
blablement d’après ce qu’Hipocrate dit aii fui et
dçs empy'iques. Quibus à pure coloratur fpecillum
tanquam ab igné, maximamillorum partent interire*
Des portions d’os le détachent bien, mais il ne
faut point s’attendre à une exfoliation régulière ;
à moins qu’avec le fecours de l’art, on nait
ramené cette Carie à la première efpèce. La def- ;
truélion graduée des fibres offeufes par la fuppu-
ration efî Couvent très-remarquable ici, en forte
qu’une pièce d’os qui paroiffoit auffi large que
Je bout du pouce , & d’un tiflu très-folide, deviendra
moindre que l’extrémité du petit doigt, & tellement
fpongieufe, qu’à peine peut-on la toucher
dans la rompre.
Comme les cellules qui fe font formées dans
cette efpèce de Carie> retiennent la fanie âcre
& putride, & contribuent par-là à rendre la maladie
plus grave, il faut néceflairement détruire
toute la Carie, dès que les circooftances feront
favorables. Quand donc la lime, la gouge, où
le trépan pourront être employés, il faudra les
mettre en ufage, après quoi on en viendra au
panfement dont nous avons parlé ailleurs. Si la
fanie vient du tiflù fpongieux de l’os, on emportera
les portions corrompues par une ou deux
couronnes de trépan : fi la Carie eft très-étendue,
on appliquera la couronne à la circonférence , &
on enlevera les intervalles. On. eft quelquefois
obligé d’appliquer un très-grand nombre de couronnes
de trépan , fur-tout dans les Caries du crâne >
St généralement dans celles de tous lès os plats.
On trouve, dans le premier volume des Mémoires
de l’Académie Royale de Chirurgie, plufieùrs oh-
fervaiions importantes* relativement à la multiplicité
des trépans, dans le traitement des Caries
du crâne. Il en eft une entr’autres donnée par M.
de la Peyronie qui, pour enlever une Carie con-
fdérable, employa les trépans, les..élévaroires,
les tenailles, les feies, les limes, les vîllebre-
quins, les maillets de plombs -, les gouges, les
cifeaux de prefque toutes les efpèces. &c. Cette
cblervation , qui offre un des plus grands faits de
Chirurgie, tant par rapport à la grandeur de la
maladie, & la confiance du malade, que par l’intrépidité
de l’opérateur, eft un de ces exemples
extraordinaires qui dans des cas déféfpérés, doit
faire préfumer en bien, des forces de la Nature,
St des reffources de l’Art. On doit également les
multiplier dans les cas de Carie au fier nu m, &
fe comporter en tout comme on le feroit à l’égard
des os du crâne, fur-tour quand on a trop tardé
à demander du confeii, & que la Carie à déjà
fait beaucoup de progrès. .
Quand la matière fort aifément à raifon de
ce que les ouvertures de la vermoulure font inférieurement
y ou quand on peut remplir convenablement
la cavité par des pièces dappareil, on
pourra fe difpenfer d’emporter rien de l’os. Je
fus confulté moi & M. Macgill, dit M. Mcnro ,
pou? une petite fille qui x à la fuite de la petite
vérole, eut nn ulcère près de la malléole interne }
il fe fit un trou dans l’os, dont l’étendue & la
profondeur étoient aflez grande pour recevoir le
bout du doigt. Nous introduisîmes une fonde
dans le tibia , trois pouces au- deffus, fans rencon-
| trer la moindre réfiftance; mais en dirigeant la
fonde vers le bas , nous fentîmes auffi-tôt un
obfiacle qui venoit de la fermeté des chairs.
Une pafiille faite de tnirxhe, d’aloës, & de miel,
fut mife chaque jour dans le trou; le malade
alla à la Celle chaque jour , jufqu’à ce qu’on eût
fuppriméri’aloës du traitement de l’ulcère. On
fe lervit enfuite d’une injeèlion digefiive faite
avec le miel rofat diffout dans l’eau , & aigui-
fée d’un peu de vinaigre; on continua .encore
quelque teins les paftilles de mirrhe & de mie!,
la caviré de l’os fe remplit graduellement de nouvelles
chairs * & bientôt s’enfuivit une guérifon
completie.
Quand la fanie eft ftagnante, à raifon d’une
mauvaife fituation de l’ouverture de l’os, il faut
faire à l’endroit le plus convenable qui eft toujours
le plus déclive, une on plnfieurs ouvertures
avec le trépan , pour donner à la fanie un écoulement
plus facile, & même l’on emporte toute
la partie de l’os qui couvre la vermoulure, ou
les clapiers. Si l’on ne peut journellement fuivre
tous ces procédés, il faut èn venir au cautère
aéhiel, en fuivant les règles que nous avons
données dans le traitement des caries sèches.
Celui-ci eft préférable aux cautères potentiels
qui peuvent fe fourvoyer dans les cellulofités ,
& ronger plu? profondément qu’il ne faut , &
pas aflez au-dehors. Quand la fanie eft en grande
quantité, qu’elle eft puante > qu’on ne peut malgré
tout ce qu’on fait, établir une libre ifiue an-
d eh ors , on a tout à craindre que non-feulement
l’os ne foit rongé de plus en plus, mais encore
que la fanie ne foit abforbée, d’où, pourront
s’enfuivre une fièvre lente, avec toutes les mau*
vaifes cônféquences. Il convient alors de faciliter
, autant qu’il eft poffible, l’écoulement de la
matière, & d’employer les topiques qui peuvent
en émouffer, ou en détruire l’acrimonie. Il faut
donc panfer fréquemment en pareil cas, & laver
la fanie à chaque panfement avec une liqueur
convenable. Les efprits ardens, les teintures
éthérées, les huiles effentielies détruifent & répriment
la mauvaife odeur, ils diminuent également
la quantité de la fanie, ce qui les a, en
quelque forte, fait regarder comme les fpécifiques
de cette maladie, d’autant plus que dans 1 ancienne
théorie, on la regardoit comme provenant
d’une trop grande humidité, qui fe jettoit fur
les os naturellement fecs, & que ces fubftances
paffoient pour être de très - grands defficatifs.
• ^Mais ces raifons ne font pas des titres d’exclufion
pour les autres remèdes, elfes doivent au contraire
donner lieu à de nouvelles recherches qui
même pourroient n’être pas tout-à-fait infruc-.
ifaenfes; car il ne faut point fe fe diffimuler ; les
féinture‘,fur-to t celle d alôës durciffent les chairs,
les rendent calf.eufes, elles font fouvent abforbées
quand on les emploie en grande quantité , comme
dans les caries très - étendues & profondes, &
alors elles riuifent par la fièvre St par les évacuations
qu’elles foi!icitent, celles d’aloës fur-
tout. Les digefli*? ordinaires, le miel diflous
dans l’eau, & aiguité d’un peii de vinaigre, ou
de quelques gouttes décide minéral, agiffent plus
efficacement pour corriger la putridité de la fanie.
On peut les employer largement pour laver l’ulcère
fans qu’on puifle craindre qu’ils ne retardent
la réparation de l’os gâté, ou qu’ils occafionnent
le moindre mal par leur réforprion. Quand l’ul-
c’ère eft profond, ril faut injeéler ces remèdes
avec une féringue , pour qu’ils paillent pénétrer
par-tout, là où la fanie eft en ftagnation. Nous
terminerons ce qui a rapport à la vermoulure des
os par une hiftoireSingulière qu’on trouve dans
le 5-e Vol. des Me die a h Observations andlnquiries.
William Halfey de Barner, dans l’Herfordshire,
aie confulta pour une affection de tête, dit IV1. Wa-
then, dans Une lettre adreffée au D. Hunter à Londres.
Je trouvai les tégumens du crâne au côté
gauche exceffivement diftendus depuis lefommet
de la tête jufqu’à l’oreille, & de-là en devant
jufqu’au bas parallèlement .à l’aile du nez & formant
une poche quicouvr'oit &fermoit en quelque
façon l’oeil gauche La partie la plus Caillante
du gonflement paroiffoit pâle, blanche &
brillante, à raifon de la diftenlion de la peau,
le contour étoit bigarré, pâle, rouge, jaune,
les veines enfoncées étoient volumineulès, comme
dans un carcinome. Le malade, malgré l’étendue
de cette tumeur, n avoit jamais éprouvé de douleurs
ou de mal-aife dès le commencement,
linon un fenriment de piquure ou de battement,
quand il portoit fa tête en avant, ou qu’il s’in-
clinoit fur le côté. La fubftance de la tumeur,
autant qu’on pouvoit le juger au toucher, étoit
inégalement folide , comme celle d’un cancer
occulte, & fa plus grande épaiffeur environ trois
pouces au-demis de la partie fupérieure de l’os
frontal, où elle prominoit le plus. Comme le
malade avoit toujours été en bonne fanté, qu’il
»’avoit jamais reçu'de coup à la tête, on ne-
pouvoit lui affigner aucune caufe. La première
idée qu’il en eut, datoit de deux ans quil ap-
perçut un gonflement à la partie poflérieure du
parjétal gauche, environ du volume d’un oeuf
de pigeon; comme il n’en reffenroit aucun mal,
il n’y fit pas attention avant; mais alors il confulta,
& ayant effayé plufieurs topiques qui furent
fans effet, & d’ailleurs n’y éprouvant aucune
gène,’ il négligea tout remède pendant un ab
& demi, quand une autre tumeur commença à
parojtre à la partie fupérieure, du côté gauche
de l’os frontal. Il fut alors reçu à l’hôpital
Sttnt-Barthélemi, où il refta une quinzaine de
jours. Mais comme l’état de la maladie n’étoit
pas bien affuré, qu’il n’y avoit pas d’indication
décifive!, il retourna chez lui, allant à l’hôpital
de tems à aurre pendant trois mois, ce fur alors
que le gonflement augmenra & allez promptement,
en forte que les deux tumeurs étoient proches
l’une de l’autre, mais néanmoins encore féparées
par une dépreffion de la peau. Quelques-uns
vouloient qu’on fit une incilion à l’os, mais le
plus grand nombre étoit d’un fentiment contraire.
Il fut renvoyé. Il vint enfuite à l’hôpital Saint-
Georges , où la néceffité de l’incifion ayant été
long-tems débattue & décidée inutile, il fut
encore r-envoyé après trois jours de réfidence.
Il revint alors chez lui, & vaqua à fes affaires
pendant trois femaines. Dans cet intervalle, les
deux tumeurs fe confondirent pour n’en faire
qu’une qui couvroit tout le côté gauche de la
tête jufqu’à l’oeil qu’elle fermoir. Pendant ce tems,
plufieurs perfonnes de l’art furent' encore conful-
tées, & moi en dernier lieu, dit M. Warhen.
Pendant que j’examinois la partie, il tomba dans
un évanouiffement accompagné de convulfipns
qui bientôt fe diffipèrenr. Comme il n’y avoir
point de doute que le crâne ne fut exceffivement ^
malade, & qu’on ne devoir point s’attendre à un
mieux, encore moins à une guérifon fans une
féparation des parties malades ,. je réfolus de
mettre la carie foupçonnée à découvert, caron
ne devoir point efpérer d’exfoliation, tant que
les tégumens exceffivement épaillis cacheroient
la tumeur. Je me décidai donc à opérer; mais,
comme l’incifion n’étoit pas la meilleure méthode
à raifon dé l’hémorrhagie qui pouvoir s’enfuivre,
j’employai d’abord4e eauftique ordinaire*
que j’appliquai à la partie la plus prominenre
au gonflement poftérieur, & je perforai les régu-
mens avec trois petites bougies d’arienic que j’y
laiflai. Ces bougies occafionnèrent une douleur
confiante, & fourde qui conrinua pendant iinç
quinzaine de jours. Trois jours après leur application
, le gonflement étoit beaucoup diminué.
Après trois femainès, l’efcarre commença à fe
féparer, mais il ne pouvoir fe détacher de l’os
à raifon des pointes offeufes qui s’élevoient de
l’étendue d’un pouce plus ou moins dans Ta propre
fubftance , en forte qu’on fut obligé de recourir
aux cifeaux pour effectuer cette réparation.
Cette efearre quoique rouge, étoit alors de
trois pouces de large, & environ deux d’épaif-
feùr,& il étoit parfeméde pointes d'os rompues.
Il s’enfuivit bientôt un grand écoulement de matières
Jchoreufes, claires, & fétides, avec un peu
de pus louable qui adhéroit aux plumaceaux.
Comme le malade réfifta à tous ces procédés,
i & que la tumeur étoit déjà beaucoup diminuée,
je fui vis le même pjpcédé à l’égard de la portion
antérieure de la tumeur qui alors avoit fait
un progrès rapide fur la joue. En moins de quinze
jours f ce dernier efearre commença à tomber
N n ij,