL.
CENTAUREE (petite), plante dont les feuilles
& particulièrement les fommités, ont une faveur
très-amère. On lui attribue une vertu déterfïve ,
l’on s’en fert dans divers cas d’affeélions cutanées
, d'ulcères fordides, d'achores & de croûtes
à la tête ; on l’emploie dans cetre vue en décoction
, & en cataplafmes; la Chirurgie moderne
n’en fait pas grand ufage,
CERAT. On donne ce nom à différentes com-
pofitions deftinées à être appliquées extérieurement
, & dont les ingrédiens font à-peu-près
les mêmes qui entrent dans la formation des on-
guens & des emplâtres ; ils tirent leur nom de
la cite qu’on fait entrer dans leur compofition
pour leur donner la confiflance. Autrefois on
les faifoit plus folides que les onguens, leurcon-
fiftance tenoit le milieu entre celle des onguents
& celle des emplâtres ; mais depuis on a donné
le nom de cérat à des compolïtions auffi molles
& mêmes plus molles que les onguens. Nous
donnerons ici les formules.de ceux qui font le
plus en ufage, ou qui méritent le plus de l’être.
Cérat /impie-
Prenez d’huile d’olives une livre ;
de cire blanche,quatre onces;
de blanc de baleine, trois onces—faites
fondre enfemble ces matières fur un
feu doux.
Cérat de Galien.
Prenez d’huile d’olives , une demi-livre 5
de cire blanche, deux onces ;
d’eau commune, fix onces;
On fait fondre la cire avec l’huile fur un feu
ttès-doux , on coule ce mélange dans un mor-
*leî marbre , on l’agite avec un pilon de bois
jufqu’à ce qu’il foit froid , on ajoute enfuite l’eau
C A U 307
peu-à-peu, & on l’incorpore , en continuant à
agiter le tout avec le pilon, fuivant les règles de
la pharmacie. ■
On emploie ces cérats dans les cas de plaies.,"
excoriations , &c. où il ne faut que des applications
très-douces , foit pour amollir & détendre
les parties enflammées , foit lorfqu’il s’agit Amplement
de les défendre contre l’irritation de l’air,
& celle des appareils.
Cérat de Goulard, ou. de Saturne.
II fe fait en ajoutant au cérat fimple , ou au,
cérat de Galien une certaine proportion d’extraif,
ou de fucre de Saturne, qu’on varie à volonté
fuivant les cas ; on s’en fert comme d’un topique
rafraîchiffant & defficarif pour les excoriation^,
les brûlures, les ulcères dartreux, de.
CERATOTOME de K«êP*5 & Seâio
cornece. Dénomination un peu forcée, il efl vrai,
que donne le D. Wenzel au fcalpel , dont
il fe fert pour incifer la cornée dans l’opération
de la cataraèle. Ce fcalpel n’a rien qui le distingue
effentiellement de plufieurs autres def-
tinés à cet ufage. Il refl\mble affez à une lancette
ou phlébotome ordinaire , mais la lame a un
peu moins de largeur, & efl femblable à celle
que les Couteliers difent être à grain d’avoine ;
elle efl droite,'& fi quelquefois elle préfente
une convexité prefque imperceptible , l’ouvrier
la lui forme, pour lui donner plus de corps.
La lame a dix-huit lignes de longueur & trois
dans fa plus grande largeur. Comme elle va
toujours en décroiffant de la bafe à la pointe,
ce n’èft que dans l’efpace de quatre lignes environ
depuis fa bafe quelle en a trois de largeur. Mais
à fix lignes environ de fa pointe , & vers le
tiers de fa longueur, de ce côté, elle n’a qu’une
ligne & demie de largeur, le manche offre plufieurs
faces, pour le tenir plus facilement, &
une petire marque qui indique le bord fupérieur
de la lame. V oy e lle Traité de la cataraéle du D.
Wtnzel. (M. P e t i t -Ra d e z .)
CERCOSIS de Kipo?, une queue. Excroiffance
polypeufe, plus ou moins alongée & de forme
à-peu-près cylindrique qui tient à la matrice ou
au vagin , & qu’on a prife quelquefois pour une
chute de Pun de ces organes. Voye[ Polype.
CÉROÊNEjOU Céroûne; nom que le vulgaire
donne à des emplâtres réfoiutifs & fortifiants
, que l’on applique fur la peau en certains
endroits , pour difliper les douleurs ; tel
cft l’onguent d’Althéa mêlé avec de l’eau de vie ,
que l’on applique fur les côtés , dans les violentes
douleurs qui accompagnent la fluxion de
poitrine. Extrait du Didionnaire de famé.
CÊROMEL. Efpèce donguent ou ce cérat fait
de quatre parties de miel, & d’une partie de cire
blanche que l’on fait fondre enfemble à une douce
chaleur j c’eft un bon topique pour couvrir les
Q<i ÿ