
nêtre, & le corps penché en a vant, & appuyé
for une table , ou fur un lit ; cette pofture
mettant les parties afFeélées fuffifamment à découvert.
Ou bien on peut la placer fur une table,
à-peu-près comme pour l’opération de la taille ,
les jambes pliées, & tenues écartées par des aides
3 mais cette pofition étant plus propre que
l’autre à effrayer le malade , fans avoir fur
elle de grands avantages , on s’en tient à la
première.
Le malade étant placé & bien fixé dans fa
pofition , le Chirurgien trempera dans l’huile
l ’index d’ une main, & l’ introduira dans le reélum
aulfi loin qu’il lui fera polîible. Avec l’autre
main, il introduira, par l’ouverture extérieure
de l’ulcère , un biftouri à pointe moufle, & il
le fera pénétrer ïe long du fmus , jufqu’à ce
qu’il le fente fur le doigt qu’il a mis dans l’Anus,
par l'ouverture" de l’inteftin -, car nous fuppofons
ici le cas de la filiale qu’on nomme complette.
Alors ramenant la pointe en - dehors fur fon
doigt , il garantir, par ce moyen, le côté oppofé
du reclum } il fait fon incifion avec beaucoup
de. sûreté, & ouvre très-facilement le {inus dans
toute fa longueur.
S’ il y a d’autres ouvertures extérieures qui communiquent
avec la cavité de l’inteftin, comme cela
fe voit quelquefois » il paflera de nouveau le doigt
dans le reélum, & opérera fur celles-ci comme
fur la première fiftule j mais il ell rare qu’on foit
dans le cas d’incifer le reclum dans plus d’un endroit,
L ’inftrument qu'on doit préférer pour cette
opération, ell un biftouri à lame longue, étroite,
légèrement courbée & à pointe moufle. Voye[
les Vtanches.
Les finus extérieurs, quand il yen a plus d’un,
communiquent prefque toujours avec une feule &
même cavité, ou foyer de pus; mais il ell très-
rare , comme nous venons de le dire, que Pin*
teflin foit. percé en plusieurs endroits \ & il ell
plus rare encore, -qu’il le foit par différens finus
îeparés & difilnéls les tins des autres. Toutes les
ouvertures, extérieures ne font, pour l’ordinaire,
quautant de crevaffes de la peau qui couvre
là matière purulente j & en quelque nombre
qu’çlles foient , elles conduifent à une (impie
cavité de l’abcès, ou communiquent toutes immédiatement
avec cette cavité. La pratique, dans
tous ces cas, ell la même\ il faut ouvrir chaque
finus d’un bout à l’autre.
Nous avons prefcfit de mettre beaucoup'd'at-
tention , & de foin à la recherche des différens
finus, afin de bieft s’aflurer s’il exifte ou non, une
communication entr’eux, St le reélum y la raifon
çn e l l , qu’il importe en faifant l’incifion d’introduire
le biftouri dans l’inteftin par cette ouverture
même , non-feulement parce qu’elle fe
.trouve prefque toujours à la partie la plus profonde
du fac ^ mais parée qu’il convient défaire
î ’incifion, de manière que l’ouverture defimeftin
trouve comprife. Car fi le bord de cette ôu3
verture n’étoit pas divifé, l’opération manqueroit
probablement fon b u t, puifque rien n’en déterminant
la cicatrisation, les matières fécales pour-
roient toujours pénétrer dans letiflu cellulaire,
&, donner lieu à la nouvelle formation de nouveaux
abcès.
Il arrive cependant allez fréquemment, comme
nous l’avons déjà remarqué, qu’on ne peut dé*
couvrir aucune ouverture entre le reélum, & le
finus qui l’avoifine ; c'eft Ie cas de *a
incomplet!e. Mais ici le traitement efl à-peu-près
le même , que lorfque cette communication
exifte \ la feule différence eft qu’au lieu de faire
palier la pointe du biftouri dans l’ inteftin par une
ouverture déjà formée, on eft obligé d’en faire
une à la partie fupérieure du finus, en pouffant
l’extrémité tranchante de l'inftrumerit contre le
reélum foutenu par l’index de la main gauche,
avec aflez de force pour le faire pénétrer jufques
dans fa cavité*, après quoi l’opération fe finit
comme dans l’autre cas , en tirant hors de l’Anus
la pointe du biftouri, qui, par ce moyen, ouvre
le finus dans toute fa longueur.
Le fphinéler de l’Anus eft toujours divifé d'un
bout à l’aurre dans cette opération , lorfque
la fiftule pénètre à une certaine profondeur dans
le reélum -, mais l’inconvénient n’en n’eft pas
bien grand ; c a r , quoiqu’il en réfulte, que le
malade pendant quelques jours après l’opération
ne retient pas fes matières comme à l’ordinaire,
l’expérience fait voir que les parties reprennent leur
ton trèsrcomplettement*, puifqu’on ne voit guères
les malades qui ont été opérés de la manière que
nous avons preferite, fe plalndte enfuite d’avoir
aucune peine à retenir les matières dans le
reélum.
Le meilleur inflrument dont on puifle faire
ufagepour cette opération, eft le biftouri arrondi
dont nous avons parlé. Mais on a objeélé à la
méthode que nous expofons i c i , qu’en pouffant
le biftouri dans le reélum, on court le rifque de
bleflcr le doigt qu'on y a introduit *, on dit aulfi
qu’elle ne peut pas être employée, lorfque la
fiftule eft plus profonde que la partie de l’inteftin
à laquelle le doigt peut atteindre*, &,p our parer
à ces inconvéniens, on a imaginé différens inftru-
mens *, on a propofé en particulier, de faire l’incifioti
au moyen d’un conduéleur & d’un long fcapel.
Le conduéleur, queT’on recommande de faire
très-grand, s’introduit dans le reélum \ le fcapel
doit pafler par l’ouverture extérieure de l’ulcère,
remonter jufqu'au fond du finus , & couper le
long du conduéleur. Nous ne faurions recommander
cette pratique, à caufe du danger qui
l’accompagne, du moins dans les cas où l’on y
a recours, pour porter l’ inftrument tranchant à
une grande diftance dans le reélum. Les parties fur
lefquelles on opéré alors font fi voifibes d’organes,
qu’il feroit extrêmement dangereux I de
6 * “ bleffer,
blefler, qu’on ne devroit peut-être jamais tenter
d’ouvrir des finus fitués près du fondement,
fans y avoir introduit le doigt pour fervir de
conduéleur au biftouri*, & , par la même raifon ,
il ne faut jamais portèr cet infiniment plus loin
que le doigt ne peut atteindre. Il eft rare que
les fiftules pénètrent plus loin que la longueur
du doigt *, quelquefois cependant elles font plus
profondes. Mais, dans ces fortes de cas, tout
ce que peut ou doit faire un Opérateur, c’eft
d’ouvrir la partie inférieure, pour donner, autant
• qu’il dépend de lui, un;écoulement libre & facile
au -pus ^ car l’expérience a fait voir que cela fuf-
fifoit pour la guérifon •, & tout l’avantage qu’on
pourrait retirer d’avoir porté l’incilion plus loin
que le doigt ne peut atteindre, ne compenferoit
certainement pas le danger d’une pareille entreprife.
Et dans tous les cas de cette nature, où les
finns^ ne s’étendent pas au-delà de l’extrémité
inférieure du reélum , le conduéleur eft parfaitement
inutile *, car quiconque a pratiqué cette
opération fuivant la méthode que nous avons
recommandée, aura trouvé que le biftouri
pénètre dans le reélum très-facilement, 8c fans
aucun danger de blefler le doigt qu’on a commencé
par y introduire.
« Cette opinion, dit M. Port, a toujours été
jj généralement reçue que fi la cavité du finus
j j va plus haut dans l’Antis que le doigt ne peut
j j aller, toute opération Chirurgicale eft inutile.
j j II eft à peine un Auteur ancien ou moderne,
j j qui n’ait pas inculqué cette doélrine, quoique
jj 1 expérience journalière ait pu le convaincre
j j de fa faufleté.
j j Parmi ces Auteurs, Hefter nous a donné
j j fon opinion fur ce fujet d e là manière la , plus
Jjpofitive.
» Si l’orifice de la fiftule, dit-il, fe trouve
jj trop haut dans l’inteftin, pour que le doigt
jj puifle l’atteindre, on ne peut, fans mettre la
jj vie du malade en danger, l’ouvrir avec l’inftru-
9j ment tranchant, par le rifque de blefler des
jj vaifteaux confidérables \ en pareil cas, par con-
»féquent, les fecours chirurgicaux, pour l’ordi-
Jjnaire, ne peuvent être d’un grand avantage
jj au malade, ou pour mieux dire ils nefauroient
?» lui être d’aucune utilité.
jj Cétte doélrine qui, comme je l’ai déjà ob-
ufervé, eft celle de tous nos Auteurs, a toujours
>j eu pour bafe le même principe, favoir : la
Jj crainte d’une hémorrhagie y & tous ceux qui
JJ 1 ont perpétuée ont toujours fuppofé qu’il n’y
Jjavoit qu’une divifion de tous le finus qui fut
JJ capable de produire une guérifon, fuppofition
u qui eft abfolument faufle.
jj Lorfque le cas eft un abcès formé dans la mem-
JJbrane cellulaire, la longueur du finus doit être
JJ plus ou moins grande, lelon que cet abcès a fon
Jjfiège plus ou moins éloigné de fon orifice
JJexaérieur. Ce fmus eft quelquefois confidérahje
Chirurgie, Touu L er L n Partie*
ri 8c tout-àf-a'it hors de la portée du doigt imro-
jjduit dans l’Anus. Mais il ne s’enfuit de—là, en
j j aucune façon, que ce finus doive être divifé
j j dans toute fa longueur, ou que la maladie
j j ne foit pas fufceprible dé guérifon, & en coa-
jjféquence qu’il foit mieux de n’y pas toucher
j j du tout. Des expériences réitérées prouvent le
jj contraire. Si toute là portion du finus qui eft
j j à la portée' du doigt introduit dans le f o n -
j j dement, c’eft-à-dire, toute cette p o r t i o n qui eft
j j principalement affeélée par l’a é lio n des mufcles
j j de l’Anus & du reélum, eft bien divifée *, fi la
» j plaie ainfi faite, eft panfée de manière à ne
»produire aucune irritation inflammatoire*, fi
j j elle n’eft pas fréquemment examinée & fatiguée,
j>& fi l’on prend le foin convenable de la
jjconflitution du malade, la longueur du finus
j j ajoutera fort peu à la difficulté de la guérifon ;
j j tout ce qui eft hors de la portée du doigt
j j s’afFaiflera & fe guérira bien, & le cas fera en
j j très-peu de tems exaélemenr le même que fi
»toute la cavité n’eût eu que la longueur du.
j j doigt.
j j L ’hémorrhagie, qui peut venir de la part
j j des gros vaifleaux , vers la partie fupérieure
j j du reélum, eft un accident qu’on doit éviter
jjpa r tous les moyens poflibles, parce qu’il
jj donné beaucoup de peine & qu’il eft accompagné
j j de quelque danger. Mais il ne s’agit plus
j j de ce danger, parce que l’opérarion qui le feroit
j j appréhender eft tout-à-fait inutile, j j
Nous avonsainfi expofé la méthode recommandée
par M. Pott pour le traitement des abcès & des
fiftules auprès de l’Anus. Mais comme cet ouvrage
eft deftiné àfaire connoître, autant qu’ il dépend
de nous, les procédés, ainfi que l’opinion de
tous les grands Maîrres de l’art, nous fommes char-
mésde pouvoir ici décrire la méthode que fuitaéluel-
lement M. de Sault, lorfqu’il juge convenable
dopérer par l’incifton, quoiqu’elle ne foit pas
en tout d’accord avec les maximes pofées ci-deffus.
Cette defeription nous a été communiquée par
M. Boulets, Chirurgien externe de l’Hôrel-Dieu,
avec celle qu’a imaginé le même Praticien pour
opérer par la ligature, dont nous parlerons ci-
après.
Les inftrumens nécefiaires font : t.° une efpèce
de gorgeret, ou demi-canal de bois dur & poli,
long de fix à fept pouces, çreufé dans toute fon
étendue, arrondi par un bout & applati par l’autre
en formé de manche. 2.° Une fonde crenelée,
3." Un biftouri ordinaire.
On porte la fonde par l’ouverture extérieure
de la fiftule, jufqu’à la dénudation fupérieure de
l'inteftin, ou du finus *, ou fi l’ouverture extérieure
n’exifte pas, on en fait une avec la pointe de la
lancette lur l’endroit du dépôt, par ou l’on introduit
la fonde j on porte le gorgeret dans l’Anus,
on appuie la fonde contre cet inftrumem, on
conduit le do6 du biftouri dans la crenelute de
X