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■ ré fui te des tti meurs d’un volume extrêmement cori-
fidérable , qui recouvrent tout le devant de la trachée
artère. On les diftinguè aifément par les fym-
ptômes qui acompagnent d’ordinaire les tumeurs
fcrophuleufes. Voy<i Ecrouelles.
4. Mais l ’efpèce de rumeur qu’on obferve le
plus fréquemment à la partie antérieure du cou ,
c’eft celle qui réfui te du gonflement des glandes
thyroïdes ; ces glandes acquièrent quelquefois un
volume te l, que, non-feulement, elles occupent
• tout l’efpace d’un -des angles de la mâchoire à
l’autre, mais qu’elles font une faillie beaucoup
plus çonlidérable de chaque côté du cou, s’avancent
en devant fort au-delà du menton, & forment
une maffe énorme qui tombe fur la poitrine.
Ce gonflement, plus ou moins inégal, pour
l ’ordinaire n’eft pas très-dur, fur-tout quand la
maladie n’eft pas dans un bien haut degré ; on
n’y apperçoit cependant jamais aucune fluélua-
tion, St les malades n’y éprouvent pas de douleur.
La peau conferve à-peu-près fa couleur
ordinaire ; mais quand la tumeur eft ancienne &
très - confidérable , les veines du cou deviennent
plus ou moins variqueufes.
C’eft cette maladie qu’on a particulièrement défi-
gnée fous le nom de Goitre , St qu’on obferve fi
fréquemment dans quelques vallées des Alpes; il y
a même des endroits où elle eft fi commune qu’on
trouverait à peine un individu qui en fut totalement
exempt; & qu’on en rencontre un grand
nombre chez qui la tumeur 'eft fi volumirienfe,
qu’il n’eft pas poffible de la cacher par aucune
cfpèce de vêtemenr. Une autre maladie , bien plus
fâcheufe, avec laquelle le Goitre fe complique
dans les endroits où il eft endémique , c’eft un
état dïdiotifme, plus ou moins complet, accompagné
de la figure la plus hideufe, & de tous-les
fymptômes qui annoncent le plus exttême relâchement.
Tous ceux qui ont des Goitres ne
font pas idiots, puifque l’on voit, en Snifle &
ailiurs , cette incommodité chez beaucoup de
perfonnes qui jouiffent au plus haut degré de
toutes leurs facultés intellectuelles ; mais, dans
les vallées où nous venons de dire qu’il eft endémique,
il eft particulièrement volumineux chez
les idiots, que l’on y defigne vulgairemeut par
le nom de Crétins.
La réunion de ces deux maladies, qui confti-
tue peut-être le degré le plus extrême de dégradation
dont la nature humaine foit fufceprible,
ne permet pas de douter qu’elles ne tiennent
l’une & l’autre à une même caufe ; & comme on
les a obfervées principalement dans lés Alpes ;
on les a attribuées aux eaux de neige ou de glace
Tondue; on a dit que ces eaux>étoient crues ,
fans attacher un fëns bien précis à cette qualification.
D’autres ont cru que c’étoient des eaux
féléniteufes, calcaires ou chargées de parties ter-
jreiifes quelconques, qui produifoient ces engorge-
njenî. D’autres les om imputés aux yapeurs dçs
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| marais, à la mauvaife nourriture, à rivrogneriê^
I à la mal-propreté, &c. Mais, pour peu qu’on ait
| vo}’agé dans les Alpes, on voit que toutes ces
j fup[ralliions font dénuées de fondement. Les
| maladies dont nous parlons ne s’obfervent que
dans les vallées les plus baffes ; on n’en voit point
dans les hautes vallées dont les habirans neboi-
j vent que de l’eau qui découle des glaces ou de
la neige, & font même attachés à ces eaux par
une forte de préjugé. Les eaux imprégnées de
fubftance terreuf^, jour plus communes dans les
plaines que fur les montagnes. Les vapeurs maré-
cageufes ne donnent pas de goîrres dans les plaines,
non plus que la mal-propreté, l’ivrognerie
ou les mauvaifes nourritures.
L ’on n’obferve point de Goitres , difons-nous ,
dans les régions élexées des Alpes ; mais c’eft une
chofe trè.'-remarquable , que dans un même canton
, fur les bords du même torrent , les payfans
d’une même nation , vivans tous à-peu-près de
la même manière , foîent parfaitement fains , vifs
& dégagés dans le haut de là vallée , tandis que les
Goitres & l’idiorifine commencent à paraître dans
des lieux plus bas, St vont en augmentant jufqu’à un
certain terme j paffé lequel les vallées commençant
à s’ouvrir, on voit ces infirmités décroître par les
mêmes gradations, & difparoître enfin prefque totalement
dans les plaines, ou dans les grandes vallées
bien ouvertes & bien aérées.
Ces obfervations démontrent invinciblement
qu’on a eu tort d’attribuer exelufivement, comme
on l’a fait, les Goitres, dont font affligés, en quelques
endroits, les habitans des Alpes à la nature
particulière des eaux qu’ils boivent. 11 eft incon-
reftable cependant que cette maladie tient efi-
fentiellement à quelque condition des lieux ou
elle eft endémique. L ’opinion de M. de Sauflùre
( 1) à cet égard, nous paroît être parfaitement
-fondée. Cet illuftre Fhyficien .. St Naturalifte
penie que l’air ftagnant dans les vallées profondes,
& fortement'réchauffé par les rayons du foleiL,
foit direéls, foit réfléchis par les rochers, y contrarie
un genre de corruption, qui eft la caufe
prédifpofame de l’efpèce particulière de relâchement
& d’atonie , à laquelle tient eflentiellment la
formation des Goîrres. Et c’eft un fait que^ les
enfans nés dans la vallées , quelque difpofition
héréditaire qu’on puifle leur fupporter à con-
trader ce genre d’atonie , en demeurent parfaitement
exempts, s’ils font élevés , St appellés
à vivre dans un autre endroit, quoique très-peu
éloigné, pourvu qu'il foit ou plu- haut, ou moins
rapproché du pied des montagnes;
5*9 L’on a fouvent confondu avec le gonflement
des.glandes thyroïdes, une tumeur d’une
autre nature , qui probablement fe complique
fouvent avec la première , mais qui s’oblerye
( 1.).Voyages dans les Alpes, ton». a4
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fréquemment anffi dans des cas où ces glandes
ne font p'oint affedëes. Ce .gonflement formé par
tin engorgement St une induration du tiffu cellulaire,
au-devant de la trachée-artère, diffère de
celui des glandes, en ce qu’ il occupe ordinairement
une bafe plus large , proporrionnément à
fon élévation, & en ce qu’il a beaucoup plus de
* dureté , ce qui l’empêche de tomber fur le col
St la poitrine, quand il a acquis un grand volume
; on voit de ces tumeurs qui s’étendent
d’une oreille à l’autre , & du menton jufqu’au
fiernum , St qui acquièrent une dureté prefque
cartilagineufe. Il eft rare que ces tumeurs , quelque
confidérables qu’elles foient, menacent les
malades d’aucune conféquence fâcheufe, autre
que . celles qui peuvent réfulter de la preffion
quelles exercent fur la trachée-artère , & fur les
vaiflëaux fanguins ; mais à ces deux égards, elles,
ont quelquefois des inconvéniens très-graves ,
gênant beaucoup la refpiration , St empêchant
le iibrè' retour du fang de la tête , ce qui rend
le vifage livide , occafionne des vèrriges, St peut
même déterminer une apoplexie. C’eft cette ef-
pèce de Goitres , plutôt que la précédente, qu'on
obferve quelquefois hors des pays ;de montagnes,
& particulièrement dans quelques Provinces de
France St d’Angleterre, mais que l’on rencontre
apffl en Suiffe & ailleurs compliquée avec la
précédente.
Il fuffit de lire l’expofé que nous venons de
faire des différentes efpèces de Bronchocèle ,
pour comprendre qu’il ne peut pas y avoir de
méthode générale de les traiter ; & que les moyens
que l’on emploie avec fuccès pour l’une, ne
fauroient l’être également pour les autres.
Lorfque le Bronchocèle eft produit par une
tutnèur enkyftée, de quelque nature que foit la
fubftance qu’elle contient , il faut l’enlever avec -
fon kyfte, au moyen de l'inflniment tranchant,
fi elle n’eft pas d’un volume très-confidérable. On
peut même exécuter cette opération , • quoique
la tumeur foit a fiez volumineufe , fur-tout lorf-
qu’elie ne confient que de la graiffe , car alors
fa. connexion avec les parties voifines eft très-
légère ; elle ne reçoit que des petits vaiflëaux
artériels,.en.petit nombre, & dont il eft facile d’ar-
rêtei :,l’hémorrhagie par la compreffion, fi l’on
ne peut parvenir -à en faire la ijgature., Mais fi
la (tumeur étant très-groflè, comienr quelque liquide
, on l’ouvrira avec le fcaipel,. où bien l’on
y . fera pafler un féton dans toute fa longueur.
Voyci T umeurs) en k y s té e s . „,
Si la tumeur eft formée par une hernie de la
membrane qui revêt intérieurement la trachée^
artère, le feul traitement indiqué eft une douce
compreffion ; il faut en même-tems que le malade
évite tous les efforts qui pourraient eontri- |
huer à augmenter le mal , comme de rire , de j
criçr , d’éternuer ou de touffer. Dans les cas de
iwneurs fcrophuleufes, il faut employer les moyens j
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par' lesquels on attaque ordinairement cette maladie
; feulement fi leur volume gêne beaucoup
la trachée-artère , ou les vaiflëaux; fanguins, il
faut les ouvrir dès que leur contenu paroît avoir
acquis une certaine fluidité. '
Dans les cas où le Goitre tient au gonflement
des ; glandes thyroïdes , comme le
mal., ainfi que nous l’avons dit ci-deflus, dépend
eftentiellement de quelque circonftance particulière
du pays où il fe manifefte , les malades
trouvent toujours un avantage marqué à fe d é - .
placer, & à vivre quelque tems dans un endroit
où les habitans ne (ont pas fujetsà cette maladie.
Les Jeunes-gens peuvent même , par ce moyen,
s’en débarraflèr tout-à-fait , fi la tumeur n’eft
pas,déjà tr.ès-eo.nfidérable.; & les perfonnes qui ne
parviennent pas à: la faire diminuer , en changeant
de pays , peuvent généralement s’aflurer
qu’elle n’augmentera pas. Mais ce moyen n’eft
pas à la portée de tout le monde , & l’on n’y
aura pas fouvent recours, pour une incommodité
qui n’eft pas très-grave. Dans les endroits
cependant où le Goitre tient à une affeélion. générale
de l’économie animale, & manifeftè une
connexion fi , étroite avec l’idiofifme , on a. de
la peine à comprendre que tous les parens qui
ne font pas dans i’impoffibiliré .abfolue de faire
élever leurs enfans dans un lieu plus fain , ne
prennent pas ce parti qui les met également à l’abri
de l’une & de l’autre de ces maladies.
On a co'nfeillé différentes applications , comme
propres à diffiper le Goitre, fur-tout quand il
n’eft pas très-volumineux, telles que des emplâtres
favonneux , ou mercuriels ; des facbets de
feï marin , ou de fel. ammoniac & d'autres füb-
tances analogues ; mais, quoique ces moyens
aient quelquefois produit de bons effets., il ne
paroît pas qu’qn doive leur donner une grande
confiance. Un remède qui en mérite davantage,
quoique fa manière d’agir foit aflez obfcure;,
c’eft l ’éponge: brûlée qu’on a recommandée
contre les .tumeurs fcrophuleufes ; maladie dans
laquelle, fon efficacité n’eft pas bien grande , tandis
qu’on en obferve tous les jours les effets les plus
marqués iorfqu’on l’emploie contre le 'Goître.
On la donne en pareil cas à la dofe de douze
à vingt-quatre grains , deux fois'par jour;, dans
différens véhicules.
On a quelquefois prapofé d’extirper les glandes
thyroïdes ainfi tuméfiées ; mais le grand nombre
de vaiflëaux artériels qui fe diftrfbuent à ces
glandes-, l’état de ! dilatation auquel ils arrivent
lorfqu’elles font très-gônfléfes St le voiiïnage
des artères" carotides ,. rendent cettè opération
extrêmement dangerèiife , fur- tout lorfque le
gonflement eft très-confidérable, feule époque à
laquelle un malade voulut fe foumeure à un pareil
moyen dé-gûérifon. En la faifant, l’on'ferait
.obligé de couper des rameaux artériels aflez
gros pour donner une grande quantité de fang,